
Introduction
Au fil des articles, je me suis rendu compte que si les surnoms et leurs origines pouvaient être très variés, des tendances fortes se dégageaient. Certains surnoms étaient même devenus des classiques à travers différents pays. Il me semblait nécessaire donc, au-delà de les recenser, d’échanger avec vous une synthèse de ce phénomène. Car oui il s’agit bien d’un phénomène culturel. Chaque week-end, vous pouvez les entendre dans les stades ou les lire dans la presse. Certains ont traversés les siècles. D’autres sont devenus des marques. La planète football entière est touchée même si dans certains pays, ce phénomène est plus fort que dans d’autres. Ainsi, les clubs britanniques, sud-américains, espagnols et italiens sont nécessairement affublés d’un surnom. Certains les cumulent même. En revanche, en France et en Allemagne, les surnoms peuvent parfois se faire rares quand ils ne décrivent tout simplement pas les équipements portés par les joueurs de l’équipe (couleur, rayure …), preuve de son faible ancrage. La presse en raffole car les surnoms illustrent une idée et évitent les répétitions dans un article. Les supporteurs peuvent y trouver une attache avec leur culture ou une identité, d’autant plus que le club a parfois changé de nom mais plus rarement de surnom. A l’inverse, les fans peuvent piquer leur adversaire avec un surnom moqueur. Aujourd’hui, les clubs se sont généralement appropriés ce phénomène car le surnom est un élément fort de la marque-club, laissant parfois leur équipe de marketing se laisser aller à en créer des nouveaux, au mieux à l’aide de vote auprès des supporteurs, au pire en faisant appel à des conseils externes qui connaissent autant le football et son histoire qu’Eric Di Meco la danse classique (quoi que vu ses tacles, il fallait maitriser les pas chassés et les sauts peut-être). Même si le site commence à recenser un grand nombre de surnoms, cette synthèse ne peut être exhaustive, tant il existe de clubs et de surnoms qui me sont inconnus ou pour lesquels je n’ai pas encore eu le temps d’écrire un article. Mais, malgré tout, je pense que les tendances exprimées ici demeureront encore vrai quand le site aura dépassé les 10 000 articles et 10 ans d’existence … (l’espoir fait vivre). Enfin, le classement ci-après repose sur une double entrée : à la fois il s’intéresse aux surnoms en lui-même mais également aux origines de ces derniers. D’où il ne fut pas évident de proposer une synthèse parfaitement structurée et les surnoms peuvent être exprimés dans deux thèmes différents. Enfin, comme leurs explications peuvent être multiples (car souvent il n’existe plus de documents ou de témoins qui peuvent expliquer leurs origines), le même surnom peut se retrouver à différents endroits.
J’espère malgré tout que vous trouverez un intérêt et du plaisir à lire les lignes suivantes.
Simplicité dans un monde bling-bling
Pour être efficace, il faut aller droit au but (sans pour autant être marseillais) même si la simplicité n’est plus à l’ordre du jour des présidents et des joueurs. Certainement que le manque d’inspiration était à l’origine de cette mode de désigner les joueurs simplement par les couleurs de leur maillot. Lorsque le club changeait de couleurs officielles, le surnom disparaissait aussi pour laisser la place à un nouveau de la même trempe. Ce phénomène s’exprime dans toutes les géographies et pour toutes les couleurs et le surnom peut se focaliser sur la couleur principale ou en marier plusieurs (en particulier si les équipements étaient rayés). Le rouge (9%) suivi du bleu (8%) et du blanc (7,5%) sont à ce titre les couleurs les plus représentées. Ce qui est intéressant alors est de comprendre d’où vient le choix de ces couleurs.
Les fondateurs d’un club étaient souvent de jeunes adolescents ou des étudiants qui pouvaient admirer une équipe déjà existante. Pour porter chance à leur nouvelle structure et lui donner un peu du prestige d’un grand, ils pouvaient opter pour les couleurs de leur club de cœur ou de celui qui dominait le football de l’époque. Or, à la fin du XIXème et au début du XXème siècle, les grands clubs étaient ceux d’Angleterre, la mère patrie du football. Ainsi, les couleurs de quelques clubs anglais déteignirent sur l’Europe et le monde entier. Aussi parce que les équipementiers de l’époque étaient principalement anglais et étaient souvent les seuls à pouvoir confectionner et fournir les jeux de maillots adaptés à la pratique du football. Donc il devenait simple de prendre les mêmes maillots qu’une équipe anglaise pour éviter des ruptures d’approvisionnement. Sunderland (5 fois champions et 3 fois vice-champion entre 1892 et 1902) avec ses maillots rouge et blanc inspira le Séville FC (#257) et l’Athletic Bilbao (#9). Pour ce dernier, Southampton fut également une source d’inspiration. Le Dynamo Moscou (#117) et les Grasshopper Zurich (#135 – même si pour ce club les couleurs ne donnèrent pas lieu au surnom) optèrent pour le bleu et le blanc des Blackburn Rovers (2 fois champions et 2 fois troisième entre 1910 et 1915 et surtout 5 fois vainqueurs de la coupe d’Angleterre entre 1884 et 1891). Les clubs londoniens inspirèrent aussi. Tottenham et son blanc immaculé influença certainement les dirigeants des danois de AGF Århus (#187). Arsenal, dont la couleur rouge résulta d’un don de maillots par Nottingham Forest, inspira le Sparta Prague (#134) et le SC Braga (#83). En 1967, cette tradition se poursuivit avec Aston Villa qui offrit des équipements à la jeune formation turque de Trabzonspor (#173). Les mêmes fameuses couleurs de bleu et bordeaux portées également par Burnley plurent aux irlandais de Cobh Ramblers (#1191) Bien plus tard, le bleu de Chelsea s’exporta au Ghana (Berekum Chelsea #1133). Le maillot rayé vert et blanc du Celtic Glasgow s’importa quant à lui au Bétis Seville (#72). Des clubs moins connus aujourd’hui mais reconnus à cette époque donnèrent aussi leur couleur : le club amateur anglais de Corinthians pour le Real Madrid (#317) et Exeter pour le Grêmio Porto Alegre (#23). De même, Notts County est à l’origine des célèbres maillots noir et blanc de la Juventus (#242). Les couleurs des célèbres universités anglaises se diffusèrent aussi en Europe grâce à leurs étudiants. Le Havre AC réunit même sur son maillot les couleurs des deux universités (#35).
Par effet cascade, ces clubs qui héritèrent des couleurs d’autres, influencèrent à leur tour au fil de l’essor de leur propre notoriété. La Juventus, par son prestigieux palmarès, devint la source d’inspiration du Partizan Belgrade (#41), de Botafogo (#640) et de l’Atalanta Bergame (#275). Le maillot de l’Athletic Bilbao s’exila jusqu’au Venezuela grace à des jésuites supporteurs (#706).
Mais, les clubs anglais ne furent pas les seuls à être aux origines. Le rouge et blanc du Slavia Prague se retrouva sur le maillot du club serbe du FK Vojvodina Novi Sad (#571) tout comme le peu commun violet d’Újpest FC qui s’installa sur le maillot de la Fiorentina (#103), qui à son tour déteignit à Maribor (#643). Le Milan AC dota le FK Vardar Skopje d’un jeu de maillot et donc de ses nouvelles couleurs après le terrible tremblement de terre qui secoua la capitale macédonienne. Goiás bénéficia aussi de la solidarité dun autre club brésilien et en hommage adopta le vert et blanc de ce dernier (#1317). Le rouge et noir colora également le club turc de Eskişehirspor (#358), en l’honneur du Stade Rennais. Poussé par son voisin de l’Atlético, le Rayo Vallecano copia les argentins de River Plate (#972). En Suisse, le jaune et le noir des Young Boys envahirent le maillot du Stade Nyonnais (#854). Ces mêmes couleurs portées par le Peñarol se retrouvèrent chez les vénézuéliens du Deportivo Táchira (#1314). En Autriche, l’aura du Rapid de Vienne déteignit sur le WSG Tirol (#1197). En France, RC Strasbourg adopta par patriotisme les couleurs du RC France (#898). Etonnamment même les clubs américains à la faible notoriété inspirèrent des vieux clubs européens (Dundee United #799). Enfin, pas moins de 3 clubs brésiliens inspirèrent Chapecoense (#674).
Des équipes nationales inspirèrent également des clubs : les Pays-Bas pour CD Cobreloa au Chili (#231), le Brésil pour Mamelodi Sundowns (#229) et Les Astres FC (#813). Majorque fit plus local en reprenant le maillot de l’Espagne (#661) tout comme Uruguay Montevideo FC (#1329) avec celui de l’Uruguay.

Quoi mon nom ? Qu’est-ce qu’il a mon nom ?
Mais, pour être plus simple, le surnom pouvait aussi dériver directement du nom du club ou en être son abréviation, diminutif. La chose était aisée quand le club possédait un nom particulier. Le phénomène est particulièrement vivace dans les pays récemment conquis par le sport planétaire tels que les Etats-Unis et le Japon, où le sport est vu comme un spectacle, un business. Le marketing s’y donne alors à cœur joie et le nom de la franchise, peu attaché à la ville résidente, est construit dans une démarche d’exploitation commerciale. Le nom de la franchise se suffit alors à lui-même (New England Revolution #388, Los Angeles Galaxy #530, Real Salt Lake #748, Colombus Crew #779, New York Cosmos #922, Seattle Sounders #968 aux Etats-Unis, Yokohama F. Marinos #216, Kashima Antlers #332, Ventforet Kōfu #391, Hiroshima #432, Júbilo Iwata #552, Fagiano Okayama #641, Shonan Bellmare #741, Kawasaki Frontale #811, Avispa Fukuoka #1080 au Japon, Newcastle Jets #1036 et Perth Glory #1016 en Australie). En Europe comme en Afrique et en Amériques du Sud, le nom du club était également parfois suffisant mais ne résultait pas d’une logique marchande (Fortuna Sittard #1059, Diambars FC #987, CS Uruguay de Coronado #821, FK Bodø/Glimt #807, En Avant de Guingamp #774, Club Africain #753, BSC Young Boys #710, Dukla Prague #684, Neuchâtel Xamax #617, AS Real Bamako #612, Enyimba International #607, Budapest Honvéd #293, Real Sociedad #292, SM Caen #73) tout comme les diminutifs (Glentoran FC #1096, Hibernian FC #935, UC Sampdoria #924, FUS Rabat #907, FK Dinamo Tirana #827, Deportivo Binacional #796, Shelbourne FC #789, Crusaders FC #785, Odds BK #653, SS Lazio #631, AS Vita Club #606, FK Željezničar Sarajevo #584, Hamilton Academical #512, Charlton Athletic #511, CA Rentistas Montevideo #479, Middlesbrough #472, Celtic Glasgow #471, Arsenal de Sarandí #461, FC Admira Wacker Mödling #446, Fram Reykjavík #381, FC Barcelone #339, Standard de Liège #301, SC Internacional #264, Fluminense #240, Vitória Setúbal #223, Audax Club Sportivo Italiano #188, SK Rapid Vienne #140, SBV Vitesse Arnhem #111). Même son ancien nom peut avoir marqué au fer rouge le club (MOL Fehérvár FC #945, FC Montana #948, 1. FC Slovácko #875, ).
Les initiales du club et leur prononciation représentent également une possibilité (Karşıyaka SK #1095, FC Carthagène #851, The New Saints FC #806, Universitario de Sucre #795, Queen’s Park Rangers #545, Club Always Ready #510, TOP Oss #1269, MTK Budapest #440, Zalaegerszeg TE #1146, SV Zulte Waregem #709). Le nom du club peut provenir du nom d’une personne célèbre (Gil Vicente FC #1015, CD Coronel Bolognesi #993, CDU César Vallejo #959, Ajax Amsterdam #936 et #243, Heracles Almelo #716, Arminia Bielefeld #784, CSD Colo Colo #470) mais également faire référence à une profession ou à une caractéristique dont le surnom dérivait alors (Caïman de Douala #901, Rampla Juniors #883, Neftchi PFK Bakou #825, Inverness Caledonian Thistle #712, Pécsi Mecsek #663, Tonnerre KC Yaoundé #604, Home Farm #588, NK Slaven Belupo Koprivnica #585, Korona Kielce #574, ASEC Mimosas #438, Knattspyrnufélagið Víkingur #419, Hapoël Tel Aviv #397, Crystal Palace #276, Hajduk Split #265, Aston Villa #218, Partick Thistle #213, SV Werder Brême #198).
Aux armes supporteurs
Certes, se référer à un club dominant était porteur d’espoir mais pour s’inspirer, l’histoire locale constitue souvent une boite de pandore. Et quoi de mieux pour s’identifier à votre commune que de reprendre les couleurs de ses armoiries. Ainsi, de nombreux clubs calquèrent les couleurs de leur maillot sur celle de la ville ou de la région : SC Bastia (#1236), FC Emmen (#1128), UD Almería (#1112), SC Toulon (#1109), AS Roma (#980), Alemannia Aix-la-Chapelle (#998), NK Istra 1961 (#773), CA Bucaramanga (#962), Adelaide United (#758), FC Eindhoven (#701), Ruch Chorzów (#686), SSC Naples (#656), Osasuna Pampelune (#620), Cagliari Calcio (#550), AC Monza (#526), CD Tondela (#683), Real Sociedad (#496), Celta Vigo (#457), SC Cambuur (#435), FC Rouen (#1081), FC Sion (#423), ACN Sienne (#411), NK Osijek (#316), Chapecoense (#674), Royal Charleroi SC (#268), Aberdeen FC (#211), Borussia Dortmund (#207), Once Caldas (#1012), Carabobo FC (#1022), Deportivo Táchira (#1314), Benevento Calcio (#1028) et US Lecce (#190). Celui du pays, en particulier quand il est petit, peut être retenu (FC Andorre #1225, Uruguay Montevideo FC #1329).
Mais, d’autres se réfèrent à des contrées plus lointaines. Ainsi, les fondateurs du club brésiliens de Fortaleza EC (#429) rendirent hommage à la France où ils firent leurs études et Bahia s’inspira également indirectement du tricolore français (#818). Les argentins du Newell’s Old Boys (#340) préférèrent le rouge du drapeau anglais, patrie de leur fondateur, et le noir des allemands, terre d’origine de la femme du fondateur. Boca Junior opta pour les couleurs suédoises alors qu’un bateau en provenance de Stockholm naviguait à Buenos Aires (#219). Le fameux sang et or du RC Lens puisa ses origines vers l’Espagne (#121). Les macédoniens de FK Shkëndija rappelèrent leur origine albanaise (#1219). Le FC Astana devenait l’étandard du Kazakhstan en reprenant ses couleurs, jaune et bleu (#1321). Enfin, la politique et l’armée inspira aussi les maillots des footballeurs. Les suédois du IF Elfsborg reprirent le noir et jaune du régiment qui stationnait dans la ville (#413). Le Slavia Prague reprit les couleurs de la Bohème (#814). Jeanne d’Arc inspira Dakar (#1221).
Les couleurs ne furent pas les seuls éléments inspirant des armoiries. En effet, ces dernières comportaient souvent des animaux qui avaient l’avantage de véhiculer certaines valeurs (comme on le verra par la suite). Ainsi, on retrouve les grandes figures animalières de l’héraldisme : le lion (Stade Lausanne Ouchy #1114, Brisbane Roar #1100, Brescia Calcio #1089, Shamakhi FK #977, K Berchem Sport #960, Eintracht Brunswick #844, CS Universitatea Craiova #687, SC Olhanense #636, Livingstone FC #618, FC Zurich #553, FC Winterthour #538, Wolfsberger AC #493, Karpaty Lviv #468, Munich 1860 #406, FC León #403, Sporting Portugal #295, Aston Villa #973), le loup (Lobos BUAP #761, UR La Louvière #543, SKN St. Pölten #387, VfL Wolfsburg #149, Piacenza Calcio #715, Stormer’s #1033, US Lecce #1311), l’aigle (FC Roskilde #1229, Preußen Münster #648, Konyaspor #488, US Palerme #481, Spezia Calcio #384, OGC Nice #137, PAOK Salonique #118, Eintracht Francfort #98, AEK Athènes #74, FC Roskilde #1229, NK Triglav Kranj #1343), les chiens (Hellas Vérone #366), le dauphin (FC Sète #714), le sanglier (CS Sedan #729), le corbeau (FC Corvinul Hunedoara #745), la pie (FC Seongnam #975), le taureau (Torino FC #849, HNK Gorica #912), la poule et le coq (SSC Bari #565, Denizlispor #226), le léopard (Shirak FC #1102, AFC Leopards #1099) et le tigre (Luch Vladivostok #477). Il en fut de même pour les créatures légendaires (Stade Briochin #857). Le lion et le loup venaient souvent des armes des familles nobles ou des évêchés du Moyen-Age tandis que l’aigle faisait référence aux empires et royaumes antiques (en particulier Rome et Byzance mais aussi le Saint Empire Germanique, successeur de Rome, à compter du couronnement de Charlemagne le 25 Décembre 800). Il ne faut pas oublier qu’un aigle accompagnait Zeus.
La flore ne fut pas en reste, notamment à Darmstadt (#671), pour le SpVgg Greuther Fürth (#769), la Fiorentina (#1212) et l’AS Nancy Lorraine (#886).

L’écologie avant l’heure
Les votants à EELV sont rarement des inconditionnels de football. Et l’inverse est tout aussi vrai. Daniel Cohn-Bendit ne dira pas le contraire. Mais la référence aux éléments naturels pour les fans de football relève de la simplicité ou plutôt de l’évidence. Car la faune et la flore représentent une grande source d’inspiration. Surtout quand il s’agit des espèces ou variétés endémiques à la région où réside le club car cela crée, avec les supporteurs, une connexion … naturelle.
Ainsi, au lieu de simplement citer la couleur, la référence à un animal ou une plante qui partagent les mêmes colories devient intéressante. On retrouve ainsi pas mal de canaris à travers le monde comme pour le FC Nantes (#208), les turcs de Fenerbahçe (#373), les anglais de Norwich (#51), les belges de Saint-Trond VV (#473), les norvégiens de Lillestrøm SK (#699), les bulgares du Botev Plovdiv (#1267), les algériens du JS Kabylie (#323), les mexicains du CA Morelia (#462), les colombiens du CA Bucaramanga (#962), les slovènes de Koper (#1277) et les finlandais de KuPS (#365). Autre oiseau, le corbeau avec son plumage noir, idéal pour les joueurs du TP Mazembe (#439) tout comme la pie pour Newcastle (#141) ou le merle pour Namur (#1307). Le cardinal rouge rappelle les joueurs de l’Independiente Santa Fe (#247). Mais, ce n’est pas le seul oiseau au plumage rouge puisque le plus évident est le rouge-gorge (Swindon Town #845 et Bristol City #647). Passons à un monde plus minuscule. Celui des insectes et arachnides. Le bourdon rappelle le maillot noir des joueurs du FC Lahti (#531) tandis que Watford FC (#460) arbore un maillot rayé noir et jaune comme les abeilles (ou les guêpes pour Alloa FC #1210). Celui des écossais du Queen’s Parks se fond avec la toile de l’araignée (#822) En parlant de maillot rayé, les mammifères offrent un excellent représentant avec le zèbre. Evidemment la Juventus (#36) mais aussi le Royal Charleroi (#268), le CS Miramar Misiones (#1298) et le MSV Duisbourg (#1357) s’y réfèrent. Le tigre également s’inspira des maillots rayés de Hull City (#722). Du côté de la flore, le pourpier, plante verte aux fleurs blanches, est proche du maillot des colombiens de l’Atlético Nacional (#633). Les boutons d’or ne se reflétaient pas sur le menton des joueurs du SA Spinalien mais sur leur maillot (#1326). Peñarol se vit assimiler au tournesol (#1008) en raison de son maillot jaune et noir, inspiré d’une locomotive. Mais, la flore peut être directement à l’origine du choix des couleurs comme pour Fenerbahçe et la camomille (#131). Ou également pour un autre club turc, Gençlerbirliği (#244). Le trèfle vert inspira Omonia Nicosie (#828).
Outre la ressemblance physique, la faune possède surtout une forte charge symbolique qui permet de rappeler les valeurs du club. En particulier si l’animal est endémique de la région de résidence. Ainsi, les animaux représentant le courage et inspirant la puissance, avec une pointe de noblesse, écrasent le classement. Honneur au roi des animaux, le lion, qui rassemble l’ensemble de ces qualités : bravoure, force et noblesse. Plusieurs fois représentés notamment pour le Fortaleza EC (#871), SC Bastia (#528), FC Zurich (#553), Avaí FC (#696), Beitar Jérusalem (#548), Estudiantes de La Plata (#498), Clube do Remo (#469), SC Recife (#417), FC León (#403), Club Universidad de Chile (#305), Casa Sports (#1041) et FC Copenhague (#225). Si les autres félins ne sont pas rois, pour autant ils sont tout autant noble, courageux et puissant. Ainsi, les jaguars, panthères et autres tigres apparurent (Boavista #353, The Strongest #343). Au Mexique, la félinité s’exprime même dans le nom du club (Jaguares de Córdoba #374, Tigres UANL #196, UNAM #40). Autre animal inspirant, le majestueux aigle, qui domine ses adversaires avec son caractère noble et agressif comme pour l’Africa Sports (#594), Crystal Palace (#1234), FC Motagua (#566), Anji Makhatchkala (#554), ES Sétif (#482), Spezia Calcio (#384), Club América (#155), SL Benfica (#153), Raja Casablanca (#115), Lazio Rome (#306), Ludogorets Razgrad (#263) et Beşiktaş JK (#22). Quand il faut inspirer la peur, un autre animal arrive en tête, le loup. D’autant plus qu’il présente l’avantage d’évoluer lui aussi en équipe comme pour Paysandu SC (#441), Gimnasia y Esgrima La Plata (#312), FK Olimpik Sarajevo (#708) et FC Midtjylland (#252). Si on parle puissance le taureau ne fut pas oublié, tout comme, dans la même famille, la vache qui symbolise le travail : Sport Boys Warnes (#410), FC Krasnodar (#290), Junior de Barranquilla (#652) et RB Salzburg (#163). Même le sanglier est devenu un symbole (CD Mirandés #679). Dans les mers, le requin demeure dans l’imaginaire un poisson dangereux (Chernomorets Bourgas #1164, CA Bizertin #1050, CA Aldosivi #946, Platense FC #832 et #483, Hapoël Haïfa #630, Junior de Barranquilla #322). Les épines du porc-épic en effraient plus d’un (Sekhukhune United #1045, Asante Kotoko #376). La rapidité de la gazelle est un moteur pour certain (HUS Agadir #1043, Club Bruges #164). Pour les villes côtières, la mouette a permis à leurs clubs de prendre leur envol (Sarıyer SK #1224, Bray Wanderers #1169, FK Haugesund #1336 et Brighton & Hove Albion #750).
A l’inverse, certains animaux, tels que l’âne, permettaient de cristalliser les moqueries des adversaires mais par autodérision devinrent le symbole du club moqué (EC Taubaté (#551), SSC Naples (#337) et Chievo Vérone (#616)).
Métro, boulot, tifo, dodo
Le football se codifia et s’organisa au milieu du XIXème siècle dans les écoles anglaises où l’aristocratie et la haute bourgeoisie cherchaient à occuper leur temps. Mais sa simplicité et la faiblesse des moyens engagés pour jouer à ce nouveau sport (nous avons tous joué au football avec des vêtements pour figurer les poteaux et n’importe quel ballon faisait l’affaire) facilitèrent l’expansion rapide de la pratique au sein des couches populaires. La chaine de transmission au reste du monde se fit soit par les fils de la bonne société venus étudier dans les universités anglaises et remportant dans leurs pays d’origine le football, soit par les ingénieurs et ouvriers anglais de la marine marchande ou des chemins de fer qui expatrièrent leurs savoir-faire techniques et leurs pratiques sportives dans de nouvelles contrées. Même si les ouvriers avaient moins de temps à tuer, il fallait quand même occuper leur journée de repos avec une activité récréative. En outre, certains industriels comprirent qu’en offrant des services et des occupations à leurs travailleurs, le collectif se renforçait au sein de l’entreprise et ses valeurs (dont l’attachement à l’entreprise) se diffusaient encore mieux. Enfin, les plus calculateurs imaginèrent certainement que ses occupations détourneraient les ouvriers de préoccupations politiques et syndicales. Ce phénomène était favorisé par cette révolution industrielle du XIXème siècle qui créa de grandes usines dont dépendaient des quartiers entiers au sein des villes. Les employés de ces usines, aidés ou pas par leur entreprise, s’organisèrent pour jouer au football et fondèrent des clubs dont les surnoms allaient rappeler ce lien. Les chemins de fer furent un des premiers pourvoyeurs comme pour le club du Peñarol Montevideo (#62, #1271), le Rapid Bucarest (#637), le FK Željezničar Sarajevo (#584), le CFR Cluj (#82), l’Adana Demirspor (#558), le Debrecen VSC (#398), le Lokomotiv Sofia (#396), le Lokomotiv Plovdiv (#1205), le Lokomotiv Moscou (#136), le CA Central Norte (#651), CA Douglas Haig (#1091), Ferro Carril Oeste (#665), le Lokomotiv Kiev (#1244), le CCDFA Arturo Fernández Vial (#895) et le Lech Poznań (#93). Et si beaucoup de clubs des pays de l’Est figurent dans la liste, ce n’est pas un hasard car l’avènement du communisme entretint l’encadrement des activités sportives et culturelles par les grandes administrations et organisations syndicales dont les compagnies ferroviaires.
Les autres industries lourdes fournirent également leurs cohortes de joueurs-ouvriers telles que les usines sidérurgiques et métallurgiques (Motherwell #18, West Ham United #313, Huachipato FC #626, 1.FC Union Berlin #465, Getafe CF #399, West Bromwich Albion #500, FC Gueugnon #650, Pohang Steelers #731, Volta Redonda #1004, Oțelul Galați #1027, Vasas SC #1295, FK Železiarne Podbrezová #1328), l’industrie de l’armement (FC Zbrojovka Brno #537, SD Éibar #491, Arsenal Toula #582, Arsenal #4, Sheffield United FC #360), la construction (FK Rad #355, Cruz Azul #81, Real Valladolid #147, Lechia Gdańsk #749, Rupel Boom FC #800) ainsi que la construction automobile (FC Sochaux #261, Motor Lublin #1144). Les mineurs sortirent également de terre pour former des clubs (Ashanti Gold SC #463, Zagłębie Lubin #286, Chakhtar Donetsk #284, CF Pachuca #280, FC Baník Ostrava #237, CD Cobreloa #231, CD Cobresal #668, Roda JC Kerkrade #184, FC Schalke 04 #181, Górnik Zabrze #152, OC Khouribga #728, CS Minaur Baia Mare #867, Barnsley FC #874, CD Lota Schwager #1154, Åtvidabergs FF #1193, Patro Eisden Maasmechelen #1338). Sans couler à flot, le pétrole a irrigué les clubs de Wisła Płock (#427), CS Oriente Petrolero (#368), ENPPI SC (#1200), Neftochimic Bourgas (#1297) et Neftchi PFK Bakou (#825). Enfin, autre énergie, la production électrique qui boosta quelques clubs (Club Necaxa #39, CS Emelec #352) et dériva sur d’autres métiers (PSV Eindhoven #52). Ainsi que le gaz (FC Tokyo #1260)
Le secteur primaire n’est pas resté à l’écart du mouvement. Les paysans hollandais cultivèrent BV De Graafschap (#536) et PSV Eindhoven (#297) tandis qu’en Belgique, SV Zulte Waregem exploite cet héritage (#1011). Ceux d’Angleterre furent à l’origine d’Ipswich Town FC (#451). En Russie, la fameuse région des terres noires est représentée par Krasnodar (#645). Au Brésil, Chapecó est la capitale de l’agro-alimentaire grace aux nombreuses exploitations agricoles de la région (#674). San Martín de Mendoza en Argentine est le représentant local des paysans (#782). Le FC Llaneros est le club des cow boys colombiens (#1322) et LDU Portoviejo (#1345), ceux d’Equateur. Et lorsqu’une région vit avec une culture particulière, le surnom sonne en résonance : le sucre pour le Deportivo Cali (#132), Zacatepec FC (#1263) et Guabirá (#1003), le café pour le Deportes Quindío (#747), le concombre pour le CD Leganés (#527), le paprika pour Real Murcie (#1313), la fraise pour CD Irapuato (#1079), la noisette pour Giresunspor (#868), la figue pour le CA San Luis (#580), les violettes pour Toulouse FC (#964), les oignons pour SCE Alost (#847) et Rijnsburgse Boys (#1356), la pomme pour le FC Universitario (#1129), le chou pour Club Libertad (#1150) et la mangue pour l’Ismaily SC (#599). En Afrique, il s’agit du même résultat pour les clubs sportifs dépendant d’une entreprise para-publique agricole (Coton FC #1040, Coton Sport de Garoua #402). Pour faire simple, les bucherons de Portland n’ont pas inventé la scie à couper le bois (#627) et les cowboys texans ont pris le taureau par les cornes (#478) tout comme les australiens de Macarthur (#1123). Le bélier a frappé du côté de Derby County (#575) et les chevaux ont galopé pour Randers FC (#564) et le Tatran Prešov (#854). Il y a aussi les chiens (Huddersfield Town #1167). Enfin, des clubs prirent le grand large avec les pêcheurs et les activités portuaires (Málaga CF (#67), Varzim SC (#485), Hapoël Haïfa (#630), Arbroath FC (#682), Pogoń Szczecin (#717), FK Tchornomorets Odessa (#739), KF Teuta Durrëset (#737), Arka Gdynia (#635), SKS Bałtyk Gdynia (#988), FC Dieppois (#986), CA River Plate (#819), ASPA Cotonou (#842), US Concarneau (#1148), Chernomorets Bourgas (#1164), SVV Scheveningen (#1181), Delfín SC (#1201), FCV Farul Constanța (#1216), Olympique Safi (#1273), Hajduk Split (#1289), USL Dunkerque (#1351)).
D’autres activités sont également mises à l’honneur. Par exemple, la confection façonna la vie économique de nombreuses cités de façon professionnelle (FC Saint-Gall #475, FC UTA #721, Chamois Niortais #466, Luton Town #793, LR Vicence #879, Widzew Łódź #916, Garbarnia Cracovie #1182, IF Elfsborg #1254) ou artisanale (12 de Octubre FC #638). Mais aussi, pèle mêle, la fabrication de meuble (FC Paços de Ferreira #573), la boucherie (Gimnasia y Esgrima La Plata #621, Spartak Moscou #667), la pharmacie (Bayer Leverkusen #277, NK Slaven Belupo Koprivnica #585), la fabrication de verre (Crystal Palace FC #114, FK Teplice #487), la poterie (Stoke City FC #768, NK Inter Zaprešić #839) et la brasserie (Sporting Cristal #116, Quilmes AC #160, Manchester City #678, FK Obolon Kiev #1276).
Comme expliqué auparavant, les étudiants furent aussi une grande communauté qui s’impliqua dans le football et ainsi, les écoles virent de nombreux clubs se créer dans leurs murs ou parmi leur réseau d’anciens élèves. On a donc vu des surnoms désignés des académies (CD Magallanes #590, Hamilton Academical FC #512, LDU Quito #535, Club Blooming #259, Club Bolívar #179), des étudiants (Akademik Sofia #542, Académica de Coimbra #453, FC Universitatea Cluj #186, Tecos FC #865) ou des professeurs (Aberdeen FC #32). Le hibou, symbole du savoir et de la sagesse, illustra les clubs étudiants (#1014 AB Gladsaxe). Enfin, la célèbre université de Louvain influença le club de OHL (#1131).
Enfin, les administrations et organismes d’Etat furent aussi des structures d’accueil des clubs sportifs, en particulier, de par leurs organisations hiérarchisées et souvent soutenues, l’armée (SOA #666, CD Primero de Agosto #444, Steaua Bucarest #371 et #138, CSKA Moscou #354, Budapest Honvéd #293, Śląsk Wrocław #272, Legia Varsovie #195 et #1303, FAR Rabat #180, CSKA Sofia #167) et la police (GD Interclube #595, AS Douanes #525, Dynamo Kiev #233 et #1149, Dynamo Moscou #117).

Au nom du père, du fils et du saint ballon rond
Mythologie, croyance, religion animent la vie des peuples et des villages et forgent une identité souvent unique. Les surnoms en furent donc naturellement imprégnés.
Il y a tout d’abord les clubs qui ont été portés sur les fonts baptismaux par des institutions religieuses, qui cherchaient à occuper leurs brebis, surtout en Afrique (Daring Club Motema Pembe (#634), Stade Malien (#600) et Tout Puissant Mazembe (#439)). Ce fut aussi le cas pour les anglais de Southampton (#629) et les belges du Cercle Bruges (#314). Pour espérer prospérer sous les meilleurs auspices, certains eurent l’idée de prendre un saint ou un dieu comme nom du club, ce qui donna lieu à des surnoms s’en rattachant. Les écossais de St Mirren FC (#563) et de St Johnstone (#308) ainsi que les irlandais de St Patrick’s Athletic (#1280) n’adoptèrent pas le même saint mais reçurent le même surnom logique. La mode s’étendit notamment en Amérique du Sud (CDU San Martín de Porres (#507), CA San Lorenzo (#288)). Coté dieu, la mythologie a cette qualité d’en fournir un certain nombre avec des attributions et des noms spécifiques, qui aident à donner une notoriété et un imaginaire puissant au nouveau club. Logiquement, les clubs grecs et chypriotes se réapproprièrent leurs anciens dieus et héros (Apollon Limassol FC (#577), Aris Salonique (#254), Panetolikós FC (#765), Ermís Aradíppou (#1116)) mais les clubs européens ne furent pas en reste (Atalanta Bergamasca (#204), Ajax Amsterdam (#243 et #936), Heracles Almelo (#716)).
Certains clubs n’osèrent pas s’attribuer le nom d’un dieu mais la ville, le stade ou un édifice où ils résident étant lié à une religion (parfois même un pèlerinage), le surnom s’en trouva inspiré. Le martyr de Saint Mammès influença l’Athletic Bilbao (#253). Braga, comme Primat d’Espagne, ne pouvait voir son club de football échapper à un surnom d’ecclésiastique (#262). La cathédrale d’Utrecht étant le monument incontournable de la ville, le club de football d’Utrecht se l’appropria (#502). Les mythes et légendes facilitaient également l’identification d’une population avec son club sportif. Hercules échoua près de La Corogne (#19). Les sorciers envahirent la ville de Benevento (#464) quand un mage chevaucha un éléphant du côté de Catane (#256). Un faisan parleur passa du côté du Japon (Fagiano Okayama #641).

Des créatures légendaires peuplent aussi les surnoms des clubs. Anges (FC Spartak Trnava #583) et Diables (1. FC Kaiserslautern #544, CA Independiente #274, Manchester United #54, América Cali #718, RC Ferrol #1262, Altınordu FK #1275) sont assez communs. Le dragon souffle le chaud et le froid sur Porto (#6), sur Ljubljana (#380), sur Belgrade (#992), sur Ruse (#983), sur Goias (#1051), sur Mons (#1203), sur Wrexham (#1287) et Cannes (#560). D’autres créatures moins familières s’expriment aussi (le griffon pour le Genoa CFC #169, la vouivre pour l’Inter Milan #13 et l’AC Bellinzone #1018, le lion ailé pour Venise FC #1264, le troll pour Rosenborg #53, le phénix pour Gimcheon #1066 et CA Fénix #1211 et le papão pour Paysandu SC #441) quand il ne s’agit pas simplement d’un monstre (CD Marathón #431). Enfin, Dracula inspire les roumains de Bistrița (#1318).
Les couleurs des habits religieux teintèrent aussi les surnoms (et oui toujours les couleurs comme source de base) : le rouge des cardinaux pour l’Independiente Santa Fe (#247), le bleu de la Vierge Marie pour le Getafe CF (#399) et le FCG Bordeaux (#497), la soutane noire pour le Stade Rennais (#193) et celles du Vatican pour le CA Bella Vista (#680). Outre la couleur, le scapulaire de Bordeaux aurait été inspiré par la tenue des moines (#44).
Enfin, la religion n’est pas uniquement synonyme de privation, de restriction et de dévotion aveugle, les fêtes religieuses telles que le carnaval donnent lieu à des manifestations joyeuses, qui au fil des siècle s’inscrivent aujourd’hui dans le folklore local. Ainsi, les surnoms puisèrent dans les fêtes comme pour FC Cologne (#5), SC Internacional (#220), FC Sankt Pauli (#267), AZ Alkmaar (#285), 1. FSV Mayence (#296), Club Sol de América (#383), Sport Boys Warnes (#410), NK Drava Ptuj (#823), SV Ried (#880), RAEC Mons (#1203) et Helmond Sport (#1222).
Quand la politique s’en mêle
Dans l’affaire Peng Shuai, tout le monde s’étonne faussement et naïvement que la Chine se sert du sport comme d’un étendard politique. Cela fait très longtemps que le sport n’est qu’un moyen pour la Chine, ainsi que d’autres états tout aussi peu recommandables tels que le Qatar ou l’Arabie Saoudite, de s’acheter une réputation, un prestige. Toutefois, je ne ferai pas semblant d’être naif aussi car je sais bien que de nombreux états bien plus démocratiques utilisèrent la même arme pour aiguiser leur soft power. Le football ne resta et ne reste pas à l’écart de cette influence souvent néfaste, la guerre de Cent Heures qui opposa le Salvador et le Honduras en juillet 1969 n’en étant que l’expression la plus meurtrière. Les clubs n’y échappèrent pas et leur surnom devaient également dépeindre le nationalisme de l’époque.
Ainsi, le faucon tchèque du Sokol, une association sportive qui avait pour objectif de dresser le nationalisme tchèque et le panslavisme, a essaimé dans toute l’Europe slave (ŠK Slovan Bratislava #357, FK Vojvodina Novi Sad #571, Spartak Varna #658). Un autre faucon inspira le Gaziantepspor (#738). Au début du XXème siècle, dans un Empire allemand naissant, les fondateurs des clubs n’hésitèrent pas à faire référence au passé de l’Allemagne (Borussia Dortmund #84) et ses symboles (SC Preußen Münster #648, Arminia Bielefeld #784). En Scandinavie, le Danemark et la Suède étaient dominants, ce qui poussa les norvégiens (Odds BK #653) et les islandais (Fram Reykjavík #381) à afficher leur élan national dans les noms des clubs sportifs.
De l’autre côté de la Méditerranée, les clubs se construisirent dans l’opposition aux autorités coloniales. Alors que ces dernières multipliaient les contraintes quand à la fondation de ces clubs indigènes, ils exprimèrent leur soutien à la cause nationaliste dans les couleurs choisies (Raja CA Casablanca #115, ES Sétif #482, USM Alger #608, Al-Masry SC #610, USM Bel Abbès #979, Al Ahly SC #1227) ou d’autres symboles (Wydad Athletic Club #197, Stade Tunisien #602) ou dans leur nom (MC Oran #881, FUS Rabat #907, Club Africain #753).
Cette passion nationaliste s’exprima dans le monde entier. Certains clubs puisèrent dans les épisodes triomphants ou identitaires de leur histoire (Brescia Calcio #1089, Vitória Guimarães #320, Beitar Jérusalem #420, Cork City #448, Real Cartagena #540, SC Olhanense #636, New England Revolution #388, Royal Excel Mouscron #335, FK Napredak Kruševac #953, CD Atlético Huila #896, Sivasspor #519, Žalgiris Vilnius #1179) ou dans les symboles du pays (Finn Harps FC #1086, Partick Thistle #213, HŠK Zrinjski Mostar #395, Apollon Limassol #577, Hadjuk Split #265, K Berchem Sport #960, Inverness Caledonian Thistle #712) ou parmi les héros nationaux (Coronel Bolognesi #993, Voždovac #992). Naturellement, les couleurs des indépendantistes furent sources d’inspiration (Club Nacional #1292, Celta Vigo #457, Nacional Montevideo #501, EC Vitória #622, Willem II #389, Ruch Chorzów #686, Polonia Varsovie #518, NK Hrvatski Dragovoljac Zagreb #1261). Le Slavia Prague reprit les couleurs de la Bohème pour afficher son soutien au panslavisme face à l’Empire Austro-Hongrois (#814). Il suffit également de simplement rappeler que le club est l’étendard de la région perdue et de ses réfugiés (Qarabağ FK #889) ou l’outil de propagande du pays (FC Astana #1321).
Certes, la politique s’exprime au travers du nationalisme vis-à-vis de l’extérieur mais le mot étant dérivé du grec polis (la cité), elle s’immisçait avant tout dans les affaires intérieures. Résultat, les mouvements ou parties politiques développèrent leur « endoctrinement » également au travers d’associations sportives. En Israël, 3 grands mouvements politiques, Beitar, Hapoël et Maccabi, pilotèrent le sport national en esseimant dans tout le pays des clubs. Ces derniers reprenaient souvent leurs symboles, pour mieux marquer leur attachement au mouvement, et les surnoms en furent donc influencés (Beitar Jérusalem #420, Hapoël Beer-Sheva #664, Hapoël Tel Aviv #397). São Paolo gagna en popularité en apparaissant comme le porte drapeau régionale (#810). Les clubs liés aux mouvements de gauche, reprirent souvent le rouge comme couleur, qui déteint sur leurs surnoms (Chacarita Juniors #974, RNK Split #541, Argentinos Junior #201, Servette Genève #96, CS Marítimo Funchal #94, Stade Rennais #193, Widzew Łódź #367, FK Rabotnički Skopje #676). Le Club Cerro Porteño préféra jouer le juge de paix entre les deux partis politiques rivaux (#443). En revanche, le Red Star ne détient pas son nom et surnom de la gauche, malgré les nombreuses apparences (#625).
La lutte des classes chère à la gauche se traduisit aussi dans la vie clubs. Pour rappel, au début de son existence, le football fut d’abord pratiqué et souvent exporté par l’aristocratie et la bourgeoisie. Ce fut sur les terrains de jeu des universités et écoles anglaises huppés (Eton, Harrow, Rugby, Westminster et Winchester) que le football fut créé et codifié. A vrai dire, qui d’autres avaient du temps à consacrer à des activités récréatives ? Mais, sa simplicité (peu de matériel nécessaire pour le jouer) et le besoin d’occuper les masses permirent son développement rapide dans les couches populaires. La Juventus, détenue par la richissime famille Agnelli, gagnât son surnom de vieilles dames (équivalent de vieux monsieur de la bourgeoisie) (#499). Du côté des clubs des classes populaires, les surnoms ne manquèrent pas de rappeler leurs origines laborieuses, avec parfois un peu d’ironie ou de condescendance (AC Milan #209, Olympiakos Le Pirée #452, CA Progreso #363, Getafe CF #399, Gimnasia y Esgrima La Plata #621, 1.FC Union Berlin #465, SD Quito #669) ou leurs supposées caractéristiques physiques (Atlante FC #449).
On n’est jamais mieux servi que par soit même
Pourquoi aller chercher un surnom s’inspirant de légendes locales ou d’éléments naturels endémiques alors que l’histoire et le palmarès du club se suffit à lui-même. La réflexion aboutit à deux types de surnoms assez simples : le doyen (ou équivalent quand le club est le plus ancien du pays) ou le champion (quand les coupes et titres s’empilent au musée). On retrouve ainsi le doyen du Nord-Ouest de l’Argentine, le CA Tucumán (#393), de Salonique, l’Iraklis (#271), de Grèce, le Panionios Athènes (#146), de la Belgique, le Royal Antwerp FC (#139), d’Espagne, le Recreativo Huelva (#1137), du Paraguay, le Club Olimpia (#63), de l’Uruguay, avec l’Albion FC (#659), de Colombie, avec le Deportivo Cali (#1279), du Chili, Santiago Wanderers (#697), d’un des Etats du Brésil (Ceará SC #646) ou du continent sud-américain, Lima CFC (#1130). Et quand il s’agit d’un ancien, on peut la dénommer avec affection la vieille dame comme pour la Juventus (#499), l’Anórthosis Famagouste (#547) et le Segesta Sisak (#888). Ou alors en comparant le club du Hambourg SV (#124) au plus ancien des êtres vivants.
Pour évoquer le palmarès important du club ou une grande équipe, les superlatifs ne sont jamais suffisants pour les supporteurs. Et voilà donc des rois (MC Oujda #611, CD Olimpia #375, CA Independiente #55, Club Olimpia #926, Ittihad Alexandrie #1024) et des reines (AEL Larissa #418, Etoile Filante de Ouagadougou #1046), un prince (ASC Jaraaf #1174), un joyau (Étoile Sportive du Sahel #572), une étoile (AS Tanda #1104), un géant (FK Sarajevo #474), un maître (RS Berkane #722, 1. FC Nuremberg #1186), des glorieux (SL Benfica #215, Instituto Cordoba #984, Botafogo #1120) et un double glorieux même (Cúcuta Deportivo FC #425), un puissant (Deportivo Independiente Medellín #189), un superpuissant (KR Reykjavik #119) et un tout-puissant (RC Bafoussam #1044), un multiple champion (Hafia FC #829, América Cali #1353), un champion de la glace (Atlético Mineiro #950), un champion du siècle (SE Palmeiras #304), une équipe de champions (Örgryte IS #1126), un champion né (Sporting Cristal #1274) et un champion des champions (SC Corinthians #106), des conquérants (Galatasaray #754, Karlsruher SC #690), une grande équipe (CS Herediano #949), l’unique grand (Boca juniors #1000), des idoles (Barcelona SC #326, Delfin SC #1201), un maître des records (Bayern Munich #619), un seigneur (Lausanne-Sport #923), des équipes du peuple (Club Alianza Lima #145, Engen Santos FC #831, CD Aurora #864, Cruzeiro #904, Independiente Medellín #1192, FK Kaïrat Almaty #1213), des invincibles (Arsenal #941), des galactiques (FK Jablonec #1162), un rouleau compresseur (Partizan Belgrade #1190), une furie (Atlas #1333), une équipe de fer (Sparta Prague #1323), un vainqueur de coupe du monde, sans l’avoir remporté (Sankt Pauli #1025), des guerriers (Fluminense #1291) et enfin des légendes (Olympiakos Le Pirée #48, APOEL Nicosie #778, Club Guaraní #1087). Et malgré la richesse du vocabulaire, on peut aussi inventer un mot pour rappeler l’invincibilité de l’équipe (Jeonbuk Hyundai Motors #766). Outre le palmarès, sa popularité constitue également une source de fierté (São Paulo FC #810, CSD Municipal #1176, Colo Colo #1241, Flamengo #1256) Mais pourquoi user de tant de superlatifs alors qu’il suffit de s’autoproclamer comme LE club (1. FC Nuremberg #521, OFI Crète #382, Al Ahly SC #344 et HJK Helsinki #107). Ces clubs font la fierté de leur région et ville (Feyenoord Rotterdam #148, Kalmar FF #672, FC Groningue #771).
On peut aussi remplir ces deux dernières qualités, ie être le doyen et posséder un beau palmarès : RFC Liège (#786).
Autre qualité qui peut constituer l’ADN du club, la formation. Il suffit d’avoir former quelques joueurs reconnus et les supporteurs peuvent espérer que leur club soit l’école du football, l’université des futurs champions. En Argentine, le titre fut attribué par la fédération à Argentino Juniors (#90) qui forma Maradona. D’autres clubs prétendent à cette renommée mais au niveau national (West Ham United en Angleterre (#893), FC Viitorul Constanța (#321) en Roumanie, Leixões au Portugal (#917), Danubio en Uruguay (#952), Tromsø IL en Norvège (#927), Zheiang FC en Chine (#1009) et le Club Nacional (#508) au Paraguay). Enfin, certains, sans être des pépinières, se sont sauvés grace à des jeunes du centre de formation qui donnèrent tout pour leur club en perdition (Toulouse FC #434 et Olympique de Marseille #298).
Dis moi comment tu joues, je te dirais qui tu es
Parfois, certains clubs connurent des périodes dorées où une équipe, une génération se retrouvaient et accumulaient des titres, où rien ne semblait pouvoir troubler leur ascension et leur domination. A la base de cette réussite, parfois, un style de jeu particulier qui enchantait souvent les spectateurs et la presse. Les journalistes ne manquèrent pas alors d’utiliser ou d’inventer des surnoms pour imager la tactique, la manière de jouer ou la puissance dégagée par l’équipe. Lorsque la période s’éclipsa, le surnom resta auprès des supporteurs comme un moyen de se souvenir d’un illustre passé. Le surnom pouvait être simple en indiquant que vos joueurs ont simplement du style (#763 Mamelodi Sundowns FC, #812 Lamontville Golden Arrow). Mais, pour qualifier une équipe, comme on l’a vu précédemment, il n’y a pas mieux que de se référer à un animal. Les plus classiques étant ceux qui dégagent une impression de puissance, qui fondent sur leur adversaire avec conviction, qui se battent avec pugnacité comme le lion (SC Bastia #528, Estudiantes de La Plata #498, Avaí FC #696, Millwall FC #698, Real Potosí #1207), le loup (Gimnasia y Esgrima La Plata #312), le chien (Lille OSC #66, Bologne FC #700, Wisła Cracovie #852, Club Tijuana #1013, Olympic Charleroi #1108, Huddersfield Town #1167), le faucon (Slovan Bratislava #357) et l’aigle (Spezia Calcio #384). Noter ce détail amusant pour les deux rivaux de La Plata où d’un côté Estudiantes a pour surnom le lion pour la combativité dont l’équipe fit preuve et de l’autre Gimnasia hérite du loup pour l’audace de son jeu. Toutefois, dans le règne animal, chaque espèce présente des caractéristiques qui peuvent représenter ces équipes : le coq qui n’abandonne pas ses combats (Atlético Mineiro #24, SSC Bari #565, Bradford City #996, Querétaro FC #997, CD Morón #1188), le rusé renard (CF Atlas #130), la rapidité et la fougue des poulains (Borussia Mönchengladbach #162, Atlante FC #954), les punaises qui piquent constamment leur adversaire (Argentinos Junior #201) tout comme les bourdons (NK Varteks #1319) ainsi que le sautillant lièvre (Cruz Azul #307) et le gentil lapin (América FC #920).
Les objets de la vie courante furent aussi une source d’inspiration. Votre équipe joue dure, en se reposant sur une défense solide ? Prenez l’image d’un roc comme le poêle en fonte (Djurgårdens IF #176). Les joueurs frappent forts et jouent durent ? Le marteau est le symbole (Tersana SC #882, Ulsan HD #1349). Votre équipe est incisive et pique son adversaire à chacune de ses attaques ? Une perceuse est le symbole parfait (CA Banfield #177). Votre équipe donne mal à tête à ses adversaires à force de bouger dans tous les sens ? Une simple toupie est la solution (Schalke 04 #311). Votre équipe pratique un football flamboyant sorti tout droit d’un livre ? Quoi d’autre justement qu’un livre (Tonnerre KC Yaoundé #604). Enfin, le jeu de votre équipe préférée est explosif ? Une mèche d’explosif surgit comme l’évidence (América Cali #108). Les évènements climatiques tels qu’un cyclone apparaissent aussi comme des bonnes représentations (CA San Lorenzo #47, Club Cerro Porteño #92, Argentinos Junior #338, CA Paranaense #1097, Bucaspor #1312).
Autre possibilité quand vous êtes une petite équipe et que vous connaissez votre heure de gloire : se comparer avec un grand du football. Ainsi, dans les années 1970, le club grec du PAS Giannina s’étalonna à l’Ajax d’Amsterdam (#342) tout comme les roumains de AFC Chindia Târgoviște (#824) une vingtaine d’années plus tard. En Belgique, Anderlecht demeure la référence (KSK Beveren #1037). En Allemagne, le Brésil fut le maître-étalon du SC Fribourg (#447) comme au Cameroun (#813 Les Astres FC). En Suède, la référence fut la lointaine Uruguay (#742 Landskrona BoIS) ou proche en Serbie (#1215 FK Mačva Šabac) tandis qu’Albacete en Espagne se compara avec les Pays-Bas (#557) tout comme pour les brésiliens du RB Bragantino (#1339). Cruzeiro atteignit sur le plan sud-américain la réputation du FC Barcelone (#1158). Et quand le football ne suffisait plus, la référence venait d’autres sports-spectacles comme les Harlem Globetrotters (CA Lanús #1278). Quand il n’y avait personne à qui se comparer, c’est que le club était lui-même une référence et donnait la leçon à ses adversaires (Racing Club #192, Club Bolívar #179).
Au final, l’important pour ce type de surnom s’est de rappeler que le jeu pratiqué par son équipe fait peur car personne n’y résiste (Hearts of Oak SC #592, Suwon FC #1026). D’où certains retinrent des surnoms effrayants et on a affaire à des machines (Lille OSC #689, CA River Plate #1304), des combattants (Karlsruher SC #490, Diambars FC #987), des tueurs (SA Bulo Bulo #1306, Independiente del Valle #1257, CA Tigre #516, CA Talleres de Córdoba #740, Kano Pillars FC #762, Go Ahead Eagles #567, CA San Lorenzo #894, Hapoël Ra’anana #1281, The Strongest #1350), des voyous (Ulsan Hyundai #780), un monstre (CD Marathón #431), un gang fou (Wimbledon #1315) et au diable (FC Kaiserslautern #544, CA Independiente #274, América Cali #718, RC Ferrol #1262). Seulement avec l’avènement du flower power dans les années 1960 les références belliqueuses devenaient désuètes. La nonchalance des norvégiens donna le surnom de bohémiens (Vålerenga IF #191) et les yougoslaves de l’OFK Belgrade étaient des romantiques (#102). Les mexicains d’Atlas étaient tout simplement des amis du ballon (#688). Malheureusement, les équipes ne développèrent pas toujours un jeu flamboyant et les supporteurs purent s’ennuyer devant la piètre qualité du spectacle. Les joueurs de Dunfermline Athletic devinrent des paralysés (#100) tandis que ceux du CD Guadalajara furent qualifiés de chèvres (#361). Les finlandais du FC Lahti ne furent pas moqués pour la faiblesse de leur jeu mais plutôt par leur faculté d’être lent au démarrage (#531). Enfin, la dureté du jeu des belges de Saint-Gilles rappelaient les malfrats violents parisiens (#442)
Toutefois, il n’est pas toujours évident de voir une génération émerger ou un style de jeu s’imposer tout au long d’une saison. Pour autant, lors d’un match, une équipe, un joueur peut se distinguer et inspirer un surnom à tout un club. C’est le cas où une équipe réussit à renverser une situation qui semblait perdu d’avance. En battant le grand Celtic, lors d’un match mémorable de Coupe d’Ecosse, Dundee United devint des terreurs (#154). De même, en Pologne, le ŁKS Łódź gagna à 10 contre 11 contre le futur champion et obtint la surnom de Chevalier du Printemps (#171). En Argentine, ceux qui perdirent un match qui était quasiment gagné finirent avec un surnom moqueur (CA River Plate #46), que ceux qui devaient perdre tournèrent à leur avantage (CA Belgrano #639). Du côté allemand, la ténacité des joueurs de Bochum était une qualité mais en même temps produisait un jeu ennuyeux (#947).
Au secours Karl, Jean-Paul et John
Ici, on ne reviendra pas sur les surnoms simplistes qui se basent sur la couleur des maillots. L’équipement peut comporter d’autres particularités, si caractéristiques, que cela inspira le surnom du club. Le scapulaire fut à la mode à certaines époques mais des clubs le portèrent définitivement (Lugano #725, Airdrieonians #657, Brescia #325, Bordeaux #44, Melbourne Victory #1145). Une petite poche suffit parfois à gagner un surnom (Nacional Montevideo #57). Une simple bande (Universidad Católica #976, Rayo Vallecano #972, River Plate #900, Sampdoria #287, CCD Municipal #480, Danubio #109, Club Puebla #1283) ou des rayures (Odense #788, Celtic Glasgow #249, CF Monterrey #214, Shamrock #156, KS Cracovie #1021) donnent une identité forte également. Mais également quand les bandes sont nombreuses (CF Monterrey #214, CS San Lorenzo #1327). D’autres faisaient moins de coquetteries avec un maillot constitué de pièces différentes (Slavia Prague #21). L’utilisation du motif d’un damier est plus rare et donc plus distinctif (Boavista #159 et Boyacá Chicó #1238). Enfin, l’élégance du fondateur aida aussi à améliorer l’image du club (CA Barracas Central #1142).
Les héros de notre enfance

On a beau jouer les gros durs dans les stades, le supporteur demeure toujours attaché à ses héros de jeunesse. Rien de mieux que de reprendre une figure légendaire ou fameuse pour permettre aux supporteurs de s’y identifier et de réaliser des beaux tifos. Dans l’imaginaire collectif, le pirate n’est plus un voleur, bien qu’il ait souvent un couteau entre les dents, mais un aventurier des mers pacifiques, un redresseur de tord en même temps qu’il pillait. Cette image parfois véhiculée dans les films influença le club sud-africain des Orlando Pirates (#166). Néanmoins, un pirate demeure un pirate comme pour Belgrano (#416). Enfin, ils constituèrent ou participèrent à l’histoire de certaines contrées qui aujourd’hui accueillent comme seul trésor, un club de football (AS Salé #506, Sankt Pauli #267, Coquimbo Unido #556, Hadjuk Split #265, Stade Brestois #1300).

Dans les pays plus froids, un autre aventurier fit sensation, le viking. Naturellement, les clubs scandinaves s’empressèrent de s’identifier à cet ancêtre conquérant et brave (Lyngby BK #505, Knattspyrnufélagið Víkingur #419). Mais, on en retrouve également en Espagne au Real Madrid (#42) et en Autriche au SV Ried (#880).

Autre héros des temps anciens, le chevalier. Défenseur de la veuve et l’orphelin, son imaginaire ne pouvait que plaire aux supporteurs (KAC Marrakech #598, ŁKS Łódź #171, CD Universidad Católica #161, FK Riteriai #1218). De même pour le Mousquetaire (SC Corinthians #291).
Les cow-boy et les indiens, figures mythiques d’Hollywood, furent une source de divertissement, de phantasmes et donc d’inspiration. Ainsi, Buffalo Bill, célèbre cow-boy, qui importa l’imaginaire de la conquête de l’Ouest en Europe avec son cirque, influença directement le Red Star français (#625) et les belges de La Gantoise (#69) et indirectement les belges de la Royale Union Saint-Gilloise (#442). Mais, les Indiens sont surtout le peuple originel des Amériques et donc les racines des clubs sud-américains (CD Tolima #509, Colo Colo #470 et #27, Cerro Largo #436, Guarani FC #346, Club Guaraní #110). Les indiens furent aussi à l’origine du surnom des sud-africains de Kaizer Chiefs (#10), des espagnols de l’Atlético de Madrid (#269) et des turcs de Kasımpaşa (#1005). Enfin, les cow-boy n’étaient pas qu’aux Etats-Unis et se trouvaient dans toutes les Amériques (CSD Merlo #576, Llaneros FC #1322).



Etonnamment les personnages de bande dessinée sont moins présents. Pourtant les super-héros de comics représenteraient par leurs puissances et leurs vertus d’excellents symboles. Pour l’instant, un seul super-héros a rejoint le club mais pas n’importe lequel, superman (EC Bahia #228). Sinon, de manière plus humoristique mais assez logiquement étant donné leur couleur, les Schtroumpfs trouvent leur place dans cette liste (KRC Genk #217, Lokomotiv Plovdiv #212 et CS Constantinois #1038). Le héros légendaire de la savane, Tarzan, rugit depuis la Turquie (Manisa FK #1138).
Rira bien qui rira le dernier
Les supporteurs ne manquent pas d’humour, surtout quand il s’agit de charrier l’adversaire. Il y eut quelques débordements en la matière (les supporteurs parisiens envers les ch’tis) mais fort heureusement, souvent cela ne resta que de bonne guerre et parfois l’arroseur fut arrosé. En effet, le terme qui devait railler l’adversaire en le caricaturant devint parfois le surnom du club moqué car les fans se l’approprièrent et désamorcèrent le sarcasme. La meilleure défense est l’attaque. Ainsi, de par son caractère têtu et sa lente vitesse, qui le fait passer pour un idiot, l’âne ne véhicule pas une image flatteuse et constitue l’animal parfait pour se moquer de l’adversaire (Chievo Vérone #616, EC Taubaté #551, SSC Naples #337). D’autres animaux n’ayant pas une belle réputation furent aussi sources d’inspiration : le pingouin pour le FC Libourne (#539), le marsupial pour le CN Capibaribe (#730), la chèvre pour le CD Guadalajara (#361), le serpent pour l’IFK Norrköping (#356), la poule (CA River Plate #46), le chien (Wisła Cracovie #852, Royal Antwerp #1288), le singe pour Djurgårdens IF (#1232), le cochon pour Palmeiras (#126) et CS Luqueño (#820). Le monde marin n’était pas en reste car souvent le peu noble produit de la pêche était le seul moyen de subsistance pour nombre d’habitants pauvres des côtes. En outre, le parfum des poissons n’est jamais des plus agréables. C’était donc un synonyme de pauvreté et de médiocrité (Santos #142, CD Tenerife #703, Górnik Zabrze #458, Olympiakos Le Pirée #452). C’est également le cas du CA Colón (#692), surnom poissonnier qui répond à celui du rival du CA Unión (#1117), dont les habitants étaient d’une classe plus huppée.
La fine métaphore n’est pas non plus dans la panoplie du supporteur moqueur ce qui fit que des surnoms beaucoup plus simples et méchants apparurent. La référence au monde paysan censé être arriéré et ringard ne manque pas (Ipswich Town #451, Boca Juniors #336). Mais, la moquerie pouvait fleurter avec l’insulte comme pour le LD Alajuelense (#392) qui était comparé à des voleurs ou ceux du Panathinaïkos Athènes qui étaient « vaseux » (#515). Entre les deux Milan, la rivalité est forte et ancienne et traduit aussi les différences de classes des supporteurs. D’où des surnoms moqueurs pour caricaturer les fans adverses (Inter Milan #1285 et Milan AC #209). Les fans du Mannheim étaient ramenés à leur bidonville (#1284). Le niveau le plus bas fut atteint avec le KV Mechelen (#415) et Peñarol (#409) où les supporteurs retournèrent dans le monde de l’enfance avec le pipi/caca. Pourtant les fans de ces deux clubs conservèrent ces surnoms. Enfin, il reste cette anecdote où les soutiens du CA Rosario Central (#681) et des CA Newell’s Old Boys (#104) se moquèrent mutuellement les uns des autres suite à un match caritatif qui n’eut pas lieu. Ceux de Rosario étaient des vauriens tandis que ceux de NOB étaient des lépreux.
Dans ce monde de méchanceté, il existe également des rivalités où le charriage voire l’humour triompha. La comparaison avec une petite voiture bon marché devait mettre en avant l’infériorité supposée de l’équipe du CA Belgrano (#639). Le soutien populaire du Goiás EC (#529) semblait se résumer à ses 33 fondateurs. Même si elle résultait d’un relent raciste, la blancheur de la peau des adversaires fut moqué (#369 Coritiba, #79 Fluminense). Des clubs ont pu même se moquer d’eux-mêmes, enfin de leurs supporteurs (CD Castellón #1294). Enfin, en Allemagne, deux grands clubs concentrèrent les jeux de mot. D’un côté, les échecs répétés aux titres suprêmes du Bayer Leverkusen donna lieu au surnom neverkusen (#68). De l’autre, les caprices et excès des stars du Bayern Munich transforment l’oktoberfest en fête déluré de la cité des anges (#751).
