#5 – FC Cologne : Geißböcke

Les boucs. Les animaux sont souvent une source pour donner des surnoms au club car ils peuvent être dotés d’une forte charge symbolique. Les animaux forts ou terrifiants peuvent ainsi représenter la supériorité de l’équipe ou inspirer la peur aux adversaires. Le bouc a été associé au diable et cette symbolique aurait pu expliquer l’origine du surnom du FC Cologne. Mais, la raison est bien plus simple. Lors du carnaval de Cologne, le 13 février 1950, les deux directeurs du cirque Williams, Carola et Harry Williams, remirent au club un jeune bouc, qu’ils trouvaient plaisant, pour servir le club comme porte-bonheur. Le cadeau fut accepté et l’animal nommé « Hennes », en l’honneur du joueur-entraîneur Hennes Weisweiler. Mais, ce qui devait être une simple boutade liée au carnaval se transforma en une grande tradition.

Avant l’arrivée du bouc, le club s’enlisait dans le ventre mou du championnat et connaissait même un début de déclin. Une fois offert, le bouc accompagna les joueurs dans les différents matchs et lors des 4 premières rencontres, qui correspondaient encore à la période du carnaval, Cologne marqua 10 buts pour un seul concédé, pour 4 victoires. L’idée que le bouc devenait un porte-bonheur commençait à se répandre parmi les fans. Surtout que la fin du carnaval n’emporta les bons résultats de l’équipe. Avec la victoire 2 buts à 1 lors de la 27ème journée à l’extérieur face à Schalke, l’équipe était invaincue pour la 11ème fois consécutive et se retrouvait quasiment aux portes de la qualification dans le championnat national. Mais, lors de l’avant-dernière journée, le bouc n’accompagna pas l’équipe dans son déplacement chez l’Arminia Bielefeld et Cologne enregistra une défaite surprise. Le bouc était alors définitivement adopté comme mascotte porte-bonheur. Même la défaite face à Aix-la-Chapelle lors de la dernière rencontre n’égratigna pas ce mythe naissant.

Hennes était présent à tous les matchs à domicile et pouvait être tenu en laisse par le président-fondateur du club, Franz Kremer. En 1954, il fit son apparition sur l’écusson du club. Lorsque le bouc mourut de vieillesse le 4 novembre 1966, la question de la poursuite de la tradition se posa. Finalement, le cirque Williams en offrit un nouveau qui fut baptisé Hennes II. Depuis, les boucs se succèdent et depuis le 4 août 2019, Hennes IX est la mascotte.

Véritable icone du club, Hennes a sa propre page Facebook et Instagram et une webcam le filme en permanence dans son enclos au Zoo de Cologne. Il est apparu dans plusieurs films et a évidemment tourné des publicités, notamment pour le club. De nombreux objets de merchandising sont à son effigie. Hennes a même sa propre carte signée avec son empreinte de sabot. Les fans peuvent même télécharger le bêlement du bouc comme sonnerie de portable.

De ce surnom, deux autres sont apparus : Das Geißbockheim (la maison du bouc) et Die Geißbock-Elf (le onze du bouc).

#4 – Arsenal : Gunners

Gunners signifie les canonniers. Certes, le club a compté dans ses rangs un certain nombre de grands buteurs « canonniers » tels que Thierry Henry (228 buts), Ian Wright (185) et Cliff Bastin. (178) Mais, ce n’est pas la raison. Et à lire le nom du club, on comprend vite d’où vient ce surnom.

Avant d’animer le Nord de Londres, la vie du club se situait à l’Est de Londres, le long de la Tamise. En effet, il fut fondé en 1886 par des ouvriers de la manufacture d’armes, Royal Arsenal, située à Woolwich. Ce quartier était déjà intimement lié à l’armée avant la construction de l’arsenal puisqu’en 1512, le Roi Henri VIII y établit un chantier naval qui construisit son navire amiral « Henry Grâce à Dieu » puis de nombreux bâtiments de la Marine jusqu’à la fin du XIXème siècle. Fondé en 1671, le Royal Arsenal, qui s’étendait initialement sur 13 hectares, se limitait d’abord à être un lieu de stockage de la poudre et de munitions ainsi qu’un terrain d’essai de canons. Puis, en 1695, la première manufacture d’armes débuta son activité, qui comprenait la fabrication de poudre à canon, d’étuis d’obus et de cartouches. Puis, une fonderie fut ajoutée en 1717. En 1777, le site s’étendait sur 42 hectares et accueillait outre l’arsenal, une garnison et une académie militaire, qui formait les officiers de l’artillerie et du génie. En 1805, à la suggestion du Roi George III, l’ensemble du complexe prit le nom de Royal Arsenal. Avec les guerres du XIXème siècle (Napoléoniennes, Crimée, Coloniales), l’activité s’accrut et près de 5 000 personnes y travaillaient, dans les 3 usines d’artillerie. Il était alors l’un des plus grands dépôts militaires au monde et une usine d’armes sans équivalent. À son apogée, pendant la Première Guerre mondiale, le Royal Arsenal s’étirait sur 530 hectares et mille bâtiments et employait environ près de 80 000 personnes (plus 2 500 militaires). Dans l’entre-deux guerres, l’activité militaire commença à décliner et se tourna vers de la fabrication civile (locomotive) et, après la Seconde Guerre mondiale, la tendance se confirma, les usines fabriquant alors des wagons de chemin de fer puis métiers à tricoter. En 1967, l’usine ferma définitivement ses portes et le Ministère des Armées quitta les lieux en 1994.

Au XIXème siècle, les ouvriers effectuaient des journées de 12 heures, 13 jours sur 14. Naturellement, une solidarité naquit au sein de cette importante main d’oeuvre qui travaillait dans un lieu hautement surveillé et secret (l’Arsenal était entouré de hauts murs et de clôtures électriques, gardé par une police dédiée), ce qui renforçait leur lien. En 1868, 20 ouvriers formèrent une coopérative d’achat de produits alimentaires, la Royal Arsenal Co-operative Society. À partir de 1878, 2,5 % des bénéfices de la société furent consacrés à l’éducation et au début du XXème siècle, ses activités s’étendirent vers la promotion immobilière et la politique.

Outre l’organisation économique, les ouvriers voulurent aussi des loisirs et en 1886, ils formèrent un club de football initialement connu sous le nom de Dial Square, d’après les ateliers au cœur du complexe. Rebaptisé Royal Arsenal deux semaines plus tard (et également connu sous le nom de Woolwich Reds), le club entra dans la ligue de football professionnel sous le nom de Woolwich Arsenal en 1893 et ​​devint plus tard connu sous le nom d’Arsenal FC, après avoir déménagé dans le nord de Londres en 1913. Tout le club était lié à cette usine d’armement qui était reconnu pour l’excellence de ses canons. En 1888, le club adopta son premier écusson, qui était une copie des armes non officielles de l’arrondissement de Woolwich. Il se composait de trois canons en argent sur un fond écarlate. Résultat, le surnom fut vite trouvé.

Certains prétendent également que ce surnom provient du fait que les fans du club emmenaient des feux d’artifice aux matchs et les laissaient exploser. Disons plutôt que cette tradition renforça le surnom pour ceux qui avait oublié l’histoire du club.

Le terme a été détourné par les fans de Leeds dans les années 70 pour gooners qui dérive de goon, signifiant idiot.

#3 – AC Milan : Rossoneri

Les rouges et noires. Les couleurs du club constituent assez naturellement un des surnoms, particulièrement en Italie. C’est le cas de l’AC Milan, Rossoneri signifiant les rouges et noires. Pourquoi le club évolue-t-il dans ces couleurs ? L’adoption des couleurs rouge et noir fut la volonté d’Herbert Kilpin, fondateur, joueur et premier président du club. Il déclara que « le rouge pour rappeler le diable, le noir pour inspirer la peur » et « le Milan sera comme un incendie sous un ciel orageux ! » .

A la fin des années 1980 et début des années 1990, emmené par une pléiade de stars (en particulier son trio néerlandais Van Basten, Gullit et Rijkaard), Milan apparaissait comme la plus grande équipe d’Europe voire du Monde. Les finales de Coupes d’Europe (finale de C1 en 1989, 1990, 1993, 1994, 1995) s’enchainèrent et quelques trophées supplémentaires vinrent enrichir un peu plus la vitrine déjà bien remplie du club. Une légende raconta à l’époque que Milan abandonnait son éternel maillot rayé noir et rouge lors des finales pour enfiler sa chemise secondaire intégralement blanche par superstition. Il est vrai que la première finale européenne de Milan en 1958 fut perdue face au grand Real en portant son maillot traditionnel. En 1963, face au Benfica qui conserva sa tunique rouge, Milan dut se résoudre à porter son maillot blanc mais avec à la clé sa première victoire dans l’épreuve reine. De cette histoire serait née la fameuse légende. L’histoire se confirma en 1989 et 1990 lors des deux nouvelles victoires en C1 respectivement face au Steaua Bucarest et au Benfica, Milan arborant son kit intégralement blanc. De même en 1994 lors de cette grande victoire face à Barcelone. D’ailleurs en 1993, Marseille remporta le match en finale alors que Milan jouait en noir et rouge. Mais, il faut tordre la réalité des faits pour croire en cette légende. En effet, en 1969, Milan remporta sa 2ème C1 avec son maillot traditionnel tout comme lors de la finale de Coupe des Coupes un an auparavant. Enfin, en 1995, la défaite face à l’Ajax en finale de C1 se fit en maillot blanc.