#109 – Danubio FC : la Franja

La bande. Le maillot blanc du club uruguayen affiche une bande noire qui démarre sur l’épaule gauche et finit en diagonale sur l’aine droite. Tout d’abord, avant la fondation du Danubio, une première tentative de club fut réalisée en 1930, connu sous le nom de Tigre. Chaque joueur apporta un maillot blanc, sur lequel María Mincheff de Lazaroff (dont deux des enfants, Mihail (Miguel) et Ivan (Juan), comptaient dans l’équipe) cousit un détail noir au niveau du cœur. En 1932, une nouvelle tentative fut lancée et donna naissance au Danubio FC. Pour financer le premier jeu de maillot, les fondateurs eurent l’idée d’organiser une tombola. Alcides Olivera, frère aîné de deux des fondateurs, acquit 10 billets de tombola, à condition que les maillots soient identiques à ceux du club des Wanderers Montevideo, dernier champion amateur d’Uruguay en 1931. Ainsi, le maillot du club fut rayé noir et blanc.

Mais, en 1936, lors d’un tournoi organisé par la Liga Parque Rodó, l’organisateur exigea que le club changea de maillot car il ressemblait trop à celui d’une autre équipe (Universal Ramírez). Sans vouloir changer les couleurs, la solution fut trouvée par un joueur de l’équipe, Alfredo López, qui déclara « hagámosla como la de River argentino pero con la banda negra » (Faisons-le comme le club argentin de River Plate mais avec une bande noire). La diagonale noire apparut donc sur le maillot blanc et fut le marqueur du club. Pendant quelques années après, le maillot rayé noir et blanc continua d’être utilisé. Puis, en 1942, le club changea de tenu et adopta définitivement la diagonale noire. En 1967 et en 1968, pour une raison inconnue, la diagonale apparaissait bien sur le maillot mais elle démarrait de l’épaule droite pour finir sur l’aine gauche (l’inverse de la direction traditionnelle).

#108 – América Cali : la Mechita

La traduction de ce mot qui relève de l’ « argot » colombien dépend de l’origine de ce surnom. La plus communément admise raconte qu’avant les années quarante (difficile de dater plus précisément cette histoire tant les versions diffèrent), les joueurs arboraient les fameux maillots rouges. Mais, par manque de moyen, ces maillots étaient rarement remplacés et s’usaient au fil du temps. Avant un match, un des joueurs déclara, en regardant les maillots abîmés, une phrase du genre « No tocó ponernos la misma mechita siempre » , ce qui signifie « Nous ne pouvons pas mettre toujours le même haillon ». La mechita designe effectivement un vieux vêtement en laine usé, comme une serpillière. Mais il faut savoir aussi qu’il peut désigner une robe de gala …

Une autre version se réfère au mot espagnol mecha (dont mechita est dérivé) qui signifie la mèche (d’un explosif). En effet, dans les années 80, le club colombien était une place forte du football locale (5 championnats remportés d’affilée) et surtout sud-américain, avec 3 finales consécutives de Copa America (malheureusement sans succès). En 1982 et 1983, América gagna deux championnats avec une défense impénétrable. Mais, dans l’intersaison qui suivi, le manager, Gabriel Ochoa Uribe, souhaita engager absolument le milieu de terrain Willington Ortiz qui était l’une des plus grandes stars du football colombien. Ce transfert allait radicalement changer le caractère et la stratégie de l’équipe car si Ortiz était vieillissant, il était toujours un joueur technique et rusé capable de lancer une attaque rapide et soudaine. Ainsi, le jeu de l’équipe passa d’une défense totale à une attaque rapide, explosive (d’où l’image de la mèche). Grâce à ce changement, le club poursuivit ses conquêtes et sa suprématie.