#110 – Club Guaraní : El Aborigen

L’aborigène. Créé en 1903, les fondateurs souhaitaient donner au club le nom de Guaraní, en hommage au peuple amérindien. Les Guaranís sont un peuple précolombien vivant aujourd’hui dans une région amazonienne s’étalant sur le Nord de l’Argentine (dans les provinces de Corrientes, Formosa et Misiones), le Sud-Ouest du Brésil (dans les États de Río Grande del Sur, Santa Catarina, Paraná et Mato Grosso del Sur), le Sud-Est de la Bolivie (dans les départements de Tarija, Santa Cruz et Chuquisaca), sur certaines régions de l’Uruguay et du Paraguay. Même s’ils partagent un mode de vie et une religion commune, il existe 4 principales composantes : les Aché, les Avá Guaraní, les Mbya et les Paĩ Tavyterã. Au total, l’Amérique du Sud compte environ 280 000 guaranís et la principale communauté se trouve au Paraguay (85 000 personnes), où elle de loin la plus importante parmi les peuples indigènes du pays. Au Paraguay, 88 à 95 % de la population totale parle la langue guarani (dont 39,2 % uniquement cette langue). Elle a obtenu un statut légal en 1967. Elle n’est devenue langue officielle, avec l’espagnol, qu’en 1992 et en 2010, l’Académie de la langue guarani fut créée. Outre la langue qui est un ciment de l’identité paraguayenne, le mot « paraguay » dérive d’un mot guarani, paraguay-ý, qui signifie « l’eau qui forme un océan ». Enfin, la monnaie locale s’appelle le guarani.

Le mot guaraní pourrait venir de l’expression guará-ny, ​​​​qui signifie « combattez-les », et que le peuple guaraní scandait comme cri de guerre face aux conquistadores espagnols qui envahissaient leur territoire. Selon une autre version, le nom proviendrait de la déformation d’un mot guarani, guariní, qui signifie « guerre » ou « guerrier ». Les indigènes s’appelaient ainsi afin d’indiquer qu’ils étaient des guerriers.

#109 – Danubio FC : la Franja

La bande. Le maillot blanc du club uruguayen affiche une bande noire qui démarre sur l’épaule gauche et finit en diagonale sur l’aine droite. Tout d’abord, avant la fondation du Danubio, une première tentative de club fut réalisée en 1930, connu sous le nom de Tigre. Chaque joueur apporta un maillot blanc, sur lequel María Mincheff de Lazaroff (dont deux des enfants, Mihail (Miguel) et Ivan (Juan), comptaient dans l’équipe) cousit un détail noir au niveau du cœur. En 1932, une nouvelle tentative fut lancée et donna naissance au Danubio FC. Pour financer le premier jeu de maillot, les fondateurs eurent l’idée d’organiser une tombola. Alcides Olivera, frère aîné de deux des fondateurs, acquit 10 billets de tombola, à condition que les maillots soient identiques à ceux du club des Wanderers Montevideo, dernier champion amateur d’Uruguay en 1931. Ainsi, le maillot du club fut rayé noir et blanc.

Mais, en 1936, lors d’un tournoi organisé par la Liga Parque Rodó, l’organisateur exigea que le club changea de maillot car il ressemblait trop à celui d’une autre équipe (Universal Ramírez). Sans vouloir changer les couleurs, la solution fut trouvée par un joueur de l’équipe, Alfredo López, qui déclara « hagámosla como la de River argentino pero con la banda negra » (Faisons-le comme le club argentin de River Plate mais avec une bande noire). La diagonale noire apparut donc sur le maillot blanc et fut le marqueur du club. Pendant quelques années après, le maillot rayé noir et blanc continua d’être utilisé. Puis, en 1942, le club changea de tenu et adopta définitivement la diagonale noire. En 1967 et en 1968, pour une raison inconnue, la diagonale apparaissait bien sur le maillot mais elle démarrait de l’épaule droite pour finir sur l’aine gauche (l’inverse de la direction traditionnelle).

#108 – América Cali : la Mechita

La traduction de ce mot qui relève de l’ « argot » colombien dépend de l’origine de ce surnom. La plus communément admise raconte qu’avant les années quarante (difficile de dater plus précisément cette histoire tant les versions diffèrent), les joueurs arboraient les fameux maillots rouges. Mais, par manque de moyen, ces maillots étaient rarement remplacés et s’usaient au fil du temps. Avant un match, un des joueurs déclara, en regardant les maillots abîmés, une phrase du genre « No tocó ponernos la misma mechita siempre » , ce qui signifie « Nous ne pouvons pas mettre toujours le même haillon ». La mechita designe effectivement un vieux vêtement en laine usé, comme une serpillière. Mais il faut savoir aussi qu’il peut désigner une robe de gala …

Une autre version se réfère au mot espagnol mecha (dont mechita est dérivé) qui signifie la mèche (d’un explosif). En effet, dans les années 80, le club colombien était une place forte du football locale (5 championnats remportés d’affilée) et surtout sud-américain, avec 3 finales consécutives de Copa America (malheureusement sans succès). En 1982 et 1983, América gagna deux championnats avec une défense impénétrable. Mais, dans l’intersaison qui suivi, le manager, Gabriel Ochoa Uribe, souhaita engager absolument le milieu de terrain Willington Ortiz qui était l’une des plus grandes stars du football colombien. Ce transfert allait radicalement changer le caractère et la stratégie de l’équipe car si Ortiz était vieillissant, il était toujours un joueur technique et rusé capable de lancer une attaque rapide et soudaine. Ainsi, le jeu de l’équipe passa d’une défense totale à une attaque rapide, explosive (d’où l’image de la mèche). Grâce à ce changement, le club poursuivit ses conquêtes et sa suprématie.

#107 – HJK Helsinki : Klubi

Le club, tout simplement. Certes le JK de HJK est les initiales de JalkapalloKlubi qui signifie Football Club. Mais, ce simple surnom souligne surtout l’aura du club dans le football finlandais. Depuis sa création en 1907, le HJK domine sans partage, avec 33 titres de championnats remportés (dont 6 d’affilés entre 2009 et 2014), 14 Coupes de Finlande et 6 Coupes de la Ligue. Evidemment sur ces 3 trophées nationaux, le HJK possède le record de titre. Entre 1938 et 1978, le club fut en retrait. Mais, depuis la fin des années 70, et en particulier lors des années 2010, le HJK est redevenu la référence du football finlandais. Lors de la saison 2017, le club fit le doublé Coupe-Championnat et ne perdit que 3 matchs.

Outre son palmarès national, le club a réalisé quelques performances sur la scène européenne. Il fut le premier club finlandais a participé à la Ligue des Champions lors de la saison 1998-1999, après avoir battu le FC Metz en tour préliminaire. Son parcours s’arrêta au niveau de la phase de groupe mais sans démérité, après avoir obtenu 5 points, notamment grâce à une victoire face au Benfica Lisbonne. En 2014, il devint aussi le premier club finlandais à participer à la phase de poule de la Coupe de l’UEFA, terminant 3ème de sa poule, après une victoire face au Torino et FC Copenhague.

L’équipe féminine n’a pas à rougir du palmarès masculin. En effet, les femmes ont remporté 23 titres de champions (sur les 53 éditions du championnat, dont les 5 premières éditions ainsi que 7 d’affilée entre 1995 et 2001) ainsi que 17 Coupes nationales. Dans les deux cas, il s’agit aussi des records de détention de titres.

#106 – SC Corinthians : Campeão dos Campeões

Champion des champions. Pour obtenir un tel surnom, il faut connaître une sacrée suprématie sur le football brésilien. Celle-ci remonte à quelques années tout de même. Il existe deux versions à ce surnom. Il faut se rappeler que, dans les premiers temps du football brésilien, les championnats étaient locaux et parfois multiples. C’était le cas à São Paulo en 1915 où deux championnats existaient : la LPF (Liga Paulista de Futebol) et l’APEA (Associação Paulista de Esportes Atléticos). En raison de divergences politiques, les Corinthians quittèrent la LPF pour rejoindre l’APEA. Mais son inscription fit l’objet d’un veto. Le club tenta de revenir au sein de la LPF qui lui refusa son accès. Résultat, le Corinthians participa en 1915 à aucun championnat et ne prit part qu’à des matchs amicaux. Le 1er mai, ils affrontèrent AA Palmeiras (à ne pas confondre avec l’actuel Palmeiras) et gagnèrent 3-0. Quelques mois plus tard, AA Palmeiras devint le champion de l’APEA. En 1916, les Corinthians battirent Germânia, qui fut champion LFP en 1915. Le peuple corinthians se convainquit alors que si le club avait pu disputer les deux championnats, il les aurait gagné inévitablement et était donc le Campeão dos Campeões. Ce sentiment de prestige était renforcé par le fait que le club remporta d’autres matchs amicaux en 1915 (5-0 contre les Wanderers, 4-1 contre Ideal Club, 2-0 contre Guarani). En outre, l’année précédente, le Corinthians avait marqué le championnat LFP en le remportant aisément (10 victoires en 10 matches, 37 buts marqués et 9 buts encaissés). Il réédita l’exploit de remporter le championnat LFP en 1916 en demeurant invaincu.

Une autre version, plus connue et reconnue, nous amène en 1930. En cette année, l’association sportive de São Paulo (APEA) décida de promouvoir un défi entre les champions de São Paulo et de Rio de Janeiro, les deux principaux championnats locaux. Ce challenge opposait les Corinthians (São Paulo) au Vasco de Gama (Rio de Janeiro). Le 16 février, les Corinthians remporta le premier match dans son stade 4 buts à 2. Au retour, le 23 février, au stade São Januário, le Vasco de Gama menait 2-0 jusqu’à la 72ème minute. Mais en 18 minutes, les vieux joueurs des Corinthians comme Neco (qui jouait déjà en 1915), Rato, Del Debbio et, Tuffy, rentrèrent en jeu et firent basculer le match. Le club pauliste remporta le match 3-2 et le défi. Il était donc le champion des champions.

En 1953, l’animateur radio Lauro D’Avila composa les paroles d’une chanson titrée « Campeão dos Campeões » qui est devenu l’hymne officiel du club.

#105 – Stade Lavallois : les Tangos

Non, le surnom n’aucun rapport avec la célèbre danse. Ni Laval n’abrite une forte communauté argentine, ni le Stade Lavallois n’a été un incubateur de talents venant de la pampa (seulement 3 joueurs argentins ayant porté le maillot Tango en tout et pour tout selon le site Tangofoot). Ce surnom fait référence à la couleur du maillot qui marqua de nombreuses générations des années 70-80. Il faut dire que cette couleur distinguait le club par rapport aux équipes de division 1 (et en plus, il était sublimé par la célèbre équipe hollandaise de Johann Cruyff).

Lors de la création du club, en 1902, ses dirigeants auraient opté d’abord pour le rouge et noir, comme les voisins du Stade Rennais. Mais, deux ans après, en 1904, l’équipe apparût vêtue d’une tunique rayée verte et blanche. Puis, à la sortie de la guerre en 1918, le club se résolut à porter des maillots de couleur tango. Le quotidien « La Mayenne » du 19 Septembre 2023 relatait que le Dimanche 16 Septembre lors de la victoire face au Stade Nantais, « nos concitoyens avaient remplacé leurs maillots vert et blanc par des maillots tango ». La légende dit qu’au départ, les dirigeant préférèrent des maillots rouges sangs (peut-être une influence des armes de la ville qui représente un léopard jaune sur un fond rouge). Mais, avec l’usure, ces derniers tournaient rose. L’effet certainement recherché avec la couleur rouge sang devenait plutôt ridicule en rose. Les dirigeants se rabattirent alors sur les couleurs tango et noir.

#104 – CA Newell’s Old Boys : Leprosos

Les lépreux. Drôle de surnom pour un club mais heureusement il faut écarter tout de suite l’hypothèse que les joueurs furent atteints de cette maladie. En fait, dans les années 1920, la commission des Dames de l’Hôpital Carrasco proposa d’organiser un match entre les deux clubs de Rosario, le CA Newell’s Old Boys et le CA Rosario Central, afin de collecter des fonds pour les personnes souffrant de la maladie de Hansen, ie la lèpre. Le CA Newell’s Old Boys accepta mais son adversaire refusa. Le club hérita alors du nom de Lépreux.

#103 – AC Fiorentina : Viola

Violet. Le club se distingue dans le championnat italien comme de par le monde par son maillot violet vif. Couleur plutôt rare dans le monde du football. La Fiorentina est issue de la fusion de deux clubs, Club Sportivo Firenze et Palestra Ginnastica Fiorentina Libertas. Le premier évoluait en blanc et noir, tandis que le second portait des maillots rouges et noirs. A sa fondation, en 1926, le nouveau club opta alors pour la réunion des 3 couleurs, avec un short noir et un maillot scindé en deux parties, une rouge et une blanche. Ce maillot avait le mérite d’afficher les couleurs de la cité. Mais, le 22 septembre 1929, lors d’un match amical contre la Roma, la Fiorentina porta, pour la première fois, la fameuse chemise violette frappée du le lis rouge sur la poitrine.

Selon la légende, cette couleur résultat d’un mauvais lavage des mailles rouge-blanc dans une rivière. La teinture rouge aurait déteint sur le blanc, créant une nuance de violet. Mais, la réalité serait qu’il fut choisi par Luigi Ridolfi, l’un des fondateurs, après un match amical en 1928 face au club hongrois Újpest FC. Outre l’originalité ou la noblesse qui pouvait se dégager de ce maillot, Luigi Ridolfi a pu également être impressionné par l’équipe hongroise qui connaissait son âge d’or et souhaitait lui ressembler pour connaître le succès. L’équipe d’Újpest pratiquait en effet un football défensif redoutée dénommé Fogl-gát (la barrière Fogl), du nom des deux frères qui composaient sa défense, Karoly Fogl et József Fogl.

Mais, le hasard faisant bien les choses, le violet est une couleur attachée à la ville de Florence. Au XIVème siècle, les florentins avait acquis, auprès des populations orientales de la Méditerranée, un savoir-faire pour produire des colorants violets, à base d’un lichen particulier de la famille des Roccellaceae. La ville de Florence devint alors un des plus importants centres de production du monde occidental de violet.

#102 – OFK Belgrade : Romantičari

Les romantiques. A la fin des années 1950, le club connaît des problèmes financiers. Après une fusion avec un autre club (TSK Šumadija) et le soutien des autorités qui « offrit » une nouvelle enceinte de 28 000 places, le club, qui s’appelait Metalac, changea de nom pour OFK Belgrade afin d’attirer le public qui ne connaissait que les grands clubs de Belgrade, l’Etoile Rouge et le Partizan. Le club disposait désormais de bases solides.

Cette renaissance financière fut accompagnée par l’émergence d’une génération dorée emmenée par le tandem de buteurs Sava Antić et Josip Skoblar (le fameux attaquant qui fera aussi la joie de l’OM quelques années plus tard). Il fallait également compter sur Spasoje Samardžić, Srđan Čebinac, Dragan Gugleta, Stanoje Jocić, Tomislav Kaloperović, Srboljub Krivokuća ou encore Miloš Milutinović. Les résultats du club s’en ressentirent. Le club remporta 4 Coupes du Maréchal Tito (la Coupe de Yougoslavie) en 1953, 1955, 1962 et 1966. Il termina également second du championnat (son meilleur classement sous l’ère communiste en 1955 et 1964). L’équipe parvint également en demi-finale de Coupe des Coupes en 1963. La victoire en 1962, après avoir battu le Spartak Subotica, fut le premier trophée avec le nouveau nom d’OFK. Lors de cette épopée, l’équipe gagna non seulement le trophée mais aussi ce surnom, au vue de son jeu flamboyant. Les joueurs de l’OFK semblaient alors personnifier une nation romantique et enthousiaste.

#101 – RCD Espanyol Barcelone : Pericos

Pericos (comme l’autre surnom Periquitos) signifie les perruches. L’animal est devenu la mascotte du club. Pourtant, le chat aurait dû être l’animal qui représente le deuxième club de Barcelone. Mais chat et perruche ne font pas bon ménage. Tout commença en 1922 dans l’hebdomadaire sportif satirique et populaire, Xut !. Valentí Castanys, dessinateur et directeur de la publication, prit le parti de représenter les fans de l’Espanyol comme quatre chats noirs. Ceci faisait allusion au faible nombre de supporteurs et membres que comptait le club et, également, à leur malchance. Il faut rappeler que le club suspendit ses activités entre 1906 et 1909 faute de joueurs. A la même époque, à la fin des années 20, Félix le chat, qui avait pour surnom en espagnol Gato Perico ou Periquito (car il était l’un des premiers personnages de dessin animé à parler grâce à l’introduction du son au cinéma), connût un grand succès en Espagne. Ce fut le moment où les deux images s’associèrent dans l’esprit des gens pour parler de l’Espanyol. Le 26 août 1930, la couverture de Xut ! qui était consacré au transfert du joueur de l’Espanyol dénommé Zamora au Real Madrid, présentait quatre Gato Perico au lieu des habituels chats noirs. La même année, une autre publication, El Látigo Deportivo croqua une caricature des quatre premiers clubs du championnat : un lion apparaissait avec une chemise rayée (Atlético Madrid), un grand-père portait la chemise du Barça, un homme vêtu de blanc se lamentait (Real Madrid) et enfin un chat noir sous les traits de Felix et qui s’appelait Perico représentait l’Espanyol. Avec le temps, le chat disparut de l’imaginaire pour ne laisser que le terme Perico et l’animal associé.

Toutefois, ce n’est pas la seule histoire. En 1923, le club déménagea pour jouer ses matchs au Stade Sarriá. Le stade était bordé de palmiers et d’arbres où les perruches étaient nombreuses à vivre. Selon la légende, les vendeurs ambulants autour du Stade proposaient des graines aux supporteurs pour nourrir les oiseaux.

Avec l’avènement du franquisme, l’image des perruches disparut. Mais, au milieu des années 70, à l’occasion du 75ème anniversaire de l’Espanyol, le club imprima des autocollants avec la silhouette de l’oiseau et ce dernier réapparu comme surnom.