#240 – Fluminense : Flu, Fluzão, Nense

Ce sont évidemment des diminutifs du nom du club et cela ne constitue pas une originalité, beaucoup de surnom étant un diminutif. L’originalité provient du nom du club, Fluminense. Contrairement à ses rivaux de Flamengo et Botafogo, Fluminense n’est pas le nom d’un des quartiers de Rio de Janeiro. De même, le club ne rend pas hommage à un personnage historique comme le Vasco da Gama. En 1901, le jeune Oscar Alfredo Cox, un anglo-brésilien, revenait de Suisse, où il étudia et apprit le football, et diffusa le football dans le pays. Après avoir fondé un premier club, il réunit vingt hommes le 21 juillet 1902 pour créer le Fluminense Football Club.

Au départ, les fondateurs souhaitèrent donner naturellement le nom de Rio Football Club au premier club carioca. Finalement, Fluminense fut adopté. Le nom est dérivé du latin flumen qui signifie rivière. Logique pour un club résidant à Rio de Janeiro, qui signifie la Rivière de Janvier. Pourtant la ville n’est pas traversée par une rivière. Il semble que les explorateurs portugais avaient confondus la fameuse baie de Guanabara avec l’embouchure d’une rivière et donnèrent ainsi ce nom à la ville. Les natifs de l’État de Rio de Janeiro sont dénommés Flūmen Januarii en latin et par extension Fluminenses en portugais. 

#239 – FC Porto : Tripeiros

Les mangeurs de tripes. Il y a les tripes à la mode de Caen, les callos a la madrilena (tripes à la madrilène) et donc la recette de Porto. Les tripes à la mode de Porto sont un plat typique de la gastronomie de la ville, au point d’en être même l’identité et le trait de caractère des Portuans. D’ailleurs, le terme tripeiros désigne les habitants de la ville, plus que simplement les joueurs de l’équipe de football. La recette contient des tripes, de l’oreille et de la queue de porc ou des lardons, du chorizo, des tomates et des haricots blancs. Remontant 1415, elle est donc étroitement liée à l’histoire de la ville du Porto et de ses habitants.

Donc en 1385, le Portugal vit monter sur le trône une nouvelle dynastie avec le couronnement de de Jean Ier. Mais, le royaume s’enlisait dans les crises. Tout d’abord, la peste noire qui engendra une profonde crise démographique et économique. Puis, son indépendance avait été menacée entre 1383 et 1385. Le prédécesseur de Jean Ier mourut sans descendant mâle et la Castille voisine espérait alors récupérer le trône, de par ses alliances maritales avec sa fille. En résistance, les Cortes portugais élurent sur le trône Jean Ier et s’ensuivit alors une guerre avec la Castille, que Jean Ier, avec l’aide des Anglais, remporta. Dans cet Etat instable politiquement et pauvre économiquement, Jean Ier se devait pour légitimer son pouvoir de donner une perspective. Il confia alors à son fils, Henri le Navigateur, de conquérir de nouvelles terres et donc de nouvelles richesses.

Tout débuta avec la conquête de la ville de la Ceuta, sur la côte marocaine, en 1415. La Ceuta était à la fois une place stratégique pour le contrôle de la navigation sur la côte africaine mais également un symbole politique, puisqu’il fallait reprendre la ville à la dynastie mérinide, les maures qui avaient occupé le Portugal pendant des siècles. Cette expédition fut un succès et marqua la renaissance du pays. Et la ville portuaire de Porto joua un rôle important dans cette conquête en tant que centre logistique. La flotte royale venait s’approvisionner dans la ville, qui lui donna un important stock de nourriture, en particulier de viande. Cette fourniture d’aliments assécha la ville en vivre. Après le départ de la flotte, les habitants durent se contenter des provisions restantes qui étaient principalement des abats, dont les tripes. Les abats étaient difficiles à emporter et conserver lors des expéditions. Depuis cette date, les tripes sont devenues un pilier de la gastronomie de Porto.

#238 – CA River Plate : los Millonarios

Les millionaires. Ce surnom est hérité de la politique de transfert onéreuse menée par le club dans les années 1930. En 1931 le professionnalisme débarqua dans le football argentin. River Plate n’était pas encore à cette époque l’une des plus grandes équipes d’Argentine et prit alors totalement le virage du professionnalisme. Il réalisa le premier important transfert de l’époque en recrutant Carlos « Barullo » Peucelle au Sportivo Buenos Aires en échange de 10 000 pesos, une somme spectaculaire pour l’époque. Le club termina à la 3ème place du championnat, tandis que Boca devenait champion. L’année suivante, River passa la vitesse supérieure en dépensant trois fois plus pour acquérir Bernabé Ferreyra, en provenance de Tigre, établissant un record à 35 000 pesos. Il acheta aussi Juan Arrillaga, de Quilmes, en échange de 22 000 pesos ainsi que Alberto Cuello, de Tigre pour 17 500 pesos. Au total, River dépensa 105 000 pesos et le seul transfert de Ferreyra représentait à lui seul à cette époque 11 voitures ou 514 costumes anglais en cachemire ou 516 000 kilos de blé ou 5 600 paires de chaussures Harrods ou 70 000 billets pour assister à un match de football (selon le journal Caras y Caretas). Cette stratégie porta ses fruits, le club remportant son premier titre de champion cette année-là. A l’intersaison 1933, River Plate recruta au CA Talleres le gardien Ángel Bossio pour 30 000 pesos. En 1935, le club termina cette période en payant 37 500 pesos pour José María Minella, un milieu de terrain de Gimnasia y Esgrima La Plata. Avec tant de dépenses, le club gagna 3 autres championnats ainsi que divers trophées. Cette stratégie de dépense se coupla avec une politique de formation. Plusieurs jeunes joueurs purent éclore dans cette équipe de stars tels que José Manuel Moreno, Adolfo Pedernera et Renato Cesarini.

Le surnom aurait été donné par le célèbre chroniqueur sportif, Hugo Marini. Dans les années 1930, alors que les réseaux sociaux et télévision n’existaient pas et que la radio en était encore à ses premiers balbutiements, la presse écrite disposait d’un immense pouvoir pour accompagner l’explosion de la popularité du football en Argentine. Par ses chroniques drôles et hyperboliques, Hugo Marini, journaliste à « Crítica », en fut l’un des plus importants représentants. Sa chronique « el Sport de cada día » était particulièrement lu et immortalisait un grand nombre d’expressions populaires et surnoms pour le ballon rond. Et dans les journaux, les caricatures de River représentaient un gros monsieur joufflu en queue de pie agitant des billets de banque.