Le monstre violet/mauve. L’origine remonte à 1987 quand le journal Extra mentionna pour la première fois le mot « monstruo » pour décrire l’ambiance qui régnait dans l’enceinte où jouait le Deportivo Saprissa. Le stade Ricardo Saprissa Aymá était rempli de fans et le média, pour évoquer les mouvements de foule dans les gradins, écrivit « este estadio parecía un monstruo de color morado » (ce stade ressemblait à un monstre de couleur mauve). Le mauve faisait évidemment référence à la couleur du Deportivo. Le choix de cette couleur originale remonte elle à la création du club, en 1935. Le 16 juillet 1935, un groupe d’adolescents se réunit avec l’idée de créer une nouvelle équipe de football avec Roberto Fernández et Fausto Leiva, propriétaires d’un petit magasin de chaussures. Concernant les couleurs, le choix résultat d’une erreur. Les fondateurs décidèrent de donner au club le nom de Don Ricardo Saprissa, un entrepreneur local mais surtout un ancien joueur de football, notamment en Espagne. Ce dernier sponsorisa alors l’équipe en leur offrant leur tenue, qu’il fit confectionner par son usine textile (qu’il dirigeait avec son frère). Deux versions existent sur cette erreur. Don Ricardo aurait repris les couleurs du club de polo de Barcelone, bleu et rouge, la ville espagnole dans laquelle il avait vécu. Ou alors, pour confectionner les maillots, l’entreprise prit modèle sur ceux du club d’Orión FC, rayés bleu et rouge. Le Deportivo Saprissa devait au départ être un club formateur au profit d’Orión. Au final, une erreur conduisit au mélange des deux trames de couleurs et le mauve (bourgogne) apparût. La couleur accidentelle du nouvel uniforme plut finalement à tout le monde. Roberto Fernández décida d’ajouter un grand S sur la poitrine et ainsi la tenue historique du club naquit.
Jour : 18 octobre 2020
#281 – Maccabi Netanya : היהלומים
Les diamants. Ils s’affichent en grand et au centre de l’écusson du club. Tout comme d’ailleurs, pour son rival du Betar Tobruk. Fondé en 1928, la ville de Netanya, située à une trentaine de kilomètres de Tel Aviv, avait développé une expertise dans l’industrie du diamant. Dans les années 30, des juifs belges et néerlandais immigrèrent à Tel Aviv et ses alentours (Ramat Gam et Netanya) et apportèrent avec eux leur savoir-faire, notamment dans le polissage de diamants, permettant de démarrer une économie tournée autours du diamant dans ses 3 villes. En 1938, Oved Ben Ami invita les deux premiers fabricants de diamants, Asher Daskall et Zvi Rosenberg, dans la ville de Netanya. Avec les premiers fonds levés, en 1939, la première usine de polissage du pays, Ophir, fut construite à Netanya. Par la suite, l’industrie du diamant dans la ville connue des hauts et des bas mais resta un des principaux moteurs de l’économie de la ville. En 1955, 2 800 travailleurs étaient déjà employés dans l’industrie et le volume des exportations atteignait plus de vingt millions de dollars. Netanya était alors connu comme la ville des diamants (עיר היהלומים). Mais, en 1968, la bourse aux diamants de Ramat Gan a ouvert ses portes et Netanya a perdu son caractère unique dans l’économie israélienne du diamant. Aujourd’hui, s’il existe encore des industriels, la ville s’est tournée vers d’autres secteurs, notamment le tourisme ou la high tech.
#280 – CF Pachuca : los Tuzos
Les taupes. Les prescripteurs ont-ils été aveugles au moment de choisir ce surnom ? Il se sont plutôt inspirés de l’histoire de ce club et de sa région, berceau du football au Mexique. S’il existe un débat sur la date de création du club (1892, 1900 ou 1901), il est certain que sa fondation est due à la colonie anglaise établie à Pachuca et qui travaillait dans les mines d’argent et d’or de la ville. L’État d’Hidalgo, où se situe Pachuca, a toujours été un pôle majeur de l’activité minière au Mexique, avec une riche tradition remontant à l’époque coloniale.
Même si l’exploitation des riches ressources en or et argent, ainsi que de zinc et plomb, commença à l’époque préhispanique, la découverte des riches gisements d’argent de Pachuca et de Real del Monte par les conquistadors espagnols en 1552 marqua le début de l’histoire minière de la région. Depuis lors, de par sa proximité avec la capitale Mexico (une centaine de kilomètre), cette activité donna un essor extraordinaire à la ville et la modela car s’il existe des filons au Nord de la ville, la plupart des mines se trouvent à Pachuca même. Au XVIIIème siècle, la légende raconte que les lingots de métaux précieux provenant des mines de Pachuca étaient les plus purs. Mais, les difficultés d’exploitation en profondeur qui nécessitaient d’importants capitaux et des prises de risque plus importants associés au ralentissement économique liée à l’indépendance conduisirent à une dépression et la fermeture de nombreux puits. Au XIXème siècle, l’activité connut un nouvel élan grâce aux investissements étrangers, en particulier britanniques, qui réhabilitèrent les mines et modernisèrent l’extraction et le traitement des minéraux (chemins de fer, électricité, enrichissement du cyanure). En 1824, avec des associés anglais naquit la compagnie minière « British Company of Real del Monte » qui constitue encore aujourd’hui, sous le nom « Compañía Real del Monte y Pachuca », la principale société de l’État. La région d’Hidalgo est aujourd’hui le principal producteur de manganèse du Mexique et se classe au 2ème rang dans la production de phosphorite et, dans une moindre mesure, dans l’extraction d’or, d’argent, de plomb et de zinc. A Pachuca, l’extraction se concentre encore actuellement sur l’or, l’argent et le plomb. Selon le Service géologique mexicain, les districts miniers de Real del Monte et de Pachuca ont produit en 462 ans, 40 000 tonnes d’argent et 231 tonnes d’or, soit 16% de la production nationale d’argent et 6% de la production mondiale.
Pour rappeler ce passé minier, qui se déroulait donc sous terre, la taupe paraissait être l’animal adapté. Puis dans les années 20, le club avait du mal à demeurer en première division et effectuait le yo-yo avec la seconde voire la troisième division mexicaine. Le club donnait ainsi l’impression de passer plus de temps dans les profondeurs des championnats inférieures qu’à la lumière de la première division comme les taupes qui vivent principalement sous terre plutôt qu’à la surface.
#279 – Falkirk FC : the Bairns
Les enfants, Bairns provenant de dialectes écossais. Le terme décrit aussi bien le club et ses supporteurs mais généralement les habitants de la ville de Falkirk. Comme beaucoup de surnom, son origine n’est pas totalement établie. Le terme apparaît déjà au XIXème siècle dans le cadre d’un dicton qui dit « You’re like the bairns o ‘Fa’kirk, you’ll end ere you mend » (vous êtes comme les enfants de Falkirk, vous finirez par vous rabibocher). Son origine doit être encore plus ancienne puisque, dans les armes de Falkirk, la devise « Better Meddle wi’ the Deil than the Bairns o’ Fa’kirk » (Mieux vaut se mêler avec le diable qu’avec les enfants de Falkirk) apparaît. Selon l’écrivain John Reddoch McLuckie dans son livre The Old Kirk Yard Falkirk publié en 1869, ce terme prendrait son origine au XVIIème siècle. James Livingston, premier Comte de Callendar, revint d’exil en 1656. Durant la guerre civil (Guerres des Trois Royaumes dans les années 1640 et 1650), le Comte prit par à la guerre des deux côtés des belligérants et son armée levée à Falkirk, lui resta fidèle. Ainsi, à son retour et pour remercier ses soldats, le Comte fit construire le premier puits de la ville. Lors de son inauguration, le Comte déclara « To the wives and the Bairns o’ Fa’kirk’ giving them the well and all its fountains in a present forever » (Aux femmes et aux Bairns o ‘Fa’kirk’ ‘ leur donnant le puits et toutes ses fontaines dans un cadeau pour toujours). Et donc au delà du réseau d’eau, les habitants héritèrent également en cadeau d’un surnom.
#278 – Zamalek SC : النادي الملكي
Le club royal. Basé au Caire, le club a bénéficié, à une époque, du parrainage royal, en se dénommant Farouk, du nom du Roi d’Egypte Farouk. En 1944, la Coupe d’Egypte put enfin débuter en Avril, après 8 long mois d’attente. En effet, 14 joueurs du club Al-Ahly furent suspendus suite à une tournée que l’équipe réalisa en Palestine contre l’avis de la Fédération Égyptienne. Or, cette suspension émanait de la Fédération Égyptienne, alors présidée par Muhammad Haider Pacha, également président de Zamalek, le club qui disputait et dispute toujours à d’Al-Ahly la suprématie cairote et national. Cette décision fut donc vécue comme une injustice par les supporteurs de Al-Ahly et ne fit qu’attiser un peu plus le feu entre les deux rivaux. Après un tournoi condensé (environ 1 mois), les deux clubs se retrouvent en final comme en 1942, coupe alors remportée par Al-Ahly 3 buts à 0. L’édition de 1943 avait été annulée en raison de la suspension des joueurs d’Al-Ahly. Le résultat du match, qui se joua le 2 Juin 1944, fut sans appel : 6 à 0 en faveur du Zamalek. Le Roi Farouk qui assistait à la final fut impressionné par la performance de Zamalek (qui s’appelait Mukhtlat à l’époque), qui demeure encore comme la plus grande différence de but dans ce derby. Farouk demanda alors à son Ministre de la Guerre, Muhammad Haider Pacha (qui était également le président du Zamalek), de donner son nom au club. Ainsi, le club s’appela de 1944 à 1952 (date de la chute de la Monarchie), le Farouk Club, le liant alors à la royauté. Mais, récemment, cette version a été remise en cause. En effet, il aurait été retrouvé un article du journal Al-Ahram qui publiait l’Arrêté Royal du 27 Juin 1941 ordonnant le changement de nom du club pour Farouk Club. Ce changement de nom résultait des tensions politiques de l’époque où le Roi Farouk s’opposait au parti laïque du Wafd. Ce dernier était alors lié à Al-Ahly et par opposition le Roi Farouk adouba le club Zamalek pour en faire le club royal.
