Le défenseur de la patrie. Reprendre le nom du club pour en faire son surnom ne révèle pas une grande imagination. En revanche, s’appeler le défenseur de la patrie, cela sent bon le parfum d’autrefois quand le football dépassait l’enclos du stade et s’imposait comme une arme politique. Le 10 août 1908, le club fut fondé sous le nom de Kispesti Atlétikai Club, Kispesti étant le nom du village d’origine du club. Puis il mua en Kispest FC. Au retour de la 2nde guerre mondiale, le communisme prit le pouvoir en Hongrie. Comme dans les autres pays du bloc de l’est, les associations sportives passèrent sous l’égide des grandes structures administratives ou des syndicats. Le club intégra alors le giron du ministère de la Défense le 18 décembre 1949. Le nom Kispest fut abandonné car le village fut absorbé dans le XIXème district de Budapest. Ensuite, le nom du club intégra le mot honvéd (défenseur de la patrie) en hommage à son nouvel « actionnaire », l’armée hongroise, dont le nom est Honvédség (défense de la patrie).
Gusztáv Sebes, le sélectionneur de l’équipe nationale, avait en mémoire les grandes équipes nationales d’Italie et d’Autriche qui, avant-guerre, dominèrent le football. Il remarqua que ces équipes nationales s’appuyaient sur un noyau de joueurs qui venaient de un ou deux clubs du pays. Les habitudes et automatismes des joueurs en club facilitaient leur intégration et le jeu de l’équipe nationale. Il profita de la nationalisation des clubs de football pour manœuvrer et faire du Kispest le club de l’armée. Pourquoi le Kispest ? Les deux autres grands clubs hongrois (Ferencváros et MTK Hungária) étaient respectivement pour l’un jugé comme un club de droite et pour l’autre déjà absorbé par la police politique, l’ÁVH. En 1950, Kispest comptait déjà dans ses rangs Ferenc Puskás et József Bozsik qui furent rejoints par le reste de l’armature de l’équipe nationale : Sándor Kocsis, Gyula Grosics et Gyula Lóránt. Puis, en 1951, par László Budai et en 1953 par Zoltán Czibor. L’annexion de ces joueurs fut aisée car, en rejoignant le club, les nouveaux gagnaient le grade d’officier, ce qui leur assuraient argent, statut et exemption de service militaire. Tandis que les récalcitrants devenaient de simples soldats et devaient faire leur service. Cette politique fut payante. Le club remporta le championnat de Hongrie dès 1950 puis en 1952, 1954 et 1955 et réalisa des matches de prestige contre les meilleurs équipes de l’époque (FC Barcelone, Wolverhampton Wanderers, ER Belgrade) pour promouvoir l’Etat communiste. L’équipe nationale y gagna également en devenant championne olympique en 1952, championne d’Europe centrale en 1953 et finaliste de la Coupe du monde 1954.
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