#291 – SC Corinthians : Mosqueteiro

Les mousquetaires. Le surnom vient de la mascotte du club qui est un mousquetaire. Plusieurs versions existent sur l’origine de ce mousquetaire. La plus ancienne remonte à 1913. A cette époque, la plupart des équipes paulistes rejoignirent la nouvelle ligue créée, l’APEA (Associação Paulista de Esportes Atléticos). Seuls 3 clubs, Germânia, Internacional et Americano, demeurèrent dans la Liga Paulista de Futebol et furent comparés aux 3 mousquetaires, Athos, Porthos et Aramis, du roman d’Alexandre Dumas, qui résistèrent à la nouvelle ligue. Corinthians souhaita intégrer la ligue mais, pour cela, l’équipe devait démontrer sa détermination et sa valeur. Ainsi, Corinthian affronta et défit les autres prétendants qu’étaient Minas Gerais et FC São Paulo et obtint ainsi le droit de participer à la ligue au côté des 3 autres équipes. Naturellement, en tant que 4ème participant, ayant prouvé sa valeur et rejoignant une ligue déjà formée dont les autres équipes étaient déjà comparées aux mousquetaires, l’analogie avec D’Artagnan fut évidente. Mais seul les Corinthians gardèrent ce surnom de Mousquetaires. Toutefois, cette version n’est pas étayée par des documents de l’époque. De plus, le championnat pauliste de 1913 de la LPF a été joué par cinq équipes (incluant Ypiranga), et non par quatre.

La deuxième version apparaît plus plausible et naquit en 1929, lorsque les Corinthiens connurent leur première victoire international. Sur le plan local, l’équipe dominait, ayant remporté les deux derniers championnat pauliste. Le 1er mai 1929, les Corinthiens disputèrent un match amical au Parque São Jorge contre l’équipe argentine de Barracas et le remportèrent 3 à 1 (buts d’Apparicio, Rodrigues et Rato), marquant ainsi la reconnaissance sur le plan international de la qualité de l’équipe. Ce match montra aussi deux équipes déterminées et pratiquant un football flamboyant, séduisant les spectateurs et les journalistes. Le lendemain, Thomaz Mazzoni, journaliste au « Gazeta Esportiva », écrivit une chronique où il compara les joueurs corinthiens aux braves et courageux mousquetaires. Selon le journaliste, les joueurs gagnèrent avec la fibra de mosqueteiro (la fibre de mousquetaire).

#290 – FC Krasnodar : быки

Les taureaux. L’animal est l’emblème du club, qui s’affiche sur le blason. En 2008, à la fondation du club, les dirigeants choisirent le bœuf comme emblème car l’animal véhiculait des valeurs de persévérance et de travail acharné. Sauf que la direction n’avait pas pris en compte que le bœuf est un taureau castré ce qui facilitait les blagues et les surnoms peu flatteurs donnés par les supporteurs adverses. Le plus commun était de dénommer les joueurs de Кастраты (castré). Résultat, le club changea son fusil d’épaule et indiqua que l’emblème était désormais un taureau.

#289 – Guangzhou FC : 华南虎

Les tigres de Chine méridionale. Vous ne pouvez pas manqué l’animal sur le logo du club. Affichant une allure féroce et fière, sortant d’un lit de flamme, le tigre occupe la place centrale sur le blason et est le symbole du club, depuis sa reprise en 2010 par le groupe immobilier chinois Evergrande Group. Le tigre porte une symbolique forte, en particulier en Asie. En Chine, il représente le roi des animaux et ne connaît aucun prédateur. Il est traditionnellement une des quatre créatures majeures de l’art chinois avec le dragon, le phénix et la tortue et est le troisième animal, par ordre d’arrivée, dans l’astrologie chinoise. Il symbolise la puissance et l’élégance, ainsi que la capacité d’adaptation. Outre cette symbolique forte, il existe une race de tigre originaire du sud de la Chine, en particulier la province de Guangdong (dont Guangzhou est la capitale), dénommé « tigre de Chine méridionale ». La population était estimée à 4 000 au début des années 50 mais, en raison du braconnage, de la réduction de sa zone d’habitat et des conflits avec l’homme, il n’y aurait plus de tigres à l’état sauvage. Aujourd’hui, sa population se réduirait à 177 d’individus, tous en captivité même s’il existe des tentatives de réintroduction dans la nature. Ce tigre est classifié comme espèce en danger critique d’extinction par l’UICN depuis 1996. Espérons que la mascotte du club, C-Tiger, ne devienne jamais l’unique exemplaire de cette espèce.

#288 – CA San Lorenzo : los Cuervos

Les corbeaux. Au début de 1907, un groupe de jeunes garçons enthousiastes dirigé par Federico Monti et Antonio Scaramusso passait des heures à jouer au football à l’intersection des rues México et Treinta y Tres Orientales, dans le quartier de Almagro à Buenos Aires. Lors d’un match, un tramway faillit renverser un des enfants. Jouer au football devenait alors de plus en plus dangereux avec l’augmentation du trafic. L’arrivée du père Salésien Lorenzo Bartolomé Massa dans le quartier fut décisive pour la fondation du CA San Lorenzo de Almagro. En 1908, il fut nommé directeur de l’Oratoire de San Antonio qui se situait rue México et avait un objectif de sortir les enfants des dangers de la rue. Il proposa alors aux enfants de venir jouer dans le jardin de l’Oratoire en échange de leur présence à la messe du Dimanche.

Avec ce soutien, le 1er Avril 1908, le club fut fondé. En l’honneur du prête, les membres souhaitèrent donner au club son nom mais l’ecclésiastique refusa. Après quelques débats, le prête et les membres validèrent le nom de San Lorenzo en hommage au saint San Lorenzo (Saint Laurent de Rome) et à la bataille éponyme (l’un des combats les plus importants pour l’indépendance de l’Argentine qui se déroula le 3 Février 1813 qui se déroula là où se tint désormais la ville de San Lorenzo, dans la province de Santa Fe, à 30 kilomètres de Rosario). San Lorenzo rendait également indirectement hommage au Père Lorenzo Massa mais mettait officiellement en valeur le Saint, qui était également le saint patron des charbonniers, métiers qu’exerçaient la plupart des parents des jeunes membres fondateurs du club.

Né sous le patronage d’un prête, les adversaires commencèrent à surnommer le club los Cuervos car les corbeaux avaient une robe noire, similaire à la soutane que portaient les prêtes. Evidemment ce terme était utilisé dans un sens péjoratif, l’oiseau véhiculant une image de nuisible. Mais les supporteurs de San Lorenzo se l’approprièrent et il est devenu depuis un des surnoms populaires du club.

#287 – UC Sampdoria : Blucerchiati

Les bleus cerclés. La Sampdoria n’a peut-être pas le palmarès et l’aura de la Juventus ou de l’AC Milan mais possède un maillot reconnaissable, considéré comme un des plus beaux du monde. En 2012, le magazine italien Guerin Sportivo a classé le maillot original des années 1940 à la 4ème place – et première, en ce qui concerne les clubs – parmi les 100 plus belles tenues de l’histoire du football. En 2016, le magazine français So Foot plaça le maillot de la Sampdoria du début des années 1990 à la 2ème place parmi les plus beaux maillots de football de tous les temps. Et c’est ce maillot qui donne naissance à ce surnom. L’UC Sampdoria fut créé le 12 août 1946 par la fusion des sections footballs de deux clubs génois : Società Ginnastica Comunale Sampierdarenese (fondé en 1891) et Società Ginnastica Andrea Doria (fondé en 1895). Le premier évoluait en Série A mais rencontraient des difficultés financières tandis que le second avait été exclu de l’élite mais disposait de liquidités suffisantes. Dans cette fusion, aucun des deux clubs ne souhaitaient perdre son identité dans la nouvelle structure. Il fut alors décidé de créer le nom du nouveau club en réunissant partiellement ceux des anciens : Sampierdarenese-Andrea Doria. Puis, pour le maillot, la somme des deux anciens fut également réalisée. Sampierdarenese évoluait dans un maillot blanc avec une bande noire et une bande rouge horizontales. Andrea Doria affichait un maillot à moitié bleu et à moitié blanc. Le résultat fut donc ce fabuleux maillot bleu brisé par une bande noire et une bande rouge horizontales, comprises dans des bandes blanches. Un maillot bleu cerclé par ses bandes blanches, noire et rouge. L’origine des couleurs des deux clubs est inconnue. Dans une chanson célébrant le seul Championnat d’Italie remporté par l’équipe en 1991 dénommée « Uno scudetto nel cuore » (un championnat dans mon coeur), les auteurs disent : « il mare ha proprio quel blu e il bianco è quello del suo vente il nero di un temporale che si allontana nel sole se aggiungi il rosso del cuore andrai oltre je limiti dell’impossibile, delle parole inutile, più à alto delle nuvole » (La mer est bleue et aussi blanche que son sel, l’obscurité de la tempête qui s’en va au soleil. Si vous ajoutez la couleur du coeur, rouge, vous irez au-delà des limites de l’impossible, en haut du classement, plus haut que les nuages).

#286 – Zagłębie Lubin : Miedziowi

Le cuivre. Les joueurs évoluent dans un maillot orangé qui peut évoquer la couleur du cuivre. Ce surnom comme ce maillot orange sont liés à l’une des principales activités économiques de la ville de Lubin : l’extraction minière de Cuivre. En 1957, la découverte de gisement de cuivre en Basse-Silésie conduisit à ouvrir deux mines importantes : une à Polkowice et une autre à Lubin. Lubin représente l’une des plus grandes réserves de cuivre et d’argent de Pologne avec des réserves estimées à 347 millions de tonnes de minerai en 2010. En 2018, la production annuelle était d’environ 7 millions de tonnes de minerai polymétallique (cuivre, argent, nickel, cobalt, molybdène) pour une surface minière de 158 km². Cette activité donna naissance en 1961 à la société dénommée KGHM, active encore aujourd’hui en Pologne mais également au Chili et en Amérique du Nord. Fondé en 1945, le club gagna avec l’arrivée de KGHM un nouveau riche sponsor qui aida au développement. Le club changea alors de nom d’abord pour Gornik (Mineur) puis Zagłębie (bassin minier). KGHM continue encore à être le principal sponsor du club.

#285 – AZ Alkmaar : Kaaskoppen

Le terme n’est pas traduisible car il s’agit d’un utensil de forme ronde pour fabriquer les fromages hollandais, en particulier l’Edam. La ville d’Alkmaar est connue pour son marché aux fromages (Edam et Gouda) qui se déroule sur la place Waagplein, au centre ville. L’année 1593 est considérée comme la première année du marché au fromage. Dès 1612, la ville comptait 4 balances à fromage et des archives datant de 1619 mentionnaient déjà la Guilde des Porteurs à Fromage (kaasdragers). Au XVIIème siècle, le marché au fromage avait lieu le vendredi et le samedi, du mois de mai à la Toussaint et au XVIIIème siècle, jusqu’à quatre jours par semaine. Aujourd’hui, il se déroule les vendredis (du premier vendredi d’avril au premier vendredi de septembre) et présente un aspect folklorique, touristique mais demeure encore une vrai bourse aux fromages.

Par extension, le mot est utilisé pour une tête humaine ronde et s’utilise également de manière péjorative pour désigner un cancre. Pour les Belges (surtout les les Limbourgeois du Sud) et les Allemands (sous le terme Käskopp), le mot est devenu le surnom des néerlandais. Aux Pays-Bas, le surnom a été attribué aux habitants d’Alkmaar et de Gouda. Alkmaar a transformé ce surnom en un événement annuel, appelé Kaeskoppenstad, qui célèbre le siège d’Alkmaar en 1573. Lors de la Guerre de Quatre-Vingts Ans, Alkmaar faisait partie de la confédération des provinces rebelles et fut assiégée par les espagnols entre la fin du mois d’août et le 8 octobre 1573. Ce siège s’acheva par une victoire hollandaise, suite au retrait des troupes de Don Fadrique Álvarez, duc de Toledo. Cette victoire est considérée comme le moment charnière de cette guerre où les troupes hollandaises prirent le dessus sur les armées espagnoles.

#284 – Chakhtar Donetsk : Гірники

Les mineurs. L’histoire du club est inéluctablement liée à l’activité des mines de charbon. Le Donbass, où se situe Donetsk, qui est une contraction de l’expression « bassin houiller du Donets », est donc comme son nom l’indique un bassin houiller, partagé entre l’Ukraine et la Russie. Elle demeure une zone importante de production qui représentait une surface de 60 000 km2 et en 2014 encore 30% des exportations ukrainiennes. En 2014, 641 terrils de mines de charbon étaient en activité pour 108 entreprises (privées et publiques) travaillant dans la filière. Son développement économique démarra vers 1860, sous l’Empire russe. Dans les années 1930, l’exploitation des mines était un des piliers économiques de l’Union Soviétique, au point que la propagande se chargea de monter la légende d’Aleksei Stakhanov, un mineur de charbon du Donbass, afin d’accélérer les cadences et promouvoir l’homme communiste. Selon la légende, il aurait extrait 102 tonnes de charbon en moins de 6 heures (14 fois son quota) le 31 août 1935. Le 19 septembre, Stakhanov aurait établi un nouveau record en extrayant 227 tonnes de charbon en un seul quart de travail. En réalité, ces exploits furent gonflés afin de servir la propagande du régime. Au début des années 1960, le Donbass ukrainien était au premier rang pour la production de charbon en URSS. Même si elle fut rapidement doublé par le Kouzbass en Sibérie, dans les années 1970, la région fournissait plus de 30% du charbon extrait en Union Soviétique – dont plus de la moitié de son charbon à coke – et sa production excédait celle des autres grands bassins tels que celui de la Ruhr en Allemagne ou de Pennsylvanie aux USA. Malgré la faible qualité et les difficultés pour l’extraire (certains puits plongent jusqu’à 1,5 km), le charbon demeure l’ « or noir » de la région. Le sol du Donbass regorgent également de minerais métalliques (fer et manganèse), « condamnant » la région à devenir un important centre minier et sidérurgique.

En 1936, le Conseil de l’Union sur la Culture Physique et les Sports créa un championnat de l’URSS et facilita la création d’un club regroupant les 22 meilleurs joueurs du Donbass qui furent recrutés au sein des mineurs. Le club se dénomma pendant quelques mois Вугільники (mineur de charbon). Puis, rapidement, un nouveau nom lui fut attribué Стахановець, ce qui signifie « le participant du mouvement stakhanovite » (en hommage au fameux Aleksei Stakhanov). En juillet 1946, le club fut transformée en Шахтар (Chakhtar), association nationale qui devait désormais fédérer les équipes sportives des entreprises charbonnières du pays. Шахтар signifie en Ukrainien mineur.

#283 – Bursaspor : Yeşil Timsahlar

Les crocodiles verts. 2 août 1995, le club de Bursa affrontait le Karlsruher SC en quart de finale de la toute nouvelle Coupe Intertoto. Bursaspor avait réalisait un beau parcours pour y arriver, notamment en terminant premier de son groupe (composé d’équipes telles que Wimbledon). Le club fut éliminé par les allemands au tir au but, après un match nul 3 partout. Durant cette épopée, la nouvelle recrue du club, l’attaquant ougandais, Majid Musisi, marqua 4 buts. Pour célébrer ses réalisations, il embarqua ses coéquipiers dans une chenille à quatre pattes, qui fut décrite comme la marche du crocodile, les joueurs évoluant dans leur maillot vert. Ainsi, naquit le surnom du club qui remplaça le précédent Yeşil İnci (la perle verte).

Le club évolue en vert et en blanc depuis sa fondation. Issu de la fusion de 5 clubs, les fondateurs ne reprirent pas les couleurs de ces 5 clubs et leur choix se porta sur l’image véhiculée par la cité. Tout d’abord, Bursa est surnommé Yeşil Bursa (Bursa la verte), en référence aux nombreux parcs et espaces verts qui jalonnent l’agglomération ainsi qu’aux forêts environnantes. Ainsi, le vert fut retenu. En outre, Bursa se situe au Nord de la montagne Uludağ, dont le sommet enneigé culmine à 2 543 mètres d’altitude, et fait de la ville l’une des stations de ski préféré de la bourgeoisie stambouliote. Le blanc fut donc associé au vert.

#282 – Deportivo Saprissa : el Monstruo Morado

Le monstre violet/mauve. L’origine remonte à 1987 quand le journal Extra mentionna pour la première fois le mot « monstruo » pour décrire l’ambiance qui régnait dans l’enceinte où jouait le Deportivo Saprissa. Le stade Ricardo Saprissa Aymá était rempli de fans et le média, pour évoquer les mouvements de foule dans les gradins, écrivit « este estadio parecía un monstruo de color morado » (ce stade ressemblait à un monstre de couleur mauve). Le mauve faisait évidemment référence à la couleur du Deportivo. Le choix de cette couleur originale remonte elle à la création du club, en 1935. Le 16 juillet 1935, un groupe d’adolescents se réunit avec l’idée de créer une nouvelle équipe de football avec Roberto Fernández et Fausto Leiva, propriétaires d’un petit magasin de chaussures. Concernant les couleurs, le choix résultat d’une erreur. Les fondateurs décidèrent de donner au club le nom de Don Ricardo Saprissa, un entrepreneur local mais surtout un ancien joueur de football, notamment en Espagne. Ce dernier sponsorisa alors l’équipe en leur offrant leur tenue, qu’il fit confectionner par son usine textile (qu’il dirigeait avec son frère). Deux versions existent sur cette erreur. Don Ricardo aurait repris les couleurs du club de polo de Barcelone, bleu et rouge, la ville espagnole dans laquelle il avait vécu. Ou alors, pour confectionner les maillots, l’entreprise prit modèle sur ceux du club d’Orión FC, rayés bleu et rouge. Le Deportivo Saprissa devait au départ être un club formateur au profit d’Orión. Au final, une erreur conduisit au mélange des deux trames de couleurs et le mauve (bourgogne) apparût. La couleur accidentelle du nouvel uniforme plut finalement à tout le monde. Roberto Fernández décida d’ajouter un grand S sur la poitrine et ainsi la tenue historique du club naquit.