La traduction du terme n’est pas aisée mais je me risquerai pour « les vaseux ». Ce surnom est attaché aux supporteurs du Pana et se comprend au regard de celui attribué aux fans du club de l’Olympiakos, les anchois (cf #452). Pour rappel, le Panathinaïkos entretient une rivalité de longue date avec l’Olympiakos, l’affrontement entre les deux équipes étant surnommé le « Derby des éternels ennemis ». En octobre 2014, la BBC nomma ce match comme le derby le plus important d’Europe et en septembre 2019, le Daily Mirror le classa comme le cinquième derby le plus important au monde. Il s’agit des deux équipes leaders en Grèce, tant en termes de titres et de distinctions, qu’en termes de nombre de supporters qui les suivent. Cette rivalité s’exprime dans les différentes sections sportives de ces deux clubs omnisports et ses racines remontent aux années 1920, à l’époque où ils commençaient déjà à dominer tant au niveau local que national. Surtout, cette opposition était symptomatique dans le temps des clivages sociaux et culturels entre les deux régions.
En effet, la rivalité entre ces deux monstres grecs résume la lutte des classes. Les deux clubs furent pourtant fondés par des membres de la bourgeoisie des deux villes (Athènes et le Pirée). Olympiakos comptait parmi ses fondateurs un directeur du bureau de poste, un officier de l’armée, un avocat, un notaire, un courtier en bourse et surtout, les Andrianopoulos, une riche famille de marchands. Les racines du Panathinaïkos se situaient dans le cœur de la capitale, parmi les athlètes issus des classes de la petite bourgeoise. Pourtant, rapidement, leurs bases de supporteurs se distinguèrent. Club de la riche capitale, le Panathinaïkos était identifié aux classes moyennes et supérieures. L’aura de l’Olympiakos trouva écho parmi la nombreuse classe ouvrière du port du Pirée (pauvres pêcheurs et dockers). Ainsi, les victoires de l’Olympiakos étaient vues comme la revanche des classes laborieuses et l’expression de leur mépris pour les classes les plus aisées.
Or, les bourgeois d’Athènes prenaient le temps de faire attention à leur apparence. Seulement le gel n’était pas disponible et les jeunes urbains d’Athènes mettaient alors de la vaseline dans leurs cheveux. Cette vaseline donna le surnom et peut-être aide-t-elle les supporteurs du Pana à mieux accepter le palmarès impressionnant du rival … D’ailleurs, selon la légende, lors d’un match qui se déroula dans la première moitié des années 1960, les fans de l’Olympiakos auraient badigeonnaient le banc des joueurs ou les places des fans du Panathinaïkos avec de la vaseline. Désormais, la différence de classe entre les supporteurs des deux rivaux n’existe plus vraiment puisque les deux clubs ont pris pied dans toutes les classes sociales des habitants de la Grèce.
