#569 – KAS Eupen : les Germanophones

Eupen, ville de près de 20 000 habitants, se situe en Wallonie mais se trouve aussi être la capitale de la communauté germanophone de Belgique. Face aux wallons francophones et aux flamands néerlandophones, 9 communes regroupent les populations germanophones de Belgique, héritage du traité de Versailles. Lorsque la Belgique déclara son indépendance des Pays-Bas en 1830, le pays se coupait en deux communautés : wallons et flamands. Puis, la Première Guerre Mondiale éclata et la Belgique fut envahie par les allemands. En 1919, après la défaite allemande, la Belgique obtint réparation en récupérant une petite partie du territoire allemand (article 27 du Traité de Versailles). Ainsi, Eupen, qui était auparavant une ville allemande rattachée à Aix-la-chapelle, se retrouva en Belgique avec les 8 autres communes. En 1970, la communauté germanophone, qui compte aujourd’hui près de 78 000 personnes, fut dotée d’un parlement et au début des années 1980 d’un gouvernement.

En 1945, le AS Eupen vit le jour avec la fusion de deux clubs, Jeunesse Eupen et FC Eupen 1920. A la sortie de la guerre, l’allemand n’était pas vraiment à l’honneur et les membres fondateurs préfèrent doter le club d’un nom français : Alliance Sportive Eupen. Si le club réussit à se hisser en seconde division belge dans les années 1970 (voire même fleurter avec l’accession en première division en 1974), l’AS Eupen n’attirait pas les foules et voyaient de nombreuses personnes traverser la frontière pour aller supporter les équipes de Bundesliga allemande. Pire, le FC Eupen 1963, club de niveau régional, était considéré comme plus germanophone et donc réunissait parfois plus de spectateurs. L’AS Eupen comprit donc que son nom français l’empêchait d’être adopté par sa communauté locale. En 1981, la direction décida de changer le nom du club en un nom allemand et enfin apparaître comme un club germanophone. Pour conserver l’abréviation AS, le nouveau nom fut Allgemeine Sportvereinigung Eupen (Association générale des sports d’Eupen). En 1995, lorsque le club fêta ses 50 ans, il obtient le titre de Société Royale et le nom devint KAS Eupen : Königliche Allgemeine Sportvereinigung Eupen (Association Royale Générale des Sports d’Eupen). Lors de la saison 2002-2003, le KAS se bâtit pour le titre et la montée avant de finalement s’incliner lors du tour final pour la montée en D1. Avec cette épopée et l’absence de concurrence sportive dans la région germanophone, KAS Eupen devint clairement l’équipe germanophone n°1 en Belgique. En 2010, pour la première fois de son histoire, il accéda en D1, une première également pour un club germanophone.

#568 – Clyde FC : the Bully Wee

Fondé en 1877, ce club, initialement basé à Glasgow, a une longue histoire et ses origines sont parfois troubles. C’est notamment le cas pour son surnom dont on ne sait pas exactement quand il a été inventé, ni par qui. Pour ajouter à la confusion, sa traduction dépend de la légende qui accompagne sa création. Or, il en existe 3 avancées par le club. La première fait référence au fait que les supporters et peut-être les joueurs de Clyde étaient originaires de la région de Bridgeton. Réputés pour leur caractère pugnace voire violent, les supporters étaient surnommés wee bullies (petites brutes). La deuxième théorie prend une dimension européenne et résulterait de la déformation locale d’une expression française. Des français jouèrent face à Clyde vers 1900. Un but fut marqué mais contesté par les français qui crièrent « Mais il y a but, oui ? » ou « Le but, oui ? ». Les supporteurs de Clyde aurait alors entendu puis transformé la phrase en bully wee. Enfin, la troisième théorie apparait la plus crédible. Au XIXème siècle, à cette époque victorienne, le terme Bully signifiait bon, digne, premier rang. Mais, comme le club n’avait pas une grande renommé, envergure, il fut adjoint wee (qui signifie petit). Clyde était donc un bon petit club. Mais, comme il n’y a pas que le club qui peut avancer des théorie sur l’origine du surnom, il en existe d’autre. Ainsi, certains avancent que les supporteurs du club chantaient bully wee clyde dans le stade. En vieil argot écossais, bully signifie bon boulot. Les supporteurs remerciaient donc les joueurs pour le « bon petit boulot » réalisé.

#567 – Go Ahead Eagles : Reuzendoder

Les tueurs de géants. Si le club est connu des amateurs de football, il n’a pas la renommée de l’Ajax, du PSV ou du Feyenoord. Même s’il fréquente depuis longtemps les championnats nationaux professionnels, son assiduité se concentre sur le ventre mou du championnat voire les dernières places que les titres et les places de qualification aux coupes d’Europe. Pourtant, le club connut des périodes où il défendait chèrement sa peau surtout dans son antre de De Adelaarshorst, au point qu’il faisait tomber tous les clubs les plus prestigieux. Lors de la saison 1968-1969, Go Ahead Eagle réalisa quasiment le sans-faute à domicile avec 15 victoires et 2 match nuls. Les 3 premiers du classement final, Feyenoord, Ajax et FC Twente, tombèrent à De Adelaarshorst sur le score de respectivement 3-1, 2-1 et 4-0. Cette année là, le club avait terminé la saison juste derrière les 3 premiers. Mais, son surnom fut amplement mérité lors des années 1990. Le club fréquenta durant 4 saisons la Eredivisie, sans jamais terminer mieux que la 12ème place. Pourtant, l’équipe obtint régulièrement de bons résultats face aux meilleurs clubs. Un de ses anciens joueurs de l’époque, enfant du pays, Dennis Hulshoff, expliquait ses résultats « Met het fanatieke publiek erachter voetbalden we vaak beter. We jaagden de tegenstander op, gaven ze geen tijd om de bal rond te spelen. Ik kan me een wedstrijd herinneren tegen het Grote Ajax met Louis van Gaal » (Avec la foule fanatique derrière nous, nous avons souvent joué un meilleur football. Nous avons pressé l’adversaire, ne lui avons pas laissé le temps de faire circuler le ballon. Je me souviens d’un match contre le grand Ajax avec Louis van Gaal. Nwankwo Kanu a marqué le but de la victoire dans le temps additionnel, en tombant. J’ai vu des supporters debout le long de la ligne, les larmes aux yeux. Feyenoord a également connu des moments difficiles, avec József Kiprich qui m’arrachait sans cesse les cheveux. Mais la question est toujours : combien de temps allez-vous continuer ? C’est juste difficile de poursuivre et de presser pendant quatre-vingt-dix minutes). Le phénomène se reproduit un nouvelle fois dans les années 2000. Alors que Go Ahead évoluait en seconde division lors de la saison 2005-2006, il élimina De Graafschap et Roda JC, pensionnaires de Eredivisie, en Coupe nationale. Lors de cette même saison, il battit également deux fois le futur champion de seconde division, Excelsior, alors que Go Ahead termina à la 18ème place. La saison suivante, le futur champion, De Graafschap, tomba également deux fois face à Go Ahead Eagle. Voilà comment on se bâtit une légende de tueur de géants.