#627 – Portland Timbers : the Timbers

Les bois. Si le club de Portland dans l’Oregon figure peu sur les palmarès du football américain, il n’en demeure pas moins un club « historique ». S’il rejoint la MLS seulement en 2011, 11 ans après sa fondation, le club reprit l’héritage, notamment symbolique, de celui qui exista de 1975 à 1982 au sein de la défunte NASL. En particulier le nom, l’écusson et les couleurs. Timber signifie donc bois (une fois transformé tel que celui servant pour les charpentes, le plancher ou le papier). L’écusson affiche une hache de bucheron. Enfin, la couleur principale est le vert, représentant les arbres (en particulier le pin ponderosa) et la mousse des forêts de l’Etat de l’Oregon. Situé au Nord-Ouest des États-Unis, sur la côte Pacifique, ce territoire, bercé par un climat océanique, est recouvert pour moitié de sa surface par de vastes forêts (soit près de 122 000 km2). Dès les années 1880, encouragés par une demande forte provenant de la dynamique Californie et le développement des voix ferrés qui facilita les exportations, les migrants du Far West firent de l’exploitation forestière un des piliers de l’économie de l’Etat. Les forêts du Michigan, du Minnesota et du Wisconsin diminuant rapidement à la fin du XIXème siècle, l’État voisin de Washington devint le premier producteur national de produits du bois en 1910, une position que l’Oregon lui ravit en 1938 pour ne plus la quitter. De 2015 à 2019, la production de bois brut de l’Oregon s’élevait en moyenne à 9 millions de m3. L’Oregon est également un leader dans la production de produits en bois tels que le bois lamellé croisé, le bois lamellé collé et les panneaux de contreplaqué. En 2019, 16% de la production nationale (1ère position) de bois tendre et 28% de celle de contreplaqué (également 1ère position) étaient réalisés dans l’Oregon. Enfin, 18 usines de transformation de bois étaient situés dans l’Oregon (contre seulement 6 en Alabama, le deuxième au classement). Mais cette position de leader aux Etats-Unis ne doit pas masquer le déclin de cette activité. Les incendies de forêts, la surexploitation et le durcissement de la réglementation environnementale ont fortement pénalisé l’exploitation conduisant, entre la fin des années 1980 et 2000, à un effondrement de plus de 90% des récoltes dans les forêts fédérales de l’Etat. Des entreprises alors disparurent (Willamette Industries) ou déménagèrent (Louisiana-Pacific) et le chômage crût dans les zones rurales de l’Etat. Dans le même moment, l’économie de la haute technologie (Silicon forest) émergea, devenant le nouveau moteur de la croissance de l’Oregon.

#626 – Huachipato FC : los Acereros, los Siderúrgicos

Ceux de l’acier, les sidérurgistes. Basé dans la ville de Talcahuano, le club fut fondé le 7 juin 1947 par des salariés de la société Compañía Siderúrgica Huachipato qui détient l’usine sidérurgique de Talcahuano. En raison du coût élevé des produits provenant de l’aciérie vieillissante de Corral, la société chilienne de développement (CORFO) décida de soutenir la construction d’une nouvelle aciérie à Talcahuano. L’usine fut construite en 1947 et officiellement inaugurée en 1950. Principale usine sidérurgique du Chili, sa capacité de production a été multipliée par plus de huit, atteignant aujourd’hui 1 450 000 tonnes d’acier liquide par an. Huachipato est un terme qui vient de la langue mapuche et signifie « piège pour la chasse aux canards ». Grand employeur de la ville, la Compañía Siderúrgica Huachipato encouragea le développement auprès de ses salariés de domaines aussi variés que l’éducation, le sport, l’art et la culture. Ainsi, l’entreprise soutient le club de football mais également la Corporación Cultural Artistas del Acero, une association culturelle créée en 1958 par des ouvriers de l’usine.

Le lien avec le monde de l’acier étant important, l’écusson du club intégra le steelmark. Ce symbole, constitué d’un cercle blanc dans lequel se trouve 3 étoiles ayant la forme d’une astroïde, de couleur jaune, rouge et bleu, fut créé à l’initiative de la société US Steel puis reprit en janvier 1960 par l’American Iron and Steel Institute pour promouvoir les industries de l’acier américaine. Il devait rappeler aux consommateurs l’importance de l’acier dans leur vie quotidienne. Les 3 astroïdes signifient : l’acier allège votre travail, illumine vos loisirs et élargit votre monde. Ils représentent également les trois matériaux utilisés pour produire l’acier : le jaune pour le charbon, le rouge pour le minerai de fer et le bleu pour la ferraille. En 1962, le fabricant d’acier Republic Steel proposa à l’équipe de football américain, Pittsburgh Steelers, de porter sur leur casque le steelmark. Ceci était logique au vue du nom de l’équipe et constituait une bonne publicité pour les producteurs d’acier. CD Huachipato suivit le mouvement et rendit hommage ainsi à ses origines.

#625 – Red Star FC : l’Etoile Rouge

La traduction française de son nom est un symbole fort du club et de ses supporteurs. Même si le club évolue en vert et blanc (et que le rouge n’a jamais été une couleur marquante de ses équipements), l’étoile rouge orne fièrement depuis sa création son écusson. En outre, si le club changea de nombreuses fois de nom au gré des fusions avec d’autres associations, le terme Red Star y demeura toujours et sévèrement ancré (Red Star Club Français, Red Star Amical Club , Red Star Olympique, Red Star Olympique Audonien, Stade français-Red Star, Red Star FC, AS Red Star, AS Red Star 93, Red Star FC 93, Red Star FC). Installé à St Ouen, l’étoile rouge semblerait assez logique. En effet, la commune comme son département de Seine-Saint Denis se sont mariés à la cause rouge lorsque la banlieue Est parisienne accueillit des usines et sa cohorte d’ouvriers dès le XIXème siècle. A la fin de ce dernier, les partis de gauche ravirent la mairie de St Ouen, et de 1945 à 2020, la municipalité fut même dirigée par seulement 3 maires et mairesses, tous d’obédience communiste. St Ouen était alors au cœur de la Ceinture Rouge, ce cordon communiste entourant la bourgeoise capitale parisienne. Supporté par les ouvriers et les syndicalistes du coin, le club adopta également une conscience de gauche. On peut encore entendre aujourd’hui, dans son vieux stade, des chants politisés (« flic, arbitre ou militaire, qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour un salaire ? »). En Septembre 21, des rumeurs de cessions apparaissent et mettent le feu aux poudres entre la municipalité et la direction, le maire (PS) arguant que la vente pourrait se faire au profit d’un partenaire financier (gros mot dans la bouche de gens de gauche) qui ne serait pas en phase avec les valeurs de la ville et du club.

Pourtant, ce lien entre l’Etoile Rouge et les mouvements politiques de gauche résulte d’un malentendu. Tout d’abord, le club adopta l’étoile rouge dès sa fondation en 1897 avant que ce symbole soit accaparé par l’Internationale ouvrière ou les régimes communistes (elle apparût sur le drapeau de l’URSS en 1922). Ensuite, le club à sa naissance et pendant quelques années fut un repère bourgeois. En effet, il naquit et établit son siège dans un bar au croisement de la rue de Grenelle et de l’avenue de La Bourdonnais, au sein du chic et aristocrate 7ème arrondissement de Paris. Ses fondateurs, les frères Modeste et Jules Rimet (l’instigateur de la Coupe du Monde de Football), Jean de Piessac, Georges Delavenne, Ernest Weber et Charles de Saint-Cyr (un des éminents membres du Racing Club de France), étaient tous issus de famille bourgeoise. Même si leur volonté était, au travers des valeurs du sport, de créer un club qui rapprochent les classes sociales, leur association n’attira d’abord que les fils de bonne famille sur le Champs de Mars voisin. Dans un monde sportif dominé par les anglo-saxons (tous les nouveaux sports venaient d’Outre-Manche), les fondateurs cédèrent, comme beaucoup de club à l’époque, au snobisme britannique en dénommant le club Red Star. Rimet raconta plus tard que le choix de ce symbole provenait de sa gouvernante anglaise, Miss Jeny, qui avait proposé de reprendre le nom de la compagnie britannique Red Star Line qu’elle empruntait souvent pour retourner au pays. Au XIXème siècle, plusieurs compagnies de transport maritime apparurent et dont les navires se différenciaient en mer par leurs drapeaux et les couleurs de leurs cheminées. Un des symboles largement repris par ces compagnies (car facilement reconnaissable) étaient l’étoile et chacune choisit sa couleur. Ainsi, naviguaient la White Star Line (qui exploita le Titanic), la Blue Star Line et donc la Red Star Line.

Une autre légende était racontée par le capitaine emblématique du club, Lucien Gamblin (joueur du club de 1907 à 1923). Selon lui, l’Etoile Rouge aurait été inspirée par la présence d’un cirque américain sur le Champs de Mars. Par n’importe quel cirque, celui de William Cody, mieux connu sous le nom de Buffalo Bill. Son attraction connut un grand succès à Paris en 1889, lors de l’exposition universelle. Or, Buffalo Bill arborait une étoile rouge qui aurait alors inspiré Jules Rimet.

Consulter le site du footichiste pour son article dédié au Red Star