#664 – Hapoël Beer-Sheva : האדומים מהדרום

Les rouges du Sud. En 1949, Zalman Caspi, un ancien joueur de football du club du Hapoël Ramat Gan mit en place un système de scouting pour trouver de jeunes talents dans les camps de transit de la région de Beer Sheva, afin de créer éventuellement une équipe de football. Le club fut alors fondé, sous l’égide de Hapoël, une organisation sportive qui dépendait du syndicat de travailleurs הסתדרות (Histadrout – Fédération générale des travailleurs de la Terre d’Israël).

Ce syndicat avait été fondé en 1920, porté par des mouvements socialistes, et avait pour objectif de permettre l’installation des juifs en Palestine, qui était sous mandat britannique, ainsi que la promotion et la défense des travailleurs juifs. Il investit alors toutes les sphères d’activité des ouvriers : éducation, construction de logements, santé, banque, entreprises coopératives, protection sociale, culture et donc sport. Ainsi, Histadrout fit naître en 1926 le mouvement sportif Hapoël (הפועל), ce nom étant dans la tradition de gauche du syndicat, signifiant « l’ouvrier ». Etant donné les orientations politiques du syndicat et le fait que le Comité olympique israélien était contrôlé par le rival du Maccabi, Hapoël rechercha des liens avec des organisations sportives des partis socialistes similaires et devint ainsi membre du Socialist Workers’ Sport International et de l’International Workers and Amateurs in Sports Confederation. Hapoël reprit également les codes internationaux de l’époque des mouvements de gauche : fossile et marteau dans son blason et couleur rouge pour ses tenues.

Le rouge est la couleur de tous les mouvements de gauche depuis le XVIIIème siècle, quand les premiers mouvements prolétaires émergèrent et utilisèrent le drapeau rouge comme bannière. Ce symbole proviendrait de la Marine, qui utilisait le drapeau rouge avant une bataille pour signifier qu’il ne sera pas fait de prisonnier lors du combat. Ainsi, il était un signe d’un esprit combatif sans concession, du sang prêt à couler. Et cet état d’esprit séduisit les premiers mouvements de révolte d’ouvriers (qui jaillirent dans les villes portuaires), prêts à lutter au prix de la vie jusqu’à l’abdication de leurs adversaires. Ainsi, les ouvriers du port de Londres, lors de leur grève de 1768, auraient été les premiers à utiliser le drapeau rouge. Il apparût ensuite lors de différentes révolutions en France et devint la bannière des mouvements socialistes lors de la révolution de 1848 et surtout pendant la Commune de Paris en 1871. Depuis, il s’imposa comme drapeau (avec quelques attributs) des différents pays communistes (URSS, Chine, Vietnam, Mongolie …) et des parties politiques de gauche.

Beer-Sheva copia donc les symboles de l’Hapoël et ses maillots devinrent rouge. Enfin, Beer-Sheva, 6ème ville d’Israël, est la plus grande cité du Neguev et le centre administratif pour le sud d’Israël. Résultat, afin de le distinguer des autres clubs existant sous l’égide de l’Hapoël et portant également du rouge, au surnom classique fut rajouté la localisation géographique de la ville de Beer-Sheva.

#663 – Pécsi Mecsek FC : Munkás

Les ouvriers. Le club, basé à Pécs, fait référence dans son nom (Mecsek) à la chaîne de collines située au nord de Pécs mais jusqu’en 1995, il s’appelait Pécsi Munkás Sport Club. Il s’agit d’un club jeune, fondé en 1973 par la fusion de 5 équipes de Pécs : Pécsi Dózsa, Helyiipari SK, Ércbányász, Pécsi Bányász et Építők. Ainsi, 21 sections sportives et 1 800 sportifs se retrouvèrent dans cette nouvelle structure. Comme pour beaucoup d’associations sportives dans les régimes communistes, ces 5 clubs étaient liés à une administration ou un syndicat de travailleurs. Ainsi, le Pécsi Dózsa dépendait du Ministère de l’Intérieur. Építők était avec le secteur de la construction. Ércbányász et Bányász réunissaient les mineurs (dans la région, on comptait des mines de charbon et d’uranium ainsi que des carrières de sable). Enfin, Helyiipari était le représentant des industries locales. Via ses « géniteurs », le club était fortement lié au tissu économique locale et à ses ouvriers et opta donc pour le terme générique de munkás. Mais, ce nom a une autre petite histoire. Dans les années 1920, il existait déjà une association avec ce nom à Pécs suite à la fusion en 1919 du PSC avec le Munkás Testedzővel. Lors de la fondation du club actuel en 1973, un des membres convainquit des footballeurs de la région d’être transférés dans ce nouveau club. Comme il connaissait le nom de l’ancien PMSC, il présenta le nouveau club aux joueurs sous ce nom. Quelques heures plus tard, alors que l’assemblée constituante n’avait pas encore décidé du nom de la nouvelle association, cette personne s’alarma car si le club ne reprenait pas le terme PMSC, alors comment pourrait-il finir de convaincre les joueurs de venir dans ce club ? Les responsables prirent alors la résolution de le nommer ainsi.