#793 – Luton Town FC : the Hatters

Les chapeliers. Sur le blason du club, on retrouve les armes de la ville couronnées par un canotier. Depuis 1905, Luton est connue pour son usine Vauxhall de fabrication de voitures. Ces dernières années, cette activité a été complétée avec l’arrivée d’Easy Jet qui a contribué à transformer l’aéroport de Londres Luton en tant qu’aéroport régional de premier plan. TUI, le tour opérator, a confirmé cette position en installant son siège dans la ville. Mais, avant tout cela, la cité possède un riche héritage de fabrication de chapeaux depuis plus de 200 ans.

En effet, au XVIIIème siècle, l’industrie anglaise de la chapellerie se concentrait principalement sur Londres, Luton, Denton et Stockport (près de Manchester) ainsi que Atherstone (Warwickshire). Le métier se divisait en deux savoir-faire : d’un côté, la fabrication et le commerce des chapeaux de paille (chapeaux et bonnets pour femmes), de l’autre, celui du feutre (casquettes et chapeaux pour hommes). Luton se spécialisa d’abord dans le chapeau de paille car dès le XVIIème siècle, la tresse de la paille était le secteur dominant de l’économie locale. La croyance populaire veut que l’introduction du tressage de la paille en Grande-Bretagne puisse être attribuée à Marie Ier d’Écosse, qui aurait amené des artisans de Lorraine (d’où sa mère était originaire) et les aurait établis en Écosse. Son fils, Jacques Ier d’Angleterre, les aurait ensuite installés au sud de Luton, exploités par la puissante famille Napier. Au-delà de cette légende, il est prouvé que dès le milieu des années 1600, des personnes tressaient de la paille et fabriquaient des chapeaux de paille dans la région de Luton.

L’essor de l’industrie chapelière fut encouragé par les guerres napoléoniennes. Avec le blocus imposé par l’Empereur français, l’importation de paille tressée en provenance d’Italie et de chapeau devint quasi-nulle. A la sortie de la guerre, les forts droits de douanes ne permirent pas aux importations de reprendre. Ainsi, les hommes et femmes d’affaires de Luton créèrent des usines pour approvisionner les marchés locaux et nationaux en chapeaux de paille. De modeste ville, Luton se transforma en un grand centre industriel. En 1871, la ville comptait 35 000 employés dans le secteur du chapeau. Mais, la campagne environnante dépendait également grandement de cette économie. 40% de tous les tresseurs de paille du pays (environ 22 000 personnes en 1851) étaient basés dans le sud du Bedfordshire où se trouve Luton. En 1871, il y avait 20 701 tresseuses dans le Bedfordshire et 12 089 dans le Hertfordshire (comté limitrophe à Luton), avec environ 15 % de toutes les femmes du Bedfordshire qui se déclarait comme tresseuses de paille.

A compter de 1870, l’industrie de Luton se tourna également vers les chapeaux en feutre, dans le but de fournir une source de travail moins dépendante de la récolte saisonnière de paille. L’apogée de la production se réalisa pendant 50 ans, entre 1880 et 1930. A cette dernière date, la région de Luton produisait jusqu’à 70 millions de chapeaux en une seule année. En 1935, il y avait sept grandes usines de fabrication à Luton employant 1 000 femmes et 900 hommes, complétés de petites entreprises plus artisanales. En 1939, il y avait au moins 125 fabricants de ce type, dont le plus grand employait environ 100 ouvriers, tandis que le plus petit se contentait de 5 ou 6. Mais, après la Seconde Guerre mondiale, le déclin commença et la ville déclina rapidement. Le déclin de la tresse de paille démarra bien avant, dès 1880. En 1893, on estimait que moins de 5% de la tresse vendue au marché de Luton venait d’Angleterre et la fabrication était pratiquement éteinte dans la plupart des villes et villages environnants. En 1901, 98% des tresseurs avaient disparu dans le Bedfordshire et le Hertfordshire. Aujourd’hui, si Luton demeure encore synonyme de chapeau, son industrie est quasiment réduite à rien, quelques artisans tentant de perpétrer ce savoir-faire.

#792 – FK Haugesund : Araberne

Les arabes. Ce surnom est directement attaché à la ville et a déteint par la suite sur le club et ses équipes. Pourtant, point de commnauté arabe importante dans cette ville norvégienne située sur la côte occidentale du pays. Ni même de fondation par des sarazins très aventuriers. La légende est plus terre à terre (en sorte) et assez drôle. Bordée par la Mer du Nord, Haugesund possède un port abrité (grace aux détroits protecteurs de Smedasund et de Karmsundet) et compte de nombreux marins dans sa population. Autrefois, les eaux côtières de Haugesund regorgeaient de hareng et la ville se développa dans la pêche en conséquence. Puis, d’autres activités maritimes comme la pêche à la baleine, la construction navale et le transport maritime (la ville possédait autrefois la troisième plus grande flotte marchande de Norvège) complétèrent son économie. Même si la pêche au hareng a très nettement décliné aujourd’hui, la ville conserve un lien fort avec la mer.

Lors d’un voyage (à une époque que la légende ne précise pas), un bateau de commerce s’arrêta sur les côtes du Maghreb (certaines histoires situent le port au Maroc). Les marins passèrent la nuit dans les bars maures et se retrouvèrent ivres. L’un deux se fit dérober son argent et ses vêtements. Il vola donc à son tour, dans le voisinage, des vêtements qui séchaient sur une corde à linge. Evidemment, il s’agissait d’habits locaux. Arrivant près du bateau, le garde qui surveillait l’accès le stoppa. Le marin ivre comprit que son accoutrement trompait le garde et lui déclara « Eg e ikkje araber. Eg e frå Haugesund » (Je ne suis pas un Arabe. Je suis de Haugesund). Depuis, les habitants de la ville sont connus en Norvège comme les arabes.