Les crèmes. Si aujourd’hui, le maillot du club tire sur le blanc, il était à l’origine crème. L’histoire du plus prestigieux club guatémaltèque remonte au début des années 1920 quand les enfants d’un hospice de la capitale du pays décidèrent de créer une équipe de football sous le nom d’Hospicio FC. Au début des années 1940, ce club recherchait des fonds et décida de se renommer España FC pour gagner le soutien, notamment financier, de la communauté espagnole du pays. Malheureusement, la promesse de sponsoring d’un magasin de textile espagnol ne fut jamais honorée. En manque de moyens, le club s’éteignit. Certains joueurs allèrent alors taper à la porte du Ministro de Comunicaciones, Correos y Telégrafos (Ministère des Communications, Courriers et Télégraphes) qui intégrait dans son organisation déjà un club de basket et de base-ball. Ils reçurent un accueil favorable du ministre, le Colonel Carlos Aldana Sandoval et le 16 Août 1949 naissait le Comunicaciones FC. Pour le choix des couleurs, les yeux se tournèrent vers le Mexique, qui possédait les grandes équipes de football d’Amérique Centrale. Pour une raison inconnue, et je dirais étonnamment, les membres fondateurs optèrent pour la couleur crème du Club América. Etonnamment car si América s’était forgé un beau palmarès et une belle réputation entre les deux guerres, depuis le début des années 1940, le club connut les pires années de son histoire, en établissant les pires résultats de son existence, comme les 101 buts encaissés lors de la saison 1945-1946, la série de 15 matchs consécutifs sans victoire, dont 6 défaites d’affilée en 1946-1947 et le pire résultat enregistré en championnat (une défaite 2 buts à 9 contre Atlas le 3 novembre 1946). Le club termina même à l’avant-dernière place du classement lors du tournois 1946-1947. En tout cas, cela n’empêcha pas Comunicaciones de s’en inspirer et n’eut aucun impact sur ses résultats.
Mois : août 2022
#832 – Platense FC : los Tiburones Blancos
Les requins blancs. Nichée entre deux océans, la facade maritime du Honduras se concentre à l’Est, du côté de l’Océan Atlantique et de sa Mer des Caraïbes. Le Honduras possède d’immenses ressources marines avec un espace maritime quatre fois plus grand que son territoire, où cohabitent différentes sortes d’habitats (mangroves, zones peu profondes, récifs coralliens, canyons jusqu’à six mille pieds de profondeur) et où résident un haut niveau de biodiversité. Le Honduras est pays essentiel à l’équilibre des écosystèmes marins et au corridor biologique mésoaméricain. Parmi sa faune, le requin est y très présent, avec une grande variété d’espèces (requin marteau, requin taureau, requin nourrice, requin baleine, requin dormeur, requin tigre et requin griset). Le requin blanc baigne aussi dans ses eaux. Face à la pêche intensive du requin (d’un côté pour commercialiser son aileron qui est un met de luxe en Asie et de l’autre, comme plat ancien de certaines populations autochtones), en 2011, le président Porfirio Lobo décida d’interdire la pêche, la commercialisation et l’exportation des requins et de créer le Santuario de Tiburones (Sanctuaire de requins). Cet espace qui couvre la totalité de son territoire marin (du Pacifique à la Mer des Caraïbes), soit au total près de 240 000 km2 est consacré à la préservation de squales en tout genre.
Sur sa côté Est, au Nord du pays, la cité de Puerto Cortés représente le principal port du Honduras. Puerto Cortés présente l’avantage d’être situé dans une baie naturelle (Bahia de Cortez) en eau profonde bien protégée où la variation des marées est non-significative. Le port connut un fort développement avec l’industrie bananière, dont le Honduras figurait parmi les plus grands exportateurs au monde dans les années 1950 et 1960. Puis, le manque d’investissement réduisit son intérêt jusqu’au milieu des années 2010. Le gouvernement du président Hernández lança un vaste programme d’investissement dans des infrastructures (autoroute, aéroport, port) pour faire du Honduras un nœud vital de la logistique américaine et Puerto Cortés représentait le cœur du projet. Toute d’abord, en 2013, l’exploitation du port a été concédée pour 30 ans. Puis, en 2014, les infrastructures portuaires furent modernisées afin d’augmenter les capacités d’accueil (construction de quais et de terminaux dédiés au vrac solide et liquide tels que les granulats de pierre, les minéraux et le charbon, allongement du quai existant, construction de surface de stockage …). Ces améliorations permirent de diminuer le temps d’attente des vraquiers, passant de 7 jours en 2013 à 2,2 jours en 2021, et le temps de déchargement des produits au port, de 5 jours en 2013 à 2,7 jours en moyenne en 2021. Aujourd’hui, avec ses installations les plus modernes d’Amérique centrale, le port est le premier de l’Atlantique dans la région d’Amérique centrale et une référence dans les Caraïbes. Il a également stimulé les exportations et l’économie du pays ainsi que la vie des habitants de la ville, en concentrant 65% de l’emploi.
Ville tournée vers la mer, avec l’un de ses plus emblématiques ambassadeurs, le requin, qui y réside, le club de football fondé en 1960 prit l’animal pour mascotte, l’intégra dans son blason et fut surnommé ainsi. La mention de la couleur blanche se rapporte plus à la couleur du maillot qu’à l’espèce de squale.
#831 – Engen Santos FC : the People’s Team
L’équipe du peuple. Malgré un championnat d’Afrique du Sud remporté en 2002, ce n’est pas son palmarès qui a rendu le club populaire. D’autant que la compétition est rude dans la ville du Cap qui compte d’autres clubs dans les premiers échelons des ligues sud-africaines (Cape Town Spurs, Cape Town City, Cape Town All Stars …). Fondé en 1982 à Heideveld, banlieue du Cap, le club gagna sa notoriété en étant ouvert à toutes les communautés, sans distinction de race ou de religion. Cela paraît anodin mais dans le contexte de l’Apartheid, ceci constitua un affront à la politique ségrégationniste d’Etat.
Introduit par les colons anglais, le football fut considéré comme le sport du peuple noir par les autorités politiques blanches du pays, ces dernières privilégiant le cricket et le rugby. Mais, cette « préférence » ne devait pas pour autant conduire à mélanger les différentes communautés dans la pratique du football. Avant même l’établissement de l’Apartheid, le pays était déjà divisé entre ses différentes composantes (blancs, noirs, indiens, métis). Résultat, chaque communauté créa sa propre fédération de football : FASA (blanc en 1892), SAIFA (indien en 1903), SABFA (noir en 1933) et SACFA (métis en 1936). Chacune avait ses propres équipes qui pouvaient s’affronter mais les équipes blanches demeuraient plutôt à l’écart des autres fédérations. A partir de l’établissement de l’Apartheid en 1948, la séparation s’institutionalisa dans la vie publique et s’imposa définitivement dans le football : blanc d’un côté et les autres (en particulier les noirs) de l’autre côté.
En 1951, les africains, les métis et les indiens se réunirent au sein d’une seule fédération (SASF) pour s’opposer à l’apartheid dans le sport. Mais, ce fut surtout l’expulsion des équipes et des instances sportives africaines des compétitions et organisations internationales (à compter de 1961 pour le football) qui aida à affaiblir cette politique de ségrégation. Les entailles aux discriminations se succédèrent à compter des années 1970. En 1974 et 1975, des compétitions nationales (Embassy Multinational Series et Chevrolet Champion of Champions) opposaient des clubs noirs et blancs les uns contre les autres. Leurs succès d’audience confirmèrent la popularité du football mixte. En 1976, le gouvernement autorisa une équipe sud-africaine composée de joueurs blancs et noirs à jouer contre l’Argentine en visite à Johannesburg. Même si dans les tribunes, les deux communautés étaient toujours séparées, cette première équipe mixte remporta le match sur le score de 5 buts à 0. En 1976, l’équipe d’Arcadia Shepherds, membre du championnat de football sud-africain réservé aux équipes composées de joueurs blancs (NFL), intégra pour la première fois un joueur africain. Deux ans plus tard, cette même ligue s’effondra du fait de sa faiblesse face aux autres championnats tels que le NPSL, réservé aux africains. Résultat, naquit en 1978 une nouvelle ligue non-raciale où se côtoyaient des équipes composées d’africains et des équipes composées de blanc (qui pouvaient inclure jusqu’à 3 joueurs noirs). Dans les années 1980, le football était devenu un lieu d’expression politique dans le pays. Les rassemblements politiques de toute nature étant interdits, les matchs de football étaient la couverture parfaite pour les réunions des dirigeants de l’ANC. Ce fut dans ce contexte qu’apparût Santos FC qui s’affranchissait de toutes les barrières raciales. Evidemment, ce choix ne plut pas et le club connut des débuts tourmentés avec des problèmes financiers, des obstacles politiques, des fraudes et vols. Cette politique non-raciale et les difficultés liées lui permit de gagner rapidement en popularité au sein de toutes les communautés et le surnom d’équipe du peuple.
#830 – Real Republicans FC : Osagyefo’s Own Club
Le club de Osagyefo (chef victorieux). Ce club ghanéen connut une brève existence de 1961 à 1966 mais, pourtant, il fut le fer de lance du football ghanéen et l’icone de la vision politique du président du pays, Kwame Nkrumah. Remontons en 1957, année où la Gold Coast, nom colonial du Ghana, obtint son indépendance de l’emprise britannique. L’un des leaders qui permit ce résultat était Kwame Nkrumah qui devint logiquement président du pays en 1960. Mais, l’indépendance du Ghana, premier Etat subsaharien à l’obtenir, n’était qu’une étape dans l’ambition de Kwame Nkrumah. En effet, conscient de la faiblesse du nouvel état, morcelé entre différentes ethnies, face aux grandes puissances, Kwame Nkrumah milita pour une vision transfrontalière de l’ensemble du continent africain (panafricanisme). Son Ghana se devait à la fois de s’élever au-delà de ses différents peuples mais également devenir l’élément fédérateur d’une Afrique unie et solidaire. Le sport apparaissait comme un catalyseur pour promouvoir cet objectif. En particulier, Nkrumah considérait le football africain indépendant comme un symbole de la libération du continent de la domination coloniale et la démonstration de l’unité africaine. Kwame Nkrumah fit donc de l’équipe nationale du Ghana le porte-voix du continent africain.
Sur le plan local, Kwame Nkrumah et son ministre des sports, Ohene Djan, œuvrèrent pour fonder un nouveau « super » club pour renforcer le sentiment nationaliste. Pour cela, ce club, qui fut nommé Real Republicans (inspiré par le grand Real Madrid), se devait de représenter l’ensemble du Ghana et donc ne pas être rattaché à une ethnie particulière (comme les autres associations sportives du pays). Pour faciliter l’identification de tous les ghanéens, quelque soit leur région d’origine, avec le nouveau club, la direction avait la bénédiction du gouvernement pour piller les autres équipes (choix de deux joueurs dans chacune des autres équipes du championnat) pour constituer la sienne et naturellement elle ne se priva pas de prendre les meilleurs (d’autant plus que ces recrutés ne pouvaient pas refuser l’offre sous peine de représailles par le gouvernement). Ainsi favorisé par Kwame Nkrumah qui se faisait appeler Osagyefo, le Real Republicans se vit affublé de ce surnom qui devint même le second nom du club.
Les résultats ne se firent pas attendre avec un titre de champion en 1963 et 4 coupes du pays d’affilée (de 1962 à 1965). Les athlètes du club étaient traités comme des rois et avaient un accès illimité au président. Mais, ces privilèges accordés au Real Republicans traduisaient aussi la dérive autoritaire de Kwame Nkrumah dans l’exercice du pouvoir (arrestation des opposants, censure de la presse, contrôle de la justice, culte de la personnalité). Tant au niveau politique que sportif la colère monta contre Kwame Nkrumah (les clubs historiques dépouillés chaque année de leurs meilleurs éléments menacèrent régulièrement de boycotter le championnat). Résultat, le 24 février 1966, alors en voyage en Chine, Kwame Nkrumah fut renversé par un coup d’état militaire qui ne rencontra aucune résistance. Totalement identifié à son créateur et supporteur, le Real Republicans fut immédiatement dissout après le renversement de Kwame Nkrumah.
#829 – Hafia FC : Tri Campeo
Le triple champion. Classé 8ème meilleur club africain du siècle passé par la IFFHS, le Hafia FC constitue une des institutions de la Guinée et du continent, malgré une longue période de disette depuis ses derniers succès dans les années 1980. Il a gagné ce surnom grace à ses victoires et son beau palmarès. Dans le tout jeune championnat guinéen créé en 1965, Hafia FC fut tout d’abord le premier à le gagner 3 fois et consécutivement en 1966, 1967 et 1968. Mais, cet exploit sera rapidement supplanté par les 9 championnats remportés successivement de 1971 à 1979 grâce à une formidable équipe. Cette dernière mena le club non seulement au sommet du football local mais également continental, ce qui donnera naissance à ce surnom. En effet, Hafia FC fut le premier club africain à conquérir 3 Coupes des Clubs Champions africaines (devenu depuis 1997 Ligue des Champions de la CAF). En 1972, après un parcours qui vit le club notamment éliminer les camerounais du Canon Yaoundé, les maliens du Djoliba AC et les zaïrois du TP Mazembe (par abandon), l’équipe affronta en finale les ougandais du Simba FC sur une confrontation aller-retour et les vainquit 7 buts à 4 au total (4-2 à Conakry et 3-2 à Kampala), donnant lieu à la finale la plus prolifique de la compétition (11 buts). 1ère participation, pour cette équipe emmenée par Aliou N’Jo Léa, Petit Sory, Maxime Camara, Morciré Sylla, Ousmane Tolo Thiam, Soriba Soumah et surtout Chérif Souleymane, et première victoire. Chérif Souleymane remporta cette même année le seul ballon d’or africain gagné par un footballeur guinéen. Après deux années quelconques (dont un forfait en 1974), l’équipe revint plus forte en 1975 pour arracher son deuxième trophée face aux nigériens du Enugu Rangers. Le Hafia remporta les deux matchs de la finale (1-0 à Conakry et 2-1 à Lagos). En 1977, nouvelle et dernière victoire. Face au ghanéen de Hearts of Oak, l’équipe guinéenne gagna une nouvelle fois la finale aller (1-0 à Accra) et le retour (3-2 à Conakry). Il devint ainsi le premier club à enlever 3 fois ce trophée. En outre, l’équipe fut également finaliste de la compétition en 1976 et 1978.
Si le français est la langue officielle de la Guinée, le choix d’avoir un surnom en portugais pourrait s’expliquer par la notoriété de l’équipe brésilienne de l’époque. D’une part, en 1970, le Brésil fut le premier pays à remporter également 3 fois le même trophée (en l’occurrence la Coupe du Monde). D’autre part, l’équipe de Pelé pratiquait un football flamboyant et offensif, que le Hafia se prétendait de perpétuer.
#828 – Omonia Nicosie : το ο Τριφύλλι
Le trèfle. Aujourd’hui, l’île de Chypre est toujours partagée entre la partie grecque et celle au nord, avec la communauté turque. La division fait partie de la culture de l’île, qui a été en outre, tout au long de son histoire, sous la tutelle d’une autre puissance (hellénique, romaine, byzantine, arabe, franque, vénitienne, ottomane et britannique). En 1948, année de fondation du club d’Omonia, les tensions sur l’île étaient plus que vives.
En premier lieu, Chypre constituait une colonie britannique et avant la Seconde Guerre Mondiale, les tensions entre l’administration coloniale et la population se multipliaient. Les Chypriotes grecs considéraient l’île comme historiquement grecque et croyaient que l’union avec la Grèce était un droit naturel (« Énosis » ). Ces revendications furent violemment réprimées par les autorités britanniques mais restaient parmi la population grecque.
Ensuite, au-delà de la présence coloniale britannique, l’île se divisait profondément entre deux communautés, grecques et turques. Cette opposition s’accentua lorsque, apeurée par la possibilité que Chypre s’unisse avec la Grèce, la communauté turque apporta son soutien aux colons.
Enfin, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Grèce bascula dans la guerre civile, déchiré entre les communistes et les nationalistes. Le conflit s’importa à Chypre où le climat nationaliste s’imprima dans la communauté grecque qui chercha à étouffer les mouvements de gauche.
Ces antagonismes s’exprimèrent aussi au travers des organisations sportives et culturelles. Par exemple, l’APOEL naquit en 1928 avec la volonté d’être réservé aux chypriotes grecs tandis que le Çetinkaya Türk SK rassemblait à partir de 1930 les turques de la capitale. Au lendemain de la guerre, les athlètes de gauche furent exclus des clubs de l’époque, devenus le creuset du nationalisme grecque. En raison de ces restrictions, ces athlètes fondèrent de nouvelles associations sportives comme le Nea Salamina à Famagouste, le 7 mars 1948 et Alkí à Larnaca, le 10 avril 1948.
Dans ce contexte, l’APOEL Nicosie se divisa suite à une initiative prise par la direction qui apportait son soutien aux nationalistes. De nombreux sportifs de gauche de l’APOEL quittèrent le club et se rassemblèrent pour la création d’une nouvelle association sportive à Nicosie. Cette nouvelle association avait pour ambition de maintenir le sport chypriote au haut niveau, loin des sentiments partisans. Résultat, il se devait de porter de forts symboles pour défendre ces valeurs. Le nom Omonia (Ομόνοια) fut choisi après mûre réflexion car son sens (unité, concorde) démontrait l’opposition du club à la division et à la désunion. En outre, la direction avait également besoin d’un emblème qui incarnerait ses idéaux. Le choix se porta sur le trèfle car sa couleur est verte, couleur de l’espoir. Les fondateurs avaient de l’espoir quand aux succès futurs du club et que la nouvelle association traduirait leur force de conviction, leur militantisme et leur persévérance.
#827 – FK Dinamo Tirana : Dinamovitët
Le surnom est dérivé du célèbre nom du club (dans les anciens pays de l’Est). Pendant la Seconde Guerre Mondiale, la résistance albanaise à l’occupation italienne puis allemande était tombée sous la coupe des communistes et son leader Enver Hoxha. Résultat, en 1946, les communistes prirent définitivement le pouvoir et instaurèrent la république populaire d’Albanie. Comme dans les autres pays du bloc de l’Est, le gouvernement copia l’organisation et les structures du grande frère soviétique pour rapidement affirmer leur pouvoir. Ceci passa par la main mise des grandes administrations et syndicats sur les mouvements sportifs et culturels. En 1950, le Ministère de l’Intérieur fonda donc son club de sport, dans le cadre de l’association sportive Dynamo. Ce dernier regroupait dans les pays de l’Est les associations sportives des membres et fonctionnaires des affaires intérieures et des organes de sécurité de l’État (principalement la police judiciaire et politique). La structure Dynamo fut créée en Russie le 18 avril 1923. Le choix du nom Dynamo s’expliquerait selon l’écrivain Maxim Gorky, membre honoraire de l’association ainsi : « Греческое слово «дина» значит сила, «динамика» — движение, а «динамит» — взрывчатое вещество. «Динамо» — это сила в движении, призванная взорвать и разрушить в прах и пыль всё старое, гнилое, все, что затрудняет рост нового, разумного, чистого и светлого — рост пролетарской социалистической культуры » (Le mot grec « dina » signifie force, « dynamique » signifie mouvement et « dynamite » signifie explosif. « Dynamo » est une force en mouvement, appelée à faire exploser et à réduire en cendres et en poussière tout ce qui est vieux, pourri, tout ce qui entrave la croissance du nouveau, raisonnable, propre et brillant – la croissance de la culture socialiste prolétarienne). L’idée était que les forces de police n’œuvraient pas contre le peuple mais par leur action repressive visait à protéger l’ordre nouveau et luttait contre les ennemies du peuple. Le slogan de l’association sportive fut donc « Сила — в движении » (la force en mouvement).
Le club albanais s’installa rapidement comme une pierre angulaire du football albanais, remportant déjà quatre championnats consécutifs rapidement après sa naissance (de 1950 à 1953). Par la suite, le club partagea avec le Partizani les trophées albanais jusqu’à la chute du régime communiste (15 titres de champions et 12 Coupes nationales). Mais, le communisme albanais qui rompit avec l’URSS en 1956 afin de ne pas se « déstaliniser » fut l’un des régimes les plus durs et fermés du bloc de l’Est, avec une police politique, Sigurimi, particulièrement repressive. En 1995, afin de laisser derrière eux ce lourd passé, certains estimèrent qu’il fallait changer de nom qui apparaissait comme un symbole négatif de cette époque (comme le Dynamo Zagreb avait pu le faire deux ans auparavant en devenant le Croatia Zagreb). Ainsi, le nouveau nom, KS Olimpik Tirana, était plus consensuel en se référant à l’esprit olympique. Mais, finalement, dans de nombreux pays de l’ancien bloc de l’Est, la quasi-totalité des clubs dont le nom se rattachait aux structures des régimes communistes tels que Lokomotiv (Ministère des Transports), CSKA (armée) et Spartak (Coopérative de production), ne changèrent pas de nom, estimant que celui-ci faisait parti de l’histoire du club, dépassant les liens avec l’autoritaire communisme. Et malgré la rattachement à la police, qui au vue de son action sous ces dictatures avait une mauvaise image, ce fut aussi le cas pour les Dynamo tels que le Dynamo Dresde, Dynamo Moscou, Dynamo Kiev, Dinamo Bucarest ou Dinamo Tbilissi. Finalement, deux ans plus tard, la direction du club de Tirana décida de revenir à l’ancien nom. Cette attachement des supporteurs à leur histoire s’est encore manifesté dernièrement quand le club modifia son écusson. Les fans ne cessèrent jamais de réclamer le retour du logo original de leur club de cœur et obtinrent gain de cause cette année.
#826 – NK Travnik : Veziri
Les vizirs. Située dans la vallée de la rivière Lašva, la cité ancestrale de Travnik constitue un des hauts lieux de l’Islam en Bosnie et conserve un important héritage et patrimoine de l’époque ottomane. Si une présence romaine est attestée dans la région de Travnik, l’époque médiévale et la monarchie bosniaque marqua le début du développement de la ville. Toutefois, l’occupation ottomane constitua son age d’or. Au XVème siècle, l’Etat indépendant de Bosnie tomba face à l’avancée de l’Empire Ottoman et la région passa sous domination musulmane. En 1580, une nouvelle division administrative fut créée, regroupant l’actuelle Bosnie-Herzégovine ainsi qu’une partie de la Croatie, du Montenegro et de la Serbie, qui était nommé Pachalik de Bosnie. A sa tête un pacha conseillé par des vizirs. Au départ, la capitale du Pachalik fut établi à Banja Luka, an nord du pays. Mais la présence musulmane le menaçant, le Saint Empire Germanique rentra en conflit lors de la grande guerre turque (1683-1699) et défait l’Empire ottoman, notamment en ravageant et incendiant Sarajevo, qui était devenu capitale alors du Pachalik en 1639. Résultat, Travnik fut élevé au rang de nouvelle capitale et devint la résidence des vizirs bosniaques de 1699 à 1832. Avec ce nouveau rôle politique, les mosquées et infrastructures se multiplièrent ainsi que l’arrivée des consulats de la France et de l’Autriche. Aujourd’hui, Travnik reste profondément marqué par cette période. Souvent surnommé « l’Istanbul européenne », Travnik était considérée comme la ville la plus orientale en Bosnie. Au regard de sa population, le nombre de mosquées et de minarets parait démesuré. On y dénombre aussi de nombreux mausolées, dont des tombes de vizirs.
#825 – Neftchi PFK Bakou : Neftçilər
Les pétroliers. Tiré du nom du club qui lui même dérive du terme azéri neft qui signifie pétrole. Le club naquit le 18 mars 1937 de la volonté des ouvriers des compagnies pétrolières situées à Bakou. Les fondateurs relièrent le club avec leur métier avec de nombreux symboles. Le plus évident fut le choix du nom du club нефтяник (à l’époque en russe, l’Azerbaïdjan étant une république soviétique) qui signifiait « pétrolier ». Puis, le blason du club incorpora un derrick, ouvrage le plus visible des puits de forage (encore dans l’écusson aujourd’hui), avec en arrière plan un H, première lettre du nom du club. Enfin, l’équipe évolua dans un maillot noir et blanc, dont la couleur noire rappelait évidemment l’or noir. Le club fut intégré au syndicat des ouvriers du pétrole sous l’égide du Ministère Soviétique de l’Energie. Ce lien avec l’activité pétrolière n’a jamais cessé malgré l’effondrement du système soviétique. Aujourd’hui, Azərbaycan Respublikası Dövlət Neft Şirkəti (SOCAR), compagnie pétrolière détenue par l’Etat azéri, demeure toujours l’un des sponsors principaux de l’équipe.
Situé sur les rives de la Mer Caspienne, Bakou est une ville portuaire et une station balnéaire, dont la vue du soleil couchant est perturbée par les derricks et les plateformes pétrolières. En effet, les champs pétrolifères de Bakou constituent l’un des plus vieux centres de production de pétrole et de ses dérivés. L’exploitation industrielle de cette ressource débuta en 1871 avec Ivan Mirzoev et l’activité attira rapidement les frères Nobel (acquisition en 1873 d’une raffinerie pour 25 000 roubles) et les Rotchild. Mais, il semble que l’histoire d’amour entre le pétrole et la cité remonte encore plus loin. Marco Polo mentionnait déjà la présence de pétrole dans la région. Un puits de 35 mètres de profondeur, datant de 1594, selon une inscription, a été retrouvé près de Bakou. Au XVIIème siècle, le scientifique turc Evliya Çelebi rapporta que Bakou était entourée de 500 puits et cette description de la ville était également partagé par le voyageur allemand, Adam Olearius et le secrétaire de l’ambassade de Suède en Perse, Engelbert Kaempfer à la même époque. En 1813, le nombre de puits producteurs était de 116 et doubla quasiment en 1860. Toutefois, creusé souvent à la main, ces forages étaient peu profonds et la production était donc limitée. Mais, avec les machines et l’ingéniosité de la révolution industrielle, la production s’intensifia et à la fin du XIXème siècle, Bakou comptait déjà plus de 3 000 puits de pétrole. La cité représentait alors 95% de la production de l’Empire Russe, qui avait mis la main sur la région et était le premier producteur de pétrole mondial. En 1900, Bakou produisait 11 millions de tonnes par an de pétrole, soit 50 % de la production mondiale. Avant la Seconde Guerre mondiale, l’Azerbaïdjan produisait 23 millions de tonnes de pétrole brut par an et couvrait les trois quarts des besoins de l’Union Soviétique. En 1920, l’Institut polytechnique de Bakou fut créé, devenant la référence européenne et asiatique de la formation des scientifiques et des ingénieurs de l’industrie pétrolière. En 1947, débuta l’exploitation offshore. Le pays est devenu nettement dépendant de cet or noir, qui génèrent les deux tiers de ses revenus. Néanmoins, même si le sol regorge de pétrole et de gaz, d’autres champs apparurent en Asie Centrale (et ailleurs dans le monde évidemment) et les espoirs des compagnies pétrolières se sont progressivement déplacés vers le Kazakhstan. A fin 2020, l’Azerbaïdjan ne représentait plus que 0,4% des réserves mondiales de pétrole et en 2021, sa production s’élevait à 722 000 barils par jour, soit 1,2% de la production mondiale.
#824 – AFC Chindia Târgoviște : Micul Ajax
Le petit Ajax. Le club roumain ne s’étalonne pas directement au héros grec, Ajax, mais son surnom s’inspire du grand club d’Amsterdam. Tout d’abord, l’AFC Chindia Târgoviște a hérité ce surnom de l’ancienne équipe nommée FCM Târgoviște, qui disparut en 2015. En effet, en raison de divergence entre la direction du FCM Târgoviște et la mairie en 2010, cette dernière choisit de fonder une nouvelle entité en association avec l’ancien international Gheorghe Popescu et l’ancien arbitre Ion Crăciunescu. Ce nouveau club reprit quasiment le nom de l’ancienne association, également ses couleurs (bleu et rouge) et reçut son surnom historique. Au début des années 1990, le FCM Târgoviște évoluait en 3ème division roumaine (comme souvent dans son histoire et en l’espèce depuis 12 ans). Mais, bénéficiant d’une génération dorée de jeunes formés au club pratiquant un football tournée vers l’avant, le club obtint deux promotions consécutives, de 3ème en 2ème division lors de la saison 1994-1995 et de 2ème en 1ère en 1995-1996. Couvée par les entraineurs Silviu Dumitrescu et Gică Păsărică, l’équipe s’appuyait sur Adrian Bogoi, Vasile Bârdeș, Bogdan Liță, Cristian Țermure, Cristian Bălașa, Remus Gâlmencea et Laurențiu Reghecampf. Malheureusement, l’apprentissage de l’élite fut plus difficile. L’équipe se classa à la 16ème place lors de la saison 1996-1997. Dans l’édition suivante, elle termina à la même place mais cette fois, ce classement donnait lieu à la relégation de l’équipe. Il n’empêche que la performance de l’équipe basée sur un style de jeu offensif et des jeunes joueurs talentueux formés au club valut au club d’être comparé au mythique Ajax, qui porte ces valeurs au plus haut. Mais, effectivement, il valait mieux le qualifier de « petit » pour remettre les choses en perspective.
