La tempête noire. La référence au noir par deux fois (via la couleur comme les nuages qui forment la tempête) rappelle qu’il s’agit de la couleur du club. Elle ne provient pas des fameuses olives produites ici, qui d’ailleurs sont plus marrons que noires. En réalité, il faut se replonger dans l’histoire mouvementée de la Grèce d’après-guerre. Dans la nuit du 21 au 22 Avril 1967, l’armée grec prit le pouvoir, pour soi-disant faire barrage à une menace communiste. En décembre de la même année, le Roi Constantin II tenta de renverser ce pouvoir militaire mais son putsch échoua. Il s’exila alors à Rome, livrant définitivement le pays à la Dictateur des Colonels. Sans véritable programme, les militaires prônèrent l’ordre moral et la culture grec. Ainsi, les décisions autocrates se multiplièrent et mirent un couvercle de plomb sur les libertés dans le pays. 11 articles de la constitution furent suspendus, les citoyens pouvaient être arrêtés, jugés et déportés sans mandats. Des tribunaux militaires d’exception furent mis en place. Les partis politiques et les syndicats furent interdits tandis que l’Eglise orthodoxe passait sous contrôle de la junte. La minijupe comme les cheveux longs étaient bannis. La culture, qui penchait à gauche particulièrement à cette époque, fut purgée et contrôlée : la censure sévissait sur les journaux comme les spectacles. Le sport n’échappa pas à ce mouvement car la junte craignait que les associations sportives devinssent le catalyseur des idées démocratiques. La junte intervint donc dans les transferts, imposa des fusions d’équipes, ordonna de renommer des équipes, nomma des commissaires militaires à la tête des clubs et exclut tous les joueurs non grecs du championnat (d’où la découverte de nombreux aïeuls grecs – parfois fictifs – pour des joueurs étrangers tels que Courbis, Triantafilos, Losada …).
A Kalamata, il existait, comme dans de nombreuses villes grecs, plusieurs clubs de football. La junte invita donc les clubs de Kalamata à fusionner entre eux. L’idée derrière ces opérations était d’une part de réduire significativement le nombre d’associations sportives et d’autre part de plus facilement les surveiller et contrôler. Ainsi, en 1967, plusieurs clubs (principalement Apollon Kalamata FC et Pammessiniakos, lui-même issu de la fusion quelques années auparavant d’Olympiacos, de Oiseaux Verts de Kalamata et de l’AEK) donnèrent naissance au nouveau club de Kalamata FC. Toutefois, la structure de ce dernier se basait avant tout sur l’ossature de l’Apollon. Fondé en 1927, l’Apollon était un club historique de la ville qui s’était établi dans les divisions nationales. Après avoir remporté plusieurs fois le championnat régional, il fut promu dans la nouvelle deuxième division nationale lors de sa première année d’existence en 1959-1960. Lors des deux saisons précédentes la fusion (1965-1966 et 1966-1967), l’Apollon avait terminé deux fois à la 4ème place de la seconde division. Outre la reprise des joueurs de l’Apollon, le nouveau club absorba également les symboles de l’Apollon. Ainsi, les couleurs de la nouvelle équipe était le noir et le blanc, celles de l’Apollon. Pour la petite histoire, après le retour de la démocratie en 1974, certains clubs furent refondés comme l’Apollon. Mais le Kalamata FC s’était déjà bien établi et avait gagné sa popularité. Il est vrai que les résultats avaient rapidement suivi. En 1972 et 1974, le club avait remporté la seconde division et avait évolué pendant deux saisons dans l’élite nationale. Il continua donc son chemin pour être aujourd’hui le club référence de la ville.
