#946 – CA Aldosivi : el Tiburón

Le requin, qui, dans un style simplifié, trône fièrement sur la gauche du blason. Ce club argentin de Mar el Plata a une connexion particulière avec la France. Le gouvernement argentin lança le 12 décembre 1909 un appel d’offres pour la construction d’un port à Mar del Plata et, le 26 novembre 1910, ce fut la solution des ingénieurs entrepreneurs français Allard, Dolfus, Sillard et Wirriot qui remporta ce concours. Leurs ouvriers décidèrent de créer un club de football pour s’adonner à leur nouveau loisir. Pour le nom de leur association, ils prirent les premières lettres de leur employeur ALlard, DOlfus, SIllard et WIrriot.

Le surnom du club est tiré à la fois de la situation géographique de la ville de Mar el Plata ainsi qu’au tempérament prétendu ou réel de l’équipe. Située sur la côte Atlantique, au bord de la Mer d’Argentine, Mar el Plata est un important port et une station balnéaire renommée. L’objectif initial de ce port était d’exporter la production des riches plaines fertiles de l’intérieur du pays vers les pays consommateurs européens. Aujourd’hui, il est principalement tourné vers les activités de pêche (en 2007, 44 000 tonnes de poissons transitaient dans le port) tandis que le transport de céréales et l’importation de pétrole demeurent des activités secondaires. Le tourisme s’est également développé. Ainsi, le port accueille une réplique de la grotte de Lourdes. Surtout, une réserve d’otaries, située sur une plage de la côte intérieure de la digue sud, abrite une colonie de 800 spécimens mâles. Le conseil municipal déclara l’animal « monument historique » de Mar del Plata. Mais, pour représenter le lien de la ville, de son club de foot avec la mer, l’otarie apparaissait peut-être trop gentil. Ce fut donc un autre animal maritime et endémique qui inspira le surnom, le requin. En effet, en Mer d’Argentine, il existe une trentaines d’espèces de requins, présents à la fois sur les côtes, en pleine mer et dans les profondeurs. Beaucoup d’entre eux sont migrateurs. Les plus communs sont le requin épineux et la roussette, qui peut atteindre un mètre et demi. Les plus grands sont le requin cuivre, requin-taureau ou le requin plat-nez, avec environ 3 mètres de long.

Le surnom apparût en 1975 quand le club remporta 3 titres consécutifs dans la ligue régionale (1973, 1974 et 1975) et joua ces 3 mêmes saisons en première division. Lors de cette dernière saison, il remporta même un match face à Boca Junior, 2 buts à 1. Le surnom devait donc se rapporter au port mais surtout le requin est le roi des mers (comme le lion l’est sur terre). Or, l’équipe semblait dévorer ses adversaires comme le requin.

Aujourd’hui, si le requin apparaît sur l’écusson, le club possède également une réplique de requin de 20 mètres de long qui se ballade sur le terrain à chaque match à domicile. En outre, en 2015, l’équipementier du club sortit un maillot gris, avec pour motif, la peau d’un requin.

#945 – MOL Fehérvár FC : Vidi

Diminutif de l’ancien nom du club, Videoton. Videoton, un nom qui résonne pour les amateurs de football qui se souviennent de cette équipe hongroise au nom original, capable de quelques exploits en Coupe d’Europe. Il faut notamment se rappeler de cette saison 1984-1985 où le club alors entrainé par Ferenc Kovács réussit un parcours formidable en Coupe de l’UEFA pour atteindre la finale. Videoton vainquit le Dukla Prague au premier tour, le Paris Saint-Germain au deuxième tour, le Partizan Belgrade au troisième tour, Manchester United en quart de finale puis les bosniaque du Željezničar Sarajevo en demi finale. En finale, Videoton échoua face au Real Madrid, avec tout de même une victoire honorifique au match retour à Santiago Bernabeu

L’histoire de Videoton est une succession de relation intime avec des entreprises. Tout démarra en 1941 quand l’entreprise de fabrication de munitions, Vadásztölténygyár, fonda le club sous le nom de Székesfehérvári Vadásztölténygyár SK. Les équipes étaient alors composées d’ouvriers de l’usine locale dans ses premières années. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, l’outil industriel de la ville sortit fortement endommagé. Toutefois, la production de munitions de chasse redémarra. Nationalisée à partir de 1955, l’usine étendit sa production en concevant et vendant de l’électronique grand public (tels que des radios et des téléviseurs), du matériel informatique et des produits électroniques de défense sous la marque Videoton. Inondant de ses produits les pays du bloc de l’Est, Videoton devint le centre électronique de la Hongrie. 100 000 unités du premier poste radio furent produites en 1958 et dès l’année suivante, la production doubla. En 1959, le premier téléviseur noir et blanc sortit de l’usine et à la fin des années 1960, plus de 200 000 téléviseurs étaient produits annuellement. Dans les années 1970 plus d’un million d’autoradio étaient exportés. À partir de la fin des années 80, l’entreprise prit le nom de Videoton Electronics Company et possédait des usines à Ajka, Enyingen, Sárbogárd, Tabo et Veszprém. L’usine de Székesfehérvár comptait près de 20 000 employés. Elle figurait parmi les dix premières plus grandes entreprises hongroises et, en 1988, elle a réalisé un chiffre d’affaires de près de 20 milliards de HUF.

Après plusieurs changements noms, le club prit, en 1968, celui de la marque Videoton, qui avait alors une belle réputation. Le club devenait aussi l’un des vecteurs de communication de la société. Au début des années 1990, avec la chute du bloc de l’Est, la société Videoton vit son carnet de commande dramatiquement fondre et se trouvait alors au bord de la faillite. Le club connut naturellement les mêmes difficultés et l’arrivée du sponsor Waltham (dont le nom s’intégra dans celui du club) permit d’éviter sa banqueroute. Le 15 décembre 1993, le Videoton-Waltham FC, créé à l’été 1991, tint une assemblée générale extraordinaire et déclara sa dissolution, Waltham n’étant plus en mesure d’assurer le soutien financier. Le club renait sous le nom de Parmalat FC grace à l’adossement avec l’industriel italien de l’agro-alimentaire. Mais, dès 1995, la municipalité dut intervenir financièrement et le club prit alors le nom de Fehérvár Parmalat FC. A la fin de la saison, Parmalat renouvela son parrainage mais disparut du nom du club qui devint Fehérvar 96 FC. La société Videoton continuait durant cette période à être un des sponsors du club. Privatisée en 1996, la restructuration de Videoton lui permit de sortir de sa léthargie. Et l’année suivante, Videoton faisait son retour dans le nom du club (Videoton FC Fehérvár). Seulement le début des années 2000 fut marqué par la crise du secteur informatique qui affaiblit une nouvelle fois la société. De son côté, le club de football s’enfonça dans une crise managériale et financière. Videoton Holding annonça qu’il ne soutiendrait plus l’équipe en raison des événements entourant le club, et révoqua le droit d’utiliser le nom à partir de septembre 2004, le club concourant alors sous un nouveau nom, FC Fehérvár. Toutefois, la formule latine veni, vidi, vici s’inscrivait dans l’écusson du club à cette époque (vidi était même souligné), afin de marquer le lien avec le nom historique du club. En 2007, après quelques tergiversations, l’entrepreneur István Garancsi racheta l’équipe. Il assainit la situation financière du club et régla les problèmes d’organisation. Constatant l’aplanissement de l’environnement du club, la société Videoton accepta de concéder sa marque au club qui redevint le Videoton FC. István Garancsi comprennait l’intérêt marketing de reprendre le nom historique. En 2010, la société pétrolière et gazière hongroise MOL devint un des sponsors du club. En 2018, tout juste champion de Hongrie pour la 3ème fois de son histoire (2011, 2015 et 2018), MOL souhaitait alors augmenter son investissement dans le club et apparaître dans le nom. Le président István Garancsi expliqua alors que les noms de deux sociétés (Videoton et MOL) ne pouvaient pas cohabiter dans la dénomination du club, en particulier si l’une payait (MOL) et l’autre non (Videoton), voire réclamer des sous. Ainsi, le club se nomma MOL Vidi FC, Vidi permettant de garder encore le lien avec l’histoire. L’année suivante, la municipalité estima que le club devait aussi se rapprocher de la cité et faire comme les autres associations sportives de la ville en portant fièrement le nom de la ville. Comprenant que ceci pouvait favoriser les relations avec le pouvoir administratif, la direction du club décida de changer de nom pour MOL Fehérvár FC. Le terme Vidi ne disparaissait pas pour autant puisqu’il continuait d’apparaître dans sur les interfaces de communication du club, dans le stade et sur les produits VidiShop.

#944 – Panionios Athènes : Κυανέρυθροι

Les rouge et bleu. Dès le XIVème siècle et pendant de nombreuses années, la Grèce viva sous le joug ottoman et une importante communauté grecque habitait en Asie Mineure, territoire naturelle de la Sublime Porte. Pendant cette cohabitation, la culture grecque fut à la fois intégré dans la culture ottomane qui fut elle-même influencée par celle des grecs. En outre, le statut du millet, qui protégeait les minorités de l’Empire, permit à la langue grecque et à la religion orthodoxe de cimenter l’identité grecque. Au XIXème siècle, alors que le trop grand Empire Ottoman déclinait, la nationalisme grecque retrouvait une certaine vigueur qui conduisit en 1830 à l’indépendance de la Grèce. Les grecs d’Asie Mineure continuèrent à vivre à Constantinople ou Smyrne. Pour défendre leur identité, ils créèrent des associations culturelles qui dévièrent par la suite vers le sport. Ainsi, le 14 septembre 1890, des jeunes des éminentes familles grecques de Smyrne (Izmir) décidèrent de créer une association dénommée « Orphée ». Mais, après la défaite militaire des Grecs face aux Turques, les populations grecques d’Asie Mineure (1 300 000 personnes) émigrèrent vers la Grèce. Ils se regroupèrent et refondèrent rapidement leurs associations culturelles et sportives dans leur nouvelle patrie. Les membres de Panionios se retrouvèrent ainsi à Athènes et poursuivirent leurs activités dès le 20 novembre 1922

Quand les joueurs évoluaient encore à Izmir, les couleurs du club étaient le rouge et le blanc. Soit un maillot rouge avec un short blanc. Soit maillot et short blancs, traversé par une diagonale rouge. Le déracinement et la renaissance du club à Athènes amenèrent à changer les couleurs pour les actuelles, bleu et rouge. L’explication la plus probable sur ce choix demeure la référence à leurs origines anatoliennes. En effet, ces deux couleurs furent longtemps associés à la communauté grecque d’Asie Mineure. Par exemple, au début du XXème siècle, leurs navires arboraient une enseigne dite « gréco-ottomane » (Γραικοθωμανική παντιέρα) composée de deux bandes horizontales rouges en haut et en bas et, entre, une bande bleu horizontale. De même, la Principauté de Samos, une île grecque indépendante mais sous domination ottomane entre 1832 et 1913, qui se situe au Sud d’Izmir, avait pour drapeau une croix blanche, avec les deux quartiers inférieurs bleus et les deux supérieurs rouges. Avant son rattachement à la Grèce en 1908, la Crète avait un drapeau similaire à celui d’Izmir (croix simple blanche, avec le quartier supérieur gauche en rouge (incluant une étoile blanche à cinq branches), symbolisant la suzeraineté ottomane, et les autres quartiers en bleu). Pour tous ces drapeaux, le bleu rappelait la Grèce (il s’agit de la couleur du drapeau national) et le rouge l’Empire Ottoman (de même pour le rouge du drapeau de la Sublime Porte). Grèce et Empire Ottoman, les deux racines de cette communauté. Pour le club de Panionos, on donna une signification supplémentaire à ces deux couleurs : le bleu est la couleur de la mer et le rouge du sang des réfugiés.

Il existe de nombreuses versions différentes, qui tentent de déchiffrer la signification et l’origine du bleu dans le drapeau grec, communément appelé Γαλανόλευκη (le bleu et blanc). Le bleu pourrait faire référence à la géographie et climat de la Grèce (le ciel et la mer qui entoure la Grèce) ou aux valeurs morales des grecs (la justice, le sérieux et la loyauté) mais se rattacherait également à l’histoire riche du pays. En effet, le blanc et le bleu étaient (i) les couleurs du voile liturgique de la déesse Athéna, (ii) des motifs du bouclier d’Achille, (iii) de certaines bannières des armées d’Alexandre le Grand, (iv) des toges habituellement portés par les grecs dans l’antiquité et (v) des armoiries, drapeaux et emblèmes de certaines dynasties royales et familles nobles byzantines dont la dynastie macédonienne (IXème – XIème siècle) ou la puissante famille crétoise des Callergis (leur emblème étant d’ailleurs très proche du drapeau de la Grèce) qui prétendait descendre de l’empereur byzantin Nikephoros II Phokas. Du côte de l’Empire Ottoman, son drapeau était le même que celui de la Turquie actuelle, dont l’un des noms est Al bayrak (drapeau rouge) ou encore Al sancak (bannière rouge). L’origine de la couleur rouge n’est pas documentée mais il est possible que le rouge de la bannière tétragrammatique des Paléologues soit une des sources. D’autres avancent que le rouge était souvent utilisé dans la croyance chamanique, avant l’islamisation des populations turcophones.

#943 – Pau FC : les Maynats

Les garçons en béarnais (prononcé Maï-Nah-Tsse – Merci à Gillen). Au Sud de la France, au pied des Pyrénées, la ville au célèbre maire, François Bayrou, est le chef-lieu du département des Pyrénées-Atlantiques mais fut surtout entre 1464 et 1620 la capitale de la principauté du Béarn. Cette région historique connut son indépendance entre 1347 et 1620 mais surtout possède une culture riche et forte. Sa langue, le béarnais, demeure l’un des éléments différenciant et marqueur de son identité. Il s’agit d’un parler occitan, qui fut la langue institutionnelle de ce territoire durant sa période souveraine. Il resta longtemps la langue parlée dans le territoire bien que l’intégration du français se développa, notamment avec son annexion par le Royaume de France en 1620. Son usage recula à compter du XIXème siècle mais connut une nouvelle vie à partir de la seconde partie du XXème siècle. Selon une enquête réalisée en 2008 par la région Aquitaine, 8% des personnes interrogées déclarent parler béarnais sans difficulté, ce qui représenteraient 29 locuteurs. En outre, 7% estiment pouvoir tenir une conversation simple en béarnais. D’où, au final, 15% des populations vivant dans le Béarn parleraient le béarnais, environ 55 000 béarnophones. Maynats est donc le terme béarnais qui signifie les enfants comme les gones en lyonnais (#2), les minots en provençal (#298) et les pitchouns en occitan (#434). Il est utilisé pour les joueurs mais de manière général pour désigner les enfants.

#942 – Auckland City FC : the Navy Blues

Les bleus marines. En 2004, un nouveau championnat néo-zélandais, dénommé New Zealand Football Championship (NZFC), vit le jour en remplacement de la National Soccer League, avec un système fermé de franchises. Ainsi, huit nouvelles franchises furent créer en substitution des clubs traditionnels. Pour faciliter l’attachement des fans à ses nouvelles marques, les clubs choisirent des couleurs uniques et en lien avec leur territoire. Ainsi, Auckland City opta pour le bleu, couleur traditionnelle de la cité du Nord du pays. D’ailleurs, la franchise de Rugby à XV d’Auckland, fondée en 1996, s’appelle tout simplement Blues. Normalement, le bleu traditionnel tire plus vers le bleu clair mais, en observant l’écusson du club, on comprend que le bleu marine représente aussi le lien de la cité avec la mer.

Grande ville métropolitaine de l’île du Nord de la Nouvelle-Zélande, Auckland baigne entre deux eaux, colonisant l’isthme qui relie la Péninsule de Northland au reste de l’île du Nord. D’un côté le Golfe de Hauraki qui s’ouvre sur l’Océan Pacifique. De l’autre, la Mer de Tasman. Avec cette exposition, la ville se tourna naturellement vers les activités maritimes, au point d’avoir deux ports. Au Nord, le port de Waitematā qui s’étend à l’Est jusqu’au Golfe de Hauraki. Au Sud, le port de Manukau qui s’ouvre à l’Ouest sur la Mer de Tasman. Le port de Waitematā (Waitematā Harbour) est l’infrastructure portuaire principale de la ville et est donc souvent simplifié en Port of Auckland. S’étendant sur 55 hectares, il constitue le plus grand port commercial de la Nouvelle-Zélande, manipulant pour plus de 20 milliards de dollars néo-zélandais de marchandises par an. Le port d’Auckland gère le mouvement de 60 % des importations néo-zélandaises et de 40 % de ses exportations. 811 565 containers (équivalent 20 pieds) sont passés par le port en 2022. Le port de Manukau est le deuxième plus grand port naturel de Nouvelle-Zélande par sa superficie et concentre ses activités sur la pêche, la plaisance et les sports maritimes. Les deux ports sont gérés par la société publique Ports of Auckland. Les activités maritimes ont toujours constituées l’une des principales ressources de la ville. Au milieu du XIXème siècle, les colons commencèrent à bâtir un port et dès les années 1920, ce dernier devint le port principal de Nouvelle-Zélande. Selon des études économiques, 173 000 emplois dans la région d’Auckland dépendent du commerce via les ports, qui concentrent un tiers de l’économie locale. Le recensement de 2001 montra que 60 500 des 149 900 marins du pays vivaient dans la région d’Auckland. Résultat, depuis plus de 30 ans, la ville acquit le surnom de City of Sails.