#1181 – SVV Scheveningen : de Schollekoppen

Les têtes de plie. Evidemment, vous aurez compris que ce surnom n’est pas flatteur. Il n’est pas un juron qui compare la tête des habitants de Scheveningen à un mille-feuille. Ici, le sobriquet rappelle l’histoire et l’économie florissante que fut la pêche pour ce quartier de La Haye puisque la plie est le nom vernaculaire désignant généralement des poissons plats. Evidemment, les habitants de La Haye l’attribuèrent avec dédain à ceux de Scheveningen mais ces derniers se l’approprièrent avec fierté.

Les premières mentions de ce village apparaissent au XIIIème siècle et à cette époque, le hameau se développait en particulier sur de jeunes dunes, le long de la côte de la mer du Nord. Avec une mer à proximité et abondante en poissons, une demande importante liée au développement de la cour comtale dans l’ancien La Haye ainsi que des terres où l’élevage et l’agriculture étaient pratiquement impossibles, Scheveningen se tourna rapidement vers la pêche malgré l’absence de port. Ainsi, les bateaux pêchaient non loin de la côte, s’amarraient sur la plage et se concentraient sur la capture de poissons plats ou ronds (plie, limandre, sole, églefin, raie, morue …). Au XVIème siècle, la plie constituait la principale ressource et produit d’exportation de la ville.

À partir du milieu du XIXème siècle, suite à la levée de certaines restrictions de pêche, les pêcheurs de Scheveningen se tournèrent vers le hareng. En 1903, un port maritime fut ouvert et un second en 1931, ce qui permit un développement encore plus important de l’activité. Scheveningen demeura le lieu du hareng par excellence jusqu’à quelques décennies après la Seconde Guerre mondiale. L’activité de la pêche modela toute la ville et tout un environnement se développa dont les séchoirs à poisson, une criée aux poissons, des chantiers navals … . Au cours des années 1960, un tournant se produisit pour cette industrie si importante pour Scheveningen. En raison de la surpêche en mer du Nord, de la vétusté des navires de sa flotte et à l’évolution des techniques de pêche, il était nécessaire d’aller pêcher de plus en plus loin et avec des bateaux beaucoup plus modernes mais le manque de capitaux empêcha la transformation de l’activité à Scheveningen et le déclin s’enclencha. Aujourd’hui, la flotte de pêche de Scheveningen se compose d’une quinzaine de chalutiers et la ville est devenue une station balnéaire ainsi qu’un port de plaisance.

Pour la petite histoire, si le club bénéficie d’une petite notoriété car il navigue dans les plus hautes sphères amateurs des ligues hollandaises depuis des décennies, il fut surtout le club hollandais invité à participer à la première Coupe des Clubs Champions en 1955 par le journal l’Equipe. Mais, il déclina l’invitation et fut remplacé par le PSV.

#1180 – SK Dnipro-1 : чорно-жовті

Les noir et jaune. Pour un club relativement jeune (fondation le 29 novembre 2015), il s’est fait rapidement une place dans le paysage footballistique ukrainien. Vice-champion de division 3 lors de la saison 2017-2018. L’exercice suivant, le club remporta le titre de champion de division 2. Puis, en 2022-2023, il devint vice-champion de première division. Le club fut fondé à l’initiative de l’homme politique ukrainien Yury Bereza et de l’homme d’affaires Gennady Polonsky. Tout s’accéléra pour Dnipro-1 quand le club historique de la ville, le FK Dnipro, rencontra des difficultés financières qui engendrèrent une crise sportive. En 2019, après 100 ans d’existence et une finale de Ligue Europa en 2015, le FK Dnipro fit faillite et ce qui restait du club, principalement son académie de formation, rejoignit le Dnipro-1. L’ancien footballeur international Andriy Rusol, qui avait joué 8 ans pour le FK Dnipro, s’associa à cette nouvelle aventure. Le Dnipro-1 devenait ainsi le successeur du FK et le club numéro un de la ville. Pour autant, il ne reprit pas les symboles du FK et conserva les siens, dont ses couleurs noir et jaune.

Le fondateur Yury Bereza est un militaire, homme d’affaires et homme politique qui s’illustra lors de l’apparition des manifestions pro-russes en Ukraine et les premières insurrections dans le Donbass. En Avril 2014, les militants pro-russes organisèrent des référendums dans les régions de Louhansk et de Donetsk afin d’obtenir leur sécession de l’Ukraine et leur intégration dans le giron russe. L’Etat ukrainien et son armée étant en faillite financière et organisationnelle, le ministre de l’intérieur Arsen Avakov prit la décision de former des milices armées avec pour objectif de rétablir l’ordre dans les régions de l’Est. Le 14 avril 2014, le bataillon dénommé Dnipro-1 fut créé comme une force spéciale du Ministère de l’intérieur, avec le soutien financier de l’oligarque Ihor Kolomoïsky. Au printemps, le bataillon sévit dans les régions de Donetsk et de Dnipropetrovsk et participa à la libération de Marioupol en juin 2014. Son commandant d’alors était Yury Bereza. Soucieux de ses troupes (et de son image), il poussa à la fondation d’un club de football dont l’objectif principal était de réhabiliter et d’aider les militaires à travers le sport. La nouvelle association reprit le nom du bataillon, Dnipro-1, ainsi que son emblème intégralement noir, qui se compose du trident ukrainien (tryzoub). Mais si le noir et le jaune orangé sont les couleurs apparaissant sur le blason du club, l’équipe évolue dans des maillots bleu et jaune, les couleurs nationales.

#1179 – FK Žalgiris Vilnius : Žalgiris

Pour les connaisseurs de sport, le mot Žalgiris, qui signifie forêt verte, a une résonance particulière, qui renvoie à la balle orange, au célèbre club du Žalgiris Kaunas, vainqueur de l’Euroleague en 1999. Mais, en Lituanie, le club de basket n’est pas l’unique porteur de ce nom. On retrouve principalement deux clubs de football (FK Žalgiris Vilnius et FK Kauno Žalgiris, section football du club de basket) et un de handball féminin (MRK Žalgiris Kaunas). Fondé en 1947, le club de Vilnius se dénomma au départ Dinamo puis l’année suivante, il prit le nom de Spartak. Žalgiris s’imposa en 1962 et est resté jusqu’à ce jour. L’utilisation de ce nom rappelle une bataille historique, symbole de résistance des Lituaniens face aux envahisseurs et une source de fierté nationale.

Le 15 Juillet 1410, les moines-chevaliers de l’ordre teutonique affrontèrent les troupes du Roi Ladislas II Jagellon de Pologne et le Grand-Duc Vytautas de Lituanie. Depuis deux siècles, les Teutons s’étaient installés dans des régions de Pologne et de Lituanie, et pour des raisons soi-disant religieuses, réalisaient des raides en Pologne et en Lituanie. A force, l’occupation et ces expéditions exaspèrent, surtout après la conversion au Christianisme de ces deux pays. En mai 1409, les soulèvements dans les régions teutoniques à l’encontre des chevaliers débutèrent et trouvèrent pour soutien le Grand-Duché de Lituanie puis le Royaume de Pologne. Et donc, en Juillet 1410, les forces en présence allaient s’affronter dans une plaine partagée en trois villages : Grünfelde à l’ouest, Tannenberg au nord-est et Ludwigsdorf au sud. Pour les chroniqueurs polonais, le nom du village Grünfelde fut traduit en Grünwald, littéralement « forêt verte » en allemand. Les Lituaniens suivirent leur exemple en traduisant le nom par « Žalgiris ». Pour les Allemands, la bataille prit le nom Tanenberg qui désigne une « colline de sapins » ou « colline de pins ». La bataille fut remportée par les armées lituano-polonaises et devint un symbole nationale pour les deux pays. En Lituanie, la victoire représente l’apogée politique et militaire du Grand-Duché. Repris par les mouvements nationalistes lituaniens, elle inspira leur résistance face aux politiques de germanisation et de russification de ses grands voisins. En effet, dans l’imaginaire nationale, elle marque la victoire d’une petite nation opprimée face à un ordre Teutonique, décrit comme des envahisseurs assoiffés de sang.

#1178 – CD Los Chankas : los Guerreros Chankas

Les guerriers chankas. Fondé en 1989, le club évolua jusqu’en 2015 en 3ème division péruvienne. Puis, enfin, en 2023, le club accéda à l’élite du pays. En à peine 35 ans, le club a également changé 3 fois de nom. Situé dans la ville d’Andahuaylas, dans la région d’Apurímac, le club débuta son existence avec le nom de Straiker et avec une équipe composée quasi-exclusivement de policiers. Au fil des années, le nom fut modifié pour devenir Club Deportivo Cultural Santa Rosa en l’honneur de la sainte patronne de la police nationale du Pérou (Santa Rosa de Lima). Enfin, avec l’élargissement de ses supporteurs et de ses membres, en 2021, la direction adopta un nouveau nom, Club Deportivo Los Chankas, en hommage au peuple précolombien originaire d’Andahuaylas, les Chancas. Le blason du club arbore la tête d’un guerrier chankas.

Entre le Xème siècle et le XVème, un peuple précolombien du nom de Chancas habitait dans les provinces actuelles d’Ayacucho, Apurímac et Huancavelica. D’origine inconnue mais apparu au moment de la disparition de l’empire Wari, ce peuple s’organisait en deux nations : d’un côté les hanan (hauts) chankas et de l’autre côté les urin (bas) chankas. Ces derniers étaient localisés à Andahuaylas. Leur culture et mode de vie demeurent peu connus mais les preuves archéologiques montrent un peuple agriculteur-guerrier. A leur apogée, ils s’opposèrent aux Quechuas, un peuple voisin et allié des Incas, et aux Incas. Ils furent vaincus par la Sapa Inca (Empereur) Pachacutec en 1438. Selon certaines traditions incas, les urin chankas auraient été battus plus tôt, vers l’an 1230, lorsque le Sapa Inca Mayta Cápac et son armée traversèrent la rivière Apurímac. Toutefois, les guerriers chancas avaient la réputation d’être sanguinaires, infligeant aux soldats ennemies vaincus des châtiments cruels. Les historiens contemporains leur attribuèrent même le surnom de vampire des andes. Tout un programme.

#1177 – Côme 1907 : Lariani

Grace à son lac, sa nature luxuriante, son climat doux et ses vues sublimes, la ville de Côme constitue une destination de charme prisée, souvent considérée comme l’une des plus romantiques et belles du monde. Mais, depuis quelques jours, elle a regagné ses galons sportifs. 20 ans après sa dernière apparition, l’équipe de football fait de nouveau partie de l’élite italienne, la Série A. Et les habitants se mettent à rêver d’un destin footballistique, avec les propriétaires du club, les frères indonésiens Hartono, 71ème et 76ème fortunes mondiales selon le classement Forbes qui font du club, le plus riche de Série A. Au côté des Hartono, d’autres grands noms ont aussi investi comme Thierry Henry, Denis Wise et Cesc Fabregas. Quand en 2019, les frères Hartono reprirent le club, ce dernier venait de nouveau de faire faillite (à deux reprises au cours des deux dernières décennies) et redémarrait tout juste Série D. 5 ans plus tard, Côme est donc de retour en Série A.

Le surnom du club ne provient pas de son histoire mais de la situation géographique de la ville. Son lac se dénomme en italien lago di Como ou Lario, qui dérive directement de son nom latin de Larius lacus (qui donna donc le surnom lariani). Car l’environnement enchanteur du lac séduisait dès le premier siècle après JC, les riches citoyens romains dont les villas et les fermes parsemaient les rives. Pline le Jeune y construisit les stations balnéaires de Comedia et de Tragedia. Puis, le le lac devint la résidence privilégiée des rois barbares. Par la suite, au XVIIIème siècle, la coutume du « Grand Tour », un voyage initiatique que les gens instruits entreprenaient pour visiter la ville, découvrir les œuvres d’art et admirer le paysage, se répandit dans toute l’Europe. Stendhal, Liszt, Bellini, Churchill et aujourd’hui George Clooney, Madonna et Donatella Versace profitèrent également de la région et investirent les prestigieuses demeures.

D’une superficie de 146 kilomètres carrés, le lac se distingue par sa forme en « Y » et constitue le troisième plus grand lac d’Italie, après le lac de Garde et le lac Majeur. Avec plus de 400 mètres de profondeur, c’est le cinquième lac le plus profond d’Europe. Le lac dessine un fjord, creusé dans les pentes montagneuses des Préalpes. Côme se situe à l’extrémité de la branche sud-ouest.

#1176 – CSD Municipal : el Mimado de la Afición

Le chouchou des fans. Fondé le 17 Mai 1936 par des employés municipaux de la ville de Guatemala, Municipal s’est constitué l’un des plus beaux palmarès du pays. Il partage la première place du pays avec son grand rival, Comunicaciones FC : 31 titres de champion du Guatemala (1942-1943, 1947, 1950-1951, 1954-1955, 1963-1964, 1965-1966, 1969-1970, 1973, 1974, 1976, 1987, 1988-1989, 1989-1990, 1991-1992, 1993-1994, Clôture 2000, Ouverture 2000, 2001, Clôture 2002, Ouverture 2003, Clôture 2004, Clôture 2005, Ouverture 2005, Clôture 2006, Ouverture 2006, Clôture 2008, Ouverture 2009, Clôture 2010, Ouverture 2011, Clôture 2017, Ouverture 2019), 8 coupes nationales (1960, 1967, 1969, 1994, 1995, 1998, 2003, 2004) ainsi que 5 supercoupes du pays (1952, 1967, 1977, 1994, 1996). Au plan continental, Municipal a mis tout le monde d’accord avec le plus beau palmarès guatémaltèque : une coupe des champions de la Concacaf (1974), la seule remportée par un club du Guatemala et 4 coupes Interclubes de l’UNCAF (1974, 1977, 2001, 2004).

Avec ce palmarès, Municipal est l’une des équipes les plus populaires du Guatemala et compte une large base de fans. Son stade Manuel Felipe Carrera, surnommé El Trébol, de 6 500 places affiche à quasiment chaque journée de championnat l’une des plus fortes affluences. La fréquentation peut atteindre plus de 6 000 personnes quand d’autres équipes évoluent devant moins de 300 spectateurs. Lors du tournoi de clôture 2019, le nombre de spectateurs cumulé au Trébol atteignait 62 509 personnes, record du pays bien que le club joua deux matchs de moins par rapport au champion, Antigua GFC. Pour la finale retour du tournoi de clôture 2024, la vente des billets débuta le 7 Mai dernier et en moins de 3 heures, toutes les places du stade El Trébol furent vendues.

Ce type de surnom se trouve souvent attribué en Amérique central, tandis qu’en Amérique du Sud, le terme el más querido (le plus aimé) est plus usité.

#1175 – Newport County AFC : the Exiles

Les exilés. Fondé en 1912, le club du Sud du Pays de Galles évolue depuis 1920 dans les ligues nationales anglaises quasiment sans interruption. Certes, il n’a jamais réussi à accéder à la seconde division mais Newport a connu un age d’or dans les années 1980, remportant notamment la Coupe du Pays de Galles en 1980 et parvenant en quart de finale de la Coupe des Vainqueurs de Coupe en 1981.

Après cette période, la descente aux enfers débuta. A l’issu de la saison 1986-1987, Newport fut relégué en 4ème division. Puis, la saison suivante, en avril, Newport stagnait à la dernière place, en passe d’encaisser plus de 100 buts, après avoir perdu trois matchs consécutifs 4-0 à domicile. En grande difficulté financière, tous les joueurs professionnels furent licenciés et l’équipe première puisa pour les derniers matchs de la saison des joueurs dans les formations de jeunes du club. Une défaite 6-1 suivie d’une autre 6-0 eurent raison des derniers espoirs du club et confirmèrent la 2ème relégation consécutive de Newport, cette fois hors ligues nationales pour la première fois depuis les années 1930. Face à une dette de 330 000 £, le club fit faillite le 27 février 1989.

À l’été 1989, 400 supporteurs se mobilisèrent, n’acceptant pas que leur ville ne comptât plus d’équipe de football, et refondèrent une nouvelle entité. Seulement la volonté populaire se heurta à deux adversaires de taille. D’un côté, la municipalité considéra que ce nouveau club n’était que l’héritier de l’ancien et devait donc s’acquitter de ses dettes (notamment des loyers du stade impayés) pour pouvoir s’installer dans l’enceinte historique de Somerton Park. De l’autre, la fédération galloise (Football Association of Wales) prétendait que le nouveau club n’avait aucun lien avec l’ancien et devait gravir les échelons du football gallois. Mais, comme le club voulait évoluer dans les ligues régionales anglaises (comme il l’avait toujours fait historiquement) et qu’il n’avait pas les moyens d’éponger les dettes, l’équipe de Newport s’exila pour la saison 1990-1991 dans la ville de Moreton-in-Marsh, dans le Gloucestershire, à 130 km de Newport. Comme le rappelait le président du club, David Hando, même si 400 fans de Newport se déplaçaient le week-end à Moreton-in-Marsh, « Every game was effectively an away game » (chaque match était effectivement un match à l’extérieur). A l’issu de la saison, Newport gagna sa promotion à l’échelon supérieur et la municipalité ne pouvait plus snober ce succès populaire et sportif. Newport réinvestit Somerton Park pour les saisons 1990-1991 et 1991-1992.

Néanmoins, le club refusa l’invitation de la fédération gallois à rejoindre la toute nouvelle ligue du Pays de Galles (à la demande de l’UEFA, une compétition nationale fut mise en place en 1992). Nouvelle ire de la fédération face aux clubs récalcitrants et nouvel exil pour Newport en Angleterre, à Gloucester (80 km de Newport). Le club intenta un procès à la fédération qu’il remporta en 1994. En 1995, les exilés revenaient définitivement à Newport, mais dans une nouvelle enceinte, Somerton Park ayant laissé place à des logements.

#1174 – ASC Jaraaf : le Prince

Au Sénégal, deux clubs dominent le palmarès local : la Jeanne d’Arc et le Jaraaf. Chacun représente un quartier de la capitale sénégalaise Dakar : le premier représente le quartier de Médina, tandis que le second incarne celui du Plateau. Mais, si la Jeanne d’Arc demeure le doyen des clubs de football sénégalais (1923), le club ne fréquente plus l’élite depuis 2011 et son palmares prend un peu la poussière, alors que celui du Jaraaf continue de s’enrichir.

Le club naquit le 20 septembre 1969 sous l’impulsion de la réforme « Lamine Diack ». Ministre du Sport du Président Léopold Senghor, Lamine Diack fit voter une loi instituant le regroupement des petits clubs pour créer de nouvelles places fortes sportives en mesure de s’imposer sur le plan continental. Lamine Diack, qui fut entraineur au Foyer France Sénégal, club fondé en 1933, invita son club à s’associer à d’autre. Ainsi, le Foyer France Sénégal se maria avec les Espoirs de Dakar, créé en 1958.

Le club compte 12 championnats du Sénégal, le record du pays (1968, 1970, 1975, 1976, 1977, 1982, 1989, 1995, 2000, 2004, 2010, 2018). La Jeanne d’Arc, 2ème plus grand détenteur de titre, en a 10. En Coupe du Sénégal, même refrain : le Jaraaf détient le record national avec 16 coupes, dont la dernière remporté en 2023 (1967, 1968, 1970, 1973, 1975, 1982, 1983, 1985, 1991, 1993, 1994, 1995, 2008, 2009, 2013, 2023). La Jeanne d’Arc est une nouvelle fois deuxième mais avec seulement 6 coupes. Le Jaraaf a aussi perdu 6 finales (1971, 1976, 1979, 1981, 1992, 2004). Résultat, avec ce palmarès fourni, le club se définit comme le prince du Sénégal.

#1173 – Incheon United FC : 파랑검정

Bleu et Noir, les couleurs traditionnelles de l’équipe de la ville coréenne d’Incheon. Après l’engouement suscité par la Coupe du Monde 2002 où Incheon avait accueilli un stade flambant neuf, les autorités de la ville prirent la décision de créer une équipe de football pour évoluer dans une première division, K-League, en cours de mutation. Fin 2003, Icheon United vit le jour, avec immédiatement pour couleurs, le bleu et le noir. Aucune explication n’a subsisté jusqu’à aujourd’hui, mais il se pourrait que le bleu représente le ciel et le noir la mer. Pas étonnant pour une ville côtière qui se développa autour de son port, deuxième plus grand de Corée du Sud. Pour célébrer sa fondation, le 1er mars 2004, Incheon United invita les japonais de Gamba Osaka, qui évolue également en noir et bleu.

Au fil des années, les couleurs ne changèrent pas, la seule modification étant l’introduction dans le maillot de rayures verticales. Ces dernières sont devenues une part de l’identité du club. Pourtant, en 2012, en proie à des difficultés financières, le club signa un nouveau partenariat avec l’équipementier français, Le Coq Sportif. La direction marketing décida alors de créer une nouvelle tenue intégralement bleu avec des parements rouges. L’idée était de donner une teinte plus vive au maillot que le mariage noir et bleu qui était jugé trop sombre, notamment pour les matchs nocturnes. Ce choix suscita une forte controverse, les supportèrent considérant que le club manquait de respect à ses traditions. Pour le défendre, l’entraineur Heo Jung-moo eut des mots malheureux « 바뀌었다고 해서 문제 될 건 없다. 세계적인 클럽들의 유니폼도 디자인과 색상이 자주 바뀐다! » (Il n’y a aucun problème avec le changement. Les designs et les couleurs des uniformes des grands clubs mondiaux changent fréquemment !) et surtout « 검정색과 파란색이 우리의 전통이라고 하는데 누가 정한 것인가 » (On dit que le noir et le bleu sont nos traditions, mais qui a décidé cela ?). Le club également tenta de défendre ce changement en indiquant que le nouveau maillot calquait le premier porté par les joueurs en 2004. Seulement, si le premier maillot était effectivement un uni bleu, les parements comme le short étaient noirs. Face à la fronde des fans qui boycottèrent le merchandising, le maillot traditionnel à rayures noires et bleues refit son apparition la saison suivante.

#1172 – Hakoah Amidar Ramat Gan : הסגולים

Les violets. Une couleur assez singulière dans le monde du ballon rond, qui distingue immédiatement/les équipes qui la portent. L’histoire de club se tisse d’abord de l’autre côté de la Méditerranée, en Allemagne et en Autriche. Le 22 juillet 1905, la communauté juive de Berlin fondait Club sportif de Berlin, qui devint par la suite le Hakoah Berlin. En Autriche, en 1909, un couple de sioniste créa le Hakoah Vienne. Les deux équipes étaient relativement performantes dans leurs ligues respectives, le Hakoah Vienne devenant même champion d’Autriche lors de la saison 1924-1925. Mais, d’un côté en Allemagne, la montée du nazisme freina au début la progression du club avant qu’il ne soit exclu de toutes les compétitions nationales, comme les juifs l’étaient de la société. De l’autre côté, le club de Vienne rassemblait la communauté juive mais véhiculait aussi les idées du sionisme, poussant ainsi les juifs à faire leur alia. Une partie des joueurs de ces clubs émigrèrent en Israël dans les années 1930 et se réunirent à Tel Aviv pour fonder le Hakoah Tel-Aviv en 1934.

Les moyens du club étant limités, ses membres cherchaient des mécènes et des soutiens pour les équiper. Comme le Hakoah Vienne avait de bonnes relations avec l’Austria Vienne, les anciens joueurs autrichiens contactèrent le club de la capitale autrichienne pour qu’ils les aident. L’Austria répondit positivement et envoya un lot de leur uniforme, maillot et short qui étaient donc de couleur violet.

En 1949, Hakoah fusionna avec un club de la banlieue de Tel Aviv appelé Hashar HaKfir et devint le HaKah Tel Aviv. L’équipe resta en couleur violet. 10 ans plus tard, une nouvelle fusion se réalisa entre le Hakah et le Maccabi Ramat Gan. La nouvelle direction incorpora alors au violet des touches de jaune, cette dernière étant une des teintes du mouvement Maccabi (cf. #123).