#1247 – Deportivo Riestra : los Malevos de Pompeya

Dans l’argot argentin, un malevo désigne un habitant de la banlieue de Buenos Aires, souvent avec un accent péjoratif. Car ce banlieusard était vulgaire, querelleur au point que le terme pouvait même désigner un brigand, la racaille. Mais, avant de rechercher les origines de ce surnom pour un club qui depuis deux ans évolue en première division (après près de 100 ans d’existence), revenons à l’environnement footballistique de la capitale argentine. Buenos Aires, la mégalopole qui respire le football, le cœur et les poumons du football argentin. Quand on s’extasie en France, de la prochaine arrivée d’un 2ème club à Paris, Buenos Aires compte pas moins de 36 enceintes de plus de 10 000 places et la première division argentine abrite sur 28 participants 15 clubs de la capitale et sa banlieue. Les cinco grandes del fútbol argentino, les 5 principaux clubs du pays (Boca Juniors, Independiente, Racing Club, River Plate et San Lorenzo de Almagro), résident tous à Buenos Aires. Et au-delà de ces grands représentants, chaque quartier de la capitale (48 au total) constitue un village, avec sa culture, sa population et qui a ses propres équipes de football, supportés par des fans enflammés (parfois un peu trop).

Nueva Pompeya, au Sud de la ville, est un quartier populaire, prolétaire avec une longue tradition de tango. Au XIXème siècle, il était connu sous le nom de quartier Bañado, car ses terres étaient souvent inondées par le cours d’eau Riachuelo. Mais, il était connu également sous le nom de Ranas et le terme rana désignait un homme intelligent et rusé, attributs des habitants de ce quartier. A cette époque, cette zone comptait une faible population, qui travaillait dans l’abattoir de bétail situé dans le quartier voisin du Parque Patricios. Ces résidents avaient un tempérament querelleur et l’environnement était dangereux. Puis, au XXème siècle, le quartier s’industrialisa et une classe laborieuse et prolétaire s’installa. Dans ce contexte, un groupe de jeunes de ce quartier formait une équipe de football qui participait à des tournois de quartier et était connue sous le nom de « los de Riestra » (ceux de Riestra), qui était l’avenue où se trouvait la laiterie où les jeunes se réunissaient. Le 22 février 1931, le club fut officiellement fondé. Club d’un quartier populaire, banlieue de la capitale, dont les habitants avaient une réputation querelleuse, de voyous, le terme malevo s’imposa comme surnom.

#1246 – Kabuscorp SCP : os Palanquinos

Les petits Palancas. Dans le district de Cazenga de la capitale angolaise, les week-end, les enfants des quartiers de Palanca, Rangel et Cazenga s’affrontaient dans des tournois de football. L’ancien militaire et businessman, Bento Kangamba, qui dirigeait le conglomérat Kabuscorp, décida d’unir les jeunes de Palanca et Cazenga sous la bannière d’un nouveau club qui fut fondé en Décembre 1994. Habitant le quartier, il plaça le siège du club à Palanca. 14 ans après sa création, Kabuscorp SCP intégra l’élite du football angolais et à peine 5 ans plus tard, il remporta le titre national, avec dans son effectif, le ballon d’or brésilien, Rivaldo.

Le P de SCP correspond à Palanca et donc au nom du district où réside le client. Mais, il ne faut pas réduire le surnom du club à son quartier de résidence. Car le Palanca représente surtout le symbole du pays. Il s’agit d’un animal endémique de l’Angola qui est une sous-espèce de l’antilope noire (ou antilope charbonnière ou zibeline) et qui n’est présente que dans deux endroits du pays, le parc national de Cangandala et la réserve naturelle de Luando. Elle se distingue par sa force, sa grande taille, notamment avec des cornes, recourbées vers l’arrière, pouvant mesurer jusqu’à 1m60 pour les males et sa capacité à sauter des barrières d’une hauteur de 2 mètres.

L’antilope occupe une place importante dans la culture africaine, en symbolisant la vivacité, la force et la beauté. Son apparence majestueuse l’élève, dans certaines tribus, au rang d’animal totem. D’ailleurs, il a gagné le statut d’idole national de l’Angola. Source de fierté pour les angolais, l’antilope est représentée sur de nombreux timbres, billets de banque et même sur le passeport du pays. On peut également le voir sur le fuselage de tous les avions de la compagnie aérienne nationale TAAG Angola Airlines. Dans le domaine du football, l’équipe nationale est surnommée palanca negras. Donc, pas étonnant pour Kabuscorp de jouer sur le nom du quartier et de ce symbole nationale, en l’affichant un temps sur son blason.

#1245 – Royal Francs-Borains : les Verts

Voila un club qui résume assez bien les déboires et turpitudes du football belge. L’histoire commença en 1922 lorsque fut établi le club du Sporting Club Boussu-Bois, qui obtint le matricule 167 en 1926. Le club connut des hauts et des bas entre les séries provinciales et quelques rares apparitions dans les championnats nationaux. Résultats, le 1er juillet 1982, le club fusionnait avec son voisin du FC Élouge, fondé en 1934, pour donner naissance au Royal Francs Borains Boussu-Élouges (qui en 1985 devint le Royal Francs Borains). Démarrage en trombe puisque le club remontait en division 3 puis dans les années 2000 s’établissait en seconde division. Mais, miné par des problèmes financiers, le Royal Francs Borains fut vendu à Dominique D’Onofrio, alors directeur sportif du FC Metz, associé à des investisseurs. La nouvelle direction déménagea le club à Seraing (à 130 km de Boussu), changea le nom en Seraing United et reprit les couleurs noires et rouges, afin d’être l’héritier du RFC Seraing. Suite au déracinement de leur club en province liégeoise, les supporters du Royal Francs Borains se retrouvaient sans aucun repère et cherchaient donc à recréer un club leader dans leur région du Borinage. Ils trouvèrent alors une association en perdition en région carolo, le Royal Charleroi-Fleurus, le reprirent et l’installèrent à Boussu, sous le nom de … Royal Francs-Borains.

Naturellement, le nouveau Francs-Borains abandonna les couleurs orange et noir du club carolo pour revenir aux teintes traditionnelles des Francs-Borains : vert, blanc et noir. Le noir était l’héritage du FC Élouge, qui traduisait le passé minier de la région. Le vert et le blanc provenait du Sporting Club Boussu-Bois. Revenons après la Première Guerre mondiale. Les soldats britanniques stationnant dans la province de Boussu pratiquaient le football qui séduisaient les jeunes belges. Georges D’Haussy aida à organiser les matchs et entrainements de ces jeunes et en 1921, Rodolphe Lamy, ingénieur à la « Société des Charbonnages Unis de l’Ouest de Mons » , mit à disposition un terrain de jeu dans le quartier Saint-Joseph. Tout était prêt pour fonder le Sporting Club Boussu-Bois, avec Rodolphe Lamy comme premier président. Or, il était ingénieur mais avait également joué à l’Union Sportive de Liège. Ce dernier avait opté pour le vert et blanc qui influença certainement les membres fondateurs du Sporting Club Boussu-Bois. L’avantage est que dans les années 1970, alors que les stéphanois enchainaient des exploits en Europe, le vert devint à la mode. Dans l’enceinte de Boussu-Bois, la chanson « Allez les Verts » résonnait alors dans les haut-parleurs en début de match.



#1244 – Lokomotiv Kiev : залізничники

Les cheminots. Vu le nom du club, le lien avec le surnom est évident. Ce club de la capitale ukrainienne a toujours représenté le monde ferroviaire. En 1919, le club de Zheldor (Залдор, qui est un diminutif de Chemin de fer) vit le jour à Kiev, avec le soutien de la compagnie ferroviaire, Південно-Західна залізниця (chemin de fer du sud-ouest), et de ses cheminots de la gare centrale. Le premier chemin de fer en Ukraine (alors dans l’Empire Russe) fut édifié en 1843 (un train tiré par des chevaux d’une longueur d’un kilomètre). Puis, les premières grandes lignes apparurent vers 1860, partant notamment de la capital Kiev. La gare de Kiev s’éleva pour accueillir deux chemins de fer : Kiev-Baltique et Koursk-Kiev. Le 7 juin 1870, la compagnie ferroviaire « chemin de fer du sud-ouest » fut fondée pour gérer l’exploitation ferroviaire de la partie occidentale de l’Ukraine, en particulier de Kiev jusqu’à Odessa. Au 1er janvier 1904, elle employait près de 50 000 personnes et en 1913, son réseau s’étendait sur plus de 4 000 km et la compagnie exploitait 1 480 locomotives à vapeur, 31 809 wagons de marchandises et 1 650 wagons de voyageurs.

En 1936, Zheldor changea de nom pour Lokomotiv, et donc demeura dans le giron du monde ferroviaire. Cette modification du nom n’était pas le produit du hasard. Le 5 Décembre 1935, à Moscou, le Comité central des syndicats ferroviaires et le Commissariat du peuple aux chemins de fer décidèrent de fonder une nouvelle société sportive qui avait pour objectif d’améliorer la santé des cheminots et de leurs familles. Le premier club de cette nouvelle association fut le Lokomotiv Moscou le 12 janvier 1936 et dans la foulée, celui de Kiev se rallia.

#1243 – Etoile Carouge : les Stelliens

Le terme stellien dérive du mot latin Stella qui désigne une étoile. Tout paraît logique pour un club qui se dénomme Etoile. Le football prend ses racines dans la commune de Carouge à la fin du XIXème siècle. En 1889, des étudiants fondèrent le FBS Studium, avec en tête la célèbre citation latine Mens sana in corpore sano (un esprit sain dans un corps sain). En effet, cette nouvelle association était une société littéraire avec une section sportive pratiquant le football. En 1900, le mélange des genres prit fin, la société abandonnant sa vocation culturelle pour se concentrer sur le football. Au passage, elle changea de nom pour devenir le FC Victoria. En 1905, le FC Victoria devint le FC Carouge. En parallèle de ce club, un autre vit le jour au début du XXème siècle sous le nom de FC Etoile Sportive du Léman, par la volonté de quelques écoliers âgés de 10 à 14 ans. En 1922, pour gagner en « puissance », l’Etoile Sportive et le FC Carouge opéraient leur fusion pour devenir l’Etoile Carouge.

Signe distinctif, évocateur d’une aura, de la noblesse ou la splendeur, l’étoile demeura le symbole du nouveau club et s’inscrit aujourd’hui encore dans son nom et, en couleur or, sur l’écusson du club. D’autres associations suisses avaient déjà opté pour ce symbole comme l’Etoile Sporting La Chaux-de-Fonds (fondé en 1898) ou l’Etoile Sportive FC Gland et aurait donc pu inspirer les fondateurs de Carouge. Une autre hypothèse pourrait également être avancée. Le 17 avril 1867, trois élèves (Charles Dupan, Charles Girard et Alfred Prévost) du gymnase de Genève décidèrent de fonder une société dont le nom était Stella. Cette association étudiante visait à créer entre ses membres des liens de camaraderie et d’amitié.

Alors pourquoi cette hypothèse paraît plausible alors qu’aucun document ne vient l’attester (en tout cas, je n’en ai pas trouvé) ? En premier lieu, l’association étudiante naquit au milieu du XIXème siècle et au début du XXème siècle, lorsque le club sportif émergeait, elle était bien établie, au point qu’une structure nationale dénommée Stella Helvetica regroupait depuis 1870 les 5 sections cantonales de Vaud, Genève, Neuchâtel, Berne et Zürich. En second lieu, Carouge est la banlieue de Genève où l’aura de l’association Stella pouvait déteindre. En troisième lieu, les fondateurs de l’Etoile Sportive était des écoliers qui pouvaient être influencés par le courant des mouvements étudiants. En quatrième lieu, en Suisse francophone et romande, le mot stellien désigne avant-tout les membres comme tout ce qui se rapporte à l’association étudiante Stella. Enfin, le symbole du club sportif est une étoile dorée tout comme celle qui orne la faluche des membres du Stella estudiantin.

#1242 – FC Nitra : Trogári

Les « canailles ». Le surnom s’est imposé comme celui des habitants de Nitra mais le mot trogár possède plusieurs significations. Dans le jargon de Nitra, il désignait un gars de la ville ou une canaille. Lorsque les mères grondaient leurs fils, elles leur disaient souvent « Ty si taký trogár, alebo trogárisko » (vous êtes vraiment des canailles). Mais, pour les villes et villages environnants, le terme avait une connotation plus péjorative : un bandit, un mendiant ou un ivrogne.

La capitale Bratislava et la ville de Nitra détiennent une riche histoire, en étant certainement les deux plus anciennes ville de Slovaquie. Les plus anciennes découvertes archéologiques à Nitra remontent à environ 25 000 à 30 000 ans et depuis 6 000 ans, la présence humaine dans la région est continue. Centre important des Celtes puis plus tard des Germains, les premiers slaves de Slovaquie s’installèrent au V-VIème siècle autour de Nitra. Ce surnom prend ses origines dans un épisode malheureux de la ville.

Au XVIIIème siècle, comme l’Egypte de Pharaon, la région enchainait les fléaux. Inféodée aux Habsbourg, la ville était secouée par des soulèvements nationalistes, notamment entre 1703 et 1711, avec une armée menée par des hongrois, les Kuruc. Ces évènements aboutirent à l’incendie de la ville en 1708. Suivirent une invasion de sauterelles et un tremblement de terre. Mais, la pire tragédie était à venir. En 1710 et surtout en 1739 et 1740, la peste revint à Nitra et les décès s’accumulèrent. Un quart de la population périt lors de ces épidémies. Pour transporter les morts jusqu’aux fosses communes, des brouettes simples, composées d’une planche droite, une roue et deux poignées, faisaient le tour de la ville de Nitra. Ces chariots se nommaient tragač et les charretiers qui effectuaient ce travail étaient alors appelés trogár. L’épisode marqua la ville. Une colonne en l’honneur de la Vierge, Mariánsky stĺp, fut érigée en 1750 en remerciement pour la fin de l’épidémie de peste. Le mot trogár demeura attaché aux habitants de Nitra.

#1241 – CSD Colo Colo : el Popular

Le populaire. Au Chili, le football se réduit souvent au match entre les 3 clubs de la capitale : Colo Colo, l’Universidad de Chile et l’Universidad Católica. Ces derniers trustent, en 2024, 67 championnats sur les 107 éditions de la première division chilienne ainsi que 23 Coupes nationales sur 43 éditions. Naturellement, avec une telle domination et une large zone de chalandise (Santiago, la capitale du pays avec 6,3 millions d’habitants), vous attirez des supporteurs. Et dans ce combat, il semble que Colo Colo a gagné le match.

Pour le mesurer, reportons nous à quelques enquêtes. Selon le média internet sudaméricain, BolaVip, en 2024, Colo Colo compte 58 500 socios actifs et 8 millions de sympathisants dans le pays, loin devant Universidad de Chile, qui dénombre 40 000 socios actifs et 4 à 5 millions sympathisants, et Universidad Católica, avec 11 567 socios et 2 à 3 millions sympathisants. Selon un sondage de l’organisme caritatif, Servicio Jesuita a Migrantes en Chile, Colo Colo est l’équipe préférée des immigrants au Chili, recueillant 46% des votes (seulement 27,6% pour Universidad de Chile). Enfin, la Confédération sud-américaine de football (CONMEBOL) a établi la liste des équipes les plus populaires du continent en 2016 et Colo Colo est ressorti premier club chilien du classement, à la 13ème place, avec 7 140 000 fans. Cette popularité se confirme dans les audiences télé. En 2023, sur TNT Sports, Colo Colo a été le programme le plus populaire en atteignant 185 941 foyers, soit une croissance de 28 % par rapport à la saison précédente.

Lorsque les fondateurs créèrent le club en 1925, ils le souhaitaient ouvert à tous et pour le signifier, choisirent d’inscrire les couleurs du pays dans le blason comme symbole. Dans les premières années, l’équipe se déplaça dans le pays (notamment au Sud) faire des tournées, ce qui favorisa le développement de son aura. Puis, en 1927, Colo-Colo fut la première équipe chilienne à parcourir le Vieux Continent, renforçant sa notoriété dans le pays. Surtout, Colo Colo se constitua un solide palmares, qui lui donna un grand prestige. Sans revenir sur les trophées nationaux (33 championnats, 14 coupes), l’un des grands exploits de Colo Colo fut de remporter la Copa Libertadores en 1991 (contre les paraguayens Club Olimpia), la seule gagnée par un club chilien. Cette finale a évidemment atteint le record d’audience de la télévision chilienne. On raconte même que les militaires lors du coup d’état de 1973 avaient conscience qu’ils ne pourraient pas le réaliser pendant une victoire de Colo Colo.

#1240 – CA Boston River : el Sastre

Le tailleur. Depuis 2016, Boston River est l’un des rares clubs à ne pas avoir quitté l’élite uruguayenne (à l’exception des grandes équipes que sont Peñarol et Nacional), et pourtant, malgré une longue histoire de 85 ans, 2016 marquait la première accession du club de Montevideo en première division. Son nom est original car il n’y a pas de rivière Boston en Uruguay et pour le comprendre, il faut remonter aux origines du club.

Au début de l’année 1939, fatigués de ne pas pouvoir jouer au football avec les équipes du quartier en raison de leur jeunesse, un groupe de garçons vivant dans le quartier Simón Bolívar de Montevideo décidèrent de fonder une équipe. Ce quartier du centre-ville de la capitale uruguayenne abritait depuis deux ans le Mercado Modelo, le plus grand marché de fruits et légumes d’Uruguay. Mais, l’inspiration pour le nom de l’équipe vint d’autres sources. D’abord, Juan Deri, le plus âgé des fondateurs, argentin et fanatique du CA River Plate, fut nommé premier président du nouveau club et en son honneur le nom de River fut incorporé à la nouvelle institution. Ensuite, une équipe de footballeurs séduisait les fondateurs de Boston River car elle se distinguait, dans les tournois de quartier, par son style de jeu collectif et offensif. Cette équipe représentait la « Sastrería Boston », l’échoppe d’un tailleur du quartier. Ainsi, le terme Boston fut accolé à River et le métier donna le surnom du club.

#1239 – Athens Kallithéa : Πεντάστερη

Les 5 étoiles. Le mercato de l’été 2024 a marqué le retour à 40 ans de Matthieu Valbuena dans le championnat grecque. Après ses passages à l’Olympique de Marseille et l’Olympique Lyonnais, Petit Vélo avait fait un séjour remarqué à l’Olympiakos entre 2019 et 2023. A son âge avancé (pour un footballeur), son point d’atterrissage a été un club de première division mais moins prestigieux d’Athènes, Athens Kallithéa.

Fondé en 1966, Athens Kallithéa s’était rapidement établi au sein de la seconde division nationale. Une première incursion au sein de l’élite avait été réalisée en 2002 mais le club redescendit en 2006. 2024 annonce le retour du club de la capitale (après le Panathinaïkós, l’AEK et Paniónios) au sein du plus haut échelon de la hiérarchie. Mais, est-ce vraiment un club d’Athènes ? Athens Kallithéa est apparu en 2022 lorsque le club omnisport GS Kallithéa, basé dans la banlieue éponyme d’Athènes, a décidé de renommer sa section football en ajoutant le nom de la capitale afin d’augmenter sa notoriété et d’élargir sa zone de chalandise. Ce renommage fut accompagné d’un relookage moderne du blason, oubliant au passage la tradition du club. En effet, les supporteurs s’offensèrent de l’abandon des cinq étoiles rouges barrant diagonalement l’ancien blason bleu et qui était le symbole de Kallithéa.

Mettons les choses au clair : la présence de ces étoiles ne témoigne pas du palmarès de Kallithéa, qui est famélique. Dans les années 1960, un mouvement de fusion de clubs de football fut initié dans toute la Grèce, sous l’impulsion de la junte militaire, qui souhaitait réduire significativement le nombre d’associations sportives afin d’une part créer des places fortes et d’autre part de plus facilement les surveiller et contrôler. La ville de Kallithéa ne fut pas exclue de cette démarche et quatre clubs (Esperos, Iraklis, Kallithea AE et Kallithaikos) fusionnèrent en Août 1966 pour donner naissance au GS Kallithéa. Pour symboliser ces 4 fondateurs, le blason de l’équipe affichait 4 cercles entrelacées. Les cercles représentaient l’harmonie et la fraternité entre les clubs. Un an plus tard, le club de Pyrsos s’associa, amenant à rajouter un 5ème cercle. Seulement, 5 cercles entrelacées introduisait une confusion avec le fameux symbole olympique. La décision fut prise en 1972 de remplacer les cercles par des étoiles, ajoutant du prestige à l’insigne.

A noter que le nouvel écusson présente un monogramme où se mêle les initiales du nouveau nom du club, « A » et « K », et qui possède 5 sommets, censés symboliser les 5 clubs fondateurs. Mais sans succès auprès de fans plus conservateurs … à juste titre.

#1238 – Boyacá Chicó : los Ajedrezados

Les joueurs d’échec. Malgré la jeunesse du club (fondé il y a seulement 22 ans, le 26 Mars 2002), Boyacá Chicó réussit à s’installer en première division en 2004 et devint le 3ème club de Bogota, derrière les deux géants Millonarios et Santa Fe. Pour parvenir à cette « popularité, il fallait réussir à créer une identité. Objectif difficile à réaliser étant donné la faible histoire du club et surtout quand au bout de 3 ans d’existence, il déménagea du quartier Sud de Bogota, Chicó, pour s’installer à 140 km au Nord de Bogota. Pourtant, un choix judicieux permit de le distinguer des autres clubs : un maillot à damier. Depuis sa création, le club cherche ses couleurs : noir et rouge jusqu’en 2003, noir et blanc de 2003 à 2007, vert et blanc en 2007 et en 2009, noir et bleu en 2008, blanc et bleu en 2010, puis retour au vert et blanc de 2010 à 2012, le noir et blanc en 2012, 2014 et 2015, avec une incursion en noir et orange en 2013, de nouveau vert et blanc en 2016-2017 et bleu foncé et blanc en 2018. Depuis, un accord semble avoir été trouvé avec un mariage de bleu (bleu foncé et bleu roi). Toutefois, les couleurs officielles du club sont le bleu et blanc, avec du orange qui apparaît sur l’écusson.

Dans cet arc-en-ciel de couleur, un élément du maillot est demeuré immuable : un damier. Assez peu de club dans le monde arbore ce type de tenue de manière régulière : Boavista au Portugal (cf. #159) et l’équipe nationale de Croatie. Exceptionnellement quelques clubs se livrèrent à cette originalité : Liverpool pour un maillot Third en 2020, Barcelone en 2019 pour son maillot à domicile et Lorient pour sa tunique originelle dans les années 1920 et repris en 2016. Pour Boyacá, le damier représente les échecs, un jeu d’intelligence et de stratégie, valeurs qui symboliseraient le style de jeu de l’équipe. Le damier s’imposa donc sur le maillot mais également sur le blason du club.