#1271 – Peñarol Montevideo : los Aurinegros

Les jaune et noir. Le club naquit le 28 septembre 1891 sous le nom de Central Uruguay Railway Cricket Club, sous l’impulsion de 118 salariés de la compagnie ferroviaire anglaise, Central Uruguay Railway Company (CURC). Depuis cette date, les couleurs qui identifient le club sont le jaune et le noir. La première chemise utilisée par le CURC en 1891 consistait en une chemise divisée en quatre sections carrées alternant entre le jaune-orange et le noir. Puis, rapidement, le maillot évolua en étant divisé en deux parties verticales, noire à droite et rayures oranges et noires à gauche. En 1910, le maillot actuelle, rayé verticalement jaune et noir, s’installa et depuis lors, il a été utilisé presque sans interruption avec très peu de variations.

La Central Uruguay Railway Company fut fondée en 1872 à Londres et était l’une des 4 sociétés de chemin de fer de l’Uruguay. Comme dans beaucoup de pays, en particulier en Amérique du Sud, les chemins de fer furent un vecteur du développement du football. D’une part, la masse des ouvriers constituait un vivier important. D’autre part, le réseau ferroviaire s’étoffa avec le soutien des experts en la matière, les ingénieurs et de cheminots britanniques qui émigrèrent dans les contrées sud-américaines en emmenant avec eux leur savoir-faire et leurs nouveaux loisirs tels que le football. Résultat, les fondateurs du club puisèrent dans leur quotidien les symboles du nouveau club. Or, les gardes-barrières de la compagnie portaient des vêtements jaune et noir. En effet, le jaune et le noir s’étaient imposées, au XIXème siècle, dans le monde ferroviaire en raison de l’une des premières locomotives à vapeur, the Rocket (la fusée), qui affichait ces deux teintes. Construite en 1829, elle fut conçue par l’ingénieur anglais George Stephenson, considéré comme l’un des « pères fondateurs » du chemin de fer à vapeur. Elle combinait plusieurs innovations de précédentes locomotives pour donner la machine la plus avancée de son époque et qui demeura la base de la plupart des moteurs à vapeur au cours des 150 années suivantes. Remportant le concours du Rainhill Trials, cette locomotive traînait treize tonnes à presque 25 km/h et pouvait atteindre la vitesse record de 56 km/h (sans charge). Elle fut exploitée sur la nouvelle ligne Liverpool-Manchester et sa fiabilité et ses performances aidèrent à l’expansion du chemin de fer. Stephenson choisit de peindre sa locomotive en jaune et noir. Il se serait inspiré des diligences les plus rapides de l’époque qui affichaient ces couleurs et ainsi il pensait suggérer vitesse et fiabilité.

#1270 – Nottingham Forest : the Tricky Trees

Les arbres rusés. Si on vous parle de Nottingham, vous pensez bien souvent à son shérif, l’ennemi traditionnel de Robin des Bois et de ses Joyeux Compagnons. Or, le fameux brigand au grand cœur se cachait dans la forêt de Sherwood, aujourd’hui à une trentaine de kilomètres de Nottingham. Couvrant actuellement 424,75 hectares, elle était auparavant un grand espace boisé royale, qui s’étendait, au Moyen Âge, du Nord du comté de Nottingham jusqu’à la cité de Nottingham. Or, au XIXème siècle, cette espace méridional avait été déboisée pour notamment accueillir l’Hippodrome qui fut nommé « Forest », en référence à la fameuse forêt de Sherwood. Et lors de ses premières années d’existence, le club évolua à l’Hippodrome de Forest, ce qui aurait donc inspiré son nom.

Durant longtemps, l’écusson du club ne joua pas sur l’identité forestière et préféra reprendre une version adaptée des armes de la ville. En février 1973, le quotidien « Nottingham Post » lança un concours pour concevoir un nouveau blason. Plus de 800 propositions, certaines provenant d’Australie, affluèrent dans les locaux du journal. Un jeune designer, David Lewis, qui travaillait au Nottingham Polytechnic (aujourd’hui Nottingham Trent University) remporta le concours. Au cours des mois suivants, le design de David fut peaufiné avec le secrétaire du club, Ken Smales, pour parvenir à l’écusson qui trône fièrement sur le maillot de Forest jusqu’à aujourd’hui. Il se compose d’un arbre, qui rend hommage à la forêt de Sherwood, avec, au niveau de ses racines, 3 traits en forme de vague, qui rappelle le Trent, l’un des principaux fleuves du pays et qui traverse Nottingham.

Ce changement d’identité coïncida avec l’arrivée à la tête de l’équipe de Brian Clough le 6 Janvier 1975 et accompagna le changement de dimension du club. Alors qu’il luttait pour le maintien, 5 ans plus tard, Nottingham avait remporté la Premier League en 1978 (alors que le club était un promu) suivi d’une Coupe de la Ligue. Puis, Nottingham atteignit les sommets en gagnant 2 fois d’affilée la Coupe des Clubs Champions en 1979 et 1980. Opposé au kick and rush, qui était dominant dans les clubs britanniques de la fin des seventies, Brian Clough imposa un style de jeu plus construit avec la balle à terre. Donc, ce nouveau logo, avec un arbre, et ce style de jeu surprenant et donnant des résultats imposèrent le surnom Tricky Trees, qui était une expression qui caractérisait des choses difficile à gérer, compliqué. Il signifiait donc que les joueurs de Nottingham étaient des adversaires plus coriaces qu’il n’y paraît à première vue.

#1269 – TOP Oss : TOP

Les initiales du nom du club ne signifient que ses membres le considèrent au top du football néerlandais. Mais, elles ont bien une explication qui ne résume pas à l’acronyme dans la langue locale de football club, racing club, club sportif ou association sportive. TOP fut fondé le 9 Avril 1928. Si à cette époque, la plupart des nouveaux clubs prenaient des noms classiques comme ceux évoqués plus haut, quelques appellations originales apparaissaient.

Tout d’abord, dans les premières années du football, les étudiants, à l’origine de ces nouvelles associations, souhaitaient allier la modernité de ce nouveau sport avec leur érudition classique et choisissaient donc des noms à consonnance latine ou d’autres langues étrangères (Juventus, Vitesse Arnhem #111) ou à la mythologie gréco-romaine (Atalanta Bergame #204, Ajax Amsterdam #243 et #936, Heracles Almelo #716, Aris Salonique #254, Hércules Alicante …). Dans le monde footballistique, il y eut également la mode des noms de clubs rendant hommage à une célébrité (Colo Colo #470, Vasco da Gama #194, Jorge Wilstermann #206, PFC Botev Plovdiv, Club Bolivar, Arturo Fernández Vial, CA Sarmiento de Junín …). Enfin, il y a ces choix plus originaux où les fondateurs reprirent une expression qui devait caractériser leur nouvel oeuvre (En Avant Guingamp #774, Club Always Ready #510, Fram Reykjavík #381, The Strongest). Ainsi, le club hollandais d’Oss s’inscrivit dans cette tendance. Deux étudiants, Ton Sleishauser et Cor van Schijndel, jouaient régulièrement au football après l’école sur une place de la ville. Enthousiastes, ils souhaitèrent embarquer leur jeune camarade dans cette pratique et décidèrent de créer une association le 9 avril 1928. Son nom devait être Klein Maar Dapper (Petit mais Brave) mais ils s’aperçurent que d’autres clubs portaient déjà ce nom. Leur choix se reporta sur TOP (Tot Ons Plezier – Pour notre plaisir). Il existait déjà des clubs avec ce nom mais peut-être moins répandus que KMP.

En 1994, la direction du club ajouta à TOP le nom de la ville, Oss. Puis, en 2009, une normalisation fut tentée, en optant pour le nom FC Oss, accompagné d’un changement d’écusson et de maillot (la traditionnelle tunique rayée rouge et blanche laissant sa place à un maillot orangé). La raison en était que la branche du football professionnel devait être séparée de la partie amateur. Evidemment, ce choix déplut aux amoureux du club. Et finalement, TOP fit sa réapparition à l’orée de la saison 2018-2019.

#1268 – FK Sarajevo : Bordo-bijeli

Les bordeaux et blanc. Le bordeaux ou grenat est une couleur bien singulière dans le sport, peu d’équipes l’affichant (FC Metz #144, Servette de Genève #96, CA Platense #1223, US Salernitana #1153, Carabobo FC #1022, CA Lanus #437, Rapid Bucarest #241, Torino #37). Sarajevo fait donc parti de ce cercle restreint. Fondé le 24 Octobre 1946 avec l’avènement du communisme en Yougoslavie, le club opta tout d’abord pour les couleurs bleu ciel et blanc.

A l’été 1962, le FK Sarajevo fut invité à participer à la Coupe Rappan, une ancienne compétition européenne. Alors que la Coupe des Clubs Champions était réservée aux champions nationaux et la Coupe des Villes de Foire aux clubs résidant dans des villes accueillant des foires internationales, la Coupe Rappan offrait un espace de matchs internationaux aux clubs qui ne pouvaient participer aux deux compétitions européennes. Donc, en 1962, Sarajevo se retrouvait dans le groupe du FC Nitra, du Nîmes Olympique et du Servette de Genève. Or, le capitaine de l’équipe suisse était Lev Mantula, qui était né à Sarajevo et fut un talentueux défenseur du FK Sarajevo. La rencontre à Sarajevo se solda par un nul 0 à 0. A l’issu du match, Mantula rencontra les dirigeants de Sarajevo et leur suggéra alors d’abandonner les couleurs originelles du club pour celles du Servette (grenat et blanc). La raison était qu’aucun autre club en Yougoslavie arborait cette couleur bordeaux et donc offrait une identité singulière au club bosniaque. Son idée plut à tout le monde et lors de la prochaine session de l’assemblée du club, la décision fut prise.

Pour la petite histoire, le Canton de Sarajevo adopta en 1999 des armoiries dont le fond se partitionnait en deux, grenat à gauche et bleu à droite. Ces deux couleurs sont celles des deux plus grands clubs de football de Sarajevo : bleu pour Želja et grenat pour le FK Sarajevo.

#1267 – PFC Botev Plovdiv : Канарите, Канарчетата

Les canaris. Evoluant avec un maillot jaune, le Botev a rejoint la longue liste des clubs de football portant du jaune et surnommé les canaris. Les canaris d’élevage qui sont les plus communs arborent habituellement des plumes jaunes, avec les extrémités blanches, donnant le nom à la couleur « jaune canari » . Cette ressemblance s’est exprimée dans tous les pays du monde dont les français du FC Nantes (#208), les turcs de Fenerbahçe (#373), les anglais de Norwich (#51), les belges de Saint-Trond VV (#473), les norvégiens de Lillestrøm SK (#699), les algériens du JS Kabylie (#323), les mexicains du CA Morelia (#462), les colombiens du CA Bucaramanga (#962) et les finlandais de KuPS (#365). Pour Plovdiv, ce surnom a déteint sur le nom du magazine du club (Канарче).

Le 11 mars 1912, les élèves du Collège de Saint Augustin et ceux du Premier Lycée d’Hommes à Plovdiv unirent leurs ressources pour fonder le club du Botev. Toutefois, l’époque était troublée par les guerres balkaniques (ainsi que la première guerre mondiale) et ceci perturba les premières années d’existence du club, qui fut parfois au bord de la disparition. Finalement, les membres décidèrent de renforcer le club et rédigèrent les premiers statuts le 22 Août 1917. Ils adoptèrent également les couleurs du club : le jaune et le noir. Le jaune reprenait la couleur du Collège catholique de Saint-Augustin, dont venait une partie des fondateurs. Elle symbolisait aussi « златните жита на Тракия » (les grains d’or de Thrace), ce qui signifiait les grands champs de céréales cultivés en Thrace. Plovdiv est située dans la région historique de la Thrace. L’autre couleur, le noir, était celle de l’orthodoxie, religion du Premier Lycée d’Hommes, provenance des autres membres du club. En outre, le noir rappelait le tchernoziom du sol fertile de la région. Le tchernoziom est le nom donné à cette terre épaisse et noire, contenant un fort pourcentage d’humus (3 à 15 %), riche en potasse, phosphore et oligo-éléments. Ainsi, religion et agriculture furent les inspirations des membres du club pour décider les couleurs du club.

#1266 – FC Porto : Azuis e brancos

Les bleu et blanc. Le football portugais est bien fait car il semblerait que les 3 grands du pays, Benfica, FC Porto et Sporting du Portugal, se soient réparties les couleurs de l’arc en ciel pour faciliter la vie de leurs supporteurs. Benfica joue en rouge, le Sporting en vert et blanc et le FC Porto en bleu et blanc. Et à Porto, à chaque exploit du club, les bannières bleus et blanches décorent les maisons au point d’avoir quasiment remplacées les couleurs officielles vertes et blanches de la ville.

Fondé le 28 septembre 1893, les premières années furent marquées par l’absence d’unité. Un dessin montre que la première équipe de football du club omnisport comprenait huit joueurs : 5 portaient des maillots blancs à col rouge (avec un short noir ou blanc), deux joueurs évoluaient avec des maillots à rayures bleues et blanches (avec un short noir ou blanc) et un joueur (certainement le gardien) était équipé d’un maillot rouge. Tous, en revanche, arboraient une casquette rouge. Peut-être était-ce dû à un manque de moyen financier du club ou de ses joueurs. En tout cas, en 1907, un débat sur les couleurs anima la direction. Certains voulaient que le club adopta les couleurs du club anglais d’Arsenal, rouge et blanc, qui connaissait une petite réputation (Arsenal avait accédé à l’élite en 1904 et avait atteint en 1906 et en 1907 la demi-finale de Coupe d’Angleterre). Porto avait longtemps accueilli une colonie britannique influente, qui favorisait les échanges commerciaux (le vin de Porto contre la morue péchée par les navires anglais). Mais, les membres du club refusèrent cette idée pour ne pas apparaître comme un vassal des anglais. Autre proposition : reprendre les couleurs de la ville, vert et blanc. Seulement, son président, José Monteiro da Costa, déclara « As suas cores devem ser as da bandeira da Pátria [azul e branco naquela altura], e não as cores da bandeira da cidade, que tenho esperança que o futuro clube há-de ser grande, não se limitando a defender o bom nome da cidade, mas também o de Portugal, em pugnas desportivas contra os estrangeiros » (Ses couleurs devraient être celles du drapeau national, et non celles du drapeau de la ville, car j’espère que le futur club sera grand, défendant non seulement le nom de la ville, mais aussi celui du Portugal, dans les batailles sportives contre les étrangers). Et donc, le club prit le bleu et blanc, couleurs du drapeau national, qui était celui de la monarchie. Et même si ce régime était de plus en plus contesté et que Monteiro da Costa était un républicain convaincu, il lui paraissait plus important de dépasser ces limites et que le club prône l’unité et soit le représentant de l’identité portugaise.

Si, comme aujourd’hui, les armoiries du Portugal apparaissaient sur le drapeau national, à l’époque, le fond qui l’accompagnait, affichait une partition bleue et blanche (alors qu’aujourd’hui il s’agit du vert et du rouge). Le premier symbole connu du Portugal apparut vers 1095 et était les armoiries d’Henri de Bourgogne, comte du Portugal, ancêtre de la première famille royale portugaise. Henri portait un bouclier avec une simple croix bleue sur fond argenté (blanc) dans la lutte contre les Maures. Puis au XIIème siècle, la croix fut remplacée par cinq écus bleus comprenant chacun 5 points blancs et disposés en forme de croix. Les écus représentaient la victoire d’Afonso Henriques, fils de Henri de Bourgogne et futur premier Roi du Portugal, sur les cinq rois Maures lors de la bataille d’Ourique en 1139. Les 5 points blancs (qui sont 5 pieces, besant) symbolisaient les 5 plaies du Christ. Aujourd’hui, on retrouve encore ce symbole au cœur des armoiries du Portugal.

#1265 – Puszcza Niepołomice : Żubry

Le bison. Fondé en 1923, le club gagna sportivement le droit d’évoluer dans l’élite polonaise pour la première fois de son histoire pour son centenaire. Après une honorable 12ème place pour un promu, Puszcza Niepołomice attaque sa deuxième saison en Ekstraklasa. Belle performance pour cette petite ville de 8 000 habitants, à quelques encablures à l’Est de Cracovie. Mais surtout, la cité se situe à la lisière de la forêt Niepołomicka et son histoire se conjugue avec cette espace boisée (principalement des conifères comme le pin et le sapin) et marécageux, qui regroupe 6 espaces naturels, pour un total de 110 km2. Sachant que son nom Puszcza signifie forêt et que son écusson arbore un magnifique sapin, le surnom aurait pu faire référence aux conifères. Mais, le choix se porta sur un animal que l’on imagine plutôt de l’autre côté de l’atlantique.

Or ce bovin s’articule autours de deux espèces : le bison d’Amérique du Nord et le bison d’Europe. Et oui, cet imposant ruminant aux poils ras couleur noisette a toujours vécu en Europe de la Préhistoire jusqu’à la première guerre mondiale, et de l’océan Atlantique à l’Oural (à compter du Moyen-Âge, son milieu se réduit à l’Europe Centrale et de l’Est). Mais, la chasse comme la réduction de son espace vitale, la forêt primaire, ont conduit à son extermination à l’état sauvage en 1927, les derniers bisons ayant été tués en Pologne. Mais, depuis les années 1950, il a été peu à peu réintroduit sur le continent et en 2020, la population de bisons d’Europe se composait de 1 791 individus en captivité, 501 en semi-liberté et 6 819 à l’état sauvage, répartis dans 33 pays (d’Europe Centrale et de l’Est dont la Pologne). Avec sa grande forêt, Niepołomice accueillit en 1936 un centre d’élevage de bisons appelé « żubrowiskiem » (le champ des bisons), avec des animaux provenant de la forêt de Białowieża (au Nord-Est de Varsovie). Sur 70 hectares de surface clôturée, une vingtaine à une trentaine de bisons y vivent. Afin de protéger les animaux, le centre n’est pas visitable mais une plateforme d’observation a été récemment construite. Le bison fait la fierté des habitants de la ville et vu l’image de puissance qu’il véhicule, il devint le surnom du club.