#1350 – The Strongest : el Derribador de Campeones

Le destructeur de champions. Dans les années 1940, le football bolivien demeurait en retard par rapport à ses voisins. Un championnat national professionnel existait depuis 1931 en Argentine, 1932 pour l’Uruguay, 1933 au Chili et 1935 pour le Paraguay. Au Brésil, l’immensité du pays et sa pauvreté ne favorisèrent pas l’émergence d’une ligue nationale mais les championnats régionaux étaient forts et les clubs adoptèrent le professionnalisme en 1937. En Bolivie, la situation était bien différente avec des ligues régionales ou interrégionales amateures (le premier championnat national ne verra le jour qu’en 1950) et toutes les régions du pays ne comptaient pas de fédération pouvant organiser une compétition (la fédération du département de Pando ne verra le jour qu’en 1997 !). Ceci ne concourrait pas à faire croître les clubs du pays.

Le 9 novembre 1941, le club argentin d’Independiente arriva à La Paz pour disputer un match amical face à The Strongest. L’équipe argentine venait de terminer une série de 15 matchs sans défaite et affichait deux titres de champion d’Argentine conquis en 1938 et 1939. L’équipe comptait dans ses rangs les piliers de l’équipe nationale argentine, Vicente de la Mata, José Battagliero et Juan Maril, et surtout le paraguayen star, Arsenio Erico, meilleur buteur du championnat argentin en 1937, 1938 et 1939 (130 buts en 96 matchs). The Strongest paraissait à côté un petit poucet mais devant 25 000 spectateurs et avec 5 attaquants, l’équipe bolivienne délivra une prestation légendaire et remporta le match 3 buts à 1. Avec cette victoire, le club bolivien reçut le surnom de Derribador de Campeones par la presse et les supporters. Car ce succès ne fut pas sans lendemain. Pendant toute l’année qui suivit, d’autres champions nationaux ou équipes renommées comme Universitario de Lima (champion du Pérou en 1939 et 1941), Wanderers (Chili), Cerro Porteño (triple champions du Paraguay en 1939, 1940 et 1941) et Nacional (champion du Paraguay en 1942), Banfield et Estudiantes de la Plata (Argentine).

L’histoire remonte à mathusalem et pourtant le surnom est toujours utilisé. Car, le club s’est forgé un grand prestige en remportant des matchs contre des équipes de renom et à chaque victoire, il est ressorti par la presse et les supporteurs.

#1349 – Ulsan HD : 철퇴

Le marteau de fer. Au départ de la saison 2009, une page se tournait pour l’équipe coréenne. L’entraîneur d’Ulsan Kim Jung-nam, qui avait dirigé l’équipe pendant huit ans, avait démissionné et la direction venait de nommer Kim Ho-kon, qui n’avait principalement connu que des expériences en tant qu’assistant pour les équipes nationales coréennes. Après le départ de certains titulaires, l’équipe apparaissait affaibli et les résultats s’en suivirent. A l’aurée de la saison 2011, un nouveau mouvement de transferts affecta l’équipe avec les départs des défenseurs internationaux Yoo Kyoung-youl et Oh Beom-seok mais les arrivées des expérimentés internationaux Seol Ki-hyeon (milieu), Kwak Tae-hwi et Song Chong-gug (défenseurs) compensèrent.

La mayonnaise mit un peu de temps à prendre. Jusqu’à la 17ème journée du championnat, le club oscilla entre la 7ème et la 15ème place (15 fois au-delà de la dixième place). Puis, l’équipe entreprit une remontée pour finalement terminer à la 6ème place, qualificative pour les play-off. Dans le tournoi final, Ulsan battit le FC Séoul (3 buts à 1), puis Suwon (sur pénalty), leurs rivaux du Pohang Steelers (1 but à 0) et atteignit donc la finale, perdue contre Jeonbuk. Cette saison permit à l’entraineur Kim Ho-kon d’installer sa tactique, basée sur une défense rigoureuse et un jeu de transition qui lançait des contre-attaques décisives. Dans un forum dédié au football, un message apparut en Avril 2011 sous le titre « 김호곤 축구는 무기로 치면 철퇴다 » (le football de Kim Ho-kon est comme un marteau) dans lequel l’internaute comparait les tactiques des équipes de football à des armes. Ainsi, les équipes qui pratiquaient principalement un jeu offensif court et rapide, telles que le FC Barcelone en Espagne, le Jeju FC, le FC Séoul et le Suwon Samsung en Corée du Sud, étaient comparées à des « 짧은 칼 » (courts couteaux). Ulsan produisait pour le rédacteur un football destructeur qui consistait à mener un jeu axé sur la défense grâce à une organisation solide, puis à asséner un coup de marteau pour marquer un but. Avec le parcours en championnat, cette comparaison se renforçât dans l’esprit des amateurs de football et le coach Kim Ho-kon fut surnommé « Hogerson », en référence à Ferguson, le célèbre entraîneur de Manchester United, et « 철퇴의 제왕 » (le roi du marteau de fer), en référence au « Seigneur des anneaux ».

La tactique trouva son couronnement lors de la saison 2012 où Ulsan se concentra sur la Ligue des champions de l’AFC. L’équipe se qualifia pour les huitièmes de finale de la compétition après être demeuré invaincu (4 victoires et 2 nuls) dans la phase de groupes. Puis, Ulsan enchaina 5 victoires consécutives pour atteindre la finale, qu’il remporta face à Al-Ahli 3 buts à 0. Ulsan gagna ainsi son premier trophée asiatique en étant invaincu (10 victoires et 2 nuls en 12 matchs).