Les millionaires. Ce surnom est hérité de la politique de transfert onéreuse menée par le club dans les années 1930. En 1931 le professionnalisme débarqua dans le football argentin. River Plate n’était pas encore à cette époque l’une des plus grandes équipes d’Argentine et prit alors totalement le virage du professionnalisme. Il réalisa le premier important transfert de l’époque en recrutant Carlos « Barullo » Peucelle au Sportivo Buenos Aires en échange de 10 000 pesos, une somme spectaculaire pour l’époque. Le club termina à la 3ème place du championnat, tandis que Boca devenait champion. L’année suivante, River passa la vitesse supérieure en dépensant trois fois plus pour acquérir Bernabé Ferreyra, en provenance de Tigre, établissant un record à 35 000 pesos. Il acheta aussi Juan Arrillaga, de Quilmes, en échange de 22 000 pesos ainsi que Alberto Cuello, de Tigre pour 17 500 pesos. Au total, River dépensa 105 000 pesos et le seul transfert de Ferreyra représentait à lui seul à cette époque 11 voitures ou 514 costumes anglais en cachemire ou 516 000 kilos de blé ou 5 600 paires de chaussures Harrods ou 70 000 billets pour assister à un match de football (selon le journal Caras y Caretas). Cette stratégie porta ses fruits, le club remportant son premier titre de champion cette année-là. A l’intersaison 1933, River Plate recruta au CA Talleres le gardien Ángel Bossio pour 30 000 pesos. En 1935, le club termina cette période en payant 37 500 pesos pour José María Minella, un milieu de terrain de Gimnasia y Esgrima La Plata. Avec tant de dépenses, le club gagna 3 autres championnats ainsi que divers trophées. Cette stratégie de dépense se coupla avec une politique de formation. Plusieurs jeunes joueurs purent éclore dans cette équipe de stars tels que José Manuel Moreno, Adolfo Pedernera et Renato Cesarini.
Le surnom aurait été donné par le célèbre chroniqueur sportif, Hugo Marini. Dans les années 1930, alors que les réseaux sociaux et télévision n’existaient pas et que la radio en était encore à ses premiers balbutiements, la presse écrite disposait d’un immense pouvoir pour accompagner l’explosion de la popularité du football en Argentine. Par ses chroniques drôles et hyperboliques, Hugo Marini, journaliste à « Crítica », en fut l’un des plus importants représentants. Sa chronique « el Sport de cada día » était particulièrement lu et immortalisait un grand nombre d’expressions populaires et surnoms pour le ballon rond. Et dans les journaux, les caricatures de River représentaient un gros monsieur joufflu en queue de pie agitant des billets de banque.
