#55 – CA Independiente : El Rey de Copas

Le roi des coupes. Si on peut penser à la carte du jeu espagnol, Ronda, le club argentin hérita de ce surnom dans les années 70. Précisément, il le gagna le 29 août 1976, après avoir remporté la finale de la Copa Interamericana contre l’Atlético Español. Il s’agissait de son 10ème titre international. En effet, emmené par le duo Bochini-Bertoni, le club atteignit les sommets en remportant 4 Copa Libertadores (1972, 1973, 1974 et 1975), 3 Copa Interamericana (1973, 1974 et 1976) et 1 Coupe Intercontinentale (1973). L’exploit fut notamment de gagner 4 Copa Libertadores d’affilé, ce qu’aucun n’était parvenu à réaliser et que personne ne réédita depuis. Ce fut vraiment la era dorada (l’âge d’or) du club. Curieusement, si le club remporta de nombreuses coupes pendant cette période et qu’il fut surnommé le Roi des coupes, Independiente ne gagna jamais la Coupe d’Argentine. On peut avoir une coupe pleine sur le continent et vide au niveau national. Dans les années qui suivirent, Independiente ajouta à ce palmarès 3 autres Copas Libertadores (1964, 1965 et 1984), 2 Copa Sudamericana (2010 et 2017), 2 Supercopa Sudamericana (1994 et 1995), 1 Recopa Sudamericana (1995) et 1 Coupe Intercontinentale (1984). De même, il conquit d’autres trophées internationaux moins côtés ou plus anciens (et disparus) comme 1 Copa J.League-Sudamericana (2018 – confrontation entre clubs japonais et argentins) et 2 Copa Dr. Ricardo Aldao (1938 et 1939 où s’affrontaient des clubs argentins et uruguayens

En décembre 2016, les supporteurs du Real Madrid réalisèrent un tiffo pour le match contre Dortmund où figurait le titre de « Rey de Copas », pour faire référence aux 11 Ligues des Champions remportés (à l’époque). Bien entendu, cela fit sursauter les afiocionados d’Independiente. Mais, le titre est surtout contesté en Argentine par son rival de Boca Juniors. En effet, après les années dorées d’Independiente, Boca Juniors accumula de nombreux titres internationaux (3 Coupes Intercontinental (1977, 2000 et 2003), 6 Copa Libertadores (1977, 1978, 2000, 2001, 2003 et 2007), 2 Copa Sudamericana (2004 et 2005), 4 Recopa Sudamericana (1990, 2005, 2006 et 2008), 1 Supercopa Sudamericana (1989), 1 Copa Máster de Supercopa (1992) et 1 Copa de Oro Nicolás Leoz (1993)). 18 titres pour Boca contre 17 pour Independiente (22 contre 19 en comptabilisant de vieux trophées internationaux disparus). Ainsi, Boca Juniors est devenu pour certain le véritable Rey de Copas. Mais, je ne vous conseille pas d’avancer de tels arguments si vous vous trouvez à Avellaneda, le fief d’Independiente.

#47 – CA San Lorenzo : el Ciclón

Le club est surnommé le cyclone. Il existe deux versions à ce surnom. La plus répandue veut qu’il fut créé par le journaliste Hugo Marini en 1932. Alors que les réseaux sociaux et télévision n’existaient pas et que la radio en était encore à ses premiers balbutiements, la presse écrite disposait d’un immense pouvoir pour accompagner l’explosion de la popularité du football en Argentine. Par ses chroniques drôles et hyperboliques, Hugo Marini, journaliste à « Crítica », en fut l’un des plus importants représentants et surtout inventa et immortalisa un grand nombre d’expressions populaires et surnoms pour le ballon rond. Il est à l’origine de « douzième homme » et des surnoms entre autre “Millonarios” pour River, “Los Gauchos de Boedo” pour San Lorenzo et “El Fortín” pour Velez. A l’origine de la création du championnat professionnel au début des années 1930, San Lorenzo en était l’un des principaux protagonistes et produisait un superbe football offensif, basé sur le mouvement et la vitesse. Pour souligner ce style de jeu et les nombreuses raclées affligées par San Lorenzo à ses adversaires, Marini utilisa le terme ciclón.

L’autre version s’attache au principal rival du CA San Lorenzo, le CA Huracán. Les deux clubs sont les représentants des quartiers sud du centre ville de Buenos Aires. Issu en 1908 de la réunion d’une association de jeunes du quartier voisin de Nueva Pompeya et d’étudiants du Colegio San Martín, du Parque Patricios, Huracán s’établit dans ce dernier quartier pour en devenir aujourd’hui le symbole sportif. Légèrement au Nord du Parque Patricio, la même année (1908), sous l’impulsion d’un prêtre, des jeunes des quartiers limitrophes de Caballito et Almagro fondèrent le CA San Lorenzo. Almagro accueillit leur stade El Gasómetro jusqu’en 1979 et aujourd’hui, de nombreuses installations et bureaux du club s’y situent toujours. Cette rivalité géographique donne lieu au célèbre derby du clásico porteño et les deux clubs et leurs supporteurs construisirent leurs identités aussi au travers de cet affrontement. Résultat, les supporteurs de San Lorenzo baptisèrent leur club « cyclone » pour embêter et surclasser leur rivaux d’Huracan, qui signifie ouragan. Dans leur imaginaire, un cyclone était plus violent qu’un ouragan. Pourtant, d’après les météorologues, un typhon, un cyclone et un ouragan correspondent à seule et même réalité météorologique : un phénomène tourbillonnaire des régions tropicales accompagné de vents violent. Simplement, en fonction de leur emplacement géographique, le phénomène prend un nom différent.

#46 – CA River Plate : las Gallinas

Les poules. Ce surnom n’est pas flatteur pour River Plate mais il existe depuis 1966 et la campagne en Copa Libertadores. La compétition débuta bien, le club terminant premier de sa poule qui incluait son grand rival de Boca Junior. Sur 10 matchs, River en remporta 8 (pour un nul et une défaite). En seconde phase, River fut versé dans un nouveau groupe où il retrouvait Boca Junior. Outre son rival, le club argentin d’Independiente, tenant du titre, et les paraguayens de Guaraní composaient également ce groupe relevé. Là encore, River sortit premier du groupe et accéda à sa première finale de Libertadores. En finale, les uruguayens de Peñarol se dressaient devant River. Peñarol avait déjà gagné les deux premières éditions de la Copa en 1960 et 1961 et était le finaliste malheureux de la précédente saison. Le 14 mai 1966, River perdit le premier match 2 buts à 0. Mais, 4 jours plus tard, River réussit à égaliser en gagnant le second match à domicile 3 buts à 2. Il fallait donc organiser un troisième match pour départager les deux clubs. Le 20 mai 1966, River Plate joua donc le match d’appui au Estadio Nacional à Santiago du Chili. Suite aux buts de Daniel Onega (28ème minutes) et Jorge Solari (42ème), le club argentin menait 2 à zéro au bout de la première mi-temps et la coupe lui tendait les bras. Mais, l’équipe céda mentalement et le Peñarol égalisa en seconde période en 6 minutes. Puis, lors de la prolongation, Peñarol mit deux buts supplémentaires et remporta la Copa Libertadores.

Au match suivant, en championnat d’argentine, River Plate rencontra Banfield. Les supporteurs de ce club lancèrent sur le terrain une poule blanche avec une bande rouge peinte (représentant le maillot de River) censé symboliser la peur de l’équipe de River lors de la finale de Copa Libertadores.

Cette finale de Copa Libertadores match était le « paroxysme » d’une période difficile sportivement pour River. Malgré de bons joueurs tels que les frères Onega, José Ramos Delgado, Juan Carlos Sarnari, le Brésilien Delém, les uruguayens Roberto Matosas et Luis Cubilla, José Varacka, Luis Artime, Vladislao Cap et Oscar Más, River ne remporta aucun championnat dans les années 60. Au mieux, il terminait finaliste et perdait le titre de peu. Comme en 1962, où le gardien de Boca Antonio Roma arrêta le pénalty de l’attaquant de River, Delém, à l’avant-dernière journée du championnat. River termina second derrière Boca. En 1965, River finit second derrière Boca Junior tout comme en 1966, derrière le Racing. Cette disette dura de 1957 jusqu’en 1975.

#1 – Boca Juniors : Xeneize

Le club de la capitale argentine est souvent surnommé Xeneize. Drôle de nom mais qui fait référence aux fondateurs du club, 7 adolescents issus de l’immigration italienne, alors présente en Argentine au début du XXème siècle. En effet, si la France, la Belgique (avec leurs mines notamment) et les Etats-Unis furent des terres d’ « asile économique » pour les italiens, l’Argentine le fut également. De manière générale, dans la construction de l’Argentine moderne, l’immigration joua un grand rôle. En 1853, la République d’Argentine publia sa première Constitution dans laquelle l´article 25 rappelait l’importance de l’immigration : « El Gobierno federal fomentará la inmigración europea; y no podrá restringir, limitar ni gravar con impuesto alguno la entrada en el territorio argentino de los extranjeros que traigan por objeto labrar la tierra, mejorar las industrias, e introducir y enseñar las ciencias y las artes » (Le Gouvernement Fédéral favorisera l’immigration européenne; et il ne pourra pas restreindre, limiter ni grever avec l’impôt l’entrée dans le territoire argentin des étrangers qui ont pour but de travailler la terre, améliorer les industries et introduire et enseigner les sciences et les arts). Cette volonté s’amplifia en 1876 avec la promulgation d’une loi « Inmigración y Colonización » (immigration et colonisation) qui favorisait l’établissement de journaliers, artisans, ouvriers et enseignants de moins de 60 ans. Le gouvernement argentin fit la promotion en Europe de cette politique, allant même à subventionner le voyage en bateau des immigrants.

Plus de trois millions d’Italiens émigrèrent vers l’Argentine en près d’un siècle (entre 1857 et 1940), représentant presque la moitié du total des étrangers venus s’installer en Argentine et 10% de l’immigration italienne dans le monde. À partir des années 1880, plus de 2 400 000 Italiens arrivèrent sur les côtes d’Argentine et en 1895, plus de 12 % de la population argentine était italienne. En 2011, plus de 25 millions des Argentins (soit 62,5 % de la population) avaient des origines italiennes. Ces immigrés importèrent leur langue et leurs dialectes qui imprégnèrent le vocabulaire argentin et influencèrent également la prononciation de la langue espagnole. A Buenos Aires, ces italiens provenaient pour la plupart de la région de Gênes. En ligurien, cette dernière se nomme Zena et son dialecte, Zeneize. Et avec la déformation argentine, Zeneize est devenu Xeneize.