#1293 – LD Alajuelense : Liguistas

Ceux de la ligue. Le surnom paraît évident quand on lit le nom complet du club : Liga Deportiva Alajuelense. Seulement, ce n’est pas le nom du club qui donna son surnom. Mais, cela pourrait être l’inverse car Liguistas caractérisent les habitants de la ville de manière générale. Et toute l’histoire remonte au début de l’indépendance du Pays.

Le Costa Rica devint indépendant de l’Empire espagnol le 15 septembre 1821 mais le processus de création de l’Etat fut chaotique et long. Il y eut une première guerre civile, entre les partisans d’une réelle indépendance du pays et ceux souhaitant rejoindre le premier Empire Mexicain, ce qui conduit à l’émergence d’une 3ème voie avec l’incorporation du Costa Rica à la République fédérale d’Amérique centrale (un Etat fédéral regroupant les pays d’Amérique central) en 1823. Les 12 années suivantes, étant donné la faiblesse du pouvoir centrale, un fort régionalisme s’émancipa et donna naissance à une souveraineté fragmentée dans les 4 principales villes (San José, Heredia, Alajuela et Cartago) de la vallée centrale. En 1834, pour assagir leur rivalité, la Ley de la Ambulancia prévoyait une alternance de la capitale entre les 4 cités. Jusqu’en 1834, San José était la capitale et suite à la promulgation de la loi, le gouvernement et l’administration furent transférés à Alajuela. Mais, ce déménagement désorganisa l’Etat et San José se sentait alors la seule légitime à accueillir de manière pérenne le gouvernement. Le chef du gouvernement démissionna et le nouveau, né à San José, abolit la Ley de la Ambulancia et rétablit San José comme capitale, ce qui souleva une vague de contestation des 3 autres cités. Cartago nomma alors son propre gouvernement, auquel se rallièrent Heredia et Alajuela dans une coalition contre San José dénommé la Liga de Tres Ciudades (la ligue des 3 villes). Une nouvelle guerre civile éclata qui fut remportée par les partisans de San José en 1838. Les habitants de cette dernière appelèrent ceux de Heredia et Alajuela, los liguistas (Cartago avait abandonné la ligue un peu avant les 2 autres) et finalement le surnom demeura uniquement pour Alajuela.

Lorsque l’équipe d’Alajuela fut fondée le 18 juin 1919, elle fut nommée Liga Deportiva Alajuelense, peut-être en souvenir de la fameuse Ligue.

#392 – LD Alajuelense : los Manudos

Les voleurs, dans l’argot costa-ricain au XIXème siècle. Au début des années 1800, le Costa-Rica, comme les futurs états du Guatemala, Belize, El Salvador, Honduras, Nicaragua, et le Chiapas mexicain, était gouverné par la Capitainerie générale du Guatemala, territoire appartenant à l’Empire Espagnol. En 1821, les différentes province de la Capitainerie déclarèrent leurs indépendances. Les nouveaux états indépendants avaient le choix de rejoindre l’Empire Iturbide du Mexique, demeurer totalement indépendant ou intégrer une future république fédérale d’Amérique centrale qui commençait à émerger. La ville de Cartago prit alors la décision pour le Costa-Rica de joindre l’Empire d’Iturbide. Cette décision ne fut pas bien accueillie et, au fur et à mesure, dans les mois suivants, des voix dissidentes émergèrent, notamment dans la Province d’Alajuela. Une armée fut alors levée à Alajuela et d’autres province et marcha vers les villes d’Heredia et de Cartago, acquises à la cause impérialiste. Ces deux dernières villes organisèrent également une armée et les belligerents s’affrontèrent le 5 avril 1823, lors de la bataille d’Ochomogo. Selon la légende, les soldats d’Heredia fuirent la bataille et se réfugièrent dans les collines voisines. L’histoire retint que la bataille fut tout de même longue et les forces républicaines bataillèrent jusqu’à ce que les impérialistes furent complètement vaincus. À la suite de cette guerre civile, la capitale déménagea à San José, après 260 ans à Cartago.

Cette bataille exacerba la rivalité régionale entre les villes d’Heredia et d’Alajuela. Pour les habitants d’Alajuela, les hérédiens se comportèrent comme des lâches durant cette bataille et les surnommèrent alors taltuzos, qui se réfèrent à une sorte de taupe qui détruit les cultures et se cache sous terre. En représailles, les habitants d’Heredia appelèrent les alajuelenses, manudos, car ils considérèrent le déménagement de la capitale, auquel les alajuelenses participèrent, comme un vol.