#908 – Valence CF : el Che

Terme intraduisible mais dont les valenciens raffolent. Cette interjection est l’une des caractéristiques les plus identitaires des habitants de Valence par rapport au reste de l’Espagne, au point que le mot est aujourd’hui synonyme des valenciens et s’utilise comme surnom du club de football. Le club avait une chaîne de télévision nommée « che » et même un magazine « che, che, che » . Dans les rues de la ville, il est courant de voir des endroits appelés « che » mais surtout on entend le terme dans les bouches valenciennes régulièrement. « ¿che, que fas? » (che que fais-tu ?), « che, bon dia » (che bonne journée) ou « che, qué mala suerte » (che quelle malchance). Les habitants le glisse pour souligner quelque chose, exprimer une colère ou simplement pour remplir un vide. Il est également synonyme de hombre comme dans « Que sí, che, que yo lo he visto » (mais oui, mec, je l’ai vu). Il est souvent associé au pronom « tu« , étant donné que le terme est tout de même un peu familier. On pourrait l’assimiler au « hey » ou « oyé ». Dans son roman « Pour qui sonne le glas », Ernest Hemingway réunit toutes ses connaissances de l’Espagne, ses coutumes, ses langues et ses modes de vie. Pour Valence, l’écrivain fut marqué par cette expression et faisait décrire la cité à l’un de ses personnages comme suit : « Les gens n’ont pas de manières ou quelque chose comme ça. Je n’ai pas compris ce qu’ils disaient. Tout ce qu’ils ont fait s’est se crier « che » l’un à l’autre » .

L’origine de cette expression est débattue car elle peut se retrouver dans d’autres langues et régions. En Catalogne, on entend ainsi « xe » , « xeic » dans le delta de l’Ebre et en Sardaigne «  » . Il se pourrait qu’il provienne de l’arabe à l’époque d’Al-Andalus. Sous l’occupation arabe de Valence, l’expression chouf qui signifie « regardez » était couramment utilisée par les habitants maures et juifs. Avec le temps, chouf serait devenu che. D’autres estiment qu’il dérive de l’arabe Cheikh et certains philologues italiens pensent qu’il provient d’un dialecte vénitiens, le cocoliche. L’expression a voyagé depuis et s’est intégré dans l’argot argentin, avec les populations espagnoles et italiennes qui immigrèrent à la fin du XIXème et au début du XXème siècle en Amérique du Sud. En Argentine « che » est devenu une sorte de pronom ou de nom interpersonnel, avec une utilisation assez proche de celle en valencien. Mais, elle s’est nettement popularisée à travers le monde comme surnom d’Ernesto Guevara.

#34 – Valence CF : los Murciélagos

Les chauves-souris. Même si les super-héros occupent depuis une quinzaine d’année l’espace (surtout les grands et petits écrans), Batman n’est pas le parrain du club valencien. Car la chauve-souris est l’emblème du club depuis sa création en 1919 et même celui de la ville depuis le moyen-âge (donc bien avant la naissance de Batman en 1939). En général, les villes préfèrent afficher des animaux symbolisant la puissance tels que le lion, l’ours, le dragon. Ce n’est pas le cas donc de Valence qui a préféré faire référence à un moment historique de la ville. En 1230, lors de la Reconquista (la reconquête par les espagnols catholiques de l’Espagne occupé par les maures), Jacques Ier d’Aragon et ses troupes établirent leur campement à Turia afin d’attaquer Valence où résidaient les maures et la dynastie almohade. Ces derniers avaient domestiqué des chauves-souris pour chasser les moustiques. L’animal était même un protecteur de la ville puisqu’une prophétie racontait qu’aussi longtemps que ces petits mammifères voleraient au-dessus de la ville, Valence resterait aux mains des maures. Et pourtant la chauve-souris changea de camp. Au campement de Jacques Ier d’Aragon, une chauve-souris établit son nid sur une des tentes. Lors d’une nuit, durant le sommeil des troupes de Jacques Ier d’Aragon, les maures tentèrent une attaque. Alertés par la réaction de la chauve-souris à cette attaque surprise (cris, battement d’aile), les soldats espagnols furent réveillés et purent répondre à l’attaque. Les maures ressortirent affaiblis par cet échec. Le souverain almohade locale, Abû Zayd, se rendit auprès du roi Jacques Ier d’Aragon et lui prêta même allégeance. Valence était alors libéré.

En valencien, les chauves-souris se disent los rats penat, autre surnom de l’équipe.