#254 – Aris Salonique FC : Θεός του πολέμου

Le Dieu de la guerre. Surnom belliqueux mais somme toute logique puisque Aris (Arès ou Mars pour les latinistes) est le Dieu de la guerre dans la mythologie. Les fondateurs ne donnèrent pas son nom par hasard. Certes, pour un club grec, faire référence à la mythologie est naturel. Dans le cas du club de Salonique, cette référence avait une portée nationaliste.

Fondé le 25 mars 1914, le club fut créé dans un contexte particulier. En 1912 et en 1913 se produisirent les deux guerres balkaniques qui virent Salonique revenir dans le giron grec après avoir été occupé pendant des siècles par l’Empire Ottoman. Depuis la création du Royaume en 1832, la Grèce n’eut de cesse que de vouloir s’étendre et réunir toutes les populations grecques des Balkans et d’Asie Mineure. La récupération de la cité de Salonique était même l’un des enjeux majeurs pour les nationalistes grecs dans le cadre du rêve de la Grande Idée. La première guerre balkanique en 1912 lui permit d’obtenir la région de Thessalonique au dépend de son allié Bulgare qui la convoitait également. Ce différend fit partie des raisons de la seconde guerre balkanique de 1913.

Les fondateurs voulurent donc rappeler ce combat pour la libération de la ville, fait d’armes du nationalisme grec. Ils choisirent ainsi le jour de la fête nationale grecque (le 25 mars car fut proclamée la déclaration d’indépendance du pays le 25 mars 1821) comme date de fondation du club. Puis, les fondateurs choisirent Arès pour nom. D’une part, le choix d’un dieu grec était clairement un manifeste nationaliste qui rattachait le club à une tradition grecque et pré-ottomane (d’autant plus que les couleurs jaune et noir font référence à l’empire byzantin). D’autre part, le dieu de la guerre était un rappel explicite à ces guerres balkaniques. D’ailleurs, un autre symbolisme apparait dans le blason. En effet, Arès est représenté assis, sans casque, son bouclier sur le côté, ie qu’il est au repos. Cette pose s’inspire de la statue du IVème siècle avant J.-C. nommée l’Arès de la collection Ludovisi. Le choix du motif même d’Arès au repos représente la victoire et la paix obtenues suite aux guerres balkaniques.

En outre, le choix d’Arès permettait de débuter une rivalité avec l’autre club de la ville, fondé en 1908, l’Iraklis Salonique. En effet, ce dernier tirait son nom du demi-dieu Héraclès. Or, selon les légendes  mythologiques, Héraclès et Arès n’étaient pas les meilleurs amis du monde et s’opposèrent. Ainsi, Héraclès tua Cicno, fils de Arès. Plus tard, Arès et Hercules se livrèrent un combat terrible, qui se termina par la grave blessure à la jambe d’Arès.