Les autrichiens. En Grèce, il est difficile de parler de Vólos sans utiliser le mot autrichien, qui est devenu le surnom des habitants de la ville. Aucune explication est définitivement établie pour comprendre son origine et plusieurs versions s’opposent. Deux apparaissent plus probables que les autres. Tout d’abord, ville portuaire importante grâce à sa baie, Vólos connut un important trafic commercial avec l’Empire Austro-Hongrois à compter de la seconde moitié du XIXème siècle. En 1884, l’Autriche était le 3ème pays d’où provenait les marchandises dans le port de Vólos et le premier partenaire pour les exportations (équivalent à 145.000 livres de l’époque vs 90.000 livres avec la Grande-Bretagne). Ce lien fort commercial de Vólos et ses habitants avec l’Autriche convainquit leur voisin de Thessalonique de les appeler les autrichiens. L’autre histoire mise souvent en avant raconte que pendant la Première Guerre Mondiale, un navire de guerre autrichien, pourtant hostile, rentra dans la baie de Pagasitikos et les habitants de Vólos l’auraient accueilli avec fanfares et drapeaux autrichiens. Des salutations étonnantes et une connivence qui laissa donc ce surnom.
Place maintenant aux versions moins certaines mais qui tournent autour de la guerre ou du commerce. En 1877, la Russie déclara la guerre à l’Empire Ottoman pour soutenir les Bulgares. La Grèce tenta de tirer parti du conflit en agitant les populations hellènes présentes dans les régions occupées par les turques. Mais alors que l’armée grecque franchissait la frontière ottomane pour venir en aide aux Grecs des Balkans en 1878, la Russie et l’Empire Ottoman s’entendaient pour mettre fin au conflit, isolant alors la Grèce. L’échec de la stratégie grecque fragilisa la région de Thessalie où se situe Vólos et qui était sous domination des turques. La cité aurait cherché la protection de l’Autriche. Toutefois, les recherches historiques mettent en doute cette version. Une autre hypothèse se situe 20 ans plus tard en 1897 avec les mêmes acteurs. Suite au précédent conflit, la Thessalie finit par rejoindre en 1881 le jeune état grec mais la Crète demeurait sous l’emprise ottomane. Les agitations sur l’île en 1895 relança les tensions entre les turques et les grecs. Résultat, nouvelle guerre et défaite de l’Etat Grec qui conduisit l’Empire Ottoman à remettre la main sur la Thessalie. Les habitants de Vólos auraient alors hissé des drapeaux autrichiens sur ses bâtiments lorsque les Turcs étaient sur le point d’entrer dans la ville afin d’éviter leur représailles. Encore une fois, les références historiques contredisent cette légende.
Dans deux autres histoires, les décisions fiscales de la Grèce seraient à l’origine du surnom. Le gouvernement grec aurait décidé de ne plus autoriser les importations en provenance d’Autriche et les habitants de Vólos auraient refusé de se conformer à cette décision (logique vu l’importance des échanges et des richesses créées). Une autre version avance qu’après l’incorporation de la Thessalie à l’État Grec en 1881, le gouvernement hellène taxa lourdement les commerçants grecs de naissance. Résultat, les habitants de Vólos auraient placé des drapeaux autrichiens sur la devanture de leurs magasins pour se faire passer pour des non-grecs et ainsi éviter la taxation. Rien ne l’atteste historiquement mais la pratique ne serait pas étonnant, étant donné l’aversion à l’impôt des grecs. Il faut savoir qu’aujourd’hui, si beaucoup de maisons en Grèce ne sont pas achevés, c’est pour ne pas acquitter certaines taxes.
Enfin, on peut terminer avec d’autres légendes qui veut que les habitants de Vólos sont radins comme les autrichiens, ou froids comme les autrichiens. Ou alors ils seraient vicieux, indisciplinés voire cruels comme les autrichiens (qui avaient pire réputation que les ottomans). Dans une nouvelle de 1891 nommée Tα Άπαντα et écrite par Alexandre Papadiamándis, l’auteur écrivait à propos d’un personnage « Ήτο Αυστριακός, χειρότερος από Τούρκον » (c’était un Autrichien pire qu’un Turc).
Le surnom fut donc souvent donné de manière désobligeante à l’encontre des personnes de Vólos par les habitants d’autres villes, et en particulier ceux de Larissa. Mais, comme souvent, ce surnom, si injurieux soit-il, fit parti de l’identité de la ville au point qu’il soit adopté avec fierté par ceux qui étaient moqués. S’il s’applique à l’ensemble des habitants de Vólos, il est exclusivement utilisé dans le monde du ballon rond pour l’équipe de l’Olympiakos (et non pour les autres clubs de la ville). Ceci peut s’expliquer par le fait que l’Olympiakos évolue en rouge et blanc, couleurs du drapeau autrichien.
