#1330 – Maccabi Jaffa : הבולגרים

Les bulgares. Durant la Seconde Guerre mondial, bien qu’ils ne fussent pas déportés vers les camps de la mort, les Juifs de Bulgarie furent sévèrement persécutés et au lendemain de la victoire, le régime communiste ne leur laissa guère d’espoir. Le Premier ministre, Georgi Dimitrov, dénonça l’Holocauste mais il exhorta les Juifs à s’assimiler. En 1947, les organisations sionistes furent ainsi démantelées, tandis que les écoles juives furent contraintes de remplacer l’hébreu par le bulgare et de retirer les portraits d’Herzl (le fondateur du sionisme) et les cartes d’Israël. Car, si avant la guerre, les Juifs étaient bien établis dans la société bulgare, le mouvement sioniste émergea parmi eux immédiatement après le premier congrès sioniste de Bâle (1897), avec la création des premières associations Maccabi. Son développement fut rapide dans tout le pays et en 1926, le Maccabi Bulgarie comptait 2 100 membres répartis dans 21 branches. Par ailleurs, plusieurs organisations dont une banque furent créées dans les années 1930 pour faciliter l’Alya.

Dans ce contexte, l’émmigration vers la Palestine au lendemain de la guerre fut naturelle pour les Juifs bulgare. Dans les 2 ans qui suivirent la création d’Israël en 1948, 45 000 des 50 000 Juifs de Bulgarie quittèrent volontairement la Bulgarie pour rejoindre le nouvel État et s’installèrent principalement à Jaffa, qui leur rappelaient certainement leur ville natale de Sofia (la moitié des Juifs bulgares résidaient à Sofia). A Jaffa, le bulgare devint la langue des rues et des enseignes. Des restaurants servant des spécialités bulgares et des cafés ouvrirent leurs portes. Une université bulgare fonctionna dans les années 1950 et 1960. Le quartier autour du boulevard de Jérusalem fut surnommé la « Petite Sofia ». Ce regroupement favorisa l’entraide et la création d’associations culturelles et sportives bulgares, dont l’objectif était de donner un cadre qui faciliterait leur acclimatation dans le pays.

Ainsi, en 1948, les vétérans du Maccabi Bulgarie, dont Albert Chiuso, qui avait été président son président jusqu’à son immigration en Israël en 1943, ainsi que d’anciens athlètes du Maccabi Sofia, Avigdor Perciado, Moshe Almozelino et Moshe Miranda, fondèrent le Maccabi Jaffa presque immédiatement après leur arrivée. Dans ce petit quartier de Jaffa où se déroulait toute la vie de la communauté bulgare, tout le monde se connaissait et les liens étaient forts. Résultat, les supporters, membres de la communauté bulgare, s’identifièrent complètement à cette équipe, dont la plupart des joueurs étaient bulgares et vivaient à Jaffa (dans la première équipe de football du club, 9 des onze joueurs étaient bulgares). Même si la base de ses joueurs et supporteurs s’ouvrit au fil des années, l’attachement du club avec la communauté bulgare de Jaffa demeura forte. En mai 1953, le Maccabi Jaffa célébra son cinquième anniversaire et en même temps le jubilé du Maccabi Bulgarie tout comme en 1959 avec respectivement le dixième anniversaire et les 60 ans et où des milliers de personnes, vêtues d’uniformes du Maccabi Bulgarie, défilèrent dans un cortège mené par Aharon Manoah, l’un des fondateurs du Maccabi Bulgarie.

#1281 – Hapoël Ra’anana : קוטלת העליות

Le tueur de promotion. Le club de football de la ville de Ra’anana fut fondé le 18 Juin 1938 par Martin Drucker, un immigrant en provenance d’Allemagne. L’équipe joua principalement dans les ligues inférieures et les matchs amicaux au début de son existence avant de devenir une valeur établie du football israélien, principalement en seconde division. Le club gagna ce surnom durant la première décennie des années 2000 lorsqu’évoluant en seconde division, il empêcha 3 équipes concurrentes à accéder à l’élite du football.

Tout commença lors de la saison 2002-2003. Pour la dernière journée de championnat de seconde division, l’Hapoël Jérusalem était au coude à coude avec l’Hapoël Bnei Sakhnin, devançant cette dernière d’un point, pour la dernière place donnant accès à la première division. Mais, l’Hapoël Jérusalem ne parvint pas à faire mieux qu’un match nul (0-0) face à l’Hapoël Ra’anana tandis que l’Hapoël Bnei Sakhnin remportait son dernier match, passant devant Jérusalem et lui ravissant le dernier ticket pour l’élite. La saison suivante, le même schéma se reproduisit. L’Hapoël Nazrat-Ilit et l’Hapoël Kiryat-Shmona se battaient pour la promotion en première division et était à égalité de points avant le dernier match. Pour ce dernier club, son sort allait se jouer sur son terrain mais face à l’Hapoël Ra’anana. Une nouvelle fois, un score de parité (2-2) scella l’issue de la rencontre, privant Kiryat-Shmona de l’accession au profit de Nazrat-Ilit. 7 ans plus tard, pour ne pas trahir le fameux adage « jamais deux sans trois », ce cruel scénario (pour les adversaires de Ra’anana) se renouvela. Les promus à l’étage supérieur étaient alors décidés à l’issue de play-off auquel participaient les 6 premiers de la saison régulière. Parmi ces 6 candidats, on retrouvait le leader, l’Hapoël Kfar-Saba, ainsi que Ra’anana, 5ème de la saison régulière. A la dernière journée des play-off, Kfar-Saba devançait d’un point l’Hapoël Rishon LeZion. Mais, Kfar-Saba échoua à la dernière marche suite au match nul (1-1) face à Ra’anana, ce qui permit à Rishon LeZion de lui chipper la dernière place pour l’élite.

Durant toutes ces années, Ra’anana se contenta souvent de places d’honneur (généralement la 5ème place). Mais, lors de la saison 2008-2009, en raison de l’expansion du championnat de première division, cinq clubs furent automatiquement promus, ce qui permit à Ra’anana d’accéder à l’élite pour la première fois de son histoire. Ce fut seulement pour une saison …

#1228 – Hapoël Jérusalem : קטמון

Katamon, nom d’un quartier du centre-Sud de Jérusalem, officiellement nommé Gonen. L’Hapoël est un club historique du football israélien et du mouvement sportif Hapoël. En 1926, souhaitant pénétré l’ensemble des milieux de la société, le syndicat socialiste הסתדרות (Histadrout – Fédération générale des travailleurs de la Terre d’Israël) fonda un mouvement sportif du nom Hapoël (הפועל) qui essaima des clubs dans tout le pays, en commençant par les deux plus grandes villes, Tel Aviv et Jérusalem (12 Juin 1926). Club historique certes mais sans un grand palmarès puisqu’il ne compte qu’une ligne significative, une Coupe en 1973. Naviguant régulièrement entre l’élite et son antichambre, il connut même une grave crise dans les 2000.

En 1995, l’équipe fut achetée par l’entrepreneur Yossi Sassi, qui nomma son collègue Victor Yona comme président. Seulement, la relation se détériora entre les deux suite à un différend sur la propriété du club. Les frictions, qui se déplacèrent sur le terrain juridique, conduisirent à des problèmes de gestion et financiers. une forte baisse de la popularité de l’équipe mais avant tout des résultats sportifs en berne (relégation en 3ème division en 2001). Face à cette situation désespérante, des supporteurs militants réunirent des fonds, dans un premier temps pour racheter en vain l’Hapoël, puis, dans un second temps, fondèrent un nouveau club sous le nom de Hapoël Katamon Jérusalem en 2007. Katamon était un clin d’œil aux racines de leur ancien club de cœur. Des années 1950 au début des années 1980, l’Hapoël Jérusalem évolua au Stade Katamon, qui se situait dans le quartier éponyme. Cette gestion communautaire entre supporteurs porta ses fruits et l’équipe monta progressivement les échelons pour se hisser jusqu’en division 2 en 2013, là où végétait l’historique Hapoël Jérusalem. Destin croisé. L’Hapoël continua sa dégringoladen, reculant en 3ème division en 2016. Le 26 août 2019, la Fédération israélienne de football refusa d’inscrire l’Hapoël historique dans la ligue en raison de problèmes financiers. En 2020, finalement, l’Hapoël Katamon racheta les droits de l’Hapoël historique et le club de Katamon reprit le nom d’Hapoël Jérusalem. Pour ne pas oublier ses racines, Katamon demeura comme surnom.

#1172 – Hakoah Amidar Ramat Gan : הסגולים

Les violets. Une couleur assez singulière dans le monde du ballon rond, qui distingue immédiatement/les équipes qui la portent. L’histoire de club se tisse d’abord de l’autre côté de la Méditerranée, en Allemagne et en Autriche. Le 22 juillet 1905, la communauté juive de Berlin fondait Club sportif de Berlin, qui devint par la suite le Hakoah Berlin. En Autriche, en 1909, un couple de sioniste créa le Hakoah Vienne. Les deux équipes étaient relativement performantes dans leurs ligues respectives, le Hakoah Vienne devenant même champion d’Autriche lors de la saison 1924-1925. Mais, d’un côté en Allemagne, la montée du nazisme freina au début la progression du club avant qu’il ne soit exclu de toutes les compétitions nationales, comme les juifs l’étaient de la société. De l’autre côté, le club de Vienne rassemblait la communauté juive mais véhiculait aussi les idées du sionisme, poussant ainsi les juifs à faire leur alia. Une partie des joueurs de ces clubs émigrèrent en Israël dans les années 1930 et se réunirent à Tel Aviv pour fonder le Hakoah Tel-Aviv en 1934.

Les moyens du club étant limités, ses membres cherchaient des mécènes et des soutiens pour les équiper. Comme le Hakoah Vienne avait de bonnes relations avec l’Austria Vienne, les anciens joueurs autrichiens contactèrent le club de la capitale autrichienne pour qu’ils les aident. L’Austria répondit positivement et envoya un lot de leur uniforme, maillot et short qui étaient donc de couleur violet.

En 1949, Hakoah fusionna avec un club de la banlieue de Tel Aviv appelé Hashar HaKfir et devint le HaKah Tel Aviv. L’équipe resta en couleur violet. 10 ans plus tard, une nouvelle fusion se réalisa entre le Hakah et le Maccabi Ramat Gan. La nouvelle direction incorpora alors au violet des touches de jaune, cette dernière étant une des teintes du mouvement Maccabi (cf. #123).

#1064 – Hapoël Ramat Gan : האורדונים

La signification du terme a finalement peu d’importance car il s’est instauré non par son sens mais plus pour sa sonorité. Il signifie « fils de l’homme », avec probablement une racine commune avec le fleuve Jourdain. Le surnom est d’abord apparu au sein d’un autre club. Dans les années 1960, le quartier de Shapira, à Tel Aviv, était le fief des fans du Hakoah Tel Aviv (qui devint plus tard Hakoa Ramat Gan). L’un des supporteurs et habitant du quartier, Eitan Krok, commença à utiliser le terme האורדונים pour désigner les fans de son club préféré. Il choisit ce surnom uniquement car il lui plaisait. Il n’y attacha aucune signification particulière. Le terme s’infusa petit à petit et dépassa l’enceinte du stade pour s’imposer dans tout Ramat Gan. Quelques années plus tard, dans les années 1970, Roni Zeidman, le capitaine de l’équipe de jeunes de l’Hapoel Ramat Gan, qui fut champion national junior en 1977, commença à l’utiliser fréquemment dans le vestiaire et en dehors. Finalement, il s’imposa comme le surnom de l’Hapoël.

Toutefois, pour Roni Zeidman, l’origine du surnom est différente. En argot, האורדונים désigne une « putain » et il est utilisé dans une phrase qui signifie « je les ai baisé » . Un moyen comme un autre pour motiver ses troupes avant un match.

#991 – Bnei Yehoudah Tel-Aviv FC : השכונה

Le quartier. Dans un football israélien qui n’a pas été épargné par la vague de sport business, où les clubs appartiennent à des fonds ou de riches hommes d’affaires, Bnei Yehoudah fait figure d’exception. Comme le déclarait en 2014 le comédien, Shaul Badishi, ardent fan du club, dans le quotidien Yisrael Hayom, « Bnei Yehuda is the only team in the Premier League that is associated with a neighborhood. Bnei Yehuda reminds us of our lost innocence. With all the oligarchs and people with money coming and going in Israeli soccer, Bnei Yehuda is the only team that is still unpretentious and likable. If Israeli soccer is a big shopping mall, Bnei Yehuda is that little old falafel stand behind the mall. » (Bnei Yehuda est la seule équipe de Premier League associée à un quartier. Bnei Yehuda nous rappelle notre innocence perdue. Avec tous les oligarques et les gens riches qui vont et viennent dans le football israélien, Bnei Yehuda est la seule équipe qui reste sans prétention et sympathique. Si le football israélien est un grand centre commercial, Bnei Yehuda est le petit stand de falafels derrière le centre commercial ».

Il est vrai que sa forte identité lui permet de résister même si cela lui coute sportivement. Le club fut créé en Janvier 1936 par les membres de la communauté juive yéménite vivant dans le quartier d’Hatikva au sud de Tel Aviv. Il débuta par des matchs contre les autres quartiers de la ville, ce qui renforça encore son identification à Hatikva. Il finit tout de même par devenir un club professionnel. Mais, face aux deux grands de la ville, le Maccabi et l’Hapoël, Bnei Yehoudah apparaît comme le petit poucet qui a pu grandir et se faire une place grace à ses liens qui ne distendirent pas avec le temps avec ce quartier d’Hatikva. Le club finit même par remporter le titre suprême de champion d’Israël lors de la saison 1989-1990. Quartier ouvrier et pauvre dans les années 1930, sa population et son atmosphère n’ont pas bougé depuis. Bien qu’éloigné de quelques minutes de route seulement du centre-ville florissant de Tel-Aviv, le développement de la cité n’a pas atteint le quartier. Résultat, à chaque fois que l’équipe rentre sur le terrain, les habitants de Hatikva lèvent la tête avec un sentiment de fierté. Mais, en cas de défaite, le lendemain, le quartier rentre en deuil. Alors quand le club remporta le championnat, l’explosion de joie fut totale dans le quartier. Réactions facile à comprendre car comme le racontaient les supporteurs, « Here in the Hatikva neighborhood, everything revolves around soccer. If you take soccer away from this neighborhood, there is no neighborhood. There’s no reason to live. It’s all we had […] We live for moments like that. What else is there in this neighborhood besides that? Look around you. All you see is poverty. All we have is misery » (Ici, dans le quartier de Hatikva, tout tourne autour du football. Si vous éloignez le football de ce quartier, il n’y a pas de quartier. Il n’y a aucune raison de vivre. C’est tout ce que nous avions […] Nous vivons pour des moments comme ça. Qu’y a-t-il d’autre dans ce quartier à part ça ? Regarde autour de toi. Tout ce que vous voyez, c’est la pauvreté. Tout ce que nous avons, c’est la misère). Pourtant, Hatikva signifie « espoir » en hébreu.

#809 – Maccabi Petah-Tikva : הלוזונים

Les luzons. Ne cherchez pas dans un dictionnaire la définition d’un luzon car il ne s’agit pas d’un nom commun. Le surnom vient ici souligner l’identification du club avec son propriétaire, Avraham Luzon. Le club constitue un des plus anciens représentants du football en Israël. Moins de 10 ans après l’apparition du Maccabi Tel Aviv, des étudiants juifs de Constantinople fondèrent en 1912, à l’époque de l’occupation ottomane, le club de Petah-Tikva. Même s’il fit plusieurs fois l’ascenseur entre l’élite et la seconde division (première relégation en 1966), il demeura un club historique et faisant parti du paysage du football israélien avant l’arrivée d’Avraham Luzon. Toutefois, le palmarès était plutôt léger. En 1991, Avraham Luzon, cadre supérieur de l’Israel Discount Bank, avec son frère Amos Luzon, prirent le contrôle du club. L’effet fut immédiat avec une remontée en première division l’année. En même temps qu’Avraham Luzon prit des responsabilités au sein des instances israéliennes (vice-président, trésorier puis président de la fédération de 2007 à 2014) et européennes (Membre du Comité Exécutif depuis 2009 ainsi que président de la Commission des médias et vice-président de la Commission futsal et beach soccer), le club monta dans la hiérarchie. Il devint vice-champion en 2005 et remporta 2 Coupes de la Ligue (2003-04 et 2015-16). L’équipe parvint même à se qualifier pour la première fois pour une compétition européenne (C3) en 2004. L’implication d’Avraham Luzon permit donc au club de bonifier sa situation sportive mais aussi de le structurer en améliorant le centre de formation, via la création de nombreuses équipes de jeunes. Outre son frère, les cousins d’Avraham Luzon participèrent également à la vie du club. Ancien joueur, Guy Luzon entraina plusieurs fois l’équipe professionnelle. Un autre cousin, Idan Malihi, joua pour l’équipe professionnelle durant 6 ans.

#744 – Hapoël Petah-Tikva FC : מלאבס

Les Malabas. Il s’agit avant tout du surnom de la ville de Petah-Tikva qui déteignit sur le club phare de la cité, 6 fois champion d’Israël (dont 5 d’affilé). Comptant aujourd’hui 250 000 habitants et se situant en banlieu de Tel-Aviv, la cité fut établie en 1878 par des pionniers juifs d’Europe. Au départ, ces derniers souhaitaient bâtir une nouvelle ville dans la vallée d’Achor, près de la cité biblique de Jéricho, et achetèrent des terres dans cette région. Cependant, Abdülhamid II, le sultan de l’Empire Ottoman, annula la vente et leur interdit de s’y installer. Les pionners apprirent alors la disponibilité de terres au nord-est de Jaffa près du village musulman de Mulabbis (ou Umlabes ou Malabas) qui était alors constitué de 150 huttes et les acquirent. Cette fois, l’achat fut autorisé par le sultan car les terres étaient marécageuses. Le nom de Petah-Tikva fut donné à la cité car il signifiait « Porte d’Espérance » et rappellait la prophétie d’Osée (2, 17) (« Et de là-bas, je lui rendrai ses vignobles, et je ferai de la vallée de Akor une porte d’espérance »), qui avait guidé les pionners dans l’établissement en vain d’une nouvelle ville près de Jéricho.

La nouvelle ville hérita comme surnom du nom du hameau musulman Malabas (ملبس). Son étymologie donne plusieurs possibilités. La plus connue se rapporte à un bonbon mondialement connu. ملبس est le mot arabe pour désigner les dragées, cette amande enrobée de sucre coloré. En arabe comme en hébreux, les racines se réfèrent à « habiller » (l’amande est habillée de sucre). Une autre explication est née de cette racine (qui exprimait aussi le fait de changer de vêtement pour des nouveaux). En effet, la légende raconte que les nouveaux arrivants dans le village remplaçaient ceux qui mouraient comme les nouveaux vêtements détrônaient les anciens. Enfin, dans un document daté de 1133, il est indiqué que le village de Bulbus fut remis par le Comte de Jaffa à l’Ordre des Hospitaliers y compris le moulin/les moulins des trois ponts. Au XIXème siècle, le chercheur français Delaville Le Roulx suggéra que Mulebbis, prononciation du nom du village, provenait de Bulbus et du mot « moulin » . D’ailleurs, des fouilles menées sur le site originel du village renforcèrent cette hypothèse en révélant d’importants vestiges de l’époque byzantine et des croisés, dont des réservoirs d’eau, des pressoirs ainsi que des systèmes de transport d’eau.

#664 – Hapoël Beer-Sheva : האדומים מהדרום

Les rouges du Sud. En 1949, Zalman Caspi, un ancien joueur de football du club du Hapoël Ramat Gan mit en place un système de scouting pour trouver de jeunes talents dans les camps de transit de la région de Beer Sheva, afin de créer éventuellement une équipe de football. Le club fut alors fondé, sous l’égide de Hapoël, une organisation sportive qui dépendait du syndicat de travailleurs הסתדרות (Histadrout – Fédération générale des travailleurs de la Terre d’Israël).

Ce syndicat avait été fondé en 1920, porté par des mouvements socialistes, et avait pour objectif de permettre l’installation des juifs en Palestine, qui était sous mandat britannique, ainsi que la promotion et la défense des travailleurs juifs. Il investit alors toutes les sphères d’activité des ouvriers : éducation, construction de logements, santé, banque, entreprises coopératives, protection sociale, culture et donc sport. Ainsi, Histadrout fit naître en 1926 le mouvement sportif Hapoël (הפועל), ce nom étant dans la tradition de gauche du syndicat, signifiant « l’ouvrier ». Etant donné les orientations politiques du syndicat et le fait que le Comité olympique israélien était contrôlé par le rival du Maccabi, Hapoël rechercha des liens avec des organisations sportives des partis socialistes similaires et devint ainsi membre du Socialist Workers’ Sport International et de l’International Workers and Amateurs in Sports Confederation. Hapoël reprit également les codes internationaux de l’époque des mouvements de gauche : fossile et marteau dans son blason et couleur rouge pour ses tenues.

Le rouge est la couleur de tous les mouvements de gauche depuis le XVIIIème siècle, quand les premiers mouvements prolétaires émergèrent et utilisèrent le drapeau rouge comme bannière. Ce symbole proviendrait de la Marine, qui utilisait le drapeau rouge avant une bataille pour signifier qu’il ne sera pas fait de prisonnier lors du combat. Ainsi, il était un signe d’un esprit combatif sans concession, du sang prêt à couler. Et cet état d’esprit séduisit les premiers mouvements de révolte d’ouvriers (qui jaillirent dans les villes portuaires), prêts à lutter au prix de la vie jusqu’à l’abdication de leurs adversaires. Ainsi, les ouvriers du port de Londres, lors de leur grève de 1768, auraient été les premiers à utiliser le drapeau rouge. Il apparût ensuite lors de différentes révolutions en France et devint la bannière des mouvements socialistes lors de la révolution de 1848 et surtout pendant la Commune de Paris en 1871. Depuis, il s’imposa comme drapeau (avec quelques attributs) des différents pays communistes (URSS, Chine, Vietnam, Mongolie …) et des parties politiques de gauche.

Beer-Sheva copia donc les symboles de l’Hapoël et ses maillots devinrent rouge. Enfin, Beer-Sheva, 6ème ville d’Israël, est la plus grande cité du Neguev et le centre administratif pour le sud d’Israël. Résultat, afin de le distinguer des autres clubs existant sous l’égide de l’Hapoël et portant également du rouge, au surnom classique fut rajouté la localisation géographique de la ville de Beer-Sheva.

#630 – Hapoël Haïfa : הכרישים

Les requins. Si les dauphins fréquentent les côtes israéliennes (cf article #456), les requins sont plus rares. Certes, depuis quelques années, certains spécimens provenant de l’Egypte voisine se réchauffent en hiver près des eaux chaudes rejetées par la centrale électrique d’Hadera. Mais, ce phénomène n’est pas « naturel ». En réalité, le requin, qui figure sur le blason du club, rappelle le fort lien existant entre la ville de Haïfa et la mer.

L’étymologie d’Haïfa pourrait provenir du mot hébreu חוֹף (côte), voire de la contraction des mots חוֹף יָפֶה (belle côte). Située sur la côte méditerranéenne au Nord du pays, bénéficiant d’une baie d’eau profonde de 12 km de longueur, abrité par le Mont Carmel, Haïfa demeure un port depuis ses origines et l’un des principaux centres commerciaux maritimes d’Israël. Mentionné pour la première fois en 104 avant J.-C. (lorsque Ptolémée IX débarqua dans ce port pour combattre le roi hasmonéens Alexandre Jannée), le port de Haïfa fut précédé d’autres sites dans la baie dès le XVème siècle avant J.-C.. A l’époque des croisades, le site devint prospère puis fut occupé par des pirates au XVIIIème siècle. Il fallut attendre le mandat britannique et l’année 1933 pour que les autorités achevassent le premier port moderne. A ce moment, il servit pour expulser les immigrants puis à l’indépendance, il fut la principale porte d’entrée des nouveaux arrivants.

Depuis, le port de Haïfa est devenu le leader en termes de trafic passagers et est également un port de fret majeur (29 531 000 tonnes en 2018, 1 463 997 conteneurs). Le premier port privé d’Israël, Israel Shipyards Port, ouvrit également près d’Haïfa en 2007. En 2013, son volume d’activité avait cru de 500% depuis 2008 pour atteindre 1,7 million de tonnes. Enfin, après 6 ans de construction, un port complémentaire dénommé Port du Golf fut inauguré le 1er Septembre 2021 et est exploité par la société chinoise Shanghai International Port Group. Il s’agit d’un des plus grands projets d’infrastructure établis en Israël (plus de 5,5 milliards de shekels d’investissement). Le port possède des quais, mesurant environ 800 mètres de long et 17,3 mètres de profondeur, permettant pour la première fois à des navires de 400 mètres de long et 62 mètres de large, transportant 18 000 conteneurs et plus, de mouiller en Israël.