Les corsaires de Salé. L’équipe de la ville de Salé n’est pas constituée de voyous au style de jeu rude. Pour connaître l’origine de ce surnom, il faut plonger dans l’histoire de la ville et revenir au XIIIème siècle. Située sur la côte littorale, à l’embouchure du Bouregreg, Salé ne se trouve qu’à 50 lieux (environ 250 km) du détroit de Gibraltar. Cette position à la fois reculée sur la côté marocaine et proche de l’Europe, protégée par les méandres et les bancs de sable de l’embouchure, fit de Salé et des villes environnantes de Rabah et Kasbah, la base arrière d’une communauté reconnue et crainte de pirates. L’activité de piraterie débuta avec la population locale au XIIIème siècle mais demeura limitée, ne possédant pas de grandes compétences maritimes. La Reconquista au XVème siècle et surtout les édits d’expulsions promulgués entre le 22 septembre 1609 et le 18 janvier 1610 par Philippe II d’Espagne envers les populations musulmanes ou d’origine musulmane fut la véritable impulsion de l’activité pirate de Salé. En effet, les Hornachos (des musulmans qui habitaient dans la ville d’Hornachos et la région de l’Estrémadure) puis les Morisques (des musulmans ou anciens musulmans provenant d’Andalousie) s’établirent à Salé, Rabah et Kasbah. Désireux de se venger de l’Etat Espagnol qui les expulsa, ces nouveaux arrivants, bons marins et fins connaisseurs de la région, développèrent la piraterie en réalisant des raides sur les côtes espagnoles. Leur succès attira d’autres forbans venant d’Europe qui donna un nouvel allant à leurs actes en interceptant les bateaux en pleine mer et en élargissant leur zone d’intervention. Limités à l’Espagne au départ, les pirates de Salé finirent par établir leur terrain de chasse entre les Canaries, les Açores et le Finistère. L’un des plus célèbres, un hollandais du nom de Jan Janszoon alias Murad Reis, fit une expédition jusqu’au côte islandaise, pillant Reykjavik et capturant 400 personnes pour en faire des esclaves. Placés sous la protection du Sultan de la région de Salé, les pirates se constituèrent d’importantes richesses grâce au vol et au trafic d’esclaves et finirent par s’affranchirent du Sultan en 1627, en créant la République de Bouregreg ou de Salé. En 1688, Salé et sa région repassa sous le joug du pouvoir Chérifien, qui encouragea les pirates à poursuivre leur activité sous la forme d’une guerre sainte. Finalement, en 1818, le Sultan du Maroc, Moulay Sliman renonça officiellement à la guerre sainte, mettant définitivement fin à toute activité corsaire. Au sens européen du terme, ils n’étaient pas véritablement des corsaires mais bénéficiant de l’appuie d’un Etat (Sultanat ou République) et lui reversant une partie de leurs revenues, leur organisation s’en rapprocha. Le XVIIème siècle constitua l’age d’or de la piraterie à Salé et leur réputation fut grande en Europe (Ils réduisent en esclavage le héro Robinson Crusoé dans le roman de Daniel Defoe).
