#508 – Club Nacional : la Academia

L’académie. Au début du XXème siècle, l’instabilité politique sévissait au Paraguay et les programmes scolaires commençaient à envisager le sport comme un des éléments du développement global des élèves. L’enseignant-athlète de nationalité hollandaise, William Paats, importa et chercha à éveiller l’intérêt de ses étudiants à de nouveaux sports venus d’Europe, dont le football. Plusieurs équipes de football se formèrent dans les lieux d’étude de la capital tels que le « Colegio de los Salésiens » , « l’Escuela de Derecho » et « l’Escuela Normal de Maestros » . Dans ce contexte, 17 jeunes collégiens, dont 15 étudiaient au Colegio Nacional de la capital, Asunción, décidèrent de fonder un association sportive le 5 juin 1904. Ainsi naquit le Club Nacional qui reprit plusieurs symboles du collège que ses fondateurs fréquentaient. Tout d’abord le nom. Puis l’uniforme qui devint l’équipement des sportifs.

Par la suite, le club devint un grand club formateur du Paraguay. La plupart des plus grands joueurs du pays y furent formés tels que Hector Chávez, Roberto Acuña, Manuel Fleitas Solich, Raúl Piris, Marcos Riveros, Marcos Melgarejo et Ignacio Don. mais, surtout, de ses rangs, sorti Arsenio Erico, considéré par la FIFA comme le meilleur joueur paraguayen de tous les temps. S’il obtint sa réputation en Argentine avec Independiente, où il est toujours le meilleur buteur de tous les temps du championnat d’Argentine, il fut formé, évolua plusieurs fois et termina sa carrière sous les couleurs du Nacional (1930-1933, 1942 et 1949). Ce lien avec le collège Nacional mais surtout cette tradition de formation (qui produisit le plus grand joueur) donna le surnom d’Academia.

#443 – Club Cerro Porteño : Azulgrana

Les bleus et grenats (rouges). Quand le club fut fondé le 1er octobre 1912, le Paraguay connaissait une période politique trouble. Coincé entre le Brésil et l’Argentine, le pays connut une fin de XIXème siècle difficile où il perdit une guerre et devint quasiment un état vassal du Brésil. Puis, sous le gouvernement de Bernardino Caballero (1880-1886), le pays se redressa et deux partis politiques naquirent en 1887 : le Parti Liberal (symbolisé par la couleur bleu) et le Parti Colorado (rouge). Au cours des années suivantes, le Parti libéral dirigea le pays mais il était divisé en fractions, ce qui conduisit à une instabilité politique constante. En outre, les révolutions successives menées à la fois par les libéraux dissidents et les Colorados déstabilisèrent également les institutions. Le pays était fractionné en deux parties qui s’affrontaient régulièrement et pas uniquement dans les urnes.

La maison familiale des Núñez en était la parfaite illustration. Une partie de la famille dont la mère supportait les libéraux tandis que l’autre emmenée par le père était pour les colorados. Or, ce fut dans cette maison avec le support de Mme Susana Núñez et de certains de ces enfants que le club fut créé. Mme Núñez décida alors que la toute nouvelle institution devait être un havre de paix où les supporteurs devaient être unis derrière leur équipe, quelque soit leurs origines et orientations politiques, et seul le sort de celle-ci était important. Elle souhaitait reproduire au sein du club la solidarité de sa famille malgré les différences politiques qui la composait et ainsi démontrer dans la pratique que les Paraguayens, quel que soit leurs opinions politiques, étaient capables de faire de grandes choses quand ils étaient unis. Pour cette raison, elle cousit un drapeau aux couleurs des deux partis politiques, bleu et rouge, mais ces dernières étaient intercalées donc étroitement liées. Ces deux couleurs furent alors adoptées par le club.

#383 – Club Sol de América : el Danzarín

Le danseur. Le club paraguayen a aujourd’hui son stade à Villa Elisa, dans l’agglomération d’Asunción, mais son port d’attache historique se situe dans le Barrio Obrero, un quartier populaire et ouvrier d’Asunción. Son siège comme son centre d’entrainement demeure encore dans ce quartier. Comme beaucoup de club sudaméricain, avec une attache très locale, le Club Sol n’offre pas simplement une animation sportive mais s’implique dans la vie du quartier. Ainsi, pendant longtemps, le club avait l’habitude d’organiser des bals et carnavals, réputés pour être les meilleures soirées de la capitale. Ceci d’autant plus que son siège se situe proche de la Quinta Avenida (5ème avenue), où se trouvent plusieurs petits bars et restaurants. En outre, ces bals étaient un moyen de fidéliser, attirer les supporteurs étant donné que le Barrio Obrero est également le siège de 3 autres clubs importants du Paraguay (Cerro Porteño, Nacional et Club Atlántida), avec des infrastructures qui se côtoient.

#151 – Club Libertad : Gumarelo, el Guma

Le mot n’a pas de signification mais il se rattache totalement au club paraguayen. Son origine est floue puisque deux versions coexistent. La première version indique que ce surnom provient d’un personnage fictif créé par le journaliste argentin Antonio Franiecevich, dans les années 1919/1920, dans l’hebdomadaire sportif « La Gaceta ». Ce personnage pittoresque se dénommait « Pascuale Gummarello » et tenait une rubrique intitulée « Dizertazioni, Conferenzia e Tutti-quanti » (dissertation, conférence et tout le reste). Il avait une apparence très similaire à Don Nicola (un personnage d’une bande dessinée argentine, fan de Boca Juniors) avec les mains dans les poches, un peu voûté, un chapeau et une moustache imposante. Il parlait sur n’importe quel sujet d’actualité mais surtout du Club Libertad, dont il était fan. Il s’exprimait dans un espagnol italianisé comme de nombreux supporteurs du club qui avaient leur origine en Italie.

La deuxième version mentionne que le nom vient de la combinaison des noms de deux familles de fervents supporteurs appelés les Giummaresi et les Nuzzarello. Appartenant à la communauté italienne du Paraguay, comme beaucoup de supporteurs du club, le mélange des deux noms donnait Gummarello, qui apparemment était un mot d’un dialecte napolitain.

#110 – Club Guaraní : El Aborigen

L’aborigène. Créé en 1903, les fondateurs souhaitaient donner au club le nom de Guaraní, en hommage au peuple amérindien. Les Guaranís sont un peuple précolombien vivant aujourd’hui dans une région amazonienne s’étalant sur le Nord de l’Argentine (dans les provinces de Corrientes, Formosa et Misiones), le Sud-Ouest du Brésil (dans les États de Río Grande del Sur, Santa Catarina, Paraná et Mato Grosso del Sur), le Sud-Est de la Bolivie (dans les départements de Tarija, Santa Cruz et Chuquisaca), sur certaines régions de l’Uruguay et du Paraguay. Même s’ils partagent un mode de vie et une religion commune, il existe 4 principales composantes : les Aché, les Avá Guaraní, les Mbya et les Paĩ Tavyterã. Au total, l’Amérique du Sud compte environ 280 000 guaranís et la principale communauté se trouve au Paraguay (85 000 personnes), où elle de loin la plus importante parmi les peuples indigènes du pays. Au Paraguay, 88 à 95 % de la population totale parle la langue guarani (dont 39,2 % uniquement cette langue). Elle a obtenu un statut légal en 1967. Elle n’est devenue langue officielle, avec l’espagnol, qu’en 1992 et en 2010, l’Académie de la langue guarani fut créée. Outre la langue qui est un ciment de l’identité paraguayenne, le mot « paraguay » dérive d’un mot guarani, paraguay-ý, qui signifie « l’eau qui forme un océan ». Enfin, la monnaie locale s’appelle le guarani.

Le mot guaraní pourrait venir de l’expression guará-ny, ​​​​qui signifie « combattez-les », et que le peuple guaraní scandait comme cri de guerre face aux conquistadores espagnols qui envahissaient leur territoire. Selon une autre version, le nom proviendrait de la déformation d’un mot guarani, guariní, qui signifie « guerre » ou « guerrier ». Les indigènes s’appelaient ainsi afin d’indiquer qu’ils étaient des guerriers.

#92 – Club Cerro Porteño : el Ciclón de Barrio Obrero

Le cyclone du Barrio Obrero. Le club acquit ce surnom en 1918. A cette époque, à l’issue du championnat, Cerro Porteño était en tête … à égalité avec son plus grand rival, le Club Nacional. Pour départager les deux clubs, un match fut organisé mais il finit sur un nul 2-2. Un deuxième matche se joua mais termina sur 1-1. Lors du 3ème match, Cerro Porteño était mené 2-0 à 7 minutes de la fin et la plupart des spectateurs pensaient que la messe était dite. Mais, dans un dernier sursaut, le club parvint à marquer une première fois, puis à égaliser et enfin à marquer deux autres buts. Victoire 4 buts à 2, et un 3ème championnat dans la poche du club. Face à cette incroyable faculté à renverser le résultat d’un match, Cerro Porteño fut surnommé le Cyclone. En outre, à ce surnom fut rajouté le nom du quartier d’origine du club, le Barrio Obrero.

#63 – Club Olimpia : Decano

Le doyen. Il est facile de comprendre la signification de ce surnom. En étant créé le 25 juillet 1902, le Club Olimpia est le plus vieux club de football du Paraguay. En outre, il fut fondé par un groupe d’amis pratiquant ce sport dont le néerlandais, William Paats, qui est considéré comme le père du football au Paraguay. Ce dernier vivait au Paraguay depuis 1894 après un passage dans la capitale argentine. Etant notamment éducateur sportif, il se passionna à promouvoir auprès des jeunes paraguayens la pratique des nouveaux sports venant d’Europe, dont le football. La légende veut qu’il emporta de Buenos Aires dans ses bagages un ballon de football qui fut exposé puis servi à faire des démonstrations dans divers lieux du pays. D’autre version estime que ce sont les cheminots anglais qui l’importèrent. Quoiqu’il en soit, il fut un grand promoteur du développement du football au Paraguay. En effet, il organisa le premier match de football au Paraguay, le 23 Novembre de 1901, à Asunción qui opposa deux équipes composées des élèves de l’Escuela Normal de Maestros (l’Ecole de formation des enseignants). Puis, il fut donc le fondateur du premier club de football au Paraguay. Enfin, il participa à la création de l’Asociación Paraguaya de Fútbol (l’institution chargée de promouvoir, d’organiser et de réglementer les compétitions de football), dont il fut président entre 1909 et 1910. Avec une telle paternité, le Club Olimpia ne peut être qu’el Decano.