#285 – AZ Alkmaar : Kaaskoppen

Le terme n’est pas traduisible car il s’agit d’un utensil de forme ronde pour fabriquer les fromages hollandais, en particulier l’Edam. La ville d’Alkmaar est connue pour son marché aux fromages (Edam et Gouda) qui se déroule sur la place Waagplein, au centre ville. L’année 1593 est considérée comme la première année du marché au fromage. Dès 1612, la ville comptait 4 balances à fromage et des archives datant de 1619 mentionnaient déjà la Guilde des Porteurs à Fromage (kaasdragers). Au XVIIème siècle, le marché au fromage avait lieu le vendredi et le samedi, du mois de mai à la Toussaint et au XVIIIème siècle, jusqu’à quatre jours par semaine. Aujourd’hui, il se déroule les vendredis (du premier vendredi d’avril au premier vendredi de septembre) et présente un aspect folklorique, touristique mais demeure encore une vrai bourse aux fromages.

Par extension, le mot est utilisé pour une tête humaine ronde et s’utilise également de manière péjorative pour désigner un cancre. Pour les Belges (surtout les les Limbourgeois du Sud) et les Allemands (sous le terme Käskopp), le mot est devenu le surnom des néerlandais. Aux Pays-Bas, le surnom a été attribué aux habitants d’Alkmaar et de Gouda. Alkmaar a transformé ce surnom en un événement annuel, appelé Kaeskoppenstad, qui célèbre le siège d’Alkmaar en 1573. Lors de la Guerre de Quatre-Vingts Ans, Alkmaar faisait partie de la confédération des provinces rebelles et fut assiégée par les espagnols entre la fin du mois d’août et le 8 octobre 1573. Ce siège s’acheva par une victoire hollandaise, suite au retrait des troupes de Don Fadrique Álvarez, duc de Toledo. Cette victoire est considérée comme le moment charnière de cette guerre où les troupes hollandaises prirent le dessus sur les armées espagnoles.

#243 – Ajax Amsterdam : Godenzonen

Les fils de Dieux. Ce surnom fait évidemment référence au nom du club, Ajax, qui est un héros grec. En réalité, il existe deux héros grecs dénommés Ajax : Ajax le Grand (ou Ajax fils de Télamon) et Ajax le petit (ou Ajax fils d’Oïlée). Les deux firent la guerre de Troie mais le premier a connu à travers les siècles une renommée plus grande. Pour le club d’Amsterdam, les fondateurs voulurent s’inspirer certainement du premier.

3 amis, Han Dade, Carl Bruno Reeser et Floris Stempel fondèrent un premier club de football le 15 octobre 1893 dénommé Union. Mais, après quelques mois d’existence, le nom fut changé pour Footh-Ball Club Ajax. Le club disparut suite à des problèmes administratifs et de terrain. Mais les 3 amis refondèrent un club dénommé Ajax le 18 mars 1900 qui est devenu l’un des plus grands clubs de football néerlandais.

A l’époque, la mode pour les fondateurs de ces toutes nouvelles associations sportives était de prendre un nom anglicisé, pour rendre hommage au pays où a été inventé le football, ou un nom latin ou étranger pour apparaître cultivé (comme la Juventus de Turin, le Velocitas Breda ou le Vitesse Arnhem – cf article #111), ou encore avec une référence mythologique (Hercule Utrecht fondé en 1882, Achille Assen fondé en 1894 et Sparta Rotterdam fondé en 1888). Les 3 fondateurs, encore de jeunes étudiants d’un Hogereburgerschool (école d’enseignement secondaire) du centre d’Amsterdam, prirent en référence ce héros grec qu’ils avaient dû apprendre dans une leçon de mythologie. Ajax symbolisait le courage et l’audace, valeurs que les fondateurs souhaitèrent probablement défendre et infuser dans leur équipe. En outre, il était réputé invulnérable et considéré comme le meilleur des Grecs après Achille. Toutefois, le surnom exagère un peu la valeur de ce héros. En effet, Ajax n’est pas un Dieux, ni le fils d’un des Dieux de l’Olympe. Il n’est en fait que l’arrière petit-fils de Zeus. Mais, au vue du palmarès du club et de la révolution que représenta le football total, les joueurs sont devenus les fils du Dieux football …

#232 – FC Twente : Tukkers, Twentenaren

Le premier est le surnom donnés aux habitants de la région de Twente aux Pays-Bas tandis que le second est leur gentilé en néerlandais. Le club a surtout hérité du premier, Tukkers, et ses fans s’en revendiquent. Twente est une région à l’est des des Pays-Bas qui a son propre dialecte (le Tweants qui est un dérivé du bas-saxon) et une identité forte.

Tukker viendrait du mot « tuk » , qui signifie poche de pantalon. Il semblerait que ce soit une allusion à l’habitude des habitants de la région de marcher dans la rue avec les deux mains dans la poche de pantalon. En fait, cela mettait en avant l’attitude zen, nonchalante parfois attribué aux habitants. Dans le dialecte locale, le mot est devenu un verbe, tukkern, qui signifie « allez-y doucement ».

En 1949, une autre version est avancée. Le linguiste H.L. Bezoen de Twente établissait un lien avec le mot « kneu » (la linotte en Français), un oiseau qui, au Moyen-Âge, se reproduisait couramment aux Pays-Bas. En effet, cet oiseau était dénommé « tukker » à Twente. Le mot kneu vient du brabançon « heikneuter« . Mais, selon ce linguiste, le mot « heikneuter » était aussi un gros mot (qui se rapprocherait de péquenaud ou idiot du village en Français) et il fut donc aussi associé aux habitants de la région rurale de Twente au début du XXème siècle.

Résultat dans les deux cas, le surnom n’était pas flatteur pour les habitants de Twente. Il faut dire que le peuple de Twente était méprisé par les hollandais métropolitains, vu comme un peuple paysan, fermé, au fort accent, particulier (avec son humour sec) et religieux de l’extrême est du pays. Au XXème siècle, les habitants de Twente s’étaient donc demandé si « Tukker » était finalement un bon surnom. Les adversaires du mot estimait qu’il avait trop d’associations négatives. D’autres pensait que le mot correspondait à l’ambition régionaliste de Twente après la Seconde Guerre mondial en donnant une identité forte et propre. Finalement, il est resté pour la région et le club.

#184 – Roda JC Kerkrade : de Koempels

Les mineurs. Comme beaucoup d’autres clubs (comme Schalke 04), ce surnom rappelle l’histoire minière de la région. En effet, la ville de Kerkrade accueillait la plus ancienne mine de charbon des Pays-Bas, la mine Domaniale, dont l’exploitation débuta en 1114. Après divers changement de propriétaire et de pays, en 1839, la Mine Domaniale passa sous domination néerlandaise et devint en 1925 la Domaniale Mijn Maatschappij NV. En 1958, 3 000 employés y travaillaient pour extraire 481 000 tonnes de charbon. Cette mine et Kerkrade faisait partie d’un plus grand bassin houiller, celui du Limbourg, qui s’étend de la frontière allemande jusqu’en Belgique. Ce bassin était l’unique des Pays-Bas. La région compta 12 mines dont 5 appartenant à l’Etat via la société DSM (Dutch State Mines), qui est devenue ultérieurement une importante multinationale de la chimie. A la fin des années 50, plus de 55 000 personnes travaillaient dans les mines de la région. Dans les années 1960, 70% de la population du Limbourg vivait directement ou indirectement des mines. Mais, en 1965, suite à la découverte du gisement de gaz naturel de Groningue, une énergie plus propre et moins chère, l’Etat Néerlandais décida la fermeture des exploitations minières. La dernière mine ferma en 1974 et au final, les 12 mines du Limbourg produisirent près de 600 millions de tonnes de charbon (12 millions de tonne par an dans les années 50). Pendant les années de développement de l’industrie minière, la région, qui était auparavant essentiellement agricole et comptait un peu plus de 22 000 habitants, connut un afflux important de population. Comme souvent, la création de clubs de football permit de divertir pour les mineurs. Ce fut donc le cas à Kerkrade.

#170 – NAC Breda : de Ratten

Les rats. Le surnom du club néerlandais provient du surnom d’un joueur et dirigeant du club, Antonius « Rat » Verlegh, qui fut l’une des pierres angulaires du club pendant près de 40 ans. Né en 1896, Antonius fonda son premier club à l’age de 10 ans avec des amis. Ils fabriquèrent leur propre ballon et les but avec les moyens du bord et jouèrent les mercredi et samedi après-midi. Sa vitesse et son agilité avec le ballon conduisirent ses amis et adversaires à surnommer Antonius, le Rat. Deux ans plus tard, Rat Verlegh rejoignit le club de NOAD, prédécesseur du NAC. Puis, en 1912, quand le NAC fut créé suite à la fusion du NOAD avec ADVENDO, Rat Verlegh en devint un joueur et un membre influent. Sur le terrain, le joueur fut l’un des artisans du seul titre remarquable du club, le championnat des Pays-Bas en 1921 et arrêta sa carrière le 10 octobre 1931, après 19 ans au NAC. Dans les bureaux, il fut un dirigeant important pendant 40 ans. Le conseil d’administration lui offrit un siège déjà quand il était joueur. Puis, il cumula ses fonctions de dirigeants du NAC avec celles au sein de la fédération néerlandaise. Il fut aussi un entraîneur et le rédacteur en chef du journal du club. Il décéda en 1960. Aujourd’hui, il est impossible de parler du NAC sans évoquer Rat Verlegh. En 2006, le stade du club fut ainsi renommé Rat Verlegh.

#148 – Feyenoord Rotterdam : de Trots van Zuid

La fierté du sud. Le 19 juillet 1908, le club de football Wilhelmina fut fondé par des jeunes du quartier de Feijenoord (Kees van Baaren, Gerard van Leerdam, Henk Mulder et Nico Struijs). Dans ce quartier vivaient principalement des familles ouvrières, assez pauvres. En effet, avec l’industrialisation du quartier (il accueillit le chantier naval) et de la ville au XIXème siècle, le besoin en main d’oeuvre devenait important et un quartier de logements à bas loyers fut construit à Feijenoord entre 1885 et 1910 pour les accueillir. La population de Rotterdam passait globalement de 181 000 à 426 000 habitants à cette époque. Un grand nombre de ces logements ont été démolies après les années 1970 et remplacées par de nouveaux logements sociaux. Car, aujourd’hui encore, le taux de pauvreté comme le taux de chômage sont plus élevés à Feijenoord que dans le reste de Rotterdam.

Au début du XXème siècle, la fondation du Feyenoord au milieu des classes ouvrières contrastait avec les autres clubs de la ville, le Sparta et le Concordia, qui étaient liés aux élites et classes bourgeoises. Ainsi, dès le départ, le Feyenoord répondait certes à un besoin de distraction des ouvriers mais également à un revendication identitaire. Après 16 ans d’existence, le club accéda au Graal en remportant son premier championnat des Pays-Bas en 1924. 3 ans auparavant, le club avait déjà remporté l’Overgangklasse qui lui avait permis d’accéder à la première division. Il gagna ainsi en popularité et devint la fierté des milieux modestes qui trouvèrent dans cette victoire face aux clubs plus huppés, celle des travailleurs face à la bourgeoisie, des autres villes notamment. Feyenoord fut alors dénommé la fierté du Sud, Rotterdam étant situé au Sud des Pays-Bas et le quartier de Feyenoord au sud de la Meuse qui traverse la ville.

Les années qui suivirent renforcèrent cette fierté. Feyenoord remporta 14 autres championnats et 13 coupes des Pays-Bas. Il fut également l’auteur du premier doublé coupe-championnat de l’histoire aux Pays-Bas en 1965. Sur le plan européen, Feyenoord devient le premier club néerlandais à atteindre la demi-finale de la Coupe des Clubs Champions puis, en 1970, le premier club hollandais à la remporter avec des joueurs comme Wim Jansen, Willem van Hanegem et Coen Moulijn (dit Mister Feyenoord), sous la direction du très brillant entraîneur Ernst Happel. L’équipe enchaina avec la victoire en Coupe Intercontinentale. En 1974, Feyenoord s’adjugea la Coupe de l’UEFA, également la première d’un club néerlandais, sous la direction de Wiel Coerver, et avec des joueurs tels que Wim Rijsbergen, Jan Boskamp, Lex Schoenmaker, Jörgen Kristensen et Peter Ressel.

#111 – SBV Vitesse Arnhem : Vites

Vites est un diminutif du nom du club Vitesse Arnhem. Si ce mot « Vitesse » ressemble tant au mot français, c’est qu’il s’agit du mot français. En néerlandais, la traduction est snelheid. Pourquoi un club néerlandais affiche un nom français ? Le club est fondé en 1892, ce qui est en fait un des plus vieux clubs des Pays-Bas (certaines pistes indiquent qu’un premier Vitesse fut fondé en 1887). A cette époque, le football était profondément influencé par sa patrie d’origine. Les associations sportives étaient souvent fondées par des expatriés anglais qui donnaient des noms anglais à leurs clubs (Athletic Bilbao, Le Havre AC, Genoa FC …).

En outre, le football s’exporta aussi au travers des écoles anglaises installés sur le continent. Pour ces institutions, le développement culturel des esprits s’alliait à l’entretien physique. Ainsi, les nouveaux sports venant d’Angleterre (le cricket, le rugby et le football) étaient appris aux étudiants, qui provenaient des classes aisées (seules à même à supporter les frais de scolarité). Les ouvriers eux n’avaient pas le temps pour se divertir. Influencé par leurs études et également car cela faisait plus chic, ces étudiants-joueurs optèrent pour le latin pour nommer leur club (Juventus, Atalanta Bergame) ou se référer aussi au monde antique grec (Ajax Amsterdam, Heracles Alamo). Les fondateurs du Vitesse étaient des étudiants et souhaitaient garder cette touche « élitiste » que procurait l’anglais ou le latin au nom d’un club. En même temps, ils voulaient s’en détachaient et se distinguaient (ou alors une autre version avance que le latin ou l’anglais leur paraissaient trop élitiste). Le français fut alors choisi avec le terme « Vitesse ».

#61 – SC Heerenveen : de Superfriezen

Les superfrisons. Heerenveen est une ville des Pays-Bas, situé dans la province de la Frise. Le club joue à fond la carte de l’identification régionale. En effet, le maillot rayé bleu et blanc, avec des pompeblêden rouges (feuilles du nénuphar) du club est totalement semblable au drapeau de la province. En outre, avant l’entrée des joueurs sur le terrain, les haut-parleurs du stade diffusent l’hymne frison. Heerenveen n’est certes pas la capital de la province et elle ne fait pas historiquement partie des 11 villes de la province. Mais elle porte fièrement les couleurs de la province en Eredivisie, sans jamais friser le ridicule.

#52 – PSV Eindhoven : Lampen

Les lampes. Les joueurs du PSV sont-ils des lumières pour autant ? Non, ce surnom fait référence à l’entreprise qui favorisa la naissance du club : Philips. Philips est une société néerlandaise fondée en 1892 à Eindhoven qui commença son activité par la production des lampes à filament de carbone devenant au début du XXème siècle l’un des plus grands fabricants d’Europe. Son expansion rapide encouragea une forte immigration nationale à Eindhoven pour alimenter son usine. Mais, même si ces immigrés étaient néerlandais, les tensions existaient entre les différents communautés au sein de l’entreprise. En 1910, des employés de l’usine créèrent un club de football, sport naissant au sein des Pays-Bas, dénommé Philips Elftal. Mais, ses faiblesses financières ainsi que les grèves des ouvriers de Philips (notamment en 1911) entraînèrent la quasi-disparition de l’équipe. En 1913, avec le soutien des fondateurs de Philips, le club du Philips Sport Vereniging fut fondé par et pour les employés de Philips. Le reste de Philips Elftal intégra cette nouvelle structure, qui regroupait plusieurs sections sportives. Jusqu’en 1928, le club n’accueillait que des employés de Philips. Comme Philips était avant tout un fabricant d’ampoules, le premier écusson du PSV était une ampoule et son surnom fut naturellement Lampen.

#15 – Ajax Amsterdam : Joden

Les Juifs. Difficile de savoir pourquoi le club de l’Ajax a été attaché à la communauté juive d’Amsterdam. Peut-être certains fondateurs du club étaient de confession juive. Mais, rien ne le prouve. Il y a eu des dirigeants et joueurs juifs par la suite. Les joueurs Johnny Roeg et Eddy Hamel étaient juifs et décédèrent à Auschwitz . Dans les années 1960, Sjaak Swart (surnommé Monsieur Ajax car il joua uniquement pour le club pendant 17 ans, soit 603 matchs, record absolu) et Bennie Muller étaient de confession juive. Enfin, le président Jaap van Praag, qui relança l’Ajax dans les années 1960 pour en faire une machine de guerre, était également juif. Mais rien ne démontre qu’il y ait eu plus de juifs comme membres ou joueurs à l’Ajax que dans d’autres clubs. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le club, comme ses membres et joueurs, ne fut pas plus persécuté que les autres organisations du pays et comptait dans ses rangs également des collaborateurs pro-nazis.

Ce surnom est peut-être plus lié à la localisation de 1934 à 1996, du Stadion de Meer, où évoluait le club, situé à l’Est de la ville, comme le quartier juif (Jodenbuurt qui signifie « quartier juif »). Il semblerait que dans l’entre deux-guerre, du fait de cette proximité, de nombreux membres de la communauté juive supportaient l’Ajax. Il faut rappeler qu’à cette période, Amsterdam comptait 80 000 juifs sur les 140 000 présents dans le pays et était surnommée Jeruzalem van het Westen (la Jérusalem de l’Ouest). Pour autant, dans l’entre deux-guerres, les clubs de la communauté hébraïques étaient plutôt le Wilhelmina Vooruit (WV) et le Hortus Eendracht Doet Winnen (HEDW) (aujourd’hui fusionné en WV-HEDW). Il se pourrait aussi que le fait de se déplacer vers le quartier juif pour se rendre au Stadion de Meer faisait dire « Wij gaan naar de Joden » (Nous allons chez les Juifs).

Aujourd’hui, les groupes de supporteurs les plus ultras du club n’hésitent pas à revendiquer ce judaïsme. Une identité qui se serait forgée dans les années 1970 avec la montée du hooliganisme et la structuration des premiers groupes ultras. Des drapeaux d’Israël peuvent être brandis dans les travées du stade et la chanson traditionnelle juive « Hava Nagila » ou le chant « En Wie Niet Springt Die Is Geen Jood » (Ceux qui ne sautent pas ne sont pas juif) retentissentt encore. Certains groupes de supportent se surnomment Joden (Juifs) ou Super Joden (Les Superjuifs) et les plus ultras se sont même fait tatoués une étoile de David. Avant le début d’un match de Ligue des Champions, face au Bayern, les supporteurs de l’Ajax avaient brandi une banderole où s’étalait « Joden nemen wraak voor 1945 » (les Juifs se vengent de 1945). Texte encore plus surprenant quand on sait que le Bayern fut purgé par les Nazis en raison de son fort lien avec la communauté juive de Munich (et cette fois, cette proximité n’était pas supposée).

A l’inverse, les provocations antisémites fleurissent parmi les hooligans du PSV et du Feyenoord, les principaux rivaux de l’Ajax. Leurs sifflements font référence au bruit du gaz, le Zyklon B, dans les camps d’extermination tandis que d’autres crient « Hamas, Hamas, joden aan de gas » (Hamas, Hamas, les juifs en chambres à gaz). Dès les années 1920 et 1930, des articles de journaux surnommaient l’Ajax neuzenclubdans (le club du nez), faisant référence au stéréotype selon lequel les juifs ont un nez crochu. Dans les années 1960, le gardien de but du DWS, Jan Jongbloed, traita le joueur de l’Ajax, Bennie Muller, de vuile rotjood (sale juif) lors d’un match. En mars 2011, après un match remporté par ADO face à l’Ajax, le joueur de La Haye, Lex Immers, exhorta ses supporteurs en scandant entre-autre « we gaan op jodenjacht » (nous partons à la chasse aux juifs). Il écopa de 4 matchs de suspension. En mai de cette année, lors d’une rencontre face à l’Ajax, 154 supporteurs de l’AZ Alkmaar ont été arrêtés suite à des chants antisémites par la police néerlandaise après plusieurs rappels à l’ordre.

En 2005, la direction de l’Ajax tenta d’effacer ce supposé lien avec la communauté juive. D’autant plus que certaines associations juives de la ville étaient outrées par les manifestations antisémites des adversaires et le fait que les ultras de l’Ajax n’avaient certainement aucun lien avec les juifs. Son président, John Jaake déclara alors « Ajax wil van dat imago af en zal daartoe het nodige ondernemen. Is het niet langer aanvaardbaar dat joodse fans van de club thuis- maar vooral uitwedstrijden niet willen bezoeken. De paradox dat wij zogenaamd een jodenclub zijn, maar dat joden het moeilijk vinden om onze wedstrijden te bezoeken, moet van tafel. » (L’Ajax veut se débarrasser de cette image et prendra les mesures nécessaires pour y parvenir. Il n’est plus acceptable que les supporters juifs du club ne veuillent pas assister aux matches à domicile et surtout à l’extérieur. Le paradoxe selon lequel nous sommes censés être un club juif mais que les juifs ont du mal à assister à nos matches doit être mis fin). Uri Coronel, membre honoraire du Conseil d’Administration de l’Ajax et juif lui-même, apporta son soutien en précisant que « Die affichering als joodse club is gevaarlijk en pijnlijk en voert terug naar de holocaust » (Le fait d’être étiqueté comme un club juif est dangereux et blessant et nous ramène à l’Holocauste). L’initiative fut mal accueillie par les supporteurs de l’Ajax et l’identité hébraïque est restée.