#1323 – AC Sparta Prague : Železná Sparta

Le Sparta de fer. Fondé en 1893, le club pragois se remit difficilement de la Première Guerre mondiale, comme tous les clubs tchèques qui avaient cédé leurs joueurs aux champs de bataille et qui avaient été désorganisé durant cette période. Mais, de nombreux anciens joueurs du Sparta revinrent vivants du front et rapportèrent leurs talents mais surtout un état d’esprit combatif. L’attaquant Václav Pilat avait servi dans l’armée française en tant que fantassin puis de pilote. Par deux fois, il fut grièvement blessé, au point que les médecins comme sa famille le crurent mort. Finalement, en 1918, à la surprise générale, il rejoua à la tête de l’attaque du Sparta et emmena dans son sillage toute l’équipe, pour en faire une machine phénoménale qui n’eut pas son égale non seulement en Tchéquie mais aussi en Europe. La façon dont elle écrasait ses adversaires lui a valu le surnom de železná mašina (la machine de fer) qui devint železná sparta.

L’épopée débuta en 1919 lorsque l’équipe du Sparta vainquit le Slavia en finale de la Coupe sur le score de 4 buts à 1. Sur sa lancée, le Sparta gagna le championnat de Bohême centrale puis le tournoi final du championnat de Tchécoslovaquie, en marquant 17 buts contre 0 encaissé en 3 matchs. Puis, de 1920 à 1923, le Sparta s’adjugea 4 nouveaux championnats de Bohême centrale, qui, en l’absence d’un tournoi final nationale, était considéré comme la meilleure ligue et son vainqueur, le champion officieux du pays. Une exception en 1922 où un nouveau tournoi national fut organisé et gagné par le Sparta. La domination du club ne s’exprima pas seulement dans ses 5 titres acquis d’affilée. Durant cette période, le Sparta joua 59 matchs et les remporta tous sauf un (en 1919 une défaite contre l’Union Žižkov). Surtout, l’équipe marqua 235 buts pour seulement 46 encaissés. A ce palmarès s’ajouta 4 Coupe de Bohême centrale (1920, 1923, 1924, 1925) ainsi que deux nouveaux championnats de Tchécoslovaquie en 1926 et 1927.

Sur le plan continental, l’absence de Coupe d’Europe n’empêchait pas l’organisation de matchs amicaux ou de trophées qui en faisait office. Pour son premier scalp, le Sparta s’offrit le FC Barcelone, vainqueur du championnat de Catalogne depuis 3 ans (1919 à 1921) et de la Coupe d’Espagne (1920), sur le score de 3 buts à 2, le 25 Décembre 1921 à Barcelone. Les écossais du Celtic Glasgow, référence comme toute équipe britannique et déjà dominante en écosse (16 championnats remportés sur les 32 disputés), passèrent aussi à la trappe le 2 mai 1922. Devant 26 000 pragois, Pilát et Janda marquèrent les deux buts pour la victoire du Sparta, qui réédita l’exploit lors de la revanche. Après les espagnols et les écossais, le Sparta s’attaqua à l’Everest allemand, le FC Nuremberg, surnommé der club (cf. #521) pour sa domination sur le football outre-Rhin. Mais, le 16 août 1922, Nuremberg ne résista pas à la tempête pragoise, balayé 5 buts à 2. Après l’Europe, il ne restait plus que le monde. Motivée par l’excellente performance de l’équipe nationale d’Uruguay lors des JO de 1924, dont la base était composée de joueurs du Nacional Montevideo, cette dernière entama une grande tournée en Europe, qui se déroula de Février à Août 1925, dans 9 pays, 23 villes pour 38 matchs. Le 14 Mai 1925, le Nacional affronta le Sparta Prague devant plus de 30 000 spectateurs, dont certains étaient montés sur les toits des maisons voisines pour apercevoir la rencontre. Et sur les 38 matchs disputés, le Nacional ne perdit que 5 fois, dont la rencontre disputée contre le Sparta (1-0).

L’équipe reposait sur le grand František Peyr, orfèvre de profession, et gardien de but, spécialiste des arrêts de pénalty. La défense pouvait compter sur le prolifique Antonín Hojer (18 ans au Sparta, 483 matchs et 123 buts) et Miroslav Pospíšil. František Kolenatý (au Sparta depuis l’age de 12 ans, 517 matchs et 54 buts à son actif), Antonín Fivébr et Karel Káďa (20 ans au Sparta, 727 matchs et 28 buts) formaient un milieu de terrain exceptionnel, sans équivalent en Europe continentale. Antonín Perner compléta ce trio à gauche, ultérieurement. Dans l’attaque menée par Pilát, Josef Sedláček opérait à droite tandis que Otto Škvajn dit Mazal évoluait à gauche. Cette réputation déteignit sur l’équipe nationale. En 1920, les Jeux olympiques se déroulaient à Anvers et l’équipe nationale tchécoslovaque, composée de 10 joueurs du Sparta, atteint la finale face aux Belges.

Aujourd’hui, le surnom est toujours vivace. En 2013, pour les 190 ans du club, un livre sur l’Histoire du Sparta fut édité avec comme titre ce surnom. Le groupe de rock, Alkehol, enregistra en 1992 l’hymne du club qui s’intitule železná sparta.

#1255 – SK Sigma Olomouc : Hanáci

Les Haná. Au cœur de la Moravie Centrale se situe une région historique du pays, habitée par le peuple Haná. Il s’agit d’une plaine les plus fertiles de la République tchèque et se distingue par son climat favorable et ses riches terres boisées et fertiles. Elle est aussi connue pour ses spécialités régionales, son riche folklore ainsi que son dialecte très particulier. Oloumouc, sixième ville la plus peuplée de la République tchèque et la troisième en Moravie, a été pendant longtemps considéré comme le centre de la région des Haná.

Géographiquement, la rivière Haná constitue l’axe centrale de la région qui se répand dans l’aire d’Olomouc, l’aire de Zlín et l’aire de Moravie du Sud. Le terme Haná dérive naturellement du nom de la rivière et la première désignation de la population comme Haná provient de l’ouvrage daté de 1571 du grammairien tchèque Jan Blahoslav. Les Haná représentent le groupe ethnographique le plus ancien de la population morave, la région ayant été habitée de manière continue depuis la préhistoire. Elle se distingue tout d’abord par son dialecte particulier. Il fait partie des dialectes moraves de la langue tchèque et est généralement inclus dans le groupe dialectal dit de Moravie centrale ou hanakien. De par la richesse de la terre, les populations paysannes Haná étaient plutôt aisées et fières, vu comme de l’orgueil aux yeux des étrangers. Les opérettes et les opéras haná du XVIIIème siècle soulignaient que le confort, l’indécision et l’orgueil sont des caractéristiques typiques des Haná. Mais cette indécision serait le résultat d’un certain conservatisme et une envie de ne pas se précipiter. Cette partie pittoresque de la Moravie est particulièrement riche en histoire, folklore et culture. Outre les danses et la musique, la culture locale se distingue notamment par la cuisine qui inclut de nombreux plats à base de céréales, notamment en bouillie. Les pâtisseries, gâteaux et petits pains à base de pâte levée fourrés aux graines de pavot font partie des desserts typiques. Mardi-gras, mariage et fête de la Pentecôte constituent les 3 grands rendez-vous populaires. Enfin, les costumes traditionnelles représentent la manifestation la plus distinctive de la culture de cette région. Le costume des hommes se compose d’une longue chemise fine blanche décorée de broderies marrons et noires sur le col et de broderies crème à jaune sur l’épaule. Les pantalons, qui à l’origine n’atteignaient que les genoux, où ils étaient attachés avec des lanières décorées, sont de couleur rouge brique ou jaune. Pour les femmes, le costume se distingue par un chemisier blanc, avec des manches ballons (amples), auquel est rajoutée un corset richement décoré, le plus souvent noir, rouge, bleu ou vert. Les femmes portaient des jupes cousues avec un tablier multicolore décoré de broderies ou de motifs colorés imprimés.

#1195 – FC Hradec Králové : Votroci

Difficile de donner une traduction exacte mais l’idée est qu’il s’agit d’un jeune homme, plutôt immature (Votrok au singulier, Votroci au pluriel). On pourrait même dire qu’il était compris comme une canaille, un garnement. Il désigne les joueurs de l’équipe noire et blanche, puis a été adopté pour nommer le groupe de supporteurs. C’est un mot du dialecte du nord-est de la Bohême, assez utilisé au XIXème siècle mais qui tomba au fil des années en désuétude sauf dans la région de Hradec Králové.

Son origine est assez discutée mais il dériverait du vieux tchèque otrok qui désignait aussi bien un esclave qu’un jeune homme. Et les études font remonter les racines du mot dans la voisine Pologne où le terme local avait également ce double sens d’esclave et jeune garçon. Pour certain, il s’analysait comme une plaisanterie. Mais d’autres estimaient qu’il s’agissait d’un juron. Un vieux procès aurait tranché l’interprétation. Monsieur Eman Fiala aurait traité un habitant de votrok, qui poursuivit cette « injure » devant le tribunal. Lors du procès, Eman Fiala demanda pardon au plaignant et déclara « Ale di, votroku, snad bys mne nechtěl připravit do kriminálu… » (Allez, votrok, tu ne voudrais pas me mettre en prison…). Le juge estima que la manière de prononcer le mot par Monsieur Fiala n’avait pas de signification offensante et c’est ainsi qu’il fallait l’entendre à Hradec Králové. La légende raconte que Monsieur Fiala remercia le juge pour sa décision en ces termes « Děkuji vám! Jste vy to Votrok » (Merci, vous êtes le votrok !). C’était quasiment une récompense décernée par Monsieur Fiala au magistrat. Les supporteurs l’adoptèrent pour leur club dans le sens léger, affectueux.

#1162 – FK Jablonec : Galácticos

Les galactiques. Pour tout fan de football, ce surnom fait remonter de bons souvenirs et le transporte directement dans les années 2000 au cœur de la péninsule ibérique, de la maison blanche. Les Zidane, Figo, Beckham, McManaman, Owen ou Robinho illuminaient le Santiago Bernabéu et les autres enceintes européennes. Mais, là, nous sommes perdus dans la campagne tchèque, au Nord de Prague, avec le club du FK Jablonec qui n’a jamais fait trembler la Tchéquie ou l’Europe.

Pourtant, en 2014, le propriétaire du club, Miroslav Pelta, qui était également le président de la fédération tchèque de football, décida de changer de braquet pour son club, qu’il dirigeait depuis 1991. En effet, la saison précédente fut un échec avec une onzième place en championnat, à seulement cinq points des places relégables. Pelta promit aux supporters « rapidní změny a velké posílení kádru » (des changements rapides et un grand renforcement du staff). Il fit d’abord appel au charismatique entraîneur Jaroslav Šilhavy puis il déclencha une avalanche de transferts, parfois onéreux. Le gardien Vlastimil Hrubý de Znojmo, le défenseur polyvalent Milan Mišůn de Příbram, le défenseur Luděk Pernica du Zbrojovka Brno, le latéral droit espagnol José Antonio Romera du Dukla Prague, le milieu Martin Pospíšil du Sigma Olomouc, le célèbre milieu Tomáš Hübschman du Shakhtar Donetsk, l’ailier turkmène Ruslan Mingazov et l’attaquant Tomáš Jun de l’Austria Vienne rejoignirent ainsi le club, offrant à Šilhavy un effectif de joueurs expérimentés et de jeunes talents. Pelta, dans un élan d’enthousiasme, certainement pour justifier sa politique et séduire ses supporteurs, attribua le surnom de galácticos à son équipe. La première saison fut un succès avec une 3ème place mais rapidement le soufflet retomba, le club retrouvant le ventre mou les années suivantes. Un an et demi après le lancement de cette stratégie, Pelta licencia Šilhavy et transféra plusieurs joueurs de cette époque. Il déclara enfin que l’ère des galácticos était terminé.

#875 – 1. FC Slovácko : Synot

Le terme n’est pas traduisible car ce n’est pas un nom commun. Il s’agit du nom de l’entreprise, ancien sponsor du club. L’adversaire de l’OGC Nice en Ligue Europa Conference est un club à la fois ancien et récent. En effet, techniquement, le 1. FC Slovácko naquit en 2000 par la fusion de deux entités : FC Synot Staré Město (fondé en 1927, représentant la vieille ville d’Uherské Hradiště) et FC Synot Slovácká Slavia Uherské Hradiště (fondé en 1894, certainement l’un des premiers clubs de la ville d’Uherské Hradiště). Ces deux clubs partageaient une partie de leur nom, Synot, qui était en fait leur sponsor principal, la société Synot. Créée en 1991 à Uherské Hradiště par l’entrepreneur Ivo Valenta, Synot est une entreprise tchèque présent dans plus de 30 pays et employant environ 3 000 personnes. Son activité se concentre sur les jeux d’argent, en ligne ou non. Ce groupe s’est rapidement développé dans d’autres domaines, tels que la distribution des véhicules BMW, le tourisme, l’immobilier, les médias ainsi que les services informatiques. Actif dans les paris sportifs, le groupe se tourna naturellement vers le sponsoring des clubs d’Uherské Hradiště. En 1994, il prit le contrôle du SFK Staré Město qui devint le FC Synot Staré Město. Vers la même époque, l’autre club, le Slovácká Slavia Uherské Hradiště fut également repris par une entreprise, TIC (Trade Investment Consulting). Mais, rencontrant elle-même des difficultés financières, TIC dut abandonné le club. Une autre compagnie, Joko, prit la relève en 1995, après les deux ans de TIC. Mais, elle ne réussit pas plus à stabiliser financièrement le club, qui connut une relégation en 1997. En 1999, Synot intervint alors dans le club de Slovácká Slavia, celui-ci intégrant le nom de l’entreprise.

Voulant faire de la ville, une des places incontournables du football tchèque, Synot décida de fusionner les deux institutions en 2000. Le nouveau club prit le nom de son sponsor-actionnaire, 1. FC Synot. L’entreprise et son dirigeant avait l’ambition de se battre pour les premières places dans l’élite tchèque, afin de participer aux compétitions européennes. Dès la fusion, le club retrouva sa place en première division et il termina pour sa première saison à la 11ème place, gagnant sa participation à la prochaine Coupe Intertoto. En octobre 2003, un nouveau stade fut construit d’une capacité de 8 121 places, remplaçant la petite enceinte obsolète de Širůch dans la vieille ville. Jusqu’en 2004, la progression fut constante pour atteindre une 5ème place lors de la saison 2003-2004. Toutefois, cette année fut fatale pour le soutien de Synot et le football tchèque, éclaboussés par des affaires de corruption.

En avril 2004, le directeur sportif du Synot, Jaroslav Hastík, fut arrêté dans une station-service près de Vyškov en possession de 175 000 couronnes tchèques (6 500 euros de l’époque) et en compagnie de l’arbitre Stanislav Hruška. Ecoute téléphonique à l’appuie, l’enquête de la police conclut à une tentative de corruption. D’autres actes furent également découverts par la police. L’arbitre Václav Zejda fut acheté par Jaroslav Hastík (à hauteur de 120 000 couronnes tchèques) pour influencer le match Chmel Blšany-Synot. Un autre arbitre, Eduard Cichý, avait manipulé le match Synot-Teplice contre 200 000 couronnes slovaques (Cichý faisait parti d’un échange entre les ligues tchèques et slovaques). L’implication du président de Synot, Ivo Valenta, dans cette politique de corruption fut également démontrée par les enquêteurs pour au moins deux matchs Zlín–Synot et Synot–Sparta. Cette affaire révéla un système de corruption beaucoup plus large au sein du football tchèque. En effet, au delà de Synot, d’autres clubs de l’élite (FK Teplice, FK Jablonec, Sparta Prague, Slovan Liberec, SFC Opava, HFK Olomouc et Viktoria Žižkov) avaient également soudoyé des arbitres. Des clubs de deuxième division furent également impliqués. Pour Synot, cela se termina par des sanctions plutôt clémentes. La commission de discipline de la ligue décida de ne pas reléguer le FC Synot et de lui infliger une amende de seulement 500 000 couronnes tchèques (18 000 euros) et une perte de 12 points pour le championnat 2004-2005. La direction du club de Synot démissionna, son actionnaire vendit le club et proclama qu’il ne financerait à l’avenir plus aucune activité sportive. Le club changea de nom en 1. FC Slovácko pour effacer toute trace du nom honni. Même si le club fut le plus impliqué dans cette affaire, les supporteurs n’en gardèrent pas de rancœur et continuent de surnommer le club, Synot.

#814 – Slavia Prague : Červenobílí

Les rouge et blanc. Couleurs du maillot de l’équipe depuis sa création en 1895 (bien qu’il y ait eu quelques dérives en bleue, blanche ou en jaune pendant les années 1953-1955 en raison de l’interdiction du maillot traditionnel par les autorités communistes). Lors de la réunion de fondation le 31 mai 1895, les deux couleurs furent choisies pour souligner un peu plus l’identité slave du club.

Il faut rappeler que le club naquit à un moment où le nationalisme tchèque était exacerbé alors que la région faisait parti de l’Empire Austro-Hongrois. Avec la diminution de l’influence de l’Autriche dans sa zone traditionnelle (l’Italie et l’Allemagne), son Empereur, François-Joseph Ier, souhaita renforcer son pouvoir en Europe Centrale. Pour conserver la couronne hongroise en 1867, il garantit à la noblesse locale ses privilèges ancestraux en créant un royaume hongrois quasi-indépendant. Toutefois, cet accord avec la noblesse hongroise se fit au dépend de la constellation des autres peuples slaves qui vivaient dans les territoires de la double monarchie (Tchèques, Slovaques, Polonais, Ukrainiens, Slovènes, Croates, Serbes). Les aspirations nationalistes montèrent donc au sein de ses populations. Les mouvements sportifs étaient un moyen de développer les qualités physiques de la jeunesse mais également de diffuser les idées politiques, notamment celle de l’indépendance. Le Slavia se voulut le successeur d’un premier club qui avait été porté par les étudiants de l’association patriotique universitaire Literární a čnický spolek Slavia (Société littéraire et oratoire de Slavia).

Tout d’abord, le nom du nouveau club reprenait déjà un premier symbole puisque Slavia provient du latin et désigne dans la littérature médiévale le territoire habité par les Slaves. Ensuite, le drapeau du club copiait celui du Royaume de Bohême : une bande blanche au dessus du bande rouge. Le Royaume de Bohême constituait depuis 1085 le territoire principale des Tchèques. D’ailleurs, aujourd’hui, ces derniers dénomment cet Etat monarchique, Royaume Tchèque. Le rouge et le blanc dérivaient des armes initiales du Roi de Bohême, Vladislav II, qui représentaient un aigle argenté (blanc) sur un champ de gueule (rouge). Il était le deuxième souverain à obtenir le titre de Roi de Bohême en 1158. Outre ce symbolisme nationaliste, la direction donna un sens à chaque couleur. Ainsi, la couleur blanche symbolise la pureté des pensées et l’intention de gagner dans un combat loyal, où l’adversaire n’est pas un ennemi, mais un adversaire reconnu. La couleur rouge est un symbole du cœur que les joueurs mettaient à l’ouvrage à chaque match.

#743 – FK Mladá Boleslav : Bolka

Bolka est une variante tchèque du prénom Boleslav comme d’autres tels que Bolek, Boleček, Sláva et Slávek. Provenant certainement du latin Magnus, Boleslav est un prénom masculin d’origine slave et que l’on retrouve en Russie, Slovaquie, Bulgarie et aussi en Pologne, sous la forme Bolesław. Le nom a été formé à partir du terme bolje signifiant « grand, haut » et de slav signifiant « glorieux ». Ainsi, le prénom se traduirait pas « plus glorieux » . Mladá Boleslav, ville de Bohême centrale, fait donc référence à Boleslav II, duc de Bohême de 967 à 999, surnommé le Jeune (en opposition à son père Boleslav I), membre de la maison Přemyslides. Territoire nouvellement acquis, Boleslav II y fonda une ville en décidant de construite un chateau pour défendre la région et y établir un centre administratif. Mladá Boleslav se développa ainsi autour de ce chateau. Comme il y avait déjà une ville connue sous le nom de Boleslav près de Prague, le chateau s’appela Novým Boleslavem (Nouveau Boleslav), sous la forme latine Nouo Bolezlau. Puis, la nouvelle cité fut nommée Město Boleslava Mladého (La ville de Boleslav le Jeune), qui fut plus tard abrégée en Mladá Boleslav (Jeune Boleslav) pour la distinguer de l’ancienne ville de Boleslav. Cette dernière devint connu à compter du XVème siècle sous le nom de Stará Boleslav (Vieux Boleslav). Ce qui est étonnant est que Mladá est à la forme féminine en tchèque de jeune alors que le fondateur était un homme. Alors qu’au XVème siècle, les habitants nommaient leur ville aussi bien Mladý (forme masculine) et Mladá (forme féminine) Boleslav, l’adjectif Mladá s’imposa au XVIème siècle. L’origine de cette féminisation serait à chercher à nouveau du côté du chateau originel. En effet, au Xème siècle, le terme utilisé pour désigner la forteresse était Boleslavův (chateau de Boleslav) qui était féminin.

#684 – Dukla Prague : Dukla

Ce club de la capitale tchèque végète depuis de nombreuses années dans les divisions inférieures après avoir failli disparaître (suite à un déménagement) à la fin des années 1990. Pourtant, il s’agit d’un des plus grands clubs tchécoslovaques (11 Championnats et 9 Coupes nationales ainsi que deux demi-finales de Coupe d’Europe) qui a vu évoluer le plus grand joueur tchèque du XXème siècle, Josef Masopust (finaliste de la Coupe du Monde 1962 et Ballon d’Or la même année). Pour son surnom, rien de plus simple que de reprendre son nom, qui demeure particulier. En effet, Dukla est un col de montage, situé à la frontière entre la Pologne et la Slovaquie et également près de la frontière occidentale de l’Ukraine. Ce col est donc à plus de 710 km (et 8 heures de route) de Prague et pourtant il lui a donné son nom. En 1948, dans une Tchécoslovaquie qui sortait de la guerre en basculant dans le monde communiste, l’armée populaire du pays souhaita unifier ses différentes équipes (11 équipes de football) au sein d’une structure. Ainsi naquit le club sous le nom de ATK Prague (Club sportif de l’armée). En 1953, le club fut rebaptisé ÚDA Praha (Maison Centrale de l’Armée) en raison d’une réorganisation de la politique sportive du pays mais il demeura toujours dans le giron de l’armée. Puis, en 1956, l’armée décida de renommer le club Dukla en l’honneur des combats de la Seconde Guerre Mondiale qui se déroulèrent dans ce col. En effet, entre le 8 septembre et le 6 octobre 1944, les armées Nazis, soutenues par des régiments Hongrois, affrontèrent les troupes soviétiques et des soldats tchécoslovaques qui venaient aider la rebellion slovaque. Cette bataille serait considérée comme parmi les plus sanglantes de tout le front oriental lors de la Seconde Guerre Mondiale et de l’histoire de la Slovaquie, avec près de 80 000 morts. Au cœur des combats entre le 10 et le 20 Septembre, le contrôle de la colline changea plus de 20 fois.

Le footichiste a consacré un article au Dukla.

#549 – FC Viktoria Plzeň : Viktorka

Victoire en tchèque. Par dérivé, les joueurs du club s’appellent Viktoriáni (les Victoriens). Le nom du club, Viktoria, est une adaptation du mot latin victoria qui signifie victoire. Dans la Mythologie romaine, Victoria était le nom de la déesse de la victoire (équivalent de Nike dans la Mythologie grecque). Dès la réunion de fondation du club le 11 juin 1911, les membres optèrent pour le nom Viktoria. Il aurait été donné en l’honneur de la victoire de l’équipe représentant la Bohème au Championnat d’Europe amateur à Roubaix, la même année. En 1911, la ville du nord de la France organisa une Exposition Internationale du 30 avril au 6 novembre. Les nations se retrouvaient à ce genre d’évènement dans le cadre de la compétition mondiale qui prévalait avant la Première Guerre Mondiale. Naturellement, des compétitions sportives s’organisaient en marge de ces expositions, comme un autre exutoire de cette affrontement entre nations. Pour les sports naissant de la fin du XIXème siècle, les expositions internationales étaient une belle vitrine pour se faire connaître. Ainsi, l’UIAFA (Union Internationale Amateur de Football Association), une nouvelle rivale amateur de la FIFA, profita de l’exposition internationale de Roubaix pour créer un tournoi dénommé « Grand Tournoi européen de football association » du 25 au 29 mai. Il regroupait 4 nations : France, Angleterre, Bohème et Sélection du Nord (en remplacement de la Suisse qui renonça à participer). La Bohème faisait parti de l’Empire Austro-Hongrois mais, dans cet Etat multinational, le football au début du XXème siècle était le lieu des revendications nationalistes de chaque peuple slave (slovène, tchèque, serbe …). Ainsi, des équipes « nationales » slaves se constituèrent au grand dam de l’Empire. A partir de 1905, sous la houlette de John Madden, un écossais triple champion d’Ecosse avec le Celtic, la sélection de Bohème-Moravie devint une place reconnue du football continental. Ainsi, en 1908, les Tchèques reçurent la sélection olympique d’Angleterre et s’inclinèrent 4 buts à zéro, une défaite en réalité flatueuse face à l’équipe la plus forte du moment (et de loin) et qui venait d’étriller les Autrichiens 11-1 et les Hongrois 7-0. Lors de ce fameux tournoi de Roubaix, qui fut vu comme un championnat d’Europe amateur, la sélection de Bohème bâtit en demi-finale 4 buts à 1 l’Equipe de France et surtout remporta le finale face à une sélection anglaise 2 buts à 1. Battre l’Angleterre (même si ce n’était pas la sélection officielle car composée de joueurs amateurs – mais à cet époque, tout joueur britannique était généralement supérieur à tout footballeur du continent) était un grand exploit et eut donc son retentissement parmi les fondateurs du club.

En 1948, avec l’avènement du communisme en Tchécoslovaquie, le Comité d’action du Front national décida que toutes les associations sportives devaient fusionner en une seule organisation sportive nationale, dénommée Sokol. Cette association unifiée s’appuya sur les syndicats et ainsi Viktoria Plzeň devient Sokol Škoda Plzeň. Jusqu’en 1992, le club connut alors différents noms (Sokol, Spartak, Škoda). En 1993, avec la fin du communisme et la séparation en deux de la Tchécoslovaquie, le club reprit son nom historique de Viktoria Plzeň.

#537 – FC Zbrojovka Brno : Flinta

Les pistolets. Le club fut fondé le 14 janvier 1913 par un fils de fabricant de farine, Cyril Lacina. Après la Seconde Guerre Mondiale et l’avènement du communisme en République Tchécoslovaque, le club passa sous le patronage de Zbrojovka Brno, une usine de fabrication d’armes. Créée en 1918 par absorption de la branche armement léger de Skoda, la société, dénommée alors Československé závody na výrobu zbraní v Brně (Usine d’armes tchécoslovaque à Brno), réparait, à l’origine, des voitures, des fusils, du matériel de communication et ferroviaire. Dans les années 1920 et 1930, elle étendit également son activité à la construction automobile et aux machines à écrire Remington. Mais, son activité principale, qui fit sa renommée, fut la fabrication de pistolets puis de fusils militaires et mitrailleuses ainsi que des armes de chasse, exportés dans le monde entier. La société fit finalement faillite en 2006. Le club sorta du giron de l’entreprise avant la faillite (au début des années 90) et changea de nom pour Boby Brno. Mais, en 2010, la nouvelle direction revint aux sources pour donner un nouveau souffle au club qui venait de chuter en seconde division après plus de 20 ans dans l’élite : Zbrojovka réapparut donc dans le nom du club. Il faut dire qu’à la fin des années 1970, sous le patronage de l’usine, le club écrivit les plus beaux chapitres de son histoire. Sous la houlette de l’entraîneur Josef Masopust, Brno remporta son seul titre de champion de Tchécoslovaquie lors de la saison 1977/78 (le club termina 3ème la saison suivant et 2ème la saison 1979/1980). Un beau tir groupé.