#1009 – Zhejiang FC : 中國阿賈克斯

L’Ajax chinois. La comparaison avec le club néerlandais de l’Ajax ne se focalise pas sur le style de jeu, le club chinois n’ayant jamais été remarqué pour pratiquer le football total ou un autre jeu offensif. En réalité, Zhejiang est connu pour sa formation, une compétence qui faisait défaut dans un football chinois qui loucha trop longtemps sur l’importation de pseudo-stars européennes. Fondé en 1998 par la volonté de deux sociétés immobilières, de l’Université Zhejiang et de la ligue provinciale, le club posséda au départ que des équipes de jeunes. Un an après sa création, il comptait déjà des équipes des U13 à U19. Mais il se pourvut rapidement d’une équipe sénior, qui débuta au 3ème échelon national.

Depuis sa création, la formation demeure une pièce maitresse du projet du club et un soutien important à sa subsistance en temps de crise financière (comme en 2016 suite à la relégation du club en 2ème division). Le club investit 140 millions de yuan dans une académie de formation en 2004 avec des installations modernes (10 terrains de football à 11, 2 à 5 et une piscine) et exporta nombres de ses jeunes parfaire leurs éducations sportives en Europe, notamment en Bulgarie et dans les pays de ex-Yougoslavie. Zhejiang a continuellement fourni des talents au football chinois, plus de 160 joueurs du club ayant fréquenté les diverses équipes nationales chinoises. Récemment, le gardien Zou Dehaï, les défenseurs Shi Ke et Zhao Yuhao, l’attaquant Zhang Yuning et le milieu Xie Pengfei sont passés par les classes de jeunes de Zhejiang. Et si le club est comparé à l’Ajax, ses méthodes d’entrainement et de formation s’inspirent toujours du japonais, Takeshi Okada, qui fut l’entraineur de l’équipe première de 2011 à 2013. Zhejiang possède même une base d’entrainement au Japon où se rendent ses jeunes en formation.

#936 – Ajax Amsterdam : de Ajacieden

Les ajacides, dérivé directement du nom du club. Le club de la capitale néerlandaise, inventeur du football total, emblème d’une certaine idée romantique du football, se nomme d’après le héros grec, Ajax. Toutefois, il existe deux héros grecs qui s’appelaient Ajax : Ajax le Grand (ou Ajax fils de Télamon) et Ajax le petit (ou Ajax fils d’Oïlée). Les deux firent la guerre de Troie mais le premier a connu à travers les siècles une renommée plus grande. Pour le club d’Amsterdam, les fondateurs voulurent s’inspirer certainement du premier. 3 amis, Han Dade, Carl Bruno Reeser et Floris Stempel fondèrent un premier club de football le 15 octobre 1893 dénommé Union. Mais, après quelques mois d’existence, le nom fut changé pour Footh-Ball Club Ajax. Le club disparut en raison de problèmes de terrain et administratifs. Mais les 3 amis refondèrent un club dénommé Ajax le 18 mars 1900.

A l’époque, la mode pour les fondateurs de ces toutes nouvelles associations sportives était de prendre un nom anglicisé, pour rendre hommage au pays où a été inventé le football (tel que Standard, Racing), ou un nom latin ou étranger (comme la Juventus de Turin, le Velocitas Breda ou le Vitesse Arnhem – cf article #111). Les références mythologiques eurent aussi le vent en poupe, les dieux étant porteurs de certaines valeurs. Ainsi, aux Pays-Bas, naquirent en 1882 le Hercule Utrecht, en 1888 le Sparta Rotterdam, en 1894 Achille Assen, RFC Xerxes en 1904, KSV Achilles ’12 en 1912, Achille ’29 en 1929 et Fortuna’54 en 1954. Cette mode n’était pas propre aux Pays-Bas. Evidemment les clubs grecs et chypriotes y souscrivirent (Apollon Smyrnis, Apollon Kalamaria, Aris Salonique, Iraklis Salonique, Apollon Limassol) mais également dans le reste de l’Europe (Hercules Alicante en Espagne, Atalanta Bergame en Italie, Fortuna Düsseldorf en Allemagne, Sparta Prague en Tchéquie, Spartans en Ecosse).

Les 3 fondateurs de l’Ajax, encore de jeunes étudiants d’un Hogereburgerschool (école d’enseignement secondaire) du centre d’Amsterdam, prirent en référence ce héros grec qu’ils avaient dû apprendre dans une leçon de mythologie. Ajax symbolisait le courage et l’audace, valeurs que les fondateurs souhaitèrent probablement défendre et infuser dans leur équipe. Toutefois, quand ils décidèrent de prendre ce nom, il existait déjà aux Pays-Bas un club dénommé Ajax, Ajax Sportman Combinatie, fondé le 1 juin 1892 à Oegstgeest, près de Leiden. Les fondateurs de l’Ajax Amsterdam demandèrent l’accord d’utiliser le nom du héros grec au club d’Oegstgeest. La direction de ce dernier accepta sous réserve de revoir le point au bout de 99 ans. Cet accord fut formalisé et déposé à la fédération néerlandaise. Mais, quand l’échéance se rapprocha, l’Ajax Sportman Combinatie se renseigna auprès de la fédération qui répondit que l’acte original de cette accord avait été perdu. Fin heureuse pour le club de la capitale dont le nom ne pourra pas être remis en cause.

#824 – AFC Chindia Târgoviște : Micul Ajax

Le petit Ajax. Le club roumain ne s’étalonne pas directement au héros grec, Ajax, mais son surnom s’inspire du grand club d’Amsterdam. Tout d’abord, l’AFC Chindia Târgoviște a hérité ce surnom de l’ancienne équipe nommée FCM Târgoviște, qui disparut en 2015. En effet, en raison de divergence entre la direction du FCM Târgoviște et la mairie en 2010, cette dernière choisit de fonder une nouvelle entité en association avec l’ancien international Gheorghe Popescu et l’ancien arbitre Ion Crăciunescu. Ce nouveau club reprit quasiment le nom de l’ancienne association, également ses couleurs (bleu et rouge) et reçut son surnom historique. Au début des années 1990, le FCM Târgoviște évoluait en 3ème division roumaine (comme souvent dans son histoire et en l’espèce depuis 12 ans). Mais, bénéficiant d’une génération dorée de jeunes formés au club pratiquant un football tournée vers l’avant, le club obtint deux promotions consécutives, de 3ème en 2ème division lors de la saison 1994-1995 et de 2ème en 1ère en 1995-1996. Couvée par les entraineurs Silviu Dumitrescu et Gică Păsărică, l’équipe s’appuyait sur Adrian Bogoi, Vasile Bârdeș, Bogdan Liță, Cristian Țermure, Cristian Bălașa, Remus Gâlmencea et Laurențiu Reghecampf. Malheureusement, l’apprentissage de l’élite fut plus difficile. L’équipe se classa à la 16ème place lors de la saison 1996-1997. Dans l’édition suivante, elle termina à la même place mais cette fois, ce classement donnait lieu à la relégation de l’équipe. Il n’empêche que la performance de l’équipe basée sur un style de jeu offensif et des jeunes joueurs talentueux formés au club valut au club d’être comparé au mythique Ajax, qui porte ces valeurs au plus haut. Mais, effectivement, il valait mieux le qualifier de « petit » pour remettre les choses en perspective.

#243 – Ajax Amsterdam : Godenzonen

Les fils de Dieux. Ce surnom fait évidemment référence au nom du club, Ajax, qui est un héros grec. En réalité, il existe deux héros grecs dénommés Ajax : Ajax le Grand (ou Ajax fils de Télamon) et Ajax le petit (ou Ajax fils d’Oïlée). Les deux firent la guerre de Troie mais le premier a connu à travers les siècles une renommée plus grande. Pour le club d’Amsterdam, les fondateurs voulurent s’inspirer certainement du premier.

3 amis, Han Dade, Carl Bruno Reeser et Floris Stempel fondèrent un premier club de football le 15 octobre 1893 dénommé Union. Mais, après quelques mois d’existence, le nom fut changé pour Footh-Ball Club Ajax. Le club disparut suite à des problèmes administratifs et de terrain. Mais les 3 amis refondèrent un club dénommé Ajax le 18 mars 1900 qui est devenu l’un des plus grands clubs de football néerlandais.

A l’époque, la mode pour les fondateurs de ces toutes nouvelles associations sportives était de prendre un nom anglicisé, pour rendre hommage au pays où a été inventé le football, ou un nom latin ou étranger pour apparaître cultivé (comme la Juventus de Turin, le Velocitas Breda ou le Vitesse Arnhem – cf article #111), ou encore avec une référence mythologique (Hercule Utrecht fondé en 1882, Achille Assen fondé en 1894 et Sparta Rotterdam fondé en 1888). Les 3 fondateurs, encore de jeunes étudiants d’un Hogereburgerschool (école d’enseignement secondaire) du centre d’Amsterdam, prirent en référence ce héros grec qu’ils avaient dû apprendre dans une leçon de mythologie. Ajax symbolisait le courage et l’audace, valeurs que les fondateurs souhaitèrent probablement défendre et infuser dans leur équipe. En outre, il était réputé invulnérable et considéré comme le meilleur des Grecs après Achille. Toutefois, le surnom exagère un peu la valeur de ce héros. En effet, Ajax n’est pas un Dieux, ni le fils d’un des Dieux de l’Olympe. Il n’est en fait que l’arrière petit-fils de Zeus. Mais, au vue du palmarès du club et de la révolution que représenta le football total, les joueurs sont devenus les fils du Dieux football …

#15 – Ajax Amsterdam : Joden

Les Juifs. Difficile de savoir pourquoi le club de l’Ajax a été attaché à la communauté juive d’Amsterdam. Peut-être certains fondateurs du club étaient de confession juive. Mais, rien ne le prouve. Il y a eu des dirigeants et joueurs juifs par la suite. Les joueurs Johnny Roeg et Eddy Hamel étaient juifs et décédèrent à Auschwitz . Dans les années 1960, Sjaak Swart (surnommé Monsieur Ajax car il joua uniquement pour le club pendant 17 ans, soit 603 matchs, record absolu) et Bennie Muller étaient de confession juive. Enfin, le président Jaap van Praag, qui relança l’Ajax dans les années 1960 pour en faire une machine de guerre, était également juif. Mais rien ne démontre qu’il y ait eu plus de juifs comme membres ou joueurs à l’Ajax que dans d’autres clubs. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le club, comme ses membres et joueurs, ne fut pas plus persécuté que les autres organisations du pays et comptait dans ses rangs également des collaborateurs pro-nazis.

Ce surnom est peut-être plus lié à la localisation de 1934 à 1996, du Stadion de Meer, où évoluait le club, situé à l’Est de la ville, comme le quartier juif (Jodenbuurt qui signifie « quartier juif »). Il semblerait que dans l’entre deux-guerre, du fait de cette proximité, de nombreux membres de la communauté juive supportaient l’Ajax. Il faut rappeler qu’à cette période, Amsterdam comptait 80 000 juifs sur les 140 000 présents dans le pays et était surnommée Jeruzalem van het Westen (la Jérusalem de l’Ouest). Pour autant, dans l’entre deux-guerres, les clubs de la communauté hébraïques étaient plutôt le Wilhelmina Vooruit (WV) et le Hortus Eendracht Doet Winnen (HEDW) (aujourd’hui fusionné en WV-HEDW). Il se pourrait aussi que le fait de se déplacer vers le quartier juif pour se rendre au Stadion de Meer faisait dire « Wij gaan naar de Joden » (Nous allons chez les Juifs).

Aujourd’hui, les groupes de supporteurs les plus ultras du club n’hésitent pas à revendiquer ce judaïsme. Une identité qui se serait forgée dans les années 1970 avec la montée du hooliganisme et la structuration des premiers groupes ultras. Des drapeaux d’Israël peuvent être brandis dans les travées du stade et la chanson traditionnelle juive « Hava Nagila » ou le chant « En Wie Niet Springt Die Is Geen Jood » (Ceux qui ne sautent pas ne sont pas juif) retentissentt encore. Certains groupes de supportent se surnomment Joden (Juifs) ou Super Joden (Les Superjuifs) et les plus ultras se sont même fait tatoués une étoile de David. Avant le début d’un match de Ligue des Champions, face au Bayern, les supporteurs de l’Ajax avaient brandi une banderole où s’étalait « Joden nemen wraak voor 1945 » (les Juifs se vengent de 1945). Texte encore plus surprenant quand on sait que le Bayern fut purgé par les Nazis en raison de son fort lien avec la communauté juive de Munich (et cette fois, cette proximité n’était pas supposée).

A l’inverse, les provocations antisémites fleurissent parmi les hooligans du PSV et du Feyenoord, les principaux rivaux de l’Ajax. Leurs sifflements font référence au bruit du gaz, le Zyklon B, dans les camps d’extermination tandis que d’autres crient « Hamas, Hamas, joden aan de gas » (Hamas, Hamas, les juifs en chambres à gaz). Dès les années 1920 et 1930, des articles de journaux surnommaient l’Ajax neuzenclubdans (le club du nez), faisant référence au stéréotype selon lequel les juifs ont un nez crochu. Dans les années 1960, le gardien de but du DWS, Jan Jongbloed, traita le joueur de l’Ajax, Bennie Muller, de vuile rotjood (sale juif) lors d’un match. En mars 2011, après un match remporté par ADO face à l’Ajax, le joueur de La Haye, Lex Immers, exhorta ses supporteurs en scandant entre-autre « we gaan op jodenjacht » (nous partons à la chasse aux juifs). Il écopa de 4 matchs de suspension. En mai de cette année, lors d’une rencontre face à l’Ajax, 154 supporteurs de l’AZ Alkmaar ont été arrêtés suite à des chants antisémites par la police néerlandaise après plusieurs rappels à l’ordre.

En 2005, la direction de l’Ajax tenta d’effacer ce supposé lien avec la communauté juive. D’autant plus que certaines associations juives de la ville étaient outrées par les manifestations antisémites des adversaires et le fait que les ultras de l’Ajax n’avaient certainement aucun lien avec les juifs. Son président, John Jaake déclara alors « Ajax wil van dat imago af en zal daartoe het nodige ondernemen. Is het niet langer aanvaardbaar dat joodse fans van de club thuis- maar vooral uitwedstrijden niet willen bezoeken. De paradox dat wij zogenaamd een jodenclub zijn, maar dat joden het moeilijk vinden om onze wedstrijden te bezoeken, moet van tafel. » (L’Ajax veut se débarrasser de cette image et prendra les mesures nécessaires pour y parvenir. Il n’est plus acceptable que les supporters juifs du club ne veuillent pas assister aux matches à domicile et surtout à l’extérieur. Le paradoxe selon lequel nous sommes censés être un club juif mais que les juifs ont du mal à assister à nos matches doit être mis fin). Uri Coronel, membre honoraire du Conseil d’Administration de l’Ajax et juif lui-même, apporta son soutien en précisant que « Die affichering als joodse club is gevaarlijk en pijnlijk en voert terug naar de holocaust » (Le fait d’être étiqueté comme un club juif est dangereux et blessant et nous ramène à l’Holocauste). L’initiative fut mal accueillie par les supporteurs de l’Ajax et l’identité hébraïque est restée.