#1219 – FK Shkëndija : Kuq e Zi

Les rouge et noir. Sauf qu’en macédonien, puisque la ville où il réside, Tetovo, se situe en Macédoine du Nord, « rouge et noir » s’écrit Црвено-црните. Alors pourquoi le surnom s’exprime en langue albanaise, Kuq e Zi ? Tetovo est une ville du nord-ouest de la Macédoine du Nord, construite sur les contreforts du Mont Šar, traversée par la rivière Pena. Distante de seulement 40 km de la capitale Skopje, elle est également à seulement 20 km du Kosovo, dont la majorité (92%) de la population est albanaise. A quelques encablures supplémentaires se trouve l’Albanie et la ville de Kukës. Naturellement, l’influence albanaise à Tetovo se fait forte et plus de 70% des habitants de la ville sont d’origine albanaise. La ville fut même sous domination albanaise durant la première indépendance du pays entre 1444 et 1479. Dans la mosaïque yougoslave, où le pouvoir central communiste écrasait toute velléité régionaliste, les idées nationalistes des peuples s’exprimèrent notamment au travers des clubs sportifs. Ainsi, les populations albanaises de Tetovo défendirent leur identité en fondant un club de football en 1979 et en choisissant les couleurs de l’Albanie, le rouge et le noir, comme symbole.

Depuis l’indépendance de l’Albanie actuel, en 1912, le drapeau du pays représente un aigle noir à deux tête sur un fond rouge. Le rouge symbolise la bravoure, la force, la valeur et le sang, tandis que l’aigle est le symbole traditionnel des Albanais. Ses origines remontent au XVème siècle et à Georges Kastrioti plus connu sous le nom de Skanderbeg. Sa famille noble, la maison des Kastrioti, possédait une vaste principauté, qui occupait une partie du territoire albanais actuel et qui faisait face à l’Est à l’Empire Ottoman. Après la chute de Constantinople, les incursions ottomanes dans la péninsule des Balkans se firent de plus en plus fréquentes. Au point que suite à la mort du père de Skanderbeg, l’Empire annexa la principauté au lieu d’installer Skanderbeg sur le trône. Skanderbeg quitta alors les rangs de l’armée ottomane et, pendant 25 ans, mena une forte résistance aux Ottomans. La ville de Tetovo épaula les troupes de Skanderbeg lors de la victoire de la bataille de Polog face à Ibrahim Pacha, libérant la ville du joug ottoman. Skanderbeg déclara son indépendance le 28 novembre 1443, hissant son drapeau rouge à l’aigle noir. Il avait adopté le drapeau impérial romain d’Orient, avec l’aigle à deux têtes et le fond rouge et en avait fait les armes de sa famille. De 1444 à 1479, l’Albanie connut sa première période d’indépendance sous le nom de Ligue de Lezhë et Skanderbeg apparaît comme un héros national pour les albanais.

#827 – FK Dinamo Tirana : Dinamovitët

Le surnom est dérivé du célèbre nom du club (dans les anciens pays de l’Est). Pendant la Seconde Guerre Mondiale, la résistance albanaise à l’occupation italienne puis allemande était tombée sous la coupe des communistes et son leader Enver Hoxha. Résultat, en 1946, les communistes prirent définitivement le pouvoir et instaurèrent la république populaire d’Albanie. Comme dans les autres pays du bloc de l’Est, le gouvernement copia l’organisation et les structures du grande frère soviétique pour rapidement affirmer leur pouvoir. Ceci passa par la main mise des grandes administrations et syndicats sur les mouvements sportifs et culturels. En 1950, le Ministère de l’Intérieur fonda donc son club de sport, dans le cadre de l’association sportive Dynamo. Ce dernier regroupait dans les pays de l’Est les associations sportives des membres et fonctionnaires des affaires intérieures et des organes de sécurité de l’État (principalement la police judiciaire et politique). La structure Dynamo fut créée en Russie le 18 avril 1923. Le choix du nom Dynamo s’expliquerait selon l’écrivain Maxim Gorky, membre honoraire de l’association ainsi : « Греческое слово «дина» значит сила, «динамика» — движение, а «динамит» — взрывчатое вещество. «Динамо» — это сила в движении, призванная взорвать и разрушить в прах и пыль всё старое, гнилое, все, что затрудняет рост нового, разумного, чистого и светлого — рост пролетарской социалистической культуры » (Le mot grec « dina » signifie force, « dynamique » signifie mouvement et « dynamite » signifie explosif. « Dynamo » est une force en mouvement, appelée à faire exploser et à réduire en cendres et en poussière tout ce qui est vieux, pourri, tout ce qui entrave la croissance du nouveau, raisonnable, propre et brillant – la croissance de la culture socialiste prolétarienne). L’idée était que les forces de police n’œuvraient pas contre le peuple mais par leur action repressive visait à protéger l’ordre nouveau et luttait contre les ennemies du peuple. Le slogan de l’association sportive fut donc « Сила — в движении » (la force en mouvement).

Le club albanais s’installa rapidement comme une pierre angulaire du football albanais, remportant déjà quatre championnats consécutifs rapidement après sa naissance (de 1950 à 1953). Par la suite, le club partagea avec le Partizani les trophées albanais jusqu’à la chute du régime communiste (15 titres de champions et 12 Coupes nationales). Mais, le communisme albanais qui rompit avec l’URSS en 1956 afin de ne pas se « déstaliniser » fut l’un des régimes les plus durs et fermés du bloc de l’Est, avec une police politique, Sigurimi, particulièrement repressive. En 1995, afin de laisser derrière eux ce lourd passé, certains estimèrent qu’il fallait changer de nom qui apparaissait comme un symbole négatif de cette époque (comme le Dynamo Zagreb avait pu le faire deux ans auparavant en devenant le Croatia Zagreb). Ainsi, le nouveau nom, KS Olimpik Tirana, était plus consensuel en se référant à l’esprit olympique. Mais, finalement, dans de nombreux pays de l’ancien bloc de l’Est, la quasi-totalité des clubs dont le nom se rattachait aux structures des régimes communistes tels que Lokomotiv (Ministère des Transports), CSKA (armée) et Spartak (Coopérative de production), ne changèrent pas de nom, estimant que celui-ci faisait parti de l’histoire du club, dépassant les liens avec l’autoritaire communisme. Et malgré la rattachement à la police, qui au vue de son action sous ces dictatures avait une mauvaise image, ce fut aussi le cas pour les Dynamo tels que le Dynamo Dresde, Dynamo Moscou, Dynamo Kiev, Dinamo Bucarest ou Dinamo Tbilissi. Finalement, deux ans plus tard, la direction du club de Tirana décida de revenir à l’ancien nom. Cette attachement des supporteurs à leur histoire s’est encore manifesté dernièrement quand le club modifia son écusson. Les fans ne cessèrent jamais de réclamer le retour du logo original de leur club de cœur et obtinrent gain de cause cette année.

#737 – KF Teuta Durrës : Djemtë e Detit

Les garçons de la mer. Fondé le 29 janvier 1920, le nom du club changea régulièrement dans ses premières années pour définitivement se fixer en 1930. Il reprit le nom de Teuta, reine illyrienne de la tribu des Ardiaei, ayant vécu au IIIème siècle avant J.-C.. L’Illyrie correspond à l’Albanie antique. Favorisant les attaques sur les villes grècques et multipliant les actes de pirateries sur les navires romains, Teuta s’attira les foudres de Rome et perdit la première guerre illyrienne, rendant son royaume vassal de Rome. La ville de Duraz fut justement conquise par les Romains à l’issue de cette guerre et était stratégique pour eux car c’était leur porte d’entrée (via le port) pour les Balkans jusqu’à Byzance. Tout au long de son histoire, sa relation avec la mer fit la richesse de la ville. Aujourd’hui, deuxième cité d’Albanie après Tirana, Duraz demeure une ville portuaire, la principale même du pays (qui couvre environ 85% de l’import-export albanais de marchandises et la plus importante dans le transport maritime de passagers). Le tremblement de terre de 1926 conduisit à la reconstruction de la ville et surtout à donner la forme de son port actuel, d’une superficie totale de 1,4 km². Une activité de transport de passagers existent de par sa proximité avec les ports italiens. En plus, elle possède également un important chantier naval, spécialisé dans la réparation et la maintenance. Enfin, les différentes plages de la ville sont également une destination populaire pour de nombreux touristes étrangers et locaux. 

#386 – FK Partizani Tirana : Të Kuqtë

Les rouges. L’équipe du Partizan Tirana est un pur produit de l’ère communiste en Albanie, puisant ses origines dans la résistance albanaise durant la Seconde Guerre Mondiale. Après l’invasion allemande en 1943 (auparavant l’Albanie était tombé sous le joug de Mussolini en 1940), la résistance fut principalement organisé au sein de l’Armée de Libération Nationale, menée par les troupes communistes qui dominait quasiment tout le sud du pays, sous le commandement du futur dictateur Enver Hoxha. Les membres de ses troupes étaient dénommés « partisans » et portaient l’étoile rouge, symbole du communisme. A la sortie de la guerre, l’Armée de Libération Nationale devint l’armée officielle du nouveau régie communiste. 2 premières équipes issues de l’armée vont concourir dans le premier championnat national en 1945. Puis l’année suivante, ces deux forces furent réunis dans une seule structure, retenant que les meilleurs éléments, dénommée Ushtria (l’armée). Puis, peu de mois après le premier match joué le 7 avril 1946, le club , qui dépendait donc des forces armées albanaises, reprit ses symboles et ceux de l’état du bloc soviétique : une étoile rouge, le nom partizan et la couleur rouge. Le club s’émancipa de l’armée avec la chute du communisme en 1994 (racheté par le par l’homme d’affaires Albert Xhani), sans pour autant renier un seul de ses symboles.

#333 – KF Tirana : Tirona

Tirona est le nom de la ville de Tirana dans le dialecte locale de la capital de l’Albanie. A la fondation du club, Tirana était une ville jeune, à la fois par son histoire que dans son statut. Si l’occupation de cette plaine semble remonter au milieu du XVème siècle, Tirana ne fut consacré en tant que ville qu’en 1614 quand le Pacha Sulejman Bargjin-Pacha fit construire une mosquée, un four à pain et un hammam pour attirer des colons. Jusqu’au début du XXème siècle, Tirana demeura une ville modeste de 10.000 habitants. Puis, elle va prendre son essor avec l’indépendance du pays en 1913 et surtout son élévation au statut de capital du pays en 1920. Dans ce contexte, un groupe d’intellectuels de Tirana créa le 15 août 1920 le club sous le nom de Sportklub Tirona. Comme dans la plupart des pays européens, au début du XXème siècle, la pratique sportive se développa à Tirana mais les compétitions comme les structures demeuraient au niveau des quartiers. Avec la structuration du pays, la création du club permettait de franchir une nouvelle étape dans l’organisation et le développement des activités sportives et, ainsi, de se calquer sur les autres pays d’Europe. La création du championnat albanais suivra le mouvement avec sa première édition en 1930. Le club conserva son nom de Tirona comme surnom car aujourd’hui encore il est le club qui représente le mieux la capitale, sa population et son histoire. Il est l’un des plus anciens clubs de la capitale avec l’un des plus beaux palmarès (25 fois champion, record national, 16 fois vainqueurs de la Coupe nationale et 11 fois de la Supercoupe nationale) face aux autres que sont le FK Partizani Tirana, le FK Dinamo Tirana et dans une moindre mesure le Shkëndija Tirana (tous ces clubs furent fondés à l’époque de la dictature communiste). Pour la petite histoire, plusieurs versions expliquent l’origine du nom Tirana. La première estime que le mot vient de Tirkan, un château sur le versant de la montagne Dajti, que l’historien byzantin Procope (VIème siècle) mentionna. Tirana pourrait également puiser ses origines dans le mot grecque ancien Τύρος qui signifie lait, la région ayant compté de nombreuses bergeries. Tirana serait dérivé de la ville de Theranda, appelée Të Ranat par ses habitants, située aujourd’hui au Kosovo. Enfin, Tirana pourrait provenir de la façon dont les habitants de ce pays étaient appelés. En effet, comme la population installée sur ce territoire venait principalement des montagnes environnantes, les gens les appelaient alors « Të rônë » (tomber) car ils étaient tomber de leurs montagnes.