#1353 – América Cali : el Pentacampeón

Le quintuple champion. Au début des années 1980, l’América débuta son incroyable voyage vers les titres et les records, qui en fait aujourd’hui l’un des plus grands de Colombie. Fin 1978, l’expérimenté Docteur Gabriel Ochoa Uribe (7 titres de champion remportés entre 1959 et 1972 avec Millonarios et Santa Fe) remplaça l’entraîneur uruguayen Víctor Pignanelli. Partisan d’un football défensif, Uribe construisit l’équipe autour d’une défense solide et d’un jeu fermé, surtout quand son équipe menait. Après avoir laissé son rival du Deportivo Cali remporter le tournoi Apertura, l’équipe conquit son premier titre national en 1979. En 1980, América recruta le gardien uruguayen Ladislao Mazurkiewicz et l’attaquant argentin Carlos Miori et atteignit les demi-finales de la Copa Libertadores. La saison suivante, l’argentin Julio César Falcioni remplaça Mazurkiewicz et l’argentin Roque Alfaro renforça le milieu de terrain. L’América remporta pour la première fois le tournoi Apertura.

1982 marqua le début de la suprématie de l’América sur le football colombien. Avec l’intégration du jeune attaquant Antony de Ávila, l’América fut sacré champion national pour la deuxième fois de son histoire et, pour la première fois en Colombie, l’équipe remporta tous les tournois (Apertura, Finalización et Finale octogonale). En 1983, l’América recruta l’attaquant Willington Ortiz et l’équipe remporta son deuxième titre consécutif. L’année suivante, l’équipe se consolida avec les offensifs péruviens César Cueto et Guillermo La Rosa tandis qu’Álex Escobar fit ses débuts en équipe première. Nouveau sacre national, avec la victoire dans tous les tournois une nouvelle fois ainsi qu’une série de 23 matchs sans défaite. En 1985, América engagea les internationaux Ricardo Gareca (Argentine) et Roberto Cabañas (Paraguay) et l’équipe gagna son 4ème titre national consécutif. Pour la première fois de son histoire, América atteignit la finale de la Copa Libertadores mais la perdit face à Argentinos Juniors. En 1986, l’América fut une nouvelle fois champion, ravissant son 5ème titre consécutif au nez et à la barbe de son rival du Deportivo. Face à River Plate, l’équipe perdit sa deuxième finale de Libertadores. Si sa suprématie nationale s’arrêta sur ce 5ème titre (devenant le premier et l’unique Pentacampeón de Colombie), América atteignit sa 3ème finale consécutive de Copa Libertadores en 1987, face à l’uruguayen Peñarol, mais sans plus de succès.

#718 – América Cali : el Diablo Rojo

Le diable rouge. Voila un surnom qui doit inspirer la crainte aux adversaires et galvaniser ses troupes. Pas étonnant alors de le retrouver sur le blason du club, qui d’ailleurs évolue en rouge. Sa naissance donne lieu à diverses histoires mais remontent toutes aux premières années d’existence du club. Officiellement fondé le 13 février 1927, le club puise ses origines au sein de deux formations créées quelques années auparavant. D’un côté, le Racing Club (ou Junior) naquit en 1925 et portait des maillots rayés bleu ciel et blanc qui mettait à l’honneur le club argentin du Racing que les fondateurs admiraient. De l’autre, le club d’Independiente, formé notamment de dissidents du Racing, évoluait avec un maillot bleu foncé. Le Racing absorba Independiente en 1927 et continua à utiliser ses maillots. Puis, les joueurs utilisèrent un maillot rouge associé à un short bleu. Suite à des discussions internes, les joueurs souhaitèrent changer pour des maillots et shorts respectivement rouge et blanc. La raison de ce choix est inconnu.

En 1931, le club fut suspendu de toute compétition régionale pendant un an après avoir contesté les décisions arbitrales lors de la finale d’un tournoi. Afin de maintenir l’activité football, les dirigeants d’América décidèrent d’entreprendre une tournée à travers le pays. A son arrivée à Barranquilla, América fut invité à assister à un match de basket entre Unión Colombia et Los Diablos Rojos. Cette dernière portait un uniforme intégralement rouge et sa domination était telle que le secrétaire de la tournée, Hernando Lenis, suggéra d’adopter une tenue totalement rouge. Ce choix aurait alors également coïncidé avec les déclarations d’un journaliste quelques temps plus tôt lors de cette tournée. En effet, dans le journal « El Gráfico » de Bogota un journaliste écrivit après la victoire de l’América sur Bartolino que « Los negritos del América parecen unos diablos rojos… » (Les petits noirs d’América ressemblent à des diables rouges…). Ainsi, cette tournée fut structurante pour le club puisqu’elle permit de sauver la section football, d’adopter sa couleur encore actuelle et d’y gagner un surnom.

Le diable accompagné de son trident apparut sur le blason du club entre 1940 et 1943 en remplacement de l’image du continent sud-américain. Toutefois, la présence du diable sur l’écusson du club (et qui se répandit comme une symbole de fierté dans toute la ville) ne pouvait laisser indifferent dans un fervent pays catholique. Le diable de l’América fut donc souvent tenu pour responsable des malheurs de l’équipe. Un prêtre avait même réalisé un exorcisme sur le terrain avant une rencontre. En outre, l’entraineur, Gabriel Ochoa Uribe, en raison de ses croyances et superstitions, fit disparaître du maillot le diable pendant 12 ans (lors de la période dorée du club dans les années 1980 où ils remportèrent 5 titres nationaux consécutifs et atteignirent 3 finales de Copa Libertadores d’affilée).

#108 – América Cali : la Mechita

La traduction de ce mot qui relève de l’ « argot » colombien dépend de l’origine de ce surnom. La plus communément admise raconte qu’avant les années quarante (difficile de dater plus précisément cette histoire tant les versions diffèrent), les joueurs arboraient les fameux maillots rouges. Mais, par manque de moyen, ces maillots étaient rarement remplacés et s’usaient au fil du temps. Avant un match, un des joueurs déclara, en regardant les maillots abîmés, une phrase du genre « No tocó ponernos la misma mechita siempre » , ce qui signifie « Nous ne pouvons pas mettre toujours le même haillon ». La mechita designe effectivement un vieux vêtement en laine usé, comme une serpillière. Mais il faut savoir aussi qu’il peut désigner une robe de gala …

Une autre version se réfère au mot espagnol mecha (dont mechita est dérivé) qui signifie la mèche (d’un explosif). En effet, dans les années 80, le club colombien était une place forte du football locale (5 championnats remportés d’affilée) et surtout sud-américain, avec 3 finales consécutives de Copa America (malheureusement sans succès). En 1982 et 1983, América gagna deux championnats avec une défense impénétrable. Mais, dans l’intersaison qui suivi, le manager, Gabriel Ochoa Uribe, souhaita engager absolument le milieu de terrain Willington Ortiz qui était l’une des plus grandes stars du football colombien. Ce transfert allait radicalement changer le caractère et la stratégie de l’équipe car si Ortiz était vieillissant, il était toujours un joueur technique et rusé capable de lancer une attaque rapide et soudaine. Ainsi, le jeu de l’équipe passa d’une défense totale à une attaque rapide, explosive (d’où l’image de la mèche). Grâce à ce changement, le club poursuivit ses conquêtes et sa suprématie.