#277 – Bayer Leverkusen : Pillendreher

Pilulier. Le club est également connu sous Pillenklub, le club des pilules. Et ces pilules ne cherchent pas à cacher (désolé pour le jeu de mot) le lien du club avec le groupe chimique Bayer. En février 1903, Wilhelm Hauschild adressa une lettre signée par 170 collaborateurs du groupe Bayer à la direction de l’entreprise, leur demandant de fonder son propre club sportif. Il fallut attendre le 1er juillet 1904 pour que le Turn- und Spielverein 1904 der Farbenfabrik vormals Friedrich Bayer Co. Leverkusen soit fondé. Enfin, le 31 mai 1907, le club se dota d’une section football qui deviendra plus tard le Bayer Leverkusen 04.

Aujourd’hui encore, le club appartient à 100% à l’entreprise Bayer AG et jusque dans les années 1970, la majorité des joueurs étaient encore employés dans l’usine. Et comme le note, Rüdiger Vollborn, l’ancien gardien ayant évolué de 1983 à 1999 au Bayer, « l’association et l’usine ne font qu’un tout comme la ville et l’usine ne font qu’un ». Car Bayer s’installa dans un village en 1895 qui, accompagnant le développement du siège et de l’usine de Bayer, devint la ville de Leverkusen en 1930. Débutant dans les colorants et la peinture, l’entreprise connut une croissance dans les produits pharmaceutique, notamment en déposant le brevet et la marque Aspirin, en 1899. Aujourd’hui, les activités de Bayer s’articulent autour des divisions Pharmaceuticals (médicaments de prescription), Consumer Health (médicaments en vente libre), Crop Science (produits phytosanitaires), et Animal Health (produits vétérinaires).

A l’image d’autres entreprises (Fiat avec la Juventus, Philips avec le PSV), le rôle paternaliste était assumé et Bayer voyait donc en la création d’un club sportif une façon de renforcer le lien entre les collaborateurs et la société, d’assurer une mission sociale et culturelle. Ainsi, l’entreprise Bayer est encore identifiée comme Mutter Bayer (la mère Bayer) par les habitants de Leverkusen et les supporteurs du club. Dans les années 80, Vollborn estime que 7 spectateurs sur 10 étaient des employés de Bayer. Aujourd’hui, le taux est certes un peu plus bas, mais seulement un peu.

#68 – Bayer Leverkusen : Neverkusen

Il s’agit d’un jeu de mot (ou un mot-valise si on veut être gentil) ayant pour base le nom du club (kusen) et intégrant en première syllabe Never (Jamais). En Allemand, le surnom se transforme en VizeKusen, Vize signifiant Second. Il fait référence à l’incapacité du club à obtenir des titres et à toujours finir dans les places d’honneur.

Evidemment, ce surnom fut donné de manière ironique par les supporteurs adverses à l’équipe du Bayer Leverkusen de la fin des années 90 et début des années 2000. A cette période, l’équipe s’appuyait sur le génial milieu Michael Ballack, le défenseur Jens Nowotny et l’attaquant bulgare Dimitar Berbatov. Le rugueux défenseur brésilien Lúcio, le besogneux milieu défensif Carsten Ramelow, le talentueux Bernd Schneider (surnommé le brésilien blanc), le fin attaquant Oliver Neuville complétaient cette équipe, qui ne manquait donc pas de talent. Avec un tel effectif, les résultats suivirent assez vite mais malheureusement, ne furent pas suffisants pour atteindre la première place.

Le club termina 4 fois vice-champion d’Allemagne (1997, 1999, 2000, 2002) et 1 fois finaliste de la Coupe d’Allemagne (2002). Surtout, ils atteignirent la finale de la Ligue des Champions en 2002, face au Real Madrid. Mais, la sublime reprise de volée de Zinedine Zidane les priva une nouvelle fois d’un trophée. Cette malédiction poursuivit les allemands de l’équipe. A la Coupe du Monde en Corée du Sud et au Japon, l’équipe d’Allemagne qui comptait dans ses rangs 5 joueurs du Bayer (Oliver Neuville, Carsten Ramelow, Bernd Schneider, Hans-Jörg Butt et Michael Ballack) s’inclina en finale face au Brésil. 2 finales perdues en 2002 et une place de vice-champion, de quoi devenir la risée des Allemands. Plutôt que d’être offusqué, le club breveta pour des raisons commerciales ce surnom.

En 2024, quand le club réalisa, sous la houlette de Xabi Alonso, une saison historique, où le club remporta son premier titre de champion d’Allemagne, réalisa le doublé et échoua simplement en finale de Ligue Europa, toute la presse rappela que le surnom n’avait peut-être plus raison d’être.