#783 – The Strongest : Gualdinegro, Aurinegro

Les or et noir. Evidemment, ce surnom fait référence aux nuances de couleurs de la chemise du club. Le premier maillot du club de La Paz fut proposé par l’un des fondateurs, Víctor Manuel Franco, et confectionné par la mère d’un autre, Alberto Requena. Il était à rayures verticales noires et jaunes. En 1908, à la fondation du club, certains des membres venaient ou étaient supporteurs d’un club qui avait disparu l’année précédente, Thunder FC.

Ce dernier était populaire car il avait été créé pour affirmer l’identité bolivienne en affrontant les autres clubs de la capitale qui dépendaient de la communauté britannique. Le Thunder avait opté pour un maillot à rayures noires et jaunes disposées horizontalement. Pour le choix des couleurs, les fondateurs du Thunder avaient juste levé leurs yeux car, à cette époque, dans les parcs de la ville, qui leur servaient de terrain de jeu, le chardonneret appelé dans la capitale bolivienne Chayñita pullulait. Cet oiseau, dont le plumage est noir tacheté de jaune, est typique de la région puisqu’il ne vit que dans les hauts plateaux andins.

Les fondateurs de The Strongest changèrent en revanche le sens des rayures car un de leur ami qui étudiait en Allemagne leur avait partagé le maillot d’un club germanique qui possédait des rayures verticales jaunes et vertes. Au final, ces couleurs intercalées devaient représenter le jour et la nuit. Gualdo est un terme espagnol pour désigné un jaune avec une teinte dorée ou légèrement foncée, qui était autrefois obtenu à partir d’une herbe du même nom (de la famille des Résédas).

#757 – Club Blooming : los Celestes

Les célestes, en référence au bleu ciel du maillot. En 1946, le club fut fondé par un groupe d’amis qui se rencontrèrent au collège Nacional Florida et dans la célèbre comparsa Chabacanos, une troupe composée de musiciens, de danseurs et de chanteurs qui officiaient lors du traditionnel carnaval de Santa Cruz de la Sierra. Le choix de la couleur de cette nouvelle association sportive et culturelle se porta sur le bleu ciel car, dans la 3ème strophe de l’hymne de Santa Cruz de la Sierra, la première phrase dit « Bajo el cielo más puro de América » (sous le ciel le plus pur d’Amérique). Ce chant, qui exalte la beauté de la nature de Santa Cruz (oiseaux, fleurs, arbres et donc le ciel), fut composé en 1920 en mémoire de la révolution libertaire du 24 septembre 1810. Il est également possible que ce choix de la couleur bleu ciel fut renforcé car certains des membres fondateurs auraient fait parti d’un club dénommé Blue Sky (bleu ciel).

#523 – Club Bolívar : los Celestes

Les bleus ciels. Le 12 avril 1925, un groupe de jeunes fonda un nouveau club sportif dans la capital de La Paz. Créé l’année du centenaire du pays, les membres fondateurs voulaient donner un nom hispanique au club, contrairement aux autres clubs boliviens de l’époque qui avaient adopté des noms britanniques (The Strongest, Always Ready, Blooming …). Ils l’appelèrent ainsi Bolívar en l’honneur du grand libérateur sud-américain Simón Bolívar. Pour le choix des couleurs, ils optèrent pour l’originalité avec du bleu clair, peu répandue à l’époque. Elle reflétait la couleur du ciel au dessus de La Paz. Capitale la plus haute du monde, elle connaît des hivers particulièrement secs et ensoleillés.

#510 – Club Always Ready : CAR

Evidemment, il s’agit des initiales du club. Le dernier club champion de Bolivie ne possède pas un surnom très original. En revanche, son nom n’a pas d’équivalence dans le monde footballistique et se rapproche légèrement de la dénomination des franchises de sports américaines. D’où vient-il ? En 1933, un groupe d’adolescents, provenant du quartier de Miraflores ainsi que celui voisin du Prado, la plupart étudiant au Colegio La Salle, se décidèrent à créer un nouveau club de football dans la capitale bolivienne. Les garçons hésitèrent avec plusieurs noms : Los Locos del Parque, Petit Club, Los Demonios del Prado, L’Aiglon, White Star, Blue Star. Aucun des noms ne convint. Finalement, l’un des fondateurs proposa Always Ready (toujours prêt). La discussion était close et le 13 avril 1933, le Club Always Ready fut fondé. Ce nom pourrait s’inspirer du slogan des scouts. Pourtant, même si ce dernier inspire le mouvement scout depuis ses origines, la devise en anglais est « Be prepared » (BP comme les initiales du fondateur Baden Powell). Mais, en espagnol, elle se traduit souvent en Siempre Liste (plus proche de toujours prêt). Le motto des scouts signifie que le jeune est toujours en état d’agir, dans son corps et dans son esprit, pour faire son devoir. Il est donc possible que ceci est inspiré les fondateurs du club. Le nom fut par ailleurs choisi dans la langue de Shakespeare car, comme dans beaucoup d’autres pays, les jeunes footballeurs étaient influencés par la patrie où était né le football et qui l’exporta à travers le monde. D’ailleurs, un des autres grands clubs boliviens avaient également opté pour un nom anglais à sa fondation en 1908, the Strongest, et il dominait déjà le football bolivien dans les années 1930 (ayant remporté 8 titres de champion de La Paz, le plus important et réputé tournoi régional).

#410 – Sport Boys Warnes : el Toro Warneño

Le taureau de Warnes. Fondé en 1954, à Santa Cruz de la Sierra, les premières années du club bolivien furent insignifiantes et plutôt confidentielles. Au début des années 2000, un groupe de passionnés de football vivant à Warnes, dirigé par Pedro Zurita, avaient le désir d’avoir une équipe qui représenterait cette population du nord de Santa Cruz. Ils acquirent alors le club de Sport Boys et le renommèrent. En Octobre, à Warnes, se déroule la fête patronale en hommage à la Virgen del Rosario (Vierge au Rosaire). Ces fêtes donnent lieu à des nombreuses célébrations dont une procession de la Vierge Marie dans la ville. Les festivités se poursuivent avec des traditions plus païennes tels que le fameux jocheo de toro. Ces jeux de tauromachie consiste à provoquer (jochear dans la langue vernaculaire) la bête avec un drap dans le but de réaliser une figure en l’évitant tandis que d’autres tentent de lui arracher un petit sac contenant un peu d’argent. Les dirigeants donnèrent alors le surnom de taureau au club.

#368 – CS Oriente Petrolero : los Refineros

Les raffineurs. La Bolivie est un pays enclavé en Amérique Latine mais aux riches gisements de minerais et de pétrole/gaz. Ainsi, l’économie bolivienne est basée principalement sur l’extraction et l’exportation de ses ressources naturelles. Dans le domaine minier, la Bolivie est un important producteur mondial d’étain (4ème mondial), d’antimoine (3ème), de plomb (8ème), d’argent (9ème), de zinc (10ème), d’or (24ème) et encore de lithium et de manganèse. Cette exploitation représentait 48% des exportations du pays en 2019. Derrière les minerais, le pétrole/gaz constitue l’autre richesse du pays (15ème exportateur mondial de gaz naturel). Le secteur andin bolivien concentre ces gisements dans le bassin de Santa Cruz et de Tarija. La ville de Santa Cruz, la capital économique du pays et lieu où réside le club, accueille également l’une des deux raffineries du pays. Ce développement du secteur pétrolier remonte principalement aux années 50 où des nouveaux gisements furent découverts. Le pays devint alors producteur/exportateur et confia cette activité à une entreprise nationale créée en 1936, YPFB (Yacimientos Petrolíferos Fiscales Bolivianos). Dans le cadre de ce boom économique, la compagnie nationale YPFB soutint les associations sportives poussées par les ouvriers de ces exploitations et raffineries à travers le pays comme Chaco Petrolero à La Paz, Petrolero à Cochabamba, Independiente Petrolero et Oeste Petrolero à Oruro. Ce fut aussi le cas à Santa Cruz en 1955 où deux clubs de quartiers furent à la base de la création du CS Oriente Petrolero. L’un des clubs était un groupe formé par Aroldo Justiniano, chef du syndicat des travailleurs du pétrole. Résultat, le 5 novembre 1955, lors d’une réunion entre les travailleurs, le club fut officiellement fondé dans le centre de Santa Cruz au bureau régional de l’YPFB.

#343 – The Strongest : el Tigre

Le tigre. Le club hérita de ce surnom lors de son 33ème anniversaire. En effet, le 8 avril 1941, le président de la Fédération de Football de La Paz, M. Max de la Vega, déclara un discours lors des célébrations où il baptisa le club du surnom de Tigre : « TIGRES! Yo les llamo Tigres!, porque lleváis en la piel los colores máximos del Club, que en las sombras densas han recibido el beso del sol, para, con sus rayos luminosos, hacer de la penumbra el emblema gualdinegro. Yo les llamo « Tigres »!, porque en los campos de la lid, vuestra garra y tesón me recuerdan al tigre feroz.Yo les llamo « Tigres »!, porque cuando el score os es adverso, lucháis, cual « Tigre » herido, para reconquistar el laurel » (TIGRES! Je les appelle des Tigres!, Parce que vous portez les couleurs du Club sur votre peau, qui dans les ombres denses a reçu le baiser du soleil, pour, avec ses rayons lumineux, faire sortir l’emblème noir et or de l’obscurité. Je les appelle « Tigres »! Parce que dans les champs de combat, ta griffe et ta détermination me rappellent le féroce tigre. Je les appelle « Tigres »!, Car quand le score vous est défavorable, vous vous battez, comme un « Tigre » blessé, pour reconquérir le laurier).

Le président de la Fédération ne puisa pas bien loin pour y trouver cette inspiration. En effet, en portant un maillot rayé or et noir, la référence au tigre devenait naturelle. D’ailleurs, l’équipement du club donna le surnom d’atigrados (tigrés). Ces rayures noires et jaunes représentaient pour les fondateurs le jour et la nuit et copiaient le maillot d’un ancien club de La Paz disparu en 1907, Thunder FBC. Ce dernier arborait un maillot avec des rayures horizontales noires et jaunes, inspiré du plumage noir tacheté de jaune d’un oiseau chanteur très abondant dans les parcs de la ville appelé Chayñita (une espèce de chardonneret).

En outre, avec un nom comme The Strongest (les plus forts), le club ne pouvait s’identifier qu’à un animal qui se rapproche des valeurs du club : force et courage. Dans les années 1920, le condor des Andes fut le premier animal qui s’afficha sur le maillot du club. Mais, l’oiseau disparut quelques années plus tard. Le tigre s’imposa donc à partir de 1941 mais il ne fit son apparition sur le maillot, sous la forme de la tête, qu’à compter de 1969. Jusque dans les années 1980, ce symbole était utilisé à la place du blason. Depuis, les deux s’affichent sur la tunique du club. Enfin, le pseudonyme est parfois précisé en indiquant le quartier dont est originaire le club, el tigre de Achumani.

#259 – Club Blooming : Academia

L’académie. Le club rentre directement en concurrence avec le fameux Club Bolívar qui porte le même surnom en raison de son style de jeu et de la qualité de sa formation (#179). Mais, l’origine de ce surnom n’est pas connue avec certitude et serait même inconnue.

En tout cas, une des versions qui est souvent avancée diffère des raisons du Club Bolívar. Ce surnom ferait référence à la provenance des fondateurs du club. Le 1er mai 1946, un groupe de jeunes étudiants au collège Florida et à l’Université Gabriel René Moreno décida de fonder un club social, sportif et culturel (nom caractéristique de ces années où les associations avaient une vocation plus large que le sport) baptisé du nom de Blooming. Outre le fait que les fondateurs étaient étudiants, la vocation large et pédagogique du club pourrait avoir influencé sur le surnom.

Une autre version se rattache au style de jeu de l’équipe. A une époque, celui-ci aurait été flamboyant, fluide et était transmis d’une équipe à une autre. D’où l’idée d’une philosophie de jeu enseigné dans ce club.

#206 – CD Jorge Wilstermann : el Aviador

L’aviateur. Le 24 Novembre de 1949, des collaborateurs (de 23 à 50 selon les sources) de la « Lloyd Aereo Boliviano », la compagnie aérienne de Bolivie, décidèrent de créer un club sportif et culturel dénommé Club Deportivo LAB (initiales de la compagnie) dont les premières branches sportives furent le football, le tennis et les échecs. Au départ, le club organisa des concours internes à la société mais assez rapidement l’équipe s’étalonna sur quelques matchs aves des équipes locales puis nationales. En 1952, Justo Mancilla, président du Club LAB, et Hernán Zurita, président du club de San José de la Banda, s’associèrent et l’équipe de San José de la Banda, qui évoluait au sein de la ligue régionale, intégra des joueurs du Club LAB. San José de la Banda remporta le championnat et le club LAB prit conscience qu’il devait franchir un cap.

Un an plus tard, le club quitta définitivement l’univers fermée corporatiste pour intégrer les championnats locaux. Pour marquer cette nouvelle étape, les symboles du clubs devaient changer. Le président d’honneur du club, le commandant de bord Walter Lehm, suggéra le nom de son ancien collègue, Jorge Wilstermann. Né en 1910, dans la ville de Punata, situé dans le département de Cochabamba (où réside le club), Jorge Wilstermann fut le premier pilote civil de Bolivie. Son père Karl Wilstermann Junge, de nationalité allemande, était ingénieur en mécanique de profession et immigra en Bolivie en 1899. Jorge Wilstermann étudia à la Escuela de Mecánicos y Pilotos comerciales del Lloyd Aéreo Boliviano et obtint son diplôme de mécanicien en 1930. Puis, il se forma pour devenir le premier pilote civil de la Bolivie et en trois ans, il effectua 250 heures de vol. Durant la guerre du Chaco (1932–1935), il opéra dans les forces aériennes boliviennes. En 1936, il mourut dans un accident avion.

Après le club, Walter Lehm fit la même demande à l’aéroport de la ville de Cochabamba qui fut ainsi renommé « Aeropuerto Internacional Jorge Wilstermann ».

#179 – Club Bolívar : la Academia, la Academia Paceña

L’académie. A la fin des années 1930 et dans les années 40, l’équipe du Club Bolívar connut son âge d’or de l’époque amateur et devint une référence du football bolivien, en développant un beau style de jeu, fluide, avec un certain touché de balle. Cette équipe était dirigée par des joueurs tels que son canonnier Mario Alborta, Walter Saavedra, Rojas, Romero, Cabro Plaza, Beriche Rengel, K’ullu Baldellón, Guardiaco Molina, Gutiérrez et Garzón. Les résultats s’en ressentirent puisque, dans le championnat amateur de La Paz, le Bolívar fut vice-champion en 1938, puis champion pendant quatre années consécutives entre 1939 et 1942. Il finit vice-champion également en 1943, en 1945, en 1946 et en 1947. Lors d’un match, en admirant un magnifiquement enchainement de passes courtes et précises entre des joueurs de Bolívar, qui ressemblait à un véritable ballet, un spectateur enthousiaste cria depuis les travées du stade « ¡está jugando la Academia! » (l’Académie joue). Ce cri devint le ralliement des fans qui exprimait ainsi la supériorité de leur club, donnant des leçons de football à leurs adversaires.

Ce surnom a pu continuer car le club se targue d’avoir pendant ses 100 ans d’histoire former des footballeurs remarquables comme les attaquants Víctor Agustín Ugarte, surnommé el Maestro (le Maître) et reconnu comme le meilleur joueur bolivien de tous les temps, Ramiro Blacut (également surnommé el Maestro) et le milieu Carlos Aragonés entre autres.

Le surnom devient parfois la Academia Paceña pour faire référence à la ville où se situe le club, La Paz.