#1349 – Ulsan HD : 철퇴

Le marteau de fer. Au départ de la saison 2009, une page se tournait pour l’équipe coréenne. L’entraîneur d’Ulsan Kim Jung-nam, qui avait dirigé l’équipe pendant huit ans, avait démissionné et la direction venait de nommer Kim Ho-kon, qui n’avait principalement connu que des expériences en tant qu’assistant pour les équipes nationales coréennes. Après le départ de certains titulaires, l’équipe apparaissait affaibli et les résultats s’en suivirent. A l’aurée de la saison 2011, un nouveau mouvement de transferts affecta l’équipe avec les départs des défenseurs internationaux Yoo Kyoung-youl et Oh Beom-seok mais les arrivées des expérimentés internationaux Seol Ki-hyeon (milieu), Kwak Tae-hwi et Song Chong-gug (défenseurs) compensèrent.

La mayonnaise mit un peu de temps à prendre. Jusqu’à la 17ème journée du championnat, le club oscilla entre la 7ème et la 15ème place (15 fois au-delà de la dixième place). Puis, l’équipe entreprit une remontée pour finalement terminer à la 6ème place, qualificative pour les play-off. Dans le tournoi final, Ulsan battit le FC Séoul (3 buts à 1), puis Suwon (sur pénalty), leurs rivaux du Pohang Steelers (1 but à 0) et atteignit donc la finale, perdue contre Jeonbuk. Cette saison permit à l’entraineur Kim Ho-kon d’installer sa tactique, basée sur une défense rigoureuse et un jeu de transition qui lançait des contre-attaques décisives. Dans un forum dédié au football, un message apparut en Avril 2011 sous le titre « 김호곤 축구는 무기로 치면 철퇴다 » (le football de Kim Ho-kon est comme un marteau) dans lequel l’internaute comparait les tactiques des équipes de football à des armes. Ainsi, les équipes qui pratiquaient principalement un jeu offensif court et rapide, telles que le FC Barcelone en Espagne, le Jeju FC, le FC Séoul et le Suwon Samsung en Corée du Sud, étaient comparées à des « 짧은 칼 » (courts couteaux). Ulsan produisait pour le rédacteur un football destructeur qui consistait à mener un jeu axé sur la défense grâce à une organisation solide, puis à asséner un coup de marteau pour marquer un but. Avec le parcours en championnat, cette comparaison se renforçât dans l’esprit des amateurs de football et le coach Kim Ho-kon fut surnommé « Hogerson », en référence à Ferguson, le célèbre entraîneur de Manchester United, et « 철퇴의 제왕 » (le roi du marteau de fer), en référence au « Seigneur des anneaux ».

La tactique trouva son couronnement lors de la saison 2012 où Ulsan se concentra sur la Ligue des champions de l’AFC. L’équipe se qualifia pour les huitièmes de finale de la compétition après être demeuré invaincu (4 victoires et 2 nuls) dans la phase de groupes. Puis, Ulsan enchaina 5 victoires consécutives pour atteindre la finale, qu’il remporta face à Al-Ahli 3 buts à 0. Ulsan gagna ainsi son premier trophée asiatique en étant invaincu (10 victoires et 2 nuls en 12 matchs).

#882 – Tersana SC : الشواكيش

C’est un terme argotique égyptien qui signifie les marteaux. Fondé en 1921 et basé à Gizeh (dans le quartier de Mit Okba) près du Caire, le club naquit sous le régime du protectorat britannique. Or, l’occupation britannique de l’Égypte depuis 1882 importa le football dans la vallée du Nil, via les expatriés anglais travaillant pour la Compagnie du canal de Suez. La création du club fut donc l’oeuvre d’un anglais, le Major E.W. Slaughter. Initialement basé à Boulaq, un des principaux ports de la capitale égyptienne, le club était destiné au personnel de l’administration maritime et des chantiers navals de ce district. Ainsi, l’ensemble des symboles du club se réfèrent au port et à ses activités. Le nom du club « tersana » est l’équivalent en arabe d’arsenal (parmi les constructeurs navals, certains devaient certainement bâtir des navires militaires). Les couleurs bleu et blanc de son maillot rappellent directement la mer. Enfin, son écusson affiche une ancre, symbole de l’univers marin.

Pour autant, le surnom du club, الشواكيش, ne le relie pas directement au monde maritime. Il existe différentes explications pour ce surnom. La première raconte que ce terme décrivait la rudesse et la force de l’équipe, qui frappait ses adversaires comme un marteau. La deuxième histoire, qui est la plus connue de toute, indique qu’à une époque, Tersana avait recruté dans ses rangs un certain nombre d’anciens fedayins. Dans les années 1940, des nationalistes égyptiens appelés fedayins formaient des petits commandos dont l’objectif étaient d’harceler les troupes britanniques qui défendaient le canal de Suez. Le marteau pouvait donc symboliser leurs actions coup de poing et leurs duretés. Enfin, la dernière version se rapproche des origines du surnom des anglais de West Ham United (cf article #313). Certains des membres initiaux travaillaient sur les chantiers navals de Boulaq. C’était pour la plupart des ouvriers qui travaillaient l’acier pour construire les navires. Le marteau était un symbole qui les représentait bien. Il semble en tout cas que le surnom fut popularisé par les célèbres commentaires sportifs, Abdul Majid Noman, écrivant pour le journal « Al Goumhoria » , et Najib Almstkawi, du quotidien national « Al Ahram » . Ayant attribué des surnoms à la plupart des clubs égyptiens, ils auraient affublé « hammers » à Tersana à la suite d’une intervention rugueuse du défenseur Fouad Gouda, qui provoqua la blessure au pied du joueur adverse, Saleh Selim.

#637 – FC Rapid Bucarest : Ciocănari

Les marteaux. Ce surnom était celui des ouvriers qui travaillaient aux ateliers de maintenance ferroviaire de la capital, du nom d’Atelierele Griviţa. Pourquoi le club en a-t-il hérité ? En 1897, une usine se monta au nord de Bucarest afin de proposer des services de réparation et de maintenance des locomotives à vapeur. Ces ateliers étaient initialement consacrés aux trains desservant Bucarest, notamment depuis la Gare du Nord (Gara București Nord), toute proche et construite en 1872. Mais, au fil des années, ils devirent un maillon essentiel pour l’ensemble de l’industrie ferroviaire roumaine. Dans ces ateliers, il y avait des forges et les ouvriers utilisaient souvent des marteaux pour réaliser leurs travaux. Ainsi, ils gagnèrent le surnom de marteau.

Autour des ateliers, se développa un nouveau quartier de la capitale roumaine du nom de Grivița. Comme souvent à l’époque, lorsqu’il y avait une grande population ouvrière, les hommes passaient leur temps libre à joueur aux nouveaux sports à la mode dont le football. Ainsi, le 25 juin 1923, les ouvriers d’Atelierele Griviţa se réunirent à l’école primaire du quartier et signèrent l’acte de fondation d’une nouvelle équipe du nom de CFR Bucarest. Les autres petites équipes du quartier, telles que Rampa Militari et Excelsior, se joignirent alors à cette nouvelle organisation. Le premier président fut le contremaître Teofil Copaci et le capitaine de l’équipe le tourneur Grigore Grigoriu. L’ingénieur Aurel Fotiade fut nommé le secrétaire du club.

#313 – West Ham United : the Hammers

Les marteaux. Les joueurs de West Ham ne sont pas plus fous que les autres et les plus marteaux étaient le crazy gang de Vinnie Jones, Dennis Wise et consorts (mais qui évoluaient au milieu des années 80 à Wimbledon). Ici, il est fait plutôt référence aux origines du club. Au XIXème siècle, au bord de la Tamise, au niveau des quartiers de Blackhall et Bow Creek, au sud de West Ham, était érigé l’usine de la Thames Ironworks and Shipbuilding Company, à la fois un chantier naval, spécialisé dans les bateaux construits en fer, et une aciérie. Elle se diversifia également dans tous les ouvrages en fer, tels que dans le génie civil, les moteurs marins, les grues, l’électrotechnique et les automobiles.

En 1895, son directeur général, Arnold Hills, se laissa convaincre par l’un de ses contremaîtres, l’arbitre de football local Dave Taylor, de créer un club de football pour les ouvriers de l’usine. Syd King, ancien joueur et président du club, résuma ainsi la création du club : « In the summer of 1895, when the clanging of « hammers » was heard on the banks of Father Thames and the great warships were rearing their heads above the Victoria Dock Road, a few enthusiasts, with the love of football within them, were talking about the grand old game and the formation of a club for the workers of the Thames Iron Works Limited. There were platers and riveters in the Limited who had chased the big ball in the north country. There were men among them who had learned to give the subtle pass and to urge the leather goalwards » (À l’été 1895, lorsque le bruit des « marteaux » se fit entendre sur les rives de Father Thames et que les grands navires de guerre élevaient leurs têtes au-dessus de Victoria Dock Road, quelques passionnés, avec l’amour du football en eux, parlaient sur le vieux grand jeu et la formation d’un club pour les travailleurs de la Thames Iron Works Limited. Il y avait des plaqueurs et des riveteurs dans la Limited qui avaient chassé la grosse balle dans le nord du pays. Il y avait parmi eux des hommes qui avaient appris à donner la passe subtilement et pousser les cuirs vers le but). Les marteaux étaient un des outils principaux de ces ouvriers qui fondèrent West Ham et on retrouve aujourd’hui cet instrument sur l’emblème du club.

Par ailleurs, outre la référence à l’activité de l’enterprise dont est originaire le club, le mot hammers présente aussi l’avantage d’apparaître comme une extension du nom du quartier de West Ham.

#209 – AC Milan : Casciavìt

Les tournevis. Ce surnom désigne le club mais surtout ses supporteurs. Le football s’est retrouvé rapidement être le reflet de la société, avec ses contradictions et ses oppositions. Au départ, le jeu se répandit au travers des étudiants des universités anglaises qui venaient tous des classes bourgeoises de la société. Mais, la facilité de sa pratique séduisit rapidement les couches populaires qui y voyaient un loisir simple et plaisant. Comme au XIXème et au début du XXème siècle, ces deux strates de la société ne pouvaient cohabiter ensemble, chacune se développa au sein de ses propres structures. Parfois, ces clubs ne s’ouvraient pas statutairement aux autres classes. Et lorsqu’il n’y avait pas d’interdiction, c’était tout simplement la géographie de la ville qui empêchait des joueurs de rejoindre un club d’une autre couche sociale (Les clubs étaient attachés à un quartier de la ville où était concentrée une classe). Résultat, dans les grandes villes, il existait le club de la bourgeoisie et le club des couches populaires, ouvrières.

Pourquoi les surnommer les supporteurs du Milan AC les tournevis ? Tout d’abord, le terme provient du dialecte milanais. Ensuite, le tournevis rappelle que les supporteurs du club milanais étaient des personnes travaillant dans les métiers manuels, des ouvriers. Ce surnom fut au départ affublé par les supporters de l’Inter à ceux du Milan par dédain. Ces derniers se l’approprièrent avec fierté. L’AC Milan fut créé en 1899 notamment par un groupe d’anglais. En 1908, la fédération italienne interdît la présence de footballeurs étrangers dans les équipes italiennes. L’AC Milan se plia à cette décision mais 44 membres du club décidèrent de faire dissidence pour créer un club qui accepta les joueurs étrangers, l’Inter Milan (d’où son nom Internazionale). La population de Milan se partagea alors entre les deux clubs : la classe ouvrière pour l’AC Milan, la petite bourgeoisie et les classes moyennes pour l’Inter. La raison de cette répartition est inconnue. Le football à Milan séduisit peut-être en priorité les couches populaires qui se tournèrent vers l’AC Milan, en tant que premier club. En outre, les premiers matchs se jouèrent dans des « enceintes » ouvertes, ce qui en faisaient une distraction gratuite pour les ouvriers. En tout cas, il est certain que les supporteurs du Milan habitaient des HLM de l’époque, les Case di Ringhiera, et se rendaient au stade en transport en commun, à l’inverse des supporteurs intéristes qui étaient propriétaires et venaient en voiture.

#177 – CA Banfield : el Taladro

La perceuse. Fin 1938, le club était au bord de la disparition : quasiment plus d’équipe, peu de partenaires, résident de seconde division. Un groupe de socios de Banfield proposa alors à l’homme d’affaires Florencio Sola de prendre la présidence du club. Pour affronter le championnat de deuxième division de 1939, il obtint le transfert de nombreux joueurs qui étaient remplaçants en première division. Cette équipe devint champion et, par conséquent, fut promu en première division. En 1940, Florencio Sola renouvela complètement son équipe et signa des joueurs tels que Rafael Sanz, Eduardo Silvera, Juan Bautista Busuzzo, Alfredo De Terán, Armando Farro et d’autres. L’équipe fit une campagne surprenante et inhabituelle pour un promu, en finissant à la dixième place, avec de belles prestations tels que des victoires 7 à 3 à Atlanta, 6 à 1 à Tigre, 5 à 0 à Newells et Lanús (en plus des victoires face aux mastodontes d’Independiente et de River). En raison de ces victoires prolifiques, le journal, « El Pampero », baptisa l’équipe du surnom de la perceuse, pour souligner la manière dont les attaquants de Banfield perçaient les défenses et les buts adverses.