#471 – Celtic Glasgow : the Celts

Le 6 novembre 1887, le frère Walfrid, mariste irlandais, constitua officiellement au St Mary’s Church Hall à East Rose Street le club du Celtic Glasgow. Inspiré par le club de la communauté irlandaise d’Édimbourg, les Hibernians, son objectif était de réduire la pauvreté dans les paroisses de l’East End de Glasgow où habitait la plupart des immigrants irlandais à Glasgow. Au XIXème siècle, Glasgow s’industrialisa et connut une grande période de prospérité. La cité était devenue la deuxième ville de l’Empire Britannique, et produisait plus de la moitié du tonnage des ports de Grande-Bretagne et le quart des locomotives du monde. Or, cette croissance avait besoin d’une importante main d’oeuvre et attira alors une vague d’immigration irlandaise. Elle était favorisée à la fois par le fait que l’Irlande faisait partie intégrante du Royaume-Uni depuis l’Acte d’Union de 1800 et par les années de Grande Famine (1845-1849) qui sévirent en Irlande. Une importante classe ouvrière pauvre se développa alors dans la ville. En 1851, les recensements indiquèrent que les irlandais représentaient jusqu’à un tiers de la population de Glasgow.

Le frère Walfrid voulait au travers du club rassembler les pauvres irlandais du quartier et créer une communauté d’entraide. Souhaitant rappeler l’identité irlandaise du club, ses symboles puisèrent dans ceux de la Mère Patrie : les couleurs vert et blanc du maillot et la croix celtique comme blason. Toutefois, pour le nom du club, le frère Walfrid refusa de nommer le club Glasgow Hibernians (comme à celui d’Édimbourg qui rappelait le nom latin de l’Irlande (#935)). Les fondateurs souhaitèrent alors faire le lien entre la terre quitté et celle d’accueil. Ainsi, le nom Celtic fut retenu, les deux peuples irlandais et écossais partageant des origines et une cuture celtique.

Les Celtes étaient ce peuple indo-européen antique qui naquit, semble-t-il dans le centre de l’Europe (de la culture de Hallstatt : Autriche, Suisse, Sud de l’Allemagne, Bohême-Moravie, Ouest de la Hongrie, Ouest de la Slovaquie, Galicie, Italie du Nord et Est français) puis s’étendit jusqu’au Îles britanniques, la Péninsule ibérique et l’Asie mineure. Au milieu du Ier millénaire, après l’expansion de l’Empire romain et les invasions des peuples germaniques, la culture celtique se réduisit à l’Irlande, l’ouest et le nord de la Grande-Bretagne (Pays de Galles, Écosse et Cornouailles), l’île de Man et la Bretagne. Le nom Celte provient du latin Celta, dérivé du grec Keltoi, et les mots latin et grec font tous deux référence aux Gaulois, le peuple celte qui occupait la France et la Belgique. Le terme est prononcé comme [seltic] (un « c » doux) mais cette prononciation est concurrencée dès le XVIIIème siècle par [keltik] (un « c » dur), plus proche des origines grecs et des prononciations des langues gaéliques irlandaise ou écossaise, le gallois ou le breton (ie les langues celtes).

#249 – Celtic Glasgow : Hoops

Les cercles. Il s’agit d’une allusion aux rayures horizontales vertes et blanches du maillot. Inspiré par le club de la communauté irlandaise d’Édimbourg, Le 6 novembre 1887, le frère Walfrid, mariste irlandais, constitua officiellement au St Mary’s Church Hall à East Rose Street le club du Celtic Glasgow. L’objectif était de réduire la pauvreté dans les paroisses de l’East End de Glasgow, qui regroupait les immigrants irlandais de Glasgow. Revendiquant leur origine, l’identité de ce nouveau club se constitua autour des symboles de l’Irlande : les couleurs vert et blanc, la croix celtique en blason, le nom Celtic. Ainsi, à sa fondation, le club joua tout d’abord avec un maillot blanc au col vert. Puis, rapidement le club évolua vers un maillot rayé verticalement, accompagné d’un short alternant entre le blanc et le noir. Ce choix des rayures n’est malheureusement pas documenté. En 1903, lors d’un match face à Partick Thistle, le club opta alors pour un maillot rayé horizontalement, toujours vert et blanc. La raison de ce passage du vertical à l’horizontal est également inconnue mais, alors que le club n’avait plus rien gagné depuis une Coupe d’Ecosse en 1900), ce nouveau maillot relança la machine à succès, ce qui facilita son adoption par les supporteurs, y voyant un signe du destin. Le Celtic rafla ainsi 6 titres de champions entre 1905 et 1910 puis 4 nouveaux titres entre 1914 et 1917 et remporta également 6 coupes d’Écosse.

Ces rayures étaient sacrées pour le club. En effet, le club résista longtemps avant de les « briser ». À partir de 1945, les maillots numérotés furent petit à petit utilisés dans toute l’Écosse, avant de devenir obligatoires en 1960. Le président du club, Robert Kelly, traditionaliste et idéaliste, refusa de briser les rayures en inscrivant les numéros dans le dos du maillot. Il décida que les numéros s’afficheraient uniquement sur le short. Cette tradition inhabituelle perdura jusqu’en 1994 sous la pression de la Ligue écossaise. Après une première demande de la Ligue, le Celtic ajouta les numéros sur le haut des manches mais à la deuxième injonction de la Ligue, un carré blanc s’incrusta dans le dos, avec les numéros inscrit à l’intérieur. Les rayures furent définitivement brisées. A dire vrai, des maillots numérotées furent portées dès 1975 mais uniquement dans les compétitions européennes. Au final, le Celtic fut le dernier club de Grande-Bretagne à adopter l’utilisation de numéros sur les maillots.

#128 – Celtic Glasgow : Bhoys

Les garçons. Le h, rajouté au mot anglais boys, vise à imiter le système orthographique gaélique, qui voit souvent la lettre « h » suivre un « b ». Cette lettre supplémentaire pouvait aussi représenter phonétiquement la prononciation irlandaise du mot, avec une inflexion douce du « h » . En effet, le Celtic est le club des immigrants irlandais de Glasgow. Il fut fondé par le frère mariste irlandais Walfrid le 6 novembre 1887 dans le but d’améliorer les conditions dans l’East End de Glasgow, un quartier principalement habité par la population catholique irlandaise. En organisant les matchs du club, le frère Walfrid voulait collecter des fonds pour son association caritative, la Poor Children’s Dinner Table. Il s’agit du surnom le plus couramment utilisé et qui remonte à la fin du XIXème siècle. On retrouve ainsi une carte postale du début du XXème siècle qui représente le Celtic de l’époque avec la mention The Bould Bhoys.

Toutefois, ce surnom n’a pas été inventé pour l’équipe du Celtic. Il serait apparu aux Etats-Unis au milieu du XIXème siècle. Ce mot d’argot était couramment utilisé pour décrire les jeunes hommes de la classe ouvrière et pauvres (voire parfois un peu trop agités) du Lower Manhattan à New York et originaire d’Irlande. En effet, les Etats-Unis connurent une forte immigration irlandaise au XIXème suite à une série de mauvaises récoltes de pomme de terre en Irlande qui tua un million d’irlandais entre 1845 et 1852 et fit fuir un autre million vers les Etats-Unis et le Royaume-Uni. De 1845 à 1855, la population irlandaise de New York passa de 70 000 à 175 735 personnes, ce qui représentait un tiers des habitants de Big Apple. Pauvres, peu instruits, ces immigrants irlandais se concentrèrent à Manhattan, au Sud de Canal Street. En 1848, la caricature du bhoy accompagné de sa ghal (girl) s’immortalisa dans la culture américaine via la pièce de théâtre « A Glance at New York » de Benjamin A. Baker.

Ce terme d’argot traversa ensuite l’Atlantique et investit l’Ecosse, autre terre de forte immigration irlandaise suite à la grande famine. Dès 1851, les recensements indiquaient que les personnes nées en Irlande formaient jusqu’à un tiers de la population de grandes villes comme Glasgow ou Édimbourg. Il s’agissait d’une minorité importante et principalement catholique, en terre calviniste écossaise, ce qui ne favorisa pas leur intégration. Ainsi, plusieurs associations culturelles ou sportives naquirent dans et pour cette population. Dans le football, les clubs comme Hibernian d’Édimbourg, Celtic Glasgow, Dundee Harp, Dundee Hibernian ou Carfin Shamrocks regroupaient la communauté irlandaise de leur ville ou quartier. Ainsi, au XIXème siècle, pour rappeler l’attache de ces clubs avec leur racine irlandaise, leur équipe était communément surnommé bhoys. Finalement, il demeura uniquement pour le plus prestigieux d’entre-eux.

Ce surnom fut particulièrement repris lors de l’épopée européenne de l’équipe en Coupe de l’UEFA 2002-2003. Eliminé de la Ligue des Champions par le club suisse de Bâle, le Celtic accéda à la Coupe de l’UEFA en lot de consolation et parvint en finale après un superbe parcours où il élimina de grands noms européens dont dans l’ordre les Blackburn Rovers, le Celta Vigo, le VfB Stuttgart, Liverpool et le Boavista. Elle était alors la première équipe écossaise à atteindre une finale européenne depuis 16 ans et mettait fin à 23 ans de parcours européens se terminant avant Noël pour le Celtic. En finale à Séville, près de 80 000 supporteurs du Celtic se déplacèrent mais assistèrent malheureusement à la défaite face au FC Porto de José Mourinho. Ce surnom est un jeu de mots tiré du livre et du film « The Boys from Brazil » de l’écrivain américain Ira Levin.

#72 – Real Betis Balompié : Verdiblancos

Les verts et blancs. Le surnom fait bien évidemment référence aux couleurs du maillot du Real Betis. Dans les premières années, le club jouait en maillot bleu et un short blanc. Fin 1911, le club commença à utiliser une chemise à rayures verticales de couleurs vertes et blanches. L’un des fondateurs, Manuel Ramos Asensio, avait étudié une année aux Maristes de Dumfries, près de Glasgow. Or, les Maristes de Glasgow représentaient le berceau du Celtic Glasgow qui évoluait avec un maillot à rayures blanches et vertes, couleurs traditionnelles de l’Irlande (cf. #249). Il influença donc pour que le club se fournit en Ecosse et que l’équipe portât cette nouvelle tenue blanche et verte.

Après la fusion entre le club et le Betis Football Club en 1914, le club abandonna le maillot vert et blanc pour se tourner vers d’autres couleurs. Parfois, les joueurs portaient un maillot avec des rayures jaunes et noires que le Betis Football Club utilisait par le passé. D’autres fois, un maillot vert intégralement vert était arboré. Cependant, la tenue dominante demeurait le maillot bleu et le pantalon blanc.

Puis, en 1919 ou 1920, le maillot vert et blanc que Manuel Ramos avait proposé en 1911 redevint la tenue principale. Hasard ou pas (personne ne le sait), le retour à ces couleurs coïncida avec l’adoption officielle par l’Andalousie lors de l’Assemblée de Ronda en 1918 de sa bannière qui se composait de deux bandes horizontales vertes (une en haut et l’autre en bas) et d’une centrale blanche. Ce drapeau fut l’oeuvre de Blas Infante, homme politique nationaliste andalou. Dans un article intitulé Las insignias de Andalucía (les insignes de l’Andalousie) publié dans la revue Andalucía le 31 Décembre 1919, le drapeau était ainsi décrit « Verde es la vestidura de nuestras sierras y campiñas prendida por los broches de las habitaciones campesinas blancas (…), blancas son nuestras villas y antiguas ciudades de blancos caseríos con verdes rejerías orladas de jazmines. Pura y blanca como un niño, es la Andalucía renaciente que nuestro regazo calienta. Y es aquella esperanza siempre reverdecida y ya conscientemente sentida y definida por los nacionalistas andaluces (…). La bandera blanca y verde enseña de esa pureza y de esa esperanza. » (Le vert est le vêtement de nos sierras et de nos campagnes épinglées par les broches des chambres blanches des paysans (…), le blanc est celui de nos villages et de nos vieilles villes aux fermes blanches à treillis vertes bordées de jasmin. Pure et blanche comme un enfant, c’est l’Andalousie renaissante que notre giron réchauffe. Et c’est cet espoir qui est toujours vert et déjà consciemment ressenti et défini par les nationalistes andalous (…). Le drapeau blanc et vert est l’enseigne de cette pureté et de cette espérance). Mais ce drapeau eut du mal à se faire connaître des andalous et il fallut attendre les années 1930 pour que son aura investît la population andalouse. En 1932, pour l’imposer aux Andalous, la Commission de l’Assemblée régionale rappelait à la presse que l’interprétation symbolique la plus largement acceptée des bandes alternées vertes et blanches était qu’elles représentaient des maisons blanches sur un champ vert, les villages et les champs andalous.

Depuis le début des années 1920, le kit de l’équipe a été le maillot rayé vert et blanc et le short blanc.