#674 – Chapecoense de Futebol : Verdão do Oeste

Le vert de l’Ouest. Le club réside dans la ville de Chapecó, la plus occidentale de l’Etat de Santa Catarina. Par ailleurs, les joueurs de cette équipe évolue dans un maillot vert. Le choix du vert pourrait logiquement provenir des couleurs de la ville de Chapecó, dont la bannière est constituée de deux bandes verticales vertes entourant une bande blanche. Les armes de la ville présentent également quatre quartiers, deux verts et deux blancs. Ces deux couleurs furent choisies, l’un symbolisant la pureté, l’espoir et la paix (le blanc), l’autre représentant le caractère agricole de l’Etat (le vert). Chapecó est connue comme la capitale agro-industrielle brésilienne, spécialisée dans la transformation de porcs et de volailles que les agriculteurs de la région élèvent. Ainsi, la ville est le siège de la coopérative Aurora, qui regroupent 65 000 producteurs, et compte depuis 1973 une usine de BRF (l’une des principales entreprises agro-alimentaires brésiliennes). Pourtant, l’un des fondateurs du club, Alvadir Pelisser, défendait une autre hypothèse quant au choix de la couleur verte. En effet, les fondateurs s’inspirèrent des autres clubs dont ils étaient fans : Palmeiras à São Paulo, Juventude à Caxias do Sul et Coritiba FC. Tous ces clubs évoluaient en vert et marchaient plutôt bien. Ils paraissaient alors aux fondateurs de Chapecoense que cette couleur placerait le club sous les meilleures auspices.

#369 – Coritiba FC : Coxa-Branca

Les cuisses blanches. Au début du XXème siècle, les clubs sportifs brésiliens étaient souvent une association communautaire. A sa fondation en 1909, Coritiba regroupait alors la communauté allemande résidente de la ville de Curitiba. La ville se développa avec l’immigration européenne au XIXème siècle et les allemands furent les premiers à s’installer à Coritiba à partir de 1833. Ils participèrent à l’industrialisation de la ville (sidérurgie, imprimeries), développèrent le commerce, introduisirent des changements dans l’architecture et propagèrent de nouvelles habitudes alimentaires. Aujourd’hui, la colonie allemande est la deuxième plus grande de l’Etat du Paraná.

Au début du siècle dernier, la communauté allemande était donc bien intégrée au sein de la municipalité comme au Brésil de manière générale. Toutefois, lors de la Seconde Guerre Mondiale, le Brésil s’engagea au côté des alliés. Les associations sportives allemandes et italiennes subirent alors la foudre des autorités comme des supporteurs des autres équipes. Par exemple, la Societá Sportiva Palestra Italia, fondé par les immigrants italiens, dut changer de nom pour devenir le Palmeiras. Pour Coritiba, en 1941, lors d’un Atletiba (le derby entre Coritiba et Atlético Paranaense), un joueur adverse, Jofre Cabral e Silva, décida de provoquer Hans Breyer, l’un des meilleurs joueurs de Coritiba. Comme Breyer était né en Allemagne (il vint au Brésil avec sa famille à l’âge de six ans), il lui déclara « Alemão, quinta coluna ! » (Allemand, 5ème colonne). Lorsqu’il se rendit compte que Breyer ne l’écoutait pas, Jofre Cabral e Silva accentua ses moqueries et cria « Coxa-Branca ! Coxa-Branca !« . Il faisait alors référence non pas au maillot blanc de Coritiba mais aux jambes du joueur de Coritiba. Les paroles de Jofre avait en effet un relent raciste puisque les joueurs de Coritiba qui étaient d’ascendance allemande étaient censés avoir une peau plus claire (blanche) que les autres. Malgré la provocation, Coritiba remporta le match 3 buts à 1.

Toutefois, cette comparaison heurta les fans de Coritiba comme la direction du club, particulièrement dans le contexte de la Seconde Guerre Mondiale. Il blessa encore plus Breyer qui préféra arrêter sa carrière en 1944. Jusqu’à la fin des années 60, ce surnom demeura une insulte scandée par les adversaires de Coritiba. Puis, en 1969, lors de la célébration de la conquête du titre de l’Etat, les supporteurs de Coritiba choisirent comme cri de guerre « Coxa, Coxa, Coxa« . En effet, les fans se rendirent compte qu’il n’y avait aucune raison d’avoir honte des origines allemandes du club (la guerre était terminée depuis longtemps et l’influence allemande fut déterminante pour la croissance de la ville). L’expression perdit ainsi son caractère péjoratif, à tel point que les fans chantent aujourd’hui un hymne nommé « Coxa eu te amo ! » (Coxa je t’aime !). Le terme est même apposé sur la pierre tombale de Breyer.