#314 – Cercle Bruges KSV : de Vereniging

L’association. Le Cercle Sportif Brugeois fut fondé le 9 avril 1899, dans un contexte de tension politique encore vive. Au milieu du XIXème siècle, l’éducation en Belgique était assurée par les autorités catholiques, chaque commune comptant une école catholique. L’Église palliait les insuffisances de l’Etat et assurait une fonction de service public. Mais elle avait aussi une main mise dangereuse et partiale sur l’esprit des générations futures de la Belgique. Face à cette situation de dépendance, les nouveaux gouvernements libéraux entamèrent un processus de laïcisation de l’école. Bien entendu, le mouvement religieux y résista. La création des établissements, le choix des matières enseignées, le contrôle des manuels scolaires et la désignation des enseignants constituèrent des sujets de bataille entre les deux camps. Entre 1879 et 1884, cette affrontement atteignit son paroxysme dans ce qui s’appela la première guerre scolaire. Dorénavant, chaque village possédait son école catholique et son école laïque. En 1899, les anciens élèves de l’Institut Saint-François-Xavier de Bruges (Sint-Franciscus-Xaveriusinstituut) affrontaient au football ceux de l’Athénée royal, école d’Etat. L’établissement catholique décida d’organiser cette jeune équipe de football naissante. Le CS Brugeois fut donc créé au sein de l’association sportive de l’Institut, Vereeniging der Oud Leerlingen Broeders Xaverianen (Association des Anciens Elèves des Frères Xavériens). Cette association comptait déjà d’autres sections sportives comme le tennis, le cyclisme, la course à pied et le cricket et laissa son empreinte sur le surnom de l’équipe de football.

#265 – Hajduk Split : Hajduci

Ce surnom est dérivé de Hajduk, qui est le terme croate pour désigner les Haïdouks, ces hors-la-loi opérant principalement en Europe Centrale et dans les Balkans (Hongrie, Bulgarie, Serbie, Croatie, Macédoine, Pologne, Roumanie, Grèce, Slovaquie, Ukraine) lors de la domination ottomane, de la fin du XVIème au milieu du XIXème siècle. A cette période, les différences culturelles et religieuses ainsi que les discriminations et la pression fiscale opposaient les populations autochtones avec les autorités de la Sublime Porte. Et certains, les Haïdouks, se soulevèrent contre cette colonisation. Pour les turcs, il s’agissait de bandits tandis qu’ils représentaient plutôt des rebelles aux yeux des populations locales. Dans la tradition folklorique, le Haïdouk se résumait à une figure héroïque et romancée qui combattait les autorités ottomanes et volait pour donner aux populations pauvres. Une version balkanique de Robin des Bois ou Thierry la Fronde. Mais, ils furent aussi des mercenaires qui se mettaient à disposition de certains gouvernements (Autriche, République de Venise, Dubrovnik, République des Deux Nations, Serbie, Valachie, Monténégro et Russie) mais toujours pour s’opposer à la présence ottomane. Finalement, les Haïdouks étaient aussi bien des guérilleros contre le pouvoir ottoman que des bandits de grands chemins qui s’en prenaient non seulement aux Ottomans et à leurs représentants locaux, mais aussi aux marchands et aux voyageurs locaux. Pourquoi dénommé le club ainsi ?

Le club fut fondé dans le célébre café U Fleků à Prague (qui faisait alors partie de l’Empire Austro-Hongrois, comme la Croatie), par un groupe d’étudiants de Split (Fabjan Kaliterna, Lucijan Stella, Ivan Šakić et Vjekoslav Ivanišević). Ces derniers s’étaient retrouvés dans ce pub après un match entre les deux clubs pragois du Sparta et du Slavia et souhaitèrent que leur ville de Split se dota d’un club de football professionnel. Le club fut officiellement enregistré auprès des autorités le 13 février 1911. Plusieurs options furent avancées pour le nom : Mosor (en référence à la chaîne montagneuse proche de Split), Marjan (du nom d’une colline de Split), Borac (signifiant Combattant), Uskok (du nom d’un groupe de pirates croates de l’Adriatique aux XVIème et XVIIème siècles) ou Velebit (en référence à une chaîne de montagne côtière de la mer Adriatique). Aucune majorité se dessina et les étudiants décidèrent de se tourner vers leur ancien enseignant, passionné de sport, Josip Barač. Selon le récit, les étudiants firent irruption avec enthousiasme dans son bureau et Josip Barač les compara alors à des rebelles. Il leur proposa ainsi de retenir le nom de Hajduk en leur précisant que ces derniers symbolisaient « ce qu’il y a de mieux dans notre peuple: bravoure, humanité, amitié, amour de la liberté, défi aux pouvoirs et protection des faibles. Soyez digne de ce grand nom ».

#259 – Club Blooming : Academia

L’académie. Le club rentre directement en concurrence avec le fameux Club Bolívar qui porte le même surnom en raison de son style de jeu et de la qualité de sa formation (#179). Mais, l’origine de ce surnom n’est pas connue avec certitude et serait même inconnue.

En tout cas, une des versions qui est souvent avancée diffère des raisons du Club Bolívar. Ce surnom ferait référence à la provenance des fondateurs du club. Le 1er mai 1946, un groupe de jeunes étudiants au collège Florida et à l’Université Gabriel René Moreno décida de fonder un club social, sportif et culturel (nom caractéristique de ces années où les associations avaient une vocation plus large que le sport) baptisé du nom de Blooming. Outre le fait que les fondateurs étaient étudiants, la vocation large et pédagogique du club pourrait avoir influencé sur le surnom.

Une autre version se rattache au style de jeu de l’équipe. A une époque, celui-ci aurait été flamboyant, fluide et était transmis d’une équipe à une autre. D’où l’idée d’une philosophie de jeu enseigné dans ce club.

#204 – Atalanta Bergamasca Calcio : la Dea

La déesse. Le surnom provient du nom du club, Atalanta, malgré le fait que la référence soit erronée. En effet, Atalanta est le nom italien d’Atalante, une héroïne grecque (et donc pas une déesse …). S’il existe plusieurs légendes à cette héroïne, Atalante est surtout connu pour le défi qu’elle lança à ses prétendants. En effet, pour l’épouser, il fallait la battre à la course à pied. Mais, ceux qui perdaient cette course périssaient, transpercés par la lance d’Atalante. Depuis, Atalante est reconnue pour ses exploits hors du commun pour une femme dans la société grecque antique et incarne la vitesse et la compétition extrême.

A l’image du club néerlandais de l’Ajax Amsterdam (cf. #243 et #936) ou d’autres clubs européens (#716, #577, #254, #765 et #1116), les fondateurs souhaitèrent donner à leur club les valeurs inspirées par l’héroïne. Le club fut fondé comme une entité omnisports et avec le nom de Società Bergamasca di Ginnastica e Sports Atletici Atalanta (Société Bergamasque de Gymnastique et de Sports d’Athlétisme Atalante). Il faut dire que les 5 fondateurs du club en 1907 baignaient dans cette culture antique puisqu’ils étaient des jeunes suisses étudiant au Liceo Classico Paolo Sarpi, lieu d’enseignement élitiste dont les méthodes intègrent toujours l’étude du grec ancien et du latin.

En outre, la petite histoire raconte que l’un des pères fondateurs découvrit l’héroïne en lisant un livre qu’il avait trouvé dans la rue. Or, la passion d’Atalante pour la course à pied collait bien avec les activités sportives (gymnastique et athlétisme) que le club allait proposer à ses membres.

#186 – FC Universitatea Cluj : Șepcile roșii

Les casquettes rouges. Le surnom paraîtrait logique si le club jouait en rouge. Mais ce n’est pas le cas puisque les couleurs sont noirs et blancs. Parfois, le club arbora des maillots rouges mais ce fut exceptionnel et ce n’est clairement pas la raison de ce surnom. Le FC Universitatea Cluj fut fondé en 1919 par la Société sportive des étudiants universitaires (Societatea Sportivă a Studenților Universitari). En effet, avec l’indépendance de la Roumanie, de nombreux étudiants émigrèrent vers les universités renommées de Cluj et l’émergence du football dans la jeune nation conduisit à la fondation du club comme débouché sportive pour les étudiants. Or, ces derniers portaient des casquettes rouges.

#185 – Académica de Coimbra : a Briosa

Les vaillants, les fiers. L’association sportive de l’Académie de Coimbra est l’une des plus vieilles institutions du Portugal. Créée en 1887, cette association visait à offrir des loisirs sportifs aux étudiants de l’Université. La section football fut l’une des plus renommées, et jusqu’en 1974, l’équipe, qui était semi-professionnel, était composée notamment d’étudiants. Face aux autres équipes qui se professionnalisaient dans les années 1930, les étudiants n’avaient que leur panache à offrir pour lutter. Et cette force de caractère suffisait pour intégrer la première division, nouvellement créée en 1935, ainsi que remporter la première Coupe du Portugal le 26 juin 1939. Si le surnom serait apparu à ce moment là, il mit quelques décennies à s’installer comme un synonyme du club. Aujourd’hui, il fait partie intégrante des valeurs et symboles du club.

Mais, l’origine du surnom pourrait remonter beaucoup plus loin et se rattacher à l’Académie plus qu’au club de football. A la fin du XIXème siècle, l’Université regroupait deux types d’étudiants : les classes aisées et bourgeoises surnommées polainudos (les guêtres) et les étudiants provenant de classe plus populaire (sans être ouvrière pour autant). Evidemment, les deux castes ne se mélangeaient pas, voire s’ignoraient. En 1885, la rupture fut définitive, avec la mort de Fernando II de Portugal, prince consort du Portugal et veuf de la Reine Maria II. Un groupe de polainudos décida de se rendre à l’enterrement, en se présentant comme les représentants élus de l’Académie. Selon les autres étudiants, ce groupe n’avait aucune légitimité et déclara que cette action était une offense faite à l’honneur (Brio en portuguais) de l’Académie. En réponse, les polainudos traitèrent dédaigneusement les autres étudiants de briosa, surnom qui serait finalement resté.

#179 – Club Bolívar : la Academia, la Academia Paceña

L’académie. A la fin des années 1930 et dans les années 40, l’équipe du Club Bolívar connut son âge d’or de l’époque amateur et devint une référence du football bolivien, en développant un beau style de jeu, fluide, avec un certain touché de balle. Cette équipe était dirigée par des joueurs tels que son canonnier Mario Alborta, Walter Saavedra, Rojas, Romero, Cabro Plaza, Beriche Rengel, K’ullu Baldellón, Guardiaco Molina, Gutiérrez et Garzón. Les résultats s’en ressentirent puisque, dans le championnat amateur de La Paz, le Bolívar fut vice-champion en 1938, puis champion pendant quatre années consécutives entre 1939 et 1942. Il finit vice-champion également en 1943, en 1945, en 1946 et en 1947. Lors d’un match, en admirant un magnifiquement enchainement de passes courtes et précises entre des joueurs de Bolívar, qui ressemblait à un véritable ballet, un spectateur enthousiaste cria depuis les travées du stade « ¡está jugando la Academia! » (l’Académie joue). Ce cri devint le ralliement des fans qui exprimait ainsi la supériorité de leur club, donnant des leçons de football à leurs adversaires.

Ce surnom a pu continuer car le club se targue d’avoir pendant ses 100 ans d’histoire former des footballeurs remarquables comme les attaquants Víctor Agustín Ugarte, surnommé el Maestro (le Maître) et reconnu comme le meilleur joueur bolivien de tous les temps, Ramiro Blacut (également surnommé el Maestro) et le milieu Carlos Aragonés entre autres.

Le surnom devient parfois la Academia Paceña pour faire référence à la ville où se situe le club, La Paz.

#161 – CD Universidad Católica : los Cruzados

Les croisés. Le club est rattaché à l’Université Catholique de Santiago. Pour cette raison, les symboles du club ont été choisis en lien avec la religion. Ainsi, l’écusson du club se présente sous la forme d’un triangle, avec une croix bleu, sur fond blanc avec les initiales du nom du club en rouge. Le blanc symbolise la pureté immaculée, la vertu et la morale tandis que la croix de couleur bleue représente Jésus-Christ et son royaume céleste. Enfin, les initiales en rouge rappelle le sang divin qui rachète l’homme. Naturellement, avec la présence de cette croix, le surnom de croisé vint. En outre, avec cette forme triangulaire, il y a une référence claire aux bannières des chevaliers croisés, guerriers des croisades. D’où le surnom dévie aussi en cruzados caballeros (les chevaliers croisés). En 1988, le club en joua en faisant intervenir un chevalier lors de l’inauguration du stade San Carlos de Apoquindo.

#122 – Estudiantes de La Plata : los Pincharratas

Les piqueurs de rats. Le surnom pincharratas, souvent raccourci en pinchas, provient d’une personne dénommée Felipe Montedónica, Né en 1898 à Olavarria, Felipe était un fan de l’Estudiantes depuis la fondation du club, et il commença à aller au stade dès ses 13 ans. Depuis les années 1910, Felipe et son petit frère travaillaient au marché où ils déchargeaient des fruits ou comme cireurs de chaussures. De nombreux rats vivaient au marché et les deux frères les poursuivaient, piquaient avec une grosse fourchette. Ainsi, il héritèrent du surnom de pincharratas. Ce surnom les accompagna au stade et commença à s’appliquer à leur groupe d’amis et au final à l’ensemble des supporteurs de l’Estudiantes. Une autre version raconte que ce surnom est lié au fait que de nombreux supporteurs étaient des étudiants. Or, ces derniers utilisaient des rongeurs dans le cadre de leurs expérimentations au laboratoire de la Faculté de Médecine.

#76 – Galatasaray : Sarı-Kırmızılılar

Les jaune et rouge, référence aux couleurs du club. Le club n’a pas toujours évolué dans ces couleurs. Mais, à compter du 8 décembre 1908, soit 3 ans après la fondation du club, Galatasaray opta définitivement pour ces couleurs. Alors que le club allait affronter une équipe composée de marins britanniques du navire HMS Barham de la Royal Navy, les dirigeants cherchaient de nouvelles couleurs qui les amèneraient à la victoire. Ali Sami Yen, fondateur du club, raconta l’histoire: « Après avoir été dans plusieurs magasins, nous avons vu deux tissus d’apparence élégantes dans le magasin de Fatty Yanko à Bahçekapısı (entre Eminönü et Sirkeci à Istanbul, maintenant appelé Bahçekapı). L’un d’eux était assez rouge foncé, ressemblant à la couleur cerise, et l’autre un jaune riche avec une touche d’orange. Lorsque le vendeur a fait voler les deux tissus d’un tour de main, ils sont devenus si brillants que cela nous a rappelé la beauté d’un chardonneret. […] Nous imaginions les flammes jaune-rouge qui brillaient sur notre équipe et rêvions que cela nous mènerait à des victoires. En effet, ce fut le cas. ».

Mais, le choix de ces couleurs n’est peut-être pas dû au hasard, simplement au détour d’une échoppe de tissus. Le club fut fondé par des étudiants de l’École impériale Mekteb-i Sultani, précédemment appelé Galata Sarayı Enderun-u Hümayunu (aujourd’hui Lycée de Galatasaray). Même si le club n’était pas rattaché à l’école, tout l’y ramenait. Ainsi, les membres cherchaient un nom au club mais finalement ils retinrent le nom de l’école car à l’issu d’un de leur premier match, les spectateurs se questionnèrent sur l’origine de ces joueurs et d’autres répondirent « Ce sont des messieurs du Palais de Galata » (Palais se dit Saray en turc). Résultat, le club se dénomma Galatasaray Terbiye-i Bedeniye. De même, les couleurs de l’école étaient (et sont toujours) le jaune et le rouge. En effet, selon la légende, au XVème siècle, le sultan Bajazet II était parti chasser sur les collines de Galata. Il aperçut alors une cabane vétuste au milieu d’un grand jardin parfaitement entretenu. Le propriétaire de cette bicoque, du nom de Gül Baba, fit visiter son jardin et offrit au sultan deux roses : l’une jaune, l’autre rouge. Pour le récompenser de son jardin, le sultan fit édifier à cet endroit une école et un hospice.

Aujourd’hui, si l’établissement scolaire et le club sportif sont toujours séparés, ils se confondent tout de même car le blason de l’école est celui du club …….