#1074 – Energie Cottbus : Energie

Lorsque votre nom n’est pas commun, il a l’avantage de bien vous identifier et donc la presse comme vos supporteurs se simplifient la vie en l’utilisant comme raccourci et surnom. Ce fut naturellement le cas pour ce club de l’ex-RDA. Le 7 Octobre 1949, l’Allemagne de l’Est se sépara officiellement de la partie occupée par les troupes alliées et devint la République Démocratique d’Allemagne (RDA). Les autorités communistes entreprirent alors d’importantes réformes en ligne avec leur idéologie. Le sport n’y échappa pas. Dans le nouveau district de Cottbus, une première équipe de football vit le jour, le SC Aktivist Brieske-Senftenberg, sous le patronage d’Aktivist, qui regroupait les associations sportives d’entreprise des industries minières et des matériaux de base de la RDA. Mais, au début des années 1960, les autorités décidèrent une restructuration du système des clubs sportifs qui conduisait à un club sportif par district, situé dans la capitale. Résultat, le club omnisport du SC Cottbus fut créé. Situé à 40 km de la capitale du district et déclinant sportivement, le SC Aktivist Brieske-Senftenberg disparût au début de la saison de football 1963-1964 en se fondant dans le SC Cottbus. Mais, fin 1965, l’Association de football de la RDA prît le partie de séparer les sections de football des clubs omnisports et d’en faire des clubs à part entière. Ainsi, la section football du SC Cottbus devint indépendante en se transformant en une association sportive corporatiste, sous le nom d’Energie Cottbus à partir du 31 janvier 1966.

Le quotidien locale, « Lausitzer Rundschau » , organisa un concours pour trouver le nom de ce nouveau club. Bodo Krautz, l’un des 450 passionnés de sport qui participèrent, proposa le terme « Energie ». Car, la région de Cottbus était connue comme un producteur d’énergie grace à ses nombreuses centrales électriques et mines de lignite. Rien donc d’étonnant que son prédécesseur, le SC Aktivist Brieske-Senftenberg, fusse sous le patronage des industries minières. Cottbus-Senftenberg est l’un des principaux centres d’exploitation du bassin de lignite de Lusace, qui s’étend dans le sud-est du Brandebourg et le nord-est de la Saxe (même aux frontières avec la Pologne et la Tchéquie auapravant). Il s’agit du 2ème plus grand gisement de lignite d’Allemagne après le bassin rhénan. L’exploitation de ce bassin démarra vers 1789 mais, avec la révolution industrielle, elle s’intensifia. Après la Première Guerre mondiale, les mines à ciel ouvert de Lusace devinrent névralgiques pour l’économie allemande en alimentant les centrales à charbon. L’utilisation du lignite fut par la suite particulièrement intensive en RDA. Les gisements fossiles étaient de loin la première source d’énergie du pays et servait pour tout (électricité, chauffage urbain, briquettes, coke, goudron, pétrole, gaz). Au plus fort de l’exploitation minière du lignite, un tiers du district de Cottbus, qui avait gagné le surnom Energiebezirk (district énergétique), était consacré à l’exploitation minière. La centrale électrique de Boxberg (à 50 km de Cottbus) consommait environ 100 000 tonnes de lignite par jour. Aujourd’hui, environ un tiers du lignite allemand est extrait dans la région de Lusace. En 2018, 60,7 millions de tonnes était extrait en Lusace (provenant de 4 mines à ciel ouvert) sur les 166,3 millions produites en Allemagne. Ses débouchés portent essentiellement vers les centrales électriques de Jänschwalde, Schwarze Pumpe, Boxberg et Chemnitz-Nord. L’industrie du lignite emploie environ 4 500 personnes dans le Land de Brandebourg actuellement, l’un des plus grands employeurs privés. Cottbus, qui accueille aujourd’hui le Braunkohlenausschuss (Comité Lignite) qui prend des décisions régionales en matière de planification et de rénovation, connaissait une première mine, dont l’exploita débuta en 1981 et s’arrêta le 23 décembre 2015. La seconde mine de Jänschwalde se situe au nord-est de Cottbus. Environ 10 millions de tonnes de lignite y sont extraites chaque année, qui sert exclusivement à alimenter en combustible la centrale électrique de Jänschwalde.

#878 – Paksi FC : Atomváros

La ville atomique. Même si l’équipe appartient à l’élite hongroise depuis 2006, elle n’a jamais explosé au plus haut niveau. Elle connut une grande année 2011 lorsqu’elle termina à la seconde place du championnat et remporta son unique trophée, une coupe de la Ligue de Hongrie. En fait, ce surnom s’attache à la ville de Paks. Pourtant celle-ci, qui compte près de 20 000 habitants, ne fut pas le point de chute de Blondie. Ce lien avec l’énergie nucléaire s’est créé avec la présence de la centrale nucléaire MVM Paksi Atomerőmű, situé à 5,5 km au sud de la ville, sur la rive droite du Danube. Décidée en 1966, elle fut construite entre 1969 et 1987 et constitue l’unique centrale nucléaire en Hongrie. Etant donné l’importance des besoins, la construction mobilisa fortement les entreprises hongroises ainsi que soviétiques, et plus de 10 000 personnes travaillaient sur le chantier à son pic. Composé de 4 réacteurs, représentant 2 000 MW, ils furent mis en exploitation entre 1982 et 1987. Leurs durées de vie ont été régulièrement prolongées et ils devraient cesser leurs activités entre 2032 et 2037. Exploitée par l’opérateur nationale, MVM, la centrale fournit en 2019 plus de 50% de la production d’électricité de la Hongrie. Un projet de deuxième centrale, Parks II, fut lancée en 2009 après l’approbation de l’assemblée nationale. En Août 2022, les permis ont été obtenus et la construction devrait commencer prochainement.

Evidemment, étant donné la taille moyenne de la ville, l’implantation de la centrale fut importante pour son existence. Les deux guerres mondiales du XXème siècle avait causé d’énormes pertes dans la population, conduisant à une décroissance du nombre d’habitants. Le déclin de la population fut stoppé par la construction de la centrale électrique et le nombre de citoyens doubla alors en peu de temps. En outre, la présence de la centrale nucléaire donna un nouvel élan au développement économique et, aujourd’hui, le nombre d’entreprises est élevé par rapport aux villes de taille similaire. Le blason de la ville intègre le symbole d’un atome pour rappeler la présence de la centrale.

Le secteur sportif ne resta pas à l’écart du rayonnement de la centrale électrique. Dans les années 1910, le football était l’affaire des étudiants de la ville. La création du club, nommé Paksi SE, en 1952 se réalisa avec le soutien de la principale usine de la cité, la conserverie de légumes et fruits. De son côté, la société gérant la construction et l’exploitation de la centrale fonda sa propre organisation sportive pour ses ouvriers, dénommée Atomerűmű SE (Atomerűmű signifiant centrale nucléaire). Omnisport et avant tout axé sur le loisir, le club connut des sections sportives qui s’ouvrirent à la compétition et à la professionnalisation (surtout le basket qui encore aujourd’hui lutte au sein de l’élite). Les deux équipes évoluèrent dans les divisions inférieures jusqu’en 1984 où elle se retrouvèrent dans le même groupe en 3ème division nationale. Néanmoins, cette nouvelle rivalité fut un frein au développement des équipes car les deux manquaient de moyens financiers pour accéder à l’étage supérieure. Ainsi, le 1er juillet 1993, les dirigeants des deux clubs de Paks signèrent un accord pour fusionner, pour donner naissance à Paksi Atomerőmű SE, et la nouvelle équipe se basa avant tout sur les anciens joueurs d’Atomerűmű SE. Puis, en 2006, pour son accession à l’élite hongroise, le club changea de nom pour Paksi FC. En 2011, un accord de sponsoring fut signé avec MVM, l’exploitant de la centrale, le club intégrant le signe MVM dans son nom. Mais, en 2014, ce sponsoring cessa, MVM préférant continuer de sponsoriser le club voisin de Dunaújváros PASE.

#352 – CS Emelec : el Bombillo

L’ampoule. En 1926, l’Américain George Lewis Capwell prît la direction de Empresa Eléctrica del Ecuador, la société en charge de la production et la distribution de l’électricité pour la ville de Guayaquil. Pratiquant et fan de sports, en particulier la boxe, Capwell favorisa le développement du sport au sein de l’entreprise en faisant découvrir aux ouvriers des sports tels que handball ou le baseball et en faisant organiser des championnats internes. L’un des patios de l’entreprise était alors consacré à ses ligues entre collègues. L’opération rencontra une franc succès et les équipes sortirent de l’entreprise pour commencer à affronter des clubs externes. Naturellement, en avril 1929, Capwell proposa de créer une structure dédiée dénommée Emelec (EMpresa ELéctrica del ECuador). Seulement au départ, seules les sections de natation, baseball, boxe, basket-ball et athlétisme ouvrirent, Capwell n’était pas fan de football. Toutefois, ce sport était populaire et avait même précédé la création officielle de Emelec. En effet, en 1925, des employés de Empresa Eléctrica del Ecuador avait déjà constitué une équipe de football dénommé Emelec qui avait remporté une ligue locale, jouissant d’une certaine popularité. Mais, cet Emelec eut une vie éphémère, n’étant jamais constitué sous une forme d’une entité dûment organisée. Le retard à l’allumage en 1929 fut rattrapé quelques mois après puisque le 7 juin 1929, la section football fut ouverte et s’inscrivit à la fédération de Guayas.

#52 – PSV Eindhoven : Lampen

Les lampes. Les joueurs du PSV sont-ils des lumières pour autant ? Non, ce surnom fait référence à l’entreprise qui favorisa la naissance du club : Philips. Philips est une société néerlandaise fondée en 1892 à Eindhoven qui commença son activité par la production des lampes à filament de carbone devenant au début du XXème siècle l’un des plus grands fabricants d’Europe. Son expansion rapide encouragea une forte immigration nationale à Eindhoven pour alimenter son usine. Mais, même si ces immigrés étaient néerlandais, les tensions existaient entre les différents communautés au sein de l’entreprise. En 1910, des employés de l’usine créèrent un club de football, sport naissant au sein des Pays-Bas, dénommé Philips Elftal. Mais, ses faiblesses financières ainsi que les grèves des ouvriers de Philips (notamment en 1911) entraînèrent la quasi-disparition de l’équipe. En 1913, avec le soutien des fondateurs de Philips, le club du Philips Sport Vereniging fut fondé par et pour les employés de Philips. Le reste de Philips Elftal intégra cette nouvelle structure, qui regroupait plusieurs sections sportives. Jusqu’en 1928, le club n’accueillait que des employés de Philips. Comme Philips était avant tout un fabricant d’ampoules, le premier écusson du PSV était une ampoule et son surnom fut naturellement Lampen.

#39 – Club Necaxa : Electricistas

Les électriciens. Le club fut fondé en 1923 par un ingénieur anglais, W.H.Frazer, directeur de la société électrique Luz y Fuerza del Centro. Pratiquant le football dans sa jeunesse et convaincu que le sport était bénéfique pour la santé des travailleurs, il fusionna l’équipe de football de Luz y Fuerza del Centro et celle de la société de transport, Tranvías, au sein de cette nouvelle structure. D’où le surnom des électriciens. En outre, en 1943, alors que le professionnalisme gagnait le Mexique, le club n’y résista pas et se retrouva en quasi-faillite. Soutenu puis repris par le syndicat mexicain des électriciens (Sindicato Mexicano de Electricistas), le club put continuer son existence.