#1190 – Partizan Belgrade : Парни ваљак

Le rouleau compresseur. Belgrade accueille l’un des derbys les plus intenses d’Europe, qui divise la capitale serbe, même un pays, et qui se nomme le Derby éternel. Fondés la même année, les deux clubs se partagent les 2/3 des championnats de Yougoslavie et tous les championnats de Serbie (à l’exception d’un). Leur rivalité s’exprime dans de nombreux sports (les deux clubs étant omnisports) et, en football, a rassemblé souvent des audiences au stade de plus de 90 000 personnes. Le premier match en championnat entre les deux équipes de football se déroula le 5 janvier 1947 et vit la victoire de l’Étoile Rouge (4-3). Le Partizan prit sa revanche lors du derby suivant le 27 avril 1947 avec une victoire 1 but à 0. Au 20 avril 2024, 173 derbys avaient été disputés, 68 ayant été remportés par l’Étoile Rouge contre 48 pour le Partizan.

Le 6 Décembre 1953, les deux équipes se rencontraient pour le 13ème derby de leur histoire dans le cadre du championnat de Yougoslavie. Le match se déroulait dans le stade du Partizan, Stadion Jugoslovenske narodne armije. Pendant la pré-saison, le 9 Août 1953, le Partizan gagnait un match amical face à l’Étoile Rouge, 2 buts à 1, et donc, quand le derby arriva en Décembre, les joueurs de l’Étoile Rouge voulaient prendre leur revanche. Toutefois, le Partizan demeurait sur une série de 7 victoires consécutives en championnat (9 au total sur 12 matchs disputés). Très vite, les joueurs du Partizan mirent la main sur le match et asphyxièrent leur rivaux. A la 5ème minute, le célèbre attaquant du Partizan, Stjepan Bobek, ouvrit le score. 7 minutes plus tard, Kosta Tomašević permit à l’Étoile Rouge d’égaliser et de faire illusion quelques instants. Juste avant la mi-temps, Zebec et Mihailović donnèrent deux buts d’avance au Patizan. La seconde mi-temps fut à sens unique avec 4 nouveaux buts pour le Partizan (marqués par Herceg (2x), Mihailović et Zebec). Le Partizan remporta le derby 7 buts à 1. Le lendemain, le journal « Sport » titra en une « Парtи3ahob beлиkи дah, « Парни ваљак » пpeгa3иo 3be3дy, 7:1 » (Le grand jour du Partizan, un « rouleau compresseur » bat l’Étoile 7:1). Dans l’article, le journaliste Milan Kovačević décrivit le Partizan comme un rouleau compresseur, avançant irrésistiblement et écrasant tout sur son passage. Le surnom fut immédiatement adopté par les fans. Le Partizan remporta également le match retour (2 à 0, le 2 Mai 1954) mais termina à la seconde place du championnat (devant l’Étoile, derrière le Dinamo Zagreb).

Aujourd’hui, cette humiliation subit par l’Étoile Rouge demeure encore la plus large dans un derby. Un vieux rouleau compresseur aux couleurs du Partizan trône dans l’aile sud de l’enceinte du club. En 1975, l’écrivain et supporteur du Partizan, Slobodan Novaković, rédigea l’hymne du club dans lequel il est chanté « Parni valjak neka melje, da ispuni naše želje » (Laissons le rouleau compresseur broyer, pour exaucer nos souhaits).

#892 – ER Belgrade : Црвено-бели 

Les rouge et blanc. En s’appelant l’Etoile Rouge, le club ne semblait pas avoir d’autre choix que d’évoluer en rouge et blanc. Mais les évidences … En 1945, à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale, les clubs sportifs serbes d’avant-guerre avaient tous disparu et les autorités communistes profitèrent de cet état pour réorganiser le tissu sportif, avec l’objectif de diffuser son idéologie et consolider le nouveau régime. Dans ce contexte, à l’initiative du Conseil principal de l’Union unie de la jeunesse antifasciste de Serbie (USAOS), les deux grands clubs serbes émergèrent à quelques jours d’écart : l’Etoile Rouge le 4 mars, puis Partizan le 4 octobre 1945. L’article #87 raconte le choix du nom et du fameux symbole du club, l’Etoile. Pour les fondateurs, il restait également à choisir les couleurs du club. Au départ, 3 couleurs furent retenues : bleu, blanc et rouge. Ce trio avait l’avantage d’être les couleurs de la ville de Belgrade mais également celles du drapeau de la République de Serbie. Mais, pour le nouveau régime qui voulait mettre sous cloche les revendications nationalistes, cette référence au peuple qui apparaissait dominant n’était pas opportun. Les fondateurs se reportèrent alors sur les couleurs rouge et blanche du SK Jugoslavija. Club historique de Belgrade, ce dernier servit de base pour les structures de l’Etoile Rouge, sans que le nouveau club ne fusse officiellement son successeur. Pourquoi ce précédent club portait du rouge et du blanc ? Après sa création en 1913, les membres du SK Velika Srbija (le premier nom du SK Jugoslavija) cherchèrent à s’équiper mais les kits et accessoires de football ne se trouvaient pas à Belgrade à cette époque. L’un des joueurs, Furjanović, fut envoyé à Vienne (Autriche) pour obtenir l’équipement. Il revint avec des ballons, des chaussures de football et deux ensembles de maillots, l’un vert et l’autre rouge. Au début, les joueurs de l’équipe première évoluaient en vert tandis que les joueurs de réserve portaient le maillot rouge. Mais, le club adopta officiellement sa couleur rouge traditionnelle après la Première Guerre Mondiale avec le changement de nom du club en SK Yougoslavie. Le design du maillot changeait souvent, de sorte que le club jouait avec une chemise unie rouge, et parfois dans des maillots rayées ou à carreaux. En tout cas, le rouge demeura la couleur principale du maillot et du club, donnant alors le surnom crveni (rouge).

Entre 1945 et 1950, les joueurs de l’Etoile Rouge évoluait avec un maillot rouge et un short blanc. Puis, le club adopta le maillot à rayures verticales rouges et blanches. Par la suite, le maillot uni rouge revint. A noter que le bleu ne disparut pas totalement et quelques piqures de rappel eurent lieu. Parfois, les joueurs portèrent un short bleu. De 1995 à 2011, le bleu s’installa au côté du rouge et du blanc sur l’écusson du club.

#87 – ER Belgrade : Звезда

L’étoile, le surnom du club étant son symbole. En 1945, à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale, les clubs sportifs serbes d’avant-guerre avaient tous disparu et les autorités communistes profitèrent de cet état pour réorganiser le tissu sportif, avec l’objectif de diffuser son idéologie et consolider le nouveau régime. Dans ce contexte, à l’initiative du Conseil principal de l’Union unie de la jeunesse antifasciste de Serbie (USAOS), les deux grands clubs serbes émergèrent à quelques jours d’écart : l’Etoile Rouge le 4 mars, puis Partizan le 4 octobre 1945. L’Etoile Rouge s’empara des structures du SK Jugoslavija, l’un des clubs les plus importants de Belgrade d’avant guerre. Lorsqu’il fallut trouvé un nom, les dirigeants proposèrent ceux en vogue à cette époque : Mladost (Jeunesse), Udarnik (Ouvrier performant), Staline, Lenine, Torpedo, Dinamo, Lokomotiva. Slobodan Ćosić, vice-président, déclara « on pourrait l’appeler l’Etoile ? », ce à quoi Zoran Žujović, l’autre vice-président, répliqua « Étoile, d’accord mais, elle sera rouge alors comme le SK Jugoslavija ». La proposition « Etoile Rouge » fut adoptée et le parti socialiste de Yougoslavie fut ravi de cette idée. Elle avait l’avantage de faire un lien entre le passé (un club historique de l’entre-deux guerres) et le futur (un étendard du communisme).