#1133 – Berekum Chelsea FC : the Blues

Les bleus. Au Ghana, Berekum Chelsea a su rapidement se faire une place parmi l’élite footballistique du pays, au point d’être champion du Ghana lors de la saison 2010-2011, soit à peine 11 ans après sa naissance. En 2000, sous le nom de Semereka FC, le club de Berekum fut fondé par Emmanuel Kyeremeh et Obed Nana Nketiah. En 2004, ces deux propriétaires décidèrent de changer le nom du club et de surfer sur la vague de popularité des anglais de Chelsea au Ghana, les propriétaires eux-mêmes étant supporteurs du club londonien. En effet, à cette époque, le Ghana comptait dans ses rangs un formidable footballeur, Michael Essien. Il évoluait alors dans le milieu de l’équipe magique de l’Olympique Lyonnais mais était courtisé par le Chelsea de Roman Abramovitch. En 2005, le milliardaire russe aligna les euros (38 millions précisément) pour attirer le ghanéen dans son équipe. Avec ce transfert, outre le gain sportif évident (le club remporta la première ligue des champions de son histoire en 2012), Chelsea gagna immédiatement en popularité au Ghana.

Semereka FC devint donc le Berekum Chelsea FC et son blason se rapprocha fortement de celui de Chelsea, à l’animal près (le lion de Chelsea fut remplacé par un aigle). Evidemment, le club opta également pour les couleurs des londoniens, le bleu (cf. #210).

#830 – Real Republicans FC : Osagyefo’s Own Club

Le club de Osagyefo (chef victorieux). Ce club ghanéen connut une brève existence de 1961 à 1966 mais, pourtant, il fut le fer de lance du football ghanéen et l’icone de la vision politique du président du pays, Kwame Nkrumah. Remontons en 1957, année où la Gold Coast, nom colonial du Ghana, obtint son indépendance de l’emprise britannique. L’un des leaders qui permit ce résultat était Kwame Nkrumah qui devint logiquement président du pays en 1960. Mais, l’indépendance du Ghana, premier Etat subsaharien à l’obtenir, n’était qu’une étape dans l’ambition de Kwame Nkrumah. En effet, conscient de la faiblesse du nouvel état, morcelé entre différentes ethnies, face aux grandes puissances, Kwame Nkrumah milita pour une vision transfrontalière de l’ensemble du continent africain (panafricanisme). Son Ghana se devait à la fois de s’élever au-delà de ses différents peuples mais également devenir l’élément fédérateur d’une Afrique unie et solidaire. Le sport apparaissait comme un catalyseur pour promouvoir cet objectif. En particulier, Nkrumah considérait le football africain indépendant comme un symbole de la libération du continent de la domination coloniale et la démonstration de l’unité africaine. Kwame Nkrumah fit donc de l’équipe nationale du Ghana le porte-voix du continent africain.

Sur le plan local, Kwame Nkrumah et son ministre des sports, Ohene Djan, œuvrèrent pour fonder un nouveau « super » club pour renforcer le sentiment nationaliste. Pour cela, ce club, qui fut nommé Real Republicans (inspiré par le grand Real Madrid), se devait de représenter l’ensemble du Ghana et donc ne pas être rattaché à une ethnie particulière (comme les autres associations sportives du pays). Pour faciliter l’identification de tous les ghanéens, quelque soit leur région d’origine, avec le nouveau club, la direction avait la bénédiction du gouvernement pour piller les autres équipes (choix de deux joueurs dans chacune des autres équipes du championnat) pour constituer la sienne et naturellement elle ne se priva pas de prendre les meilleurs (d’autant plus que ces recrutés ne pouvaient pas refuser l’offre sous peine de représailles par le gouvernement). Ainsi favorisé par Kwame Nkrumah qui se faisait appeler Osagyefo, le Real Republicans se vit affublé de ce surnom qui devint même le second nom du club.

Les résultats ne se firent pas attendre avec un titre de champion en 1963 et 4 coupes du pays d’affilée (de 1962 à 1965). Les athlètes du club étaient traités comme des rois et avaient un accès illimité au président. Mais, ces privilèges accordés au Real Republicans traduisaient aussi la dérive autoritaire de Kwame Nkrumah dans l’exercice du pouvoir (arrestation des opposants, censure de la presse, contrôle de la justice, culte de la personnalité). Tant au niveau politique que sportif la colère monta contre Kwame Nkrumah (les clubs historiques dépouillés chaque année de leurs meilleurs éléments menacèrent régulièrement de boycotter le championnat). Résultat, le 24 février 1966, alors en voyage en Chine, Kwame Nkrumah fut renversé par un coup d’état militaire qui ne rencontra aucune résistance. Totalement identifié à son créateur et supporteur, le Real Republicans fut immédiatement dissout après le renversement de Kwame Nkrumah.

#613 – Aduana Stars FC : Ogya

Le feu. En 1985, quatre natifs de la ville de Dormaa Ahenkro inscrivirent leur nouvelle équipe dans la division régionale 4 de la ligue du Ghana. Pour le nom de l’équipe, ils décidèrent de donner celui d’Aduana, l’un des principaux clans des Akan. Cet ethnie, comptant près de 25 millions de personnes, réside principalement au Ghana (et également en Côte d’Ivoire) et se compose de 8 principaux clans. Les Aduana est celui qui compte la population la plus nombreuse. En outre, les fondateurs souhaitèrent retenir l’emblème du clan, un chien crachant du feu. La légende veut que les ancêtres du clan Aduana descendirent du ciel vers leur région actuel sur une chaîne en or, guidés par un chien avec du feu dans la gueule. Ainsi, ils sont communément appelés Ogyaasefuo, ce qui signifie les descendants du feu. Une autre histoire raconte également que le premier Aduana avait un chien qui, un jour, était parti à la recherche de nourriture. En voyant le feu, le chien pensa qu’il y avait quelque chose à manger. Bien évidemment, il se brula sa gueule. Quand son maître le vit arriver avec le feu, il aurait dit m’atwea woabre me adie (mon chien, tu m’as apporté quelque chose de valable). Ceci donna naissance au nom du peuple Aduana Atwea Aberade. Pour utiliser le nom et le symbole du clan, le groupe de fondateurs obtint la permission de l’Aduanahene, qui était un chef suprême du clan. Aujourd’hui encore, le chien crachant du feu apparaît sur l’écusson du club et Ogya est devenu le surnom des joueurs et des supporteurs. Il est parfois traduit en anglais en Fire Boys.

#592 – Hearts of Oak SC : Phobia

Phobie. Ce surnom est largement utilisé par les fans pour désigner Hearts of Oak. Basé dans la capital Accra, le club fut officiellement formé le 11 novembre 1911 et demeure l’un des plus anciens clubs de tout le continent africain. Hearts fait également parti des clubs ghanéen les plus éminents et connaît un grand succès depuis la formation de la ligue de football ghanéenne en 1956, ayant remporté le titre de champion à 21 reprises. Dans les années 1960, Hearts était injouable et battait quasiment toutes les équipes à tel point que les adversaires craignaient de jouer contre eux. La peur que l’équipe de Hearts inspirait amena l’expression « la phobie des Hearts ». C’est ainsi que « Phoooobia » est devenu un synonyme de Hearts.

#463 – Ashanti Gold SC : the Miners

Les mineurs. Ashanti Gold SC fut fondé en 1978 par un groupe d’employés de la société minière Ashanti Goldfields Corporation (AGC) sous le nom de Goldfields Sporting Club. Obuasi, où réside le club, est une ville située au sud du Ghana et dont l’essor a accompagné celui de sa principale richesse, la mine d’or exploitée aujourd’hui par Obuasi Gold Mine (successeur de Ashanti Goldfields Corporation). Mine d’or à ciel ouvert et souterraine, s’étendant sur 8km et à des profondeurs de 1 600 m, elle est exploitée depuis 1897 et constitue l’une des 9 plus grandes mines d’or du monde. En 2009, la mine employait plus de 5 700 personnes. En 2017, son gisement était estimé à 20,28 Mt de minerai titrés à 9 g/t d’or (9 grammes d’or pour 1 tonne de minerai extrait). A la création du club, les employés-fondateurs demandèrent à la direction d’AGC de parrainer l’équipe mais AGC refusa. Sans ce soutien financier, les premières années furent difficiles mais cela n’empêcha pas les succès sportifs. Lors de la saison 1984, le club fut finaliste de la coupe nationale (perdue 1 but à zéro face à Asante Kotoko) et grâce à cette finale, le club fut promu en première division. Face à cette réussite et sous la pression de son principal actionnaire, Lonrho, AGC s’investit dans le club pour le structurer mais sans en prendre les commandes (soutien financier et recrutement d’un directeur anglais). Dix ans plus tard, AGC dut s’impliquer encore pour aider à son développement. Enfin, en 2004, le club fut renommé Ashanti Gold Sporting Club, en l’honneur de son ancien actionnaire AGC, qui venait de disparaître dans une fusion avec la compagnie minière sud-africaine d’AngloGold.

#376 – Asante Kotoko SC : Porcupine Warriors

Les guerriers porcs-épics. Le début de l’autre grand club ghanéen (honneur partagé avec le Hearts of Oak) furent laborieux. Tout commença à l’époque coloniale lorsque Kwasi Kumah, un natif de Kumasi, devint chauffeur d’un colonel Ross, officier anglais au sein de la Gold Coast Artillery Force. La fréquentation de cet officier lui permit de découvrir le football pratiqué par l’élite coloniale et qui se développait dans la capitale, Accra. Il développa un tel intérêt pour le football qu’il nourrit l’ambition de former son propre club. De retour dans la ville de Kumasi en 1924, il créa le club de Kumasi Rainbow. Les 10 premières années de ce nouveau club furent chaotiques, peinant à trouver une identité. En 1926, le nom changea pour Ashanti United après que les dirigeants avaient réussi à recruter un certain nombre de jeunes étudiants prometteurs venant de 2 écoles différentes. En 1931, il fut à nouveau décidé de changer le nom pour Kumasi Titanics. Ce changement de nom n’aida pas au développement du club, la plupart de ses joueurs, qui étaient fonctionnaires, ayant dû quitter Kumasi. Nouveau changement de nom en 1934 (Mighty Atoms) mais sans impact sur la vie du club. En 1935, James Frimpong, un enseignement de Kumasi, entraîna quelques jeunes garçons énergiques de son école dans le club et proposa également de changer le nom pour Asante Kotoko. Selon certaine version, un sage lui aurait prédit que ce nom leur porterait chance et, sans un prophète, il était évident que ce nom serait un plus pour aider le club. En effet, Asante est le nom du peuple vivant dans la région de Kumasi et Kotoko signifie porc-épic, le symbole de ce peuple et animal endémique. Le peuple Asante (ou Ashanti) développa un grand, riche et influent Empire au XVIIème siècle le long du lac Volta et du golfe de Guinée, avec comme capitale Kumasi. Le club fut officiellement inauguré et nommé ainsi le 31 août 1935, avec la bénédiction de l’Asantehene (l’Empereur), Nana Sir Osei Agyeman Prempeh II, qui en devint le premier président. Depuis que le club se plaça sous la garde et la tutelle de l’Asantehene et ses successeurs, il gagna en stabilité au niveau de son organisation et en soutien auprès de la population. Les résultats suivirent avec notamment 24 titres de champion du Ghana et deux ligues des champions de la CAF. Dans la langue de Asante (le twi), Asante signifie guerrier et le porc-épic est donc l’animal symbole de ce peuple. Ce dernier apparaît sur l’emblème du club, avec une apparence menaçante. Il symbolise l’esprit de combat inflexible du peuple du royaume d’Asante. Cet esprit est également matérialisé, sur cet écusson, par la devise «Kum Apem a, Apem Beba» (tuez mille, et mille autres viendront).