#1218 – FK Riteriai : Riteriai

Les chevaliers. Vous allez me dire que le surnom n’est pas très original étant donné qu’il s’agit du nom du club et que ce symbole s’affiche en grand sur le blason de l’équipe. Seulement, dans le cas présent, c’est le surnom qui donna le nom du club. L’équipe avait connu une progression rapide, de sa fondation en 2005 à sa promotion dans l’élite lituanienne en 2014, et devait se consolider pour durer. Souhaitant poursuivre son développement en bénéficiant de meilleures infrastructures et d’une zone de chalandise plus large, le club déménagea de la petite localité de Trakai vers la capitale Vilnius (certes seulement distancés d’une trentaine de kilomètres). Il changea alors de nom, passant du FK Trakai au FK Riteriai. Depuis sa fondation, l’identité du KF Trakai se concentrait sur l’image du chevalier, qui apparaissait sur l’écusson de l’équipe, et qui rappelait l’âge d’or de la ville au Moyen-Âge.

Petite bourgade d’à peine de 6 000 habitants, Trakai se distingue en Lituanie par la présence de plusieurs chateaux forts. Le plus important se situe sur une île du lac Galvė. Au départ, il s’agissait d’une construction en bois mais après plusieurs attaques, le développement d’un édifice en pierre débuta au XIVème siècle et fut décidé par le Grand Duc de Lituanie, Kęstutis. Vers 1409, des travaux majeurs (extension de deux ailes, renforcement de l’enceinte avec des murs de 2,5 mètres d’épaisseur ainsi qu’un donjon de 35 mètres) furent achevés par son fils Vytautas le Grand, qui mourut dans cette citadelle en 1430. A l’issu de ces derniers travaux, le château de l’île de Trakai devint le plus puissant et le plus grandiose du Grand Duché ainsi que la résidence la plus importante de Vytautas le Grand. Reconstruit dans les années 1950, ce château est désormais une attraction touristique majeure.

Si ce château vit le jour à Trakai, c’est que la ville avait prit une certaine importance au sein du Grand Duché. En 1321, le Grand Duc Ghédimin avait déjà fait de Trakai sa capitale et vers 1375, le Grand Duc Kęstutis la confirma comme le deuxième centre administratif et politique du Grand-Duché après Vilnius. Son trésor avait été déplacé dans le chateau de l’île. Il s’agissait également d’une position militaire stratégique face aux attaques teutoniques. Pour défendre le château de l’île ainsi que la ville de Vilnius, plusieurs forteresses situées dans les collines avoisinantes furent également bâties sous le règne de Kęstutis. Les principales places fortes étaient le château de la presqu’île de Trakai (situé sur une péninsule entre le sud du lac Galvė et le lac Luka et construit vers 1350-1377) ainsi que le château de Senieji Trakai (où Kęstutis se maria et Vytautas y naquit mais fut détruit en 1391).

#1179 – FK Žalgiris Vilnius : Žalgiris

Pour les connaisseurs de sport, le mot Žalgiris, qui signifie forêt verte, a une résonance particulière, qui renvoie à la balle orange, au célèbre club du Žalgiris Kaunas, vainqueur de l’Euroleague en 1999. Mais, en Lituanie, le club de basket n’est pas l’unique porteur de ce nom. On retrouve principalement deux clubs de football (FK Žalgiris Vilnius et FK Kauno Žalgiris, section football du club de basket) et un de handball féminin (MRK Žalgiris Kaunas). Fondé en 1947, le club de Vilnius se dénomma au départ Dinamo puis l’année suivante, il prit le nom de Spartak. Žalgiris s’imposa en 1962 et est resté jusqu’à ce jour. L’utilisation de ce nom rappelle une bataille historique, symbole de résistance des Lituaniens face aux envahisseurs et une source de fierté nationale.

Le 15 Juillet 1410, les moines-chevaliers de l’ordre teutonique affrontèrent les troupes du Roi Ladislas II Jagellon de Pologne et le Grand-Duc Vytautas de Lituanie. Depuis deux siècles, les Teutons s’étaient installés dans des régions de Pologne et de Lituanie, et pour des raisons soi-disant religieuses, réalisaient des raides en Pologne et en Lituanie. A force, l’occupation et ces expéditions exaspèrent, surtout après la conversion au Christianisme de ces deux pays. En mai 1409, les soulèvements dans les régions teutoniques à l’encontre des chevaliers débutèrent et trouvèrent pour soutien le Grand-Duché de Lituanie puis le Royaume de Pologne. Et donc, en Juillet 1410, les forces en présence allaient s’affronter dans une plaine partagée en trois villages : Grünfelde à l’ouest, Tannenberg au nord-est et Ludwigsdorf au sud. Pour les chroniqueurs polonais, le nom du village Grünfelde fut traduit en Grünwald, littéralement « forêt verte » en allemand. Les Lituaniens suivirent leur exemple en traduisant le nom par « Žalgiris ». Pour les Allemands, la bataille prit le nom Tanenberg qui désigne une « colline de sapins » ou « colline de pins ». La bataille fut remportée par les armées lituano-polonaises et devint un symbole nationale pour les deux pays. En Lituanie, la victoire représente l’apogée politique et militaire du Grand-Duché. Repris par les mouvements nationalistes lituaniens, elle inspira leur résistance face aux politiques de germanisation et de russification de ses grands voisins. En effet, dans l’imaginaire nationale, elle marque la victoire d’une petite nation opprimée face à un ordre Teutonique, décrit comme des envahisseurs assoiffés de sang.