#331 – Liverpool FC : Negriazules

Les noir et bleu. Il s’agit bien évidemment d’une référence aux couleurs du club, qui a toujours évolué avec ces deux couleurs. Né en 1915, les fondateurs optèrent pour le nom de Liverpool pour rendre hommage à l’équipe anglaise des Reds, déjà deux fois championne d’Angleterre à cette époque. Non seulement les anglais inventèrent le football mais surtout au début du XXème siècle, ils l’exportèrent un peu partout dans le monde. Sous influence et dans l’admiration, les jeunes qui créaient des clubs souhaitaient les angliciser, soit dans le choix du nom, soit dans celui des couleurs ou du style de maillot. L’Uruguay n’échappa pas à cette mode et ainsi naquit le Montevideo Wanderers (cf article #150), Dublin FC ou encore le Bristol FC. Les membres fondateurs du Liverpool FC, étudiants du Colegio de los Padres Capuchinos, cherchèrent également un nom anglais et se penchèrent donc sur une carte du pays. L’un d’eux, José Freire, arrêta ses yeux sur la ville de Liverpool et se souvint de l’insistance de son professeur de géographie à mentionner cette ville comme le principal port exportateur de charbon d’Angleterre. Ainsi, presque tous les navires anglais qui opéraient à Montevideo provenaient de Liverpool. Un lien existait donc entre les deux villes et son équipe de football était forte. Ceci justifia de retenir Liverpool comme nom. Toutefois, l’hommage rendu au club anglais se limita au nom car les fondateurs retinrent les couleurs noir et bleu (et non le rouge). En fait, ils souhaitèrent cette fois rendre hommage à deux autres clubs de football mais uruguayens. Le bleu était associé au club dénommé Titán, champion d’une ligue régionale. Le noir était la couleur du club de Defensa, une autre équipe renommée de l’époque.

#227 – Liverpool FC : the Reds

Les rouges. En Angleterre, comme partout dans le monde, reds est synonyme du club de la Mersey. Sauf que Liverpool n’a pas joué en rouge depuis sa création. Né d’une scission au sein d’Everton en 1892 (un problème de loyer entre le propriétaire du terrain et les toffees), Liverpool opta pour un maillot bleu et blanc, les couleurs du rival, Everton … qui lui jouait en rouge cette année-là. De quoi faire perdre leur latin aux supporteurs actuels. Liverpool se serait inspiré du style et des couleurs du maillot de Blackburn Rovers (qui était une référence à l’époque puisque le club du Lancashire avait déjà remporté 5 éditions de la Coupe d’Angleterre). Mais, dès l’année suivante, Everton revint au bleu (ciel et non roi comme aujourd’hui) et Liverpool changea 3 ans plus tard (1896) pour le rouge afin de se différencier.

Le maillot rouge s’imposa et après une année avec un short noir, le blanc s’imposa pour le bas de l’uniforme à compter de Septembre 1896. Jusqu’à un match de Coupe d’Europe en 1964. Pour la réception d’Anderlecht en huitième de finale de la Coupe des Clubs Champions, le manager de l’époque, Bill Shankly, imposa un short et des chaussettes rouges afin que le kit du club soit intégralement écarlate. En jouant avec un maillot rouge sang, son idée était de montrer que ses joueurs étaient des guerriers et ainsi inspirer la peur à leurs adversaires. La petite histoire raconte que Bill Shankly jeta un short rouge à son défenseur écossais Ron Yeats. Pourtant surnommé the colossus en raison de sa corpulence, Shankly lui dit « Get into those shorts and let’s see how you look’. ‘Christ, Ronnie, you look awesome, terrifying. You look 7’ tall » (Enfile ce short et voyons l’air de quoi tu as l’air. Bon sang, Ronnie, tu es superbe, terrifiant. On dirait que tu fais 2 mètres de haut). L’attaquant Ian St John proposa de faire le grand saut en mettant également des chaussettes rouges. Shankly était persuadé que ce kit intégralement rouge aurait un effet psychologique certain sur les adversaires, cette couleur symbolisant le pouvoir et le danger. Ce coup fut gagnant car Liverpool gagna 3-0. Cette nuit-là, en rentrant à la maison, il dit à sa femme Ness « Tonight, around Anfield for the first time, there was a bright flame, as if a fire was spreading » (Ce soir, aux alentours d’Anfield et pour la première fois, il y avait une flamme éclatante, comme si un feu se propageait).

Selon certaines recherches récentes, les chaussettes rouges n’auraient été introduites que lors d’un match de quatrième tour de la FA Cup contre Stockport County le 3 février 1965. Toutefois, les chaussettes rouges furent déjà portés (entre 1896 et 1934), avant que les bas rayés rouges et blancs s’imposèrent entre 1936 et 1959. Il y eut parfois des tentatives en noir pendant ces années. Ce ne fut qu’à compter de 1959 que les chaussettes blanches furent utilisées et finalement pour peu de temps.

#141 – Newcastle United : the Magpies

Les pies. En observant le plumage noir et blanc de l’oiseau, on comprends très vite la raison de ce surnom puisque le club du nord de l’Angleterre évolue dans des maillots rayés blancs et noirs. Comme souvent, il ne s’agit pas des couleurs originels du club. Newcastle United naquit en 1892 de la fusion de deux clubs de la ville, Newcastle East End FC et Newcastle West End FC. Une fusion ? Plutôt une absorption de West End par East Eand. En effet, les deux clubs étaient rivaux mais West End connut des difficultés financières qui poussèrent les dirigeants à demander un rapprochement avec East End. Cette fusion se concrétisa donc en 1892. Si le club changea de nom pour United, afin de rappeler que les deux clubs étaient maintenant unis, la nouvelle institution garda pourtant les couleurs du vainqueur, East End, ie un maillot rouge et un short blanc (ou peut-être rayé). Les uniformes étaient chers et, si les membres des deux clubs souhaitaient s’unir et effacer leur vieille rivalité, les finances du clubs ne permettaient certainement pas d’achever cette union en changeant de couleur. Toutefois, lors de plusieurs matchs (notamment face à Liverpool ou Arsenal), les deux adversaires se retrouvaient à joueur sous les mêmes couleurs rouges, ce qui évidemment posait des difficultés d’organisation : une des deux équipes devaient trouver un kit de rechange (or, comme dit plus haut, les équipements étaient chers et les clubs n’avait pas plusieurs kits, et encore moins des maillots à domicile et d’autre pour jouer à l’extérieur – on ne parle donc même pas de version third). Il s’avéra qu’un jour de match, Newcastle trouva, comme rechange, un kit de maillots rayés noirs et blancs. On ne sait pas d’où provenait ce kit de rechange. Il semblerait que l’équipe junior jouait avec de tel maillot et l’équipe senior les emprunta. Il se pourrait aussi que Newcastle les avait empruntés à la ligue régionale du comté de Northumberland, auquel Newcastle était attaché. Au final, un passage permanent au noir et blanc suivit rapidement, très probablement pour réduire les conflits de maillots avec les équipes évoluant en rouge, et peut-être aussi afin d’apaiser les anciens supporteurs de West End qui ne se retrouvaient pas dans les couleurs de leur rival de East End. La décision fut donc prise en 1894, comme le révèle le procès-verbal de la réunion du club: « Il a été convenu que les couleurs du club devraient être changées des chemises rouges et des culottes blanches en chemises noires et blanches (rayures de deux pouces) et des culottes foncées ».

Mais pourquoi les maillots de rechange étaient de couleurs noire et blanche ? Là aussi, il existe de nombreuses versions. L’une d’elle se rattache au comté de Northumberland. Ce dernier possède un tartan officiel, également connu sous le nom de Shepherd Plaid ou Border Tartan. Il s’agit d’un tissage croisé à partir de laine de mouton noire et blanche non teinte, affichant au final des petits carreaux noirs et blancs. Une autre théorie remonte à la guerre civile anglaise et au marquis de Newcastle, William Cavendish, et à son régiment Whitecoats. Le régiment portait des manteaux de laine non teints (qu’ils juraient de teindre en rouge avec le sang de l’ennemi) et combattait sous la crête héraldique Cavendish, qui était principalement en noir et blanc. Enfin, une autre version implique une paire de pies qui nichait au stade de St James’ Park et fut « adoptée » par les joueurs de Newcastle. Cette version, qui n’est pas plus admise que les autres, pourrait boucler la boucle avec le surnom.

#12 – Liverpool FC : Scousers

Mot anglais intraduisible et qui se rattache complètement à Liverpool. En effet, en Anglais, Scouse est un terme qui désigne à la fois les habitants et les personnes originaires de Liverpool aussi bien que l’accent propre des gens habitant Liverpool et la région du Merseyside. Influencé par la forte immigration irlandaise et galloise qui accompagna le développement du port à compter du XVIIIème siècle ainsi que par les marins scandinaves de passage, l’anglais parlé à Liverpool prit un accent particulier très distinctif et ayant pas de points communs avec les autres accents du reste de l’Angleterre.

Ce mot est un dérivé de lobscouse, plat typique de la région, cuisiné par les marins. Au XIXème siècle, les habitants les plus pauvres de Liverpool et de sa région mangeaient couramment du scouse car il s’agissait d’un plat bon marché et familier aux familles de marins. Le scouse est un ragoût de pomme de terre, de carottes et d’oignons, auxquels de la viande salée est rajoutée (principalement du mouton mais le bœuf comme l’agneau sont également utilisés). En fonction des recettes, d’autres aliments peuvent également complétés le plat tels que des lentilles, de la patate douce ou des pois. Il est souvent accompagné de chou rouge mariné dans du vinaigre ou de la betterave rouge et du pain croustillant. Ce plat est fortement associée au port de Liverpool et à son arrière-pays au nord-ouest de l’Angleterre. Mais, on retrouve des équivalents dans toute l’Europe du Nord, les échanges entre les ports ayant certainement favorisé sa dispersion : en Norvège (lapskaus), en Suède (lapskojs), en Finlande (lapskoussi), au Danemark (skipperlabskovs) et dans le Nord de l’Allemagne (labskaus).