Les bulgares. Durant la Seconde Guerre mondial, bien qu’ils ne fussent pas déportés vers les camps de la mort, les Juifs de Bulgarie furent sévèrement persécutés et au lendemain de la victoire, le régime communiste ne leur laissa guère d’espoir. Le Premier ministre, Georgi Dimitrov, dénonça l’Holocauste mais il exhorta les Juifs à s’assimiler. En 1947, les organisations sionistes furent ainsi démantelées, tandis que les écoles juives furent contraintes de remplacer l’hébreu par le bulgare et de retirer les portraits d’Herzl (le fondateur du sionisme) et les cartes d’Israël. Car, si avant la guerre, les Juifs étaient bien établis dans la société bulgare, le mouvement sioniste émergea parmi eux immédiatement après le premier congrès sioniste de Bâle (1897), avec la création des premières associations Maccabi. Son développement fut rapide dans tout le pays et en 1926, le Maccabi Bulgarie comptait 2 100 membres répartis dans 21 branches. Par ailleurs, plusieurs organisations dont une banque furent créées dans les années 1930 pour faciliter l’Alya.
Dans ce contexte, l’émmigration vers la Palestine au lendemain de la guerre fut naturelle pour les Juifs bulgare. Dans les 2 ans qui suivirent la création d’Israël en 1948, 45 000 des 50 000 Juifs de Bulgarie quittèrent volontairement la Bulgarie pour rejoindre le nouvel État et s’installèrent principalement à Jaffa, qui leur rappelaient certainement leur ville natale de Sofia (la moitié des Juifs bulgares résidaient à Sofia). A Jaffa, le bulgare devint la langue des rues et des enseignes. Des restaurants servant des spécialités bulgares et des cafés ouvrirent leurs portes. Une université bulgare fonctionna dans les années 1950 et 1960. Le quartier autour du boulevard de Jérusalem fut surnommé la « Petite Sofia ». Ce regroupement favorisa l’entraide et la création d’associations culturelles et sportives bulgares, dont l’objectif était de donner un cadre qui faciliterait leur acclimatation dans le pays.
Ainsi, en 1948, les vétérans du Maccabi Bulgarie, dont Albert Chiuso, qui avait été président son président jusqu’à son immigration en Israël en 1943, ainsi que d’anciens athlètes du Maccabi Sofia, Avigdor Perciado, Moshe Almozelino et Moshe Miranda, fondèrent le Maccabi Jaffa presque immédiatement après leur arrivée. Dans ce petit quartier de Jaffa où se déroulait toute la vie de la communauté bulgare, tout le monde se connaissait et les liens étaient forts. Résultat, les supporters, membres de la communauté bulgare, s’identifièrent complètement à cette équipe, dont la plupart des joueurs étaient bulgares et vivaient à Jaffa (dans la première équipe de football du club, 9 des onze joueurs étaient bulgares). Même si la base de ses joueurs et supporteurs s’ouvrit au fil des années, l’attachement du club avec la communauté bulgare de Jaffa demeura forte. En mai 1953, le Maccabi Jaffa célébra son cinquième anniversaire et en même temps le jubilé du Maccabi Bulgarie tout comme en 1959 avec respectivement le dixième anniversaire et les 60 ans et où des milliers de personnes, vêtues d’uniformes du Maccabi Bulgarie, défilèrent dans un cortège mené par Aharon Manoah, l’un des fondateurs du Maccabi Bulgarie.
