#1360 – Paphos FC : γαλάζιους

Les Bleus. Le club du richissime anglo-russe Roman Dubov a arraché son ticket pour la Ligue des Champions 2025-2026, devenant le 3ème club chypriote à réaliser cet exploit. En remportant la coupe nationale en 2024 puis le titre de champion de Chypre en 2025, Paphos FC a donc atteint l’objectif fixer par ses fondateurs … il y a seulement 11 ans. Une décennie en arrière, la petite ville côtière comptait deux clubs professionnels : l’AE Paphos et l’AEK Kouklia. Mais, ces derniers se débattaient avec des problèmes financiers et ne parvenaient pas à se maintenir au haut niveau. D’où l’idée de fusionner les deux clubs pour se renforcer le 9 Juin 2014. L’AEK, le club des expatriés grecs d’Asie Mineure, évoluait logiquement en noir et jaune (cf. #234) et absorbait formellement l’AE. Mais, le nouveau club opta pour les couleurs de l’AE, le bleu et le blanc (même si le jaune apparait sur l’écusson).

L’AE résultait déjà d’une fusion opérée au début du XXIème siècle avec la même finalité. En 2000, afin de devenir la place forte du football de Pharos, les clubs de APOP (fondé en 1953) et Evagoras (fondé en 1961), qui oscillaient entre la seconde et la première division du pays, unirent leur force. Les deux clubs évoluaient en bleu et blanc (Evagoras jouait en vert et blanc de sa fondation jusqu’en 1962 puis en bleu et blanc), ce qui facilita donc le choix pour la nouvelle association de l’AE.

Ces couleurs bleus et le blanches, qui se sont transmises de club en club, pourraient symboliser l’héritage maritime de la ville côtière et le ciel clair de Chypre. Situé sur la côté ouest de l’île, Pharos constituait à partir du Moyen Âge, le port occidental de Chypre. Mais, l’émergence de Nicosie et du port de Larnaca lui fit perdre son importance. Après l’invasion turque de Chypre en 1974, l’activité économique a connu une forte croissance dans tous les secteurs, notamment le tourisme. La municipalité, 4ème ville du pays, est devenue aujourd’hui une station balnéaire prisée des touristes et son port de pêche connait un regain d’activité.

Mais, l’origine du bleu et du blanc pourrait provenir de l’histoire récente de la ville. Outre la couleur, un autre élément se transmit au fil des fusions : le visage sur le blason du club. Il s’agit d’Evagoras Pallikarides, un militant grec-chypriote. Il apparut d’abord sur l’écusson de l’Evagoras (qui portait le nom du martyr) et fut conservé par l’AE puis le Pharos FC. Né à quelques kilomètres de Pharos, il était membre du mouvement indépendantiste EOKA. Il fut arrêté le 18 décembre 1956 alors qu’il transportait des armes et pendu le 27 février 1957, devenant le plus jeune combattant à être exécuté à Chypre. Son mouvement, EOKA, au-delà de l’indépendance, souhaitait comme beaucoup de grecs-chypriotes l’union avec la Grèce et donc reprit sur son drapeau les couleurs bleues et blanches (une croix blanche sur fond bleu). Le club Evagoras s’inspira de ces couleurs. Tout comme l’APOP dont plusieurs de ses fondateurs et sportifs étaient membres de l’EOKA (d’ailleurs Evagoras Pallikaridis était un athlète de l’APOP).

#1351 – USL Dunkerque : les Maritimes

Bordé par la Mer du Nord, Dunkerque entretien une relation plus qu’étroite avec la mer. La 5ème ville du Nord bénéficie d’une longue facade maritime de 35 km qui en fait une cité maritime et portuaire ainsi qu’une station balnéaire. Tout débuta en l’an 800 avec la fondation d’un petit village de pêcheurs dans une crique naturelle. Puis, comme dans toute la Mer du Nord et de la Baltique, le développement de la pêche au hareng supporta la croissance de la ville. Au milieu du XVIème siècle, à la croisée de l’Angleterre, la France et les Provinces-Unies, le port de la ville profita des échanges commerciaux entre les 3 pays mais ses bateaux et son territoire agitaient également la convoitise des ces 3 nations et de leurs corsaires. Définitivement acquise par la France le 27 octobre 1662, Louis XIV fit aménager par Vauban la ville et son port, qui devient le plus grand port de guerre du royaume.

Stratégiquement situé à l’entrée du Détroit du Pas-de-Calais, qui constitue un piège naturel, de par les bancs de sables, pour les bateaux de commerce, Dunkerque poursuivit son développement avec les courses, dont le corsaire Jean Bart en fut le plus célèbre représentant, puis en devenant une des plaques tournantes du smogglage (contrebande). Au XIXème siècle, le port se modernisa, étant alors dédié aussi bien à la pêche qu’au trafic de marchandises. Les pêcheurs dunkerquois se détournèrent du hareng, suite au blocage hollandais en Mer du Nord, pour aller en Atlantique Nord (vers l’Islande) pêcher la morue, lors de grandes campagnes qui duraient 6 mois (Mars à Septembre) et dans des conditions difficiles et dangereuses. A cette même période, les longues plages de sable bordées de dunes permirent le développement de la station balnéaire de Malo-les-Bains. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’armée allemande détruisît les infrastructures portuaires mais le port fut remis à flot le 7 août 1946. Dès 1951, il retrouvait son trafic d’avant-guerre. A la fin des années 60, le port ouvrit une deuxième voie à l’Ouest, à 20 km de la ville.

Aujourd’hui, il s’impose comme un acteur clé de la façade maritime européenne (7ème port du Range nord européen qui s’étend du Havre à Hambourg et 3ème port français). S’étendant sur 17 km et 7 000 hectares, il comprend 2 entrées : l’une à l’Est, la plus ancienne, limitée aux navires de 14,2 mètres de tirant d’eau (le Port Est), l’autre à l’Ouest qui permet d’accueillir des navires jusqu’à 22 mètres de tirant d’eau (le Port Ouest). Dunkerque est le premier port français pour l’importation de fruits et légumes en conteneurs, avec un produit vedette, la banane. Il est aussi le 1er port français d’importation des minerais et de charbon et 2ème port français pour les échanges avec la Grande-Bretagne.

Avec une telle influence, le club reprît les codes marins comme la devise « contre vents et marées » ou ses couleurs bleues et blanches (comme la ville). Le dauphin sur l’écusson du club provient des armes de la ville. Mais, la présence du cétacé ne rappelle pas le lien de la cité avec la mer mais honore le Dauphin, le fils du Roi Louis XIV, qui était né un an avant l’acquisition par le Roi de France de Dunkerque.

#1336 – FK Haugesund : Måkene

Les mouettes. Le football apparut dans les années 1910 dans la ville côtière du Sud-Ouest de la Norvège, Haugesund. Rapidement, deux clubs virent le jour : SK Vard en 1916 et SK Djerv en 1919. Puis, en 1939, un troisième larron fut fondé, le SK Haugar. Les 3 clubs se disputèrent la suprématie de la cité et cette rivalité déclencha une dynamique intéressante pour la région. Dès qu’un club avait fait sa part sur la scène nationale et entamait alors un déclin, un nouveau prenait le relais et portait fièrement l’étendard de Haugesund. Mais, les exigences du haut niveau devinrent de plus en plus difficile à suivre et, après plusieurs années d’errance en termes de résultat, ponctuées de difficultés financières, les trois fleurons de la ville envisagèrent d’unir leurs forces. Finalement, Vard abandonna le projet et le FK Haugesund naquit en 1993 de la fusion de deux autres clubs. Le club retint les couleurs de la ville (bleu et blanc) pour son maillot et une mouette orna son écusson, reprenant l’oiseau des armoiries.

Située sur la côte et protégée par les détroits de Smedasund et de Karmsundet, Haugesund reposa son développement sur les activités maritimes, en particulier la pêche. Dans les mers du Nord et Baltique, le hareng regorgeait car ces mers correspondaient à son aire de ponte. Le poisson était alors particulièrement gros et facile à pêcher et, salés ou fumés, il se conservait aisément. Sa pêche constitua donc une ressource importante pour toutes les villes et villages du Nord de l’Europe et devint même le produit de base des commerçants de La Ligue Hanséatique. Lorsque la ville se dota d’armoiries officielles le 29 décembre 1862, le conseil municipal adopta des éléments relatifs à ce pan important de la vie de la cité. Ainsi, trois barils de hareng sur lesquels reposait une ancre décoraient le centre des armes. En arrière-plan, le port maritime apparaissait, accompagné de trois mouettes blanches volant dans le ciel. A l’occasion du 75ème anniversaire de la ville, de nouvelles armes, plus simples, virent le jour en 1930. Les barils de hareng furent supprimés en raison du déclin de cette industrie et les nouvelles armoiries ne représentaient plus que 3 mouettes blanches sur un fond bleu. Le bleu et les mouettes rappelaient les liens historiques et forts de la cité avec la mer. Car si la pêche au hareng constitua l’activité historique et importante, au fil des années, d’autres secteurs se développèrent dont la pêche à la baleine, la construction navale et le transport maritime (la ville possédait autrefois la troisième plus grande flotte marchande de Norvège).

#1300 – Stade Brestois : les Pirates

Egalement surnommé Team Pirates (l’équipe pirates). Ce surnom s’est imposé dans les travées du stade Francis-Le Blé ainsi que dans la presse depuis quelques années, balayant les sobriquets historiques comme Ti’Zefs (#445) et les rouge et blanc. Tout démarre au début de l’année 2012. Le club évoluait encore en Ligue 1 quand la direction décida de dévoiler une nouvelle mascotte : Zef le pirate. Il s’agit d’un enfant, habillé d’une marinière rouge et blanche, un bandeau rouge sur la tête et un pantalon court blanc. Pour l’équipe marketing du club, le personnage est combatif, malin, un peu irrévérencieux, et toujours prêt à partir à l’abordage. Malgré ces nombreuses qualités, la mascotte ne porta pas chance au club qui fut relégué en seconde division. Pour autant, cette image se déclina sur les produits dérivés du club (des sabres furent même ajoutés sur le logo du club) et s’imposa comme la nouvelle star du club.

Rien de plus naturel que de prendre un pirate comme symbole quand vous êtes une ville liée à la mer. Même si les pirates possédaient une mauvaise image (et encore aujourd’hui dans le Golf d’Aden et le Mer Rouge), elle s’est beaucoup adoucie, surtout sous les traits d’un enfant. Brest fut un point de rendez-vous pour les corsaires qui hantaient les mers du Nord-Ouest de l’Europe. En effet, les pirates ne se trouvaient pas seulement dans les caraïbes, les flibustiers des mers pluvieuses du Nord de l’Europe existant dès l’antiquité. En parallèle de la montée en puissance de la ville comme base navale royale au XVIIème siècle, des armateurs et commerçants brestois sans scrupules armaient des navires, une frégate comme un rapide petit cotre, pour effectuer des actes de pirateries, parfois avec la bénédiction d’un Roi ou d’une compagnie marchande (cela devenait alors une « course » ). L’apogée de la piraterie brestoise fut atteinte au XVIIème siècle sous Louis XIV et entre 1688 et 1713, la cité fut même capitale corsaire du Royaume de France. L’activité connut un regain au moment de la guerre d’Indépendance des États-Unis, de la Révolution française et du Premier Empire.

Le plus célèbre d’entre-eux fut Jean-François Riou de Kerhallet. En 1788, il acheta une propriété dans l’anse de Kervallon et y fit construire un port avec cales, chantiers de construction et d’importants magasins. Il y armait aussi bien des bateaux de commerce que des navires de corsaires et entreposait ses butins. Selon la légende, un des ses corsaires captura une fois 4 navires, dont la vente de leur cargaison permit de récolter la somme record de 1,2 million de francs. Mais, d’autres personnages plus nobles au premier abord n’hésitèrent pas à financer des corsaires comme M. Hocquart, intendant de la marine à Brest.

#1289 – Hajduk Split : Majstori s Mora

Les maîtres de la mer. Par son fabuleux palmarès (6 fois champions de Croatie et 9 fois de Yougoslavie ainsi que vainqueur de 8 coupes de Croatie et 9 de Yougoslavie), Hadjuk peut être considéré comme un maître du football croate. Mais c’est sa localisation et son histoire maritime qui lui donne ce surnom.

Deuxième plus grande ville de Croatie, la ville de Split se trouve sur la rive de la mer Adriatique et s’étend sur une péninsule. Avec cette position, Split a pu se développer autour de son port. A l’origine, il s’agissait d’un comptoir commercial établi par des colons grecs de l’île de Vis au IVe siècle av. J.-C., puis repris par les Romains. Ensuite, la ville passa sous la domination de différents empires et royaumes (Byzance, Croatie, Venise), mais conserva sa position commerciale stratégique, en faisant le lien entre l’arrière-pays et la mer Adriatique et la Méditerranée. Au XVIème siècle, Split prit encore plus d’importance en étant le point de passage maritime central des Balkans, où les marchandises étaient transportées depuis l’Empire ottoman, l’Inde et la Perse vers la République de Venise. Puis, son port connut un passage à vide entre le XVIIIème et le XIXème siècle, le trafic se reportant vers d’autres ports dont celui de Rijeka. Quand la ville fut reliée à la ligne ferroviaire Rijeka-Zagreb-Belgrade en 1925, le port se modernisa et reprit de une importance régionale.

Aujourd’hui, le port de Split constitue le plus grand port de passagers de Croatie et de l’Adriatique ainsi que le 11ème plus grand port de la Méditerranée. Le trafic national et international dans le port est en constante augmentation. En 2023, le trafic passager a dépassé 5,8 millions, dépassant le record de 2019, tandis que le nombre de véhicules approchait le million. En 2023, 3 663 510 tonnes de marchandises (+9% par rapport à l’année précédente) ont été traités et en 2019, 23 468 navires firent escale.

#1273 – Olympique Safi : les Sardines

Le long de la côte marocaine donnant sur l’Atlantique, la vieille cité de Safi s’étire et s’est développée au fil des siècles entre terre et mer. Son arrière-pays est riche de terres agricoles où sont cultivés des céréales (principalement de l’orge), des légumineuses, des fruits (les agrumes, l’abricot, le raisin, la pomme) et du maraîchage (câpres), et regorge de phosphate, exploité par le groupe public OCP. A l’opposé, l’Océan Atlantique et ses rives offrent ses richesses à la ville et ses habitants. Au-delà de ses plages réputés et de sa vague, spot de surf prisé, la pêche demeure l’un des piliers de l’activité économique de la ville.

Comptoir phénicien, Safi devint à compter du XIIème siècle un port important, débouché naturelle sur la mer de Marrakech, capitale de l’Empire Almohade puis Chérifien. Et les différentes influences et dominations ne firent que renforcer son importance commerciale. Au XXème siècle, le port prit une nouvelle dimension avec la pêche industrielle à la sardine. En effet, la fraîcheur du courant des Canaries rendirent les eaux de Safi foisonnantes de sardines et de thons. Couplé avec un savoir-faire qui donne un produit fini sans peau et sans arêtes, entièrement préparées à la main, Safi développa toute la filière de la pêche à la conserve. Dans les années 1950-1960, il était le premier port sardinier mondial en tonnage, avec jusqu’à 130 bateaux ramenant 100 000 tonnes de poissons par an. Douze mille personnes travaillaient alors dans la filière, qui comptait 38 conserveries. Au milieu des années 70, le port abritait près de 75 conserveries. A compter des années 1980, l’activité déclina avec la raréfaction de la ressource et le déplacement des zones de pêche au sud d’Agadir. En 2019, la production s’établissait à 42 000 tonnes et en 2022, il restait une vingtaine d’unités de traitement de poissons seulement (19 conserveries, 4 usines de valorisation de déchets de poisson, 2 unités de congélation). Malgré tout, selon un rapport de l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le port de Safi occupe le 13ème rang à l’échelle internationale dans la production mondiale de poisson et encore 15% des habitants travaillent dans le secteur maritime au sens large (marins, chantier de construction naval …).

L’abondance de sardines permit à ce poisson de s’imposer dans la cuisine locale et aujourd’hui, les Safiots en consomment au moins une fois par semaine. Il s’imposa également sur le logo du club et donna son surnom à l’équipe.

#1249 – Central Coast Mariners : the Mariners

Les marins. La saison 2023-2024 marqua définitivement la main mise de l’équipe de Central Coast sur le football australien. En finale de la A-League, Central Coast surprit Melbourne Victory 3 buts à un (égalisation dans le temps additionnel et victoire en prolongation) quand la saison précédente, au même stade de la compétition, Central Coast détruisit l’autre club de Melbourne, City, par 6 buts à un. Magnifique exploit pour un club qui avait terminé à la dernière place du championnat par 4 fois entre 2016 et 2020. En outre, coincé entre deux grands villes, Sydney et Newcastle (qui ont des clubs en A-League), et ne comptant que sur une population (ou zone de chalandise) limitée (un peu plus de 300 000 personnes), la pérennité d’un tel club n’est jamais garantie. Mais, finalement, son modèle basé sur le développement de jeunes talents et son fort lien avec sa communauté, fait merveille en A-League.

Il s’agit également d’un club historique puisque il compte parmi les 8 clubs fondateurs de la A-League en 2004. Seul club à représenter une région et non une ville. Basé à Gosford, en Nouvelle-Galles du Sud, il est l’ambassadeur de Central Coast. Région bordant l’Océan Pacifique sur près de 80 km, elle englobe les principales voies navigables côtières telles que les estuaires de Brisbane Water et de Broken Bay, les lacs Tuggerah (un ensemble de trois lacs côtiers reliées entre eux), le lac Macquarie (plus grande lagune d’Australie) ainsi que le fleuve Hawkesbury. Avec plus de 173 kilomètres de voies navigables, la navigation de plaisance est un passe-temps populaire pour de nombreux habitants de la Côte Centrale et de nombreuses installations (quais, jetées publics, rampes de mise à l’eau …) ont été aménagées. Elle est également réputée pour abriter certains des meilleurs sites de pêche d’Australie. Enfin, cette région est bordée par 41 plages qui attirent des millions de visiteurs chaque année. Enfin, dernier lien avec l’eau qui explique le surnom de mariners, le premier colon européen. Les habitants aborigènes traditionnels de ces terres étaient le peuple Guringai de la nation Eora et le peuple Darkingung. Mais, en 1811, le gouverneur de Nouvelle-Galles du Sud, Lachlan Macquarie, accorda la première concession de terre de la région à William Nash, un ancien marin de la « First Fleet ». La « First Fleet » correspondait à la flotte de 11 navires britanniques qui emmenèrent les premiers colons et condamnés britanniques peuplés l’Australie.

Pour l’anecdote, quand entre 2016 et 2020, le club descendait profondément et durablement dans le bas du classement, certains commentateurs de renom réclamaient l’exclusion des Mariners de la ligue en raison de leurs performances. Pire, la chute en disgrâce avait été si importante que le terme mariners étaient devenus un sujet de blagues sur les réseaux sociaux et était utilisé comme surnom pour décrire la pire équipe d’autres sports.

#1233 – CF Juárez : los Bravos

Les Braves. Située au nord de l’État de Chihuahua au Mexique, Juárez est la grande ville frontalière, neuvième plus grande cité du Mexique avec plus de 2,5 millions d’habitants. Mais, malgré son poids économique, l’histoire footballistique de Ciudad Juárez demeure mouvementée. Tout commença en 1977 avec l’Atletas Campesinos qui mena l’élan sportif en évoluant en première division à compter de la saison 1980-1981. Toutefois, l’aventure tourna court puisqu’en 1983 le club fut racheté et démangea à Tampico. En 1986, la famille De la Vega acheta la franchise du Club Cobras de Querétaro, qui venait d’être reléguée en seconde division, et la transféra à Ciudad Juárez. L’équipe retrouva l’élite lors de la saison 1988-1989 mais redescendit dès la saison 1991-1992, conduisant à sa disparition de Juárez en 1994. Cette grande ville ne pouvant se passer d’un représentant dans le sport numéro du Mexique, le 8 avril 2005, un groupe d’entreprises acheta la franchise de Pachuca Juniors et la transféra à Ciudad Juárez. Ainsi naquit le CF Indios qui s’établit en première division lors du tournoi d’ouverture 2009. Malheureusement, l’équipe disparait en 2011 en raison de problèmes financiers.

L’espoir renaît en 2015 lorsqu’un groupe d’hommes d’affaires, dirigé par Alejandra de la Vega, décida de fonder une nouvelle équipe pour porter haut les couleurs de la ville. Le 29 mai 2015, l’extension de la liga Ascenso MX offrit une place à ce nouveau club. Le 14 juillet de la même année, la direction réalisa la présentation officielle de l’équipe, où elle annonça que le nom serait CF Juárez et que le surnom serait Bravos (suite à une consultation des fans). Certes, il fallait être courageux pour tenter une nouvelle aventure footballistique dans cette ville qui semble maudite au plan sportif mais surtout, il fait référence au Río Bravo, le fleuve qui sépare le Mexique et les Etats-Unis, et que la ville de Juárez borde. Du côté américain, on le connait sous le nom de Río Grande, certainement un autre surnom que le club espère gagner.

#1224 – Sarıyer SK : Beyaz Martılar

Les mouettes blanches. Intégré au grand Istanbul, Sariyer se situe au nord-est de la capitale turque, sur les bords de la Mer Noire, à l’ouest de l’embouchure du Bosphore, côté européen. Avec ses bâtiments historiques (la forteresse Rumeli Hisarı, le chateau de Rumeli Feneri, le phare de Rumeli, les magnifiques demeures côtières Yalı), ses espaces verts (notamment la forêt de Belgrad se déployant sur quelque 5 500 hectares et le parc de Bentler), les restaurants de poisson (en particulier à Tarabya et Garipçe) et la mer avec ses plages, le district constitue une destination touristique appréciée par les stambouliotes. Mais, comme ville maritime et de pêcheurs, elle est également très « fréquentée » par les mouettes. Pour ses habitants, Sariyer est la patrie de la mouette et il serait habituel de se lever avec le cri des mouettes.

Dans les années 1980, le club de Sariyer jouait dans l’élite turque (de 1982 à 1994) et représentait le quatrième club de la capital. Mais, bien entendu, il souffrait de la comparaison avec les 3 autres ogres stambouliotes (Galatasaray, Fenerbahçe et Beşiktaş). Son dirigeant de l’époque, Maral Öztekin, membre du club depuis sa fondation en 1940, avait pour obsession que Sarıyer bénéficie d’une plus grande couverture médiatique. S’il savait que cela passait par les résultats, il était conscient que les symboles avaient également leur importance. Ainsi, lors de son discours d’ouverture de la saison 1986-1987, il déclarait « Fener’in Kanaryası, BJK’nin Kartalı, GS’nin Aslanı var. Bizim niçin olmasın. Bizim de ‘Beyaz Martı’ olsun. » (Fener a son canari (#373), BJK [Beşiktaş] son aigle (#22), GS [Galatasaray] a son lion. Pourquoi pas nous ? Ayons aussi la Mouette Blanche). Ainsi, la mascotte et le surnom naquirent. La mouette s’est imposée dans la culture du club (L’hymne « Sariyer marsi » (La marche de Sariyer) du chanteur et vice-président du club Ferhat Göçer débute par « Beyaz martıdır göklerde süzülen » (C’est la mouette blanche qui plane dans le ciel)) mais également pour tout le district (la statue d’une mouette blanche de 6 mètres de haut fut érigée en 2019).

#1216 – FCV Farul Constanța : Marinarii

Les marins. Depuis le 21 juin 2021, les deux clubs de Constanța, le FC Viitorul (#391), l’académie sportive fondée en 2009 par la star du football roumain, Gheorghe Hagi, et du FC Farul, le club historique de la ville fondé en 1920, ont fusionné pour donner naissance au FCV Farul. La nouvelle association a repris l’ensemble des symboles du FC Farul dont le blason. Mais également un des surnoms du FC Farul, marinarii.

Constanța est la grande ville portuaire et balnéaire roumaine, située sur la seule côte maritime du pays, le long de la Mer Noire. Dès la préhistoire, le foyer de Constanța rassemblait des pêcheurs. Puis, au Vème siècle avant J.-C., la colonisation de la Mer Noire par les grecs fit émerger un port à Constanța, dont la forme, qui coupait le rivage, donna le nom à la ville, Tomis ou Tomes. Ce dernier dérive du mot 
grec τομή (tomí) signifiant « couper, fente ». L’activité portuaire continua au fil des siècles sans transformer la ville en grand centre commercial incontournable. Mais, au XIXème siècle, avec l’indépendance de la Roumanie, le pouvoir royal conféra à Constanța le rôle de pivot maritime du pays. Le Roi Carol 1er surnomma la ville le « plămânul României » (poumon de la Roumanie) en y faisant construire le principal port du pays en 1895. En outre, le Serviciul Maritim Român, la compagnie maritime nationale, fut fondée en 1895 et l’ensemble de sa flotte baignait à Constanța. Ces installations permirent d’en faire l’un des ports principaux en Mer Noire voire d’Europe. Le port enregistra en 1911 un trafic total de 1,4 millions de tonnes et le trafic atteint 6,2 millions de tonnes en 1937. L’ère soviétique favorisa l’industrie lourde autour de la ville et donc les activités du port. Aujourd’hui, à la fois maritime (Mer Noire) et fluvial (Danube) et étendu sur plus de 3 900 hectares, le port bénéficie d’une position stratégique et a enregistré un record d’activité en 2022, lorsque 75,5 millions de tonnes et 776 590 conteneurs (EVP) ont transitées par ses quais. Le port accueille également l’un des plus grands chantiers de construction et de réparation navales d’Europe, Șantierul Naval Constanța.

En 1920, le club du FC Farul fut fondé sous le nom de SPM Constanța (Serviciul Porturi Maritime – Service Portuaire Maritime) et fut renommé en 1946 PCA Constanța (Porturi Comunicații Ape – Ports Communications Eau). Le lien entre le club de football et le port était donc évident et ce dernier rassemblait parmi ses fans notamment les marins et dockers de la ville. D’ailleurs, en 1958, le club prit un nom plus consensuel mais tout aussi évocateur, Farul, qui désigne le phare, un monument historique daté du XIVème siècle situé dans le centre historique de la ville et qui guidait les navires vers le petit port.