#1113 – FC Red Bull Salzburg : die Mozartstädter

Les habitants de la ville de Mozart. L’Austria Salzbourg connut ses heures de gloires entre 1993 et 1997. Le club remporta ses 3 premiers titres nationaux (1994, 1995, 1997), 3 super coupes d’Autriche (1994, 1995, 1997) et surtout atteignit une finale de Coupe de l’UEFA (1994) face à l’Inter Milan. Puis, en 2005, le groupe de boisson énergisante, Red Bull, racheta l’Austria pour établir sa première franchise footballistique. Cette acquisition intégrait une stratégie marketing globale de l’entreprise qui visait à assimiler les valeurs du sport avec les bienfaits supposés de la boisson. Résultat, les couleurs, l’écusson tout comme le nom du club changèrent pour reprendre tous les codes de Red Bull.

Un surnom survécut toutefois à cette mutation, die Mozartstädter, car il est plus attaché à la ville qu’à l’ancien club de l’Austria. Le 27 janvier 1756, Wolfgang Amadeus Mozart naquit à Salzbourg au 9 de la Getreidegasse. Même si à partir de 6 ans, Mozart entreprit des tournées à travers l’Europe, Mozart vécut à Salzbourg jusqu’à ses 24 ans et fut même le premier violon du prince-archevêque de Salzbourg, Hieronymus von Colloredo-Mansfeld. Finalement, il mourut à 35 ans après avoir passé ses 10 dernières années à Vienne. La reconnaissance mondiale et intemporelle de son oeuvre considérable (893 œuvres répertoriées) intervint après sa mort (il fut même peu connu de ses contemporains à Salzbourg). Depuis qu’il fut élevé comme un génie de la musique après son décès, Salzbourg tissa un lien fort avec Mozart. Dès 1841, un bâtiment regroupant une école de musique et une collection de documents concernant Mozart fut ouvert et porte aujourd’hui encore le nom de Mozarteum. La maison de sa naissance (et où il vécut jusqu’à ses 17 ans) fut élevé au rang de musée en 1880, tout comme le second appartement, situé au 8 Hannibalplatz (aujourd’hui Makartplatz) où il habita de 17 ans à ses 24 ans. En 1842, malgré les protestations, une statue de Mozart fut élevée sur une des places principales de la ville. En 1849, cette place fut rebaptisée Mozartplatz (Place Mozart). L’aéroport de la ville fut également nommé W-A-Mozart. Depuis la fin du XIXème siècle, de nombreux festivals et manifestations musicales en l’honneur de Mozart se sont développés dans la ville, dont le fameux festivale de Salzbourg (Salzburger Festspiele) depuis 1920.

#1086 – Finn Harps FC : the Harps

Les harpes. Inscrit dans son nom et dans son blason, la harpe celtique s’expose de partout pour Finn Harp. Les fondateurs, en 1954, choisirent pour le nom de leur nouveau club de faire référence à un symbole local et un national. Finn Harps réside dans la ville de Ballybofey, qui fait face à Stranorlar, les deux formant ensemble l’agglomération de Ballybofey-Stranorlar. Cette dernière est séparée par une rivière nommée Finn, un affluent du fleuve Foyle. Ballybofey se situe sur la rive gauche tandis que Stranorlar baigne sur la rive droite.

L’autre partie du nom est donc les harpes, ce symbole de l’Irlande au même titre que la croix celtique, le leprechaun et le trèfle. Il ne s’agit pas de la harpe classique que l’on peut trouver dans les orchestres symphoniques et dans les formations de musique de chambre mais de la harpe traditionnelle irlandaise. Instrument médiéval composé de 32 à 38 cordes, la cláirseach (son nom en irlandais) se singularise par son arc cintré et produit un son de cloche. Adaptée certainement en Ecosse par les Pictes (sur la base d’un instrument germain), la harpe se répandit dans toutes les cours celtes et s’établit en Irlande avec les Scots puis les Gaëls au XIème siècle. Au XIIIème siècle, un proverbe irlandais indiquait « tout gentilhomme doit avoir un coussin sur sa chaise, une femme vertueuse et une harpe bien accordée ». Résultat, les rois écossais et irlandais comme les chefs de clans celtiques avaient auprès d’eux au moins un grand maître harpiste. Dès le XIIIème siècle, la harpe était connue comme un symbole de l’Irlande mais avec sa frappe sur le 1 Gros (monnaie anglo-irlandaise) en 1536 par le nouveau roi Henri VIII, elle gagna son statut officiel. Par la suite, les indépendantistes s’en emparèrent pour fédérer les irlandais face à la couronne anglaise au point qu’elle fut bannie aussi bien en Irlande qu’en Ecosse, et disparut totalement pendant des décennies. Elle revit sous les doigts du musicien irlandais Edward Bunting qui réunit dans un recueil des partitions et chansons en 1792. Au cœur de l’identité du peuple irlandais, elle se retrouve aujourd’hui sur les armes de la République d’Irlande, la fameuse bière brune Guiness, la compagnie aérienne low-cost Ryanair et dans la forme du pont Samuel Beckett à Dublin. En 2019, la pratique de la harpe fut inscrite sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

#932 – Club Universidad de Chile : el Romántico Viajero

Le voyageur romantique. Ce surnom du club chilien invite au voyage et au lyrisme, à la poésie mais certainement au football. Il faut expliquer que ce surnom est tiré directement du titre de l’hymne officiel du club. En 1933, un groupe d’étudiants en architecture, appartenant à la Casa de Bello, réalisa un voyage en bateau, à bord du Reina del Pacífico, en direction de la ville d’Antofagasta. Pendant ce voyage, les étudiants se laissèrent aller à clamer leur amour pour leur Universidad de Chile et petit à petit, leurs inspirations se marièrent pour se transformer en une chanson. Cette chanson ne parlait pas de football mais de leur adoration pour leur école, de leurs rêves. En outre, leur chanson se terminait par un mot qui est devenu un célèbre cri au Chili : Ceacheí. Dans ce groupe, figurait Julio Cordero Vallejos qui composa les accords de la chanson et la nomma « Romántico Viajero« . Il enregistra les paroles et la musique de l’hymne à la Bibliothèque nationale, raison pour laquelle il est reconnu officiellement comme son auteur. Toutefois, il a toujours été soucieux de reconnaître qu’il s’agissait d’une oeuvre collective avec ses compagnons de voyage. Pendant quelques années, ce groupe d’étudiants oublièrent la chanson jusqu’au moment où on leur rapporta que la chanson était entonné dans les travées du stade universitaire. En effet, en 1940, elle devint l’hymne officiel du club. Dans les années 1950, Jaime Aranda Farías, chanteur lyrique de l’Académie de chant Lucía del Campo et qui travaillait à Radio Minería, fut choisit pour l’interpréter.

Ser un romántico viajero y el sendero continuar, (Soyez un voyageur romantique et le chemin continue)
ir más allá del horizonte, do remonta la verdad (pour aller au-delà de l’horizon, là où la vérité s’élève
)
y en desnudo de mujer contemplar la realidad
(et dans la nudité de la femme contempler la réalité)

Brindemos, camaradas, por la Universidad (Portons un toast, camarades, à l’Université)
en ánforas azules de cálida emoción. (dans des amphores bleues d’émotion chaleureuse.)
Brindemos por la vida fecunda de ideal (Portons un toast à la vie fructueuse de l’idéal)
sonriendo con el alma prendida en el amor. (souriant avec une âme prise dans l’amour.)

Ser un romántico bohemio, cuyo ensueño es el querer (Être un bohémien romantique, dont la rêverie est de)
ver las amadas ya olvidadas y dejadas al pasar
(voir les êtres chers déjà oubliés et laissés pour compte.)
y en desnudo de mujer contemplar la realidad
(et dans le nu d’une femme contempler la réalité)

Brindemos, camaradas, por la Universidad (Portons un toast, camarades, à l’Université)
en ánforas azules de cálida emoción.
(dans des amphores bleues d’émotion chaleureuse.)
Brindemos por la vida fecunda de ideal
(Portons un toast à la vie fructueuse de l’idéal)
sonriendo con el alma prendida en el amor.
(souriant avec une âme prise dans l’amour.)


La, lará, lará, lará, lará
la ,lará, lará, lará, lalará
ceacheí, ceacheí, ceacheí
CEACHEÍÍÍÍ

#921 – Santos FC : o Leão do Mar

Le lion de mer, plus communément appelé l’otarie. Pelé nous a quitté. Le Roi est mort. L’adage voudrait que l’on rajoute « Vive le Roi ». Sauf que son successeur n’est pas encore connu. Il ne suffit pas de s’afficher en photo avec Pelé et de croire sur parole un entourage et une bande de journalistes complaisants pour se réclamer de son héritage. Revenons à notre histoire de surnom. Celui-ci provient de l’un des hymnes du club. J’écris l’un car il existe deux hymnes pour Santos : l’officiel et l’officieux.

En 1955, un an avant que le Roi Pelé intègre les rangs de l’équipe professionnelle, Santos réalisa l’exploit de remporter le championnat de São Paulo. D’une part, peu d’équipe n’appartenant pas à la mégalopole de São Paulo parvenait alors à remporter le championnat de l’Etat. Sur les 53 premières éditions du championnat (sachant qu’il y a eu des saisons où deux ligues coexistaient), seuls deux avaient été remportés par des équipes situées hors des murs de São Paulo (dont une fois Santos en 1935). D’autre part, la victoire de 1955 mettait fin à une disette de succès pour Santos de 20 ans dans le championnat pauliste. Son attaquant Emmanuele Del Vecchio devenait meilleur buteur de la compétition avec 23 buts. Pour célébrer ce titre, une chanson fut commandée. Mangeri Neto écrivit les paroles et la musique fut composée par Mangeri Sobrinho. Elle s’intitula « Leão do Mar » ou « a marchinha Leão do Mar » (la marche du lion de mer).

Agora quem dá bola é o Santos / Maintenant Santos contrôle le ballon
O Santos é o novo campeão / Santos est le nouveau champion
Glorioso alvinegro praiano / Glorieux alvinegro praiano
Campeão absoluto desse ano / Le champion absolu de cette année

Santos, Santos sempre Santos / Santos, Santos toujours Santos
Dentro ou fora do alçapão / Que ce soit à la maison ou à l’extérieur
Jogue o que jogar / Peu importe comment tu joues
És o leão do mar / Tu es le lion de la mer
Salve o nosso campeão / Saluez notre champion

Le choix de cet animal n’est pas documenté mais l’explication la plus logique apparaît être celle-ci. Imposant, dominant, conquérant, le lion est le roi des animaux. L’équipe de Santos devait renvoyer alors cette image d’avoir dominé le championnat et d’être un lion. Or, la ville de Santos a un lien important avec la mer (#142). Donc son lion ne pouvait pas être celui de la savane mais celui de la mer. Cet hymne commença à résonner dans le stade quand deux ans plus tard, en 1957, une autre chanson apparut. Dénommée « Sou Alvinegro da Vila Belmiro » (Je suis Alvinegro de Vila Belmiro), elle fut écrite par Carlos Henrique Paganetto Roma (un ancien conseiller du club issu d’une famille étroitement liée à l’histoire de Santos. Son père, Modesto Roma, et son frère, Modesto Roma Júnior, furent présidents du club, respectivement entre 1975 et 1978 et entre 2015 et 2017) et fut approuvée le 11 juillet 1996 comme hymne officiel du club (13 ans après les décès de son créateur). Néanmoins, la chanson « Leão do Mar » avait déjà conquis le cœur de nombreux supporteurs, pour qui elle rappelait le premier succès qui allait en annoncer d’autres avec le Roi Pelé. Aujourd’hui, si « Sou Alvinegro da Vila Belmiro » est joué dans le stade avant les matchs de Santos, la foule scande encore « Leão do Mar » dans les travées. Certains médias l’utilisent également lors des retransmissions des matchs pour accompagner un but de Santos. Et quand en Septembre, en pleine convalescence, la fille du Roi Pelé donna des nouvelles de son paternel, ce fut un post où on entendait le Roi chantait l’hymne traditionnel, « Leão do Mar » .

#884 – Deportivo La Corogne : los Turcos

Les turcs. Apparu dans les années 1980, ce surnom était réservé au départ aux fans de l’équipe de football de la ville, le Deportivo, mais il s’est répandu de plus en plus en dehors des terrains de sport. Au milieu des années 1980, la rivalité entre les deux clubs galiciens du Deportivo et du Celta Vigo s’intensifia. En 1987, le Deportivo perdit le derby 2 buts à 0 dans le stade de Vigo. Les fans du Celta insultèrent ceux du Deportivo en les traitant de turcos. Ce qui devait être désobligeant finit par être une source de fierté pour les fans du Deportivo. Ainsi, dans les années 1990, les drapeaux rouges au croissant fleurirent dans les travées du Stade de Riazor. Qu’est-ce que la Turquie a à voir avec La Corogne ? Une question que beaucoup se posent mais dont la réponse n’est pas unique. En effet, de nombreuses histoires circulent mais nous allons essayer de résumer les plus répandues.

Il y a d’abord la version du bus. Le Deportivo se déplaçait à Vigo avec un bus de la société dénommée TourCoruña. Mais, avec le temps, le uña s’effaça et il ne restait plus comme inscription TourCo qui fut simplifiait en turco.

Evidemment, certains cherchèrent un parallèle historique. Au XVIIème siècle, des pirates, venant majoritairement de Turquie, harcelèrent les côtes et en particulier les villes de Vigo et Cangas. Les fans de Vigo, voulant traiter ceux du Deportivo de barbares, firent le parallèle avec ces pirates turcs. Mais, comme on disait « fort comme un turc », l’image plut aux citoyens de La Corogne. Il existe d’autres versions liées à l’histoire. A une époque, la marine turque aurait atteint les côtes espagnoles et reçu l’aide des habitants de La Corogne. Les gens de Vigo n’aurait jamais oublié cette trahison. Une autre histoire indique une autre infidélité. Lorsque le pape appela les chrétiens à la croisade en terre sainte, le peuple de la Corogne ne se serait pas levé pour aller combattre les turcs. Dans les deux cas, La Corogne s’était vendue à la Turquie.

La thèse « géopolitique » est défendue par d’autres. La Galice, comme la Catalogne et le Pays-Basque, est une terre à l’identité forte et dont la culture celte s’éloigne des symboles de l’Espagne. Les gens de Vigo sont particulièrement fiers de cette différence. En revanche, ils estiment que les habitants de La Corogne se sont éloignés de leur racine et veulent s’assimiler à des espagnols. Le parallèle est alors fait avec les turcs, dont le territoire est principalement situé sur le continent asiatique, mais qui souhaitent être vus comme des européens.

Dans la même veine, la musique fut une autre source. Ce surnom serait relié au groupe Os Resentidos qui, en 1988, sortit un titre particulièrement apprécié à Vigo. La chanson s’intitulait « Por alí, por alá » et, dans l’un de ses couplets, le chanteur déclarait « Non son galegos, son árabes, non son galegos, son turcos » (Ce ne sont pas des galiciens, ce sont des arabes. Ce ne sont pas des galiciens, ce sont des turcs). Comme les habitants de La Corogne avaient cette réputation de ne se sentir particulièrement galiciens, ils furent assimiler à des turcs.

La catastrophe écologique qui eut lieue en 1992 fut également une source de ce surnom pour certains. En décembre 1992, le navire grec “Aegeam Sea” (Mer Égée) était venu appareillé dans le port de La Corogne pour livrer plus de 79 000 tonnes de pétrole brut léger à la raffinerie. Mais, des conditions météorologiques défavorables firent échouer le pétrolier lors de son approche, déversant alors 67 000 litres dans la mer. Pour le surnom, c’est le nom du bateau qui est important. En effet, s’appelant Mer Egée, il fait référence à la mer dans laquelle mouille une grande partie des côtes turques. Ainsi, les gens Vigo aurait dit qu’on pouvait voir la Mer Egée depuis La Corogne tout comme en Turquie. L’histoire semble anachronique puisque si on admet que le surnom survint en 1987, la catastrophe est postérieure.

Mais, il existe encore plein de versions différentes. Les villes de Vigo et La Corogne sont situées en Galice mais à deux extrémités de la région. Ainsi, La Corogne est à 160 km de Vigo, ce qui parait à l’autre bout du monde lorsque vous êtes dans cette dernière cité. La Corogne serait apparue aussi éloignée de Vigo que la Turquie. Autre possibilité : les plaques d’immatriculation des voitures enregistrées à La Corogne intègrent un « C » suivi d’un point au niveau du milieu du C. Or, cette configuration aurait fait penser au croissant et à l’étoile figurant sur le drapeau turc. La sémantique n’est pas en reste. En effet, une expression familière dar un baño (donner un bain) signifiait « affliger une défaite humiliante à l’adversaire ». Dans la région, le bain était même un bain turc. Or, il y a plus de 50 ans, lorsque le Celta se déplaçait sur le terrain du Deportivo, il s’inclinait et les supporteurs de La Corogne n’hésitaient pas à dire qu’ils avaient donné un bain turc à Vigo. Enfin, lors du match face au Panathinaikos en Ligue des champions, les supporters du Deportivo firent un grand tifo (de plus de 20 mètres) représentant un drapeau turc pour titiller les Grecs. En effet, les Grecs et les Turcs ne s’apprécient pas (et c’est un euphémisme).

Bref, quelque soit la véritable histoire, la multitude des légendes permet d’assoir ce surnom.

#759 – US Cremonese : i Violini

Les violons. Cette instrument, si mélodieux et intense, est une invention finalement assez récente. Les premiers exemplaires apparurent au début du XVIème siècle dans la région de Milan, à Brescia ou à Crémone. Si le débat demeure ouvert entre les deux villes pour savoir où se situe le berceau du violon, l’instrument dans sa version moderne s’est affirmé à Crémone, faisant de la ville désormais la capitale mondiale du violon. Patrie d’illustres musiciens et compositeurs, tels que Claudio Monteverdi et Amilcare Ponchielli, la cité du nord de la Lombardie a une grande tradition dans l’art de la lutherie. Elle compta parmi ses habitant les plus importants luthiers du passé comme Amati Stradivari (dont les instruments sont appelés Stradivarius), Niccolò Amati et Andrea Guarneri del Gesù, qui se fournissaient en bois d’épicéa dans les forêts voisines des Alpes du sud de l’Italie. Evidemment, Monteverdi mit en avant l’instrument à corde dans ses oeuvres, dont son opéra le plus fameux « L’Orfeo » . Aujourd’hui, près de 150 ateliers de luthier perpétuent la tradition. La cité arbite également une école internationale de lutherie, un institut polytechnique du son, un laboratoire acoustique ainsi qu’un musée du violon, ouvert en 1893. Pour couronner le tout, le 5 décembre 2012 , l’UNESCO inscrit l’artisanat traditionnel du violon à Crémone parmi les patrimoines oraux et immatériels de l’humanité.

#726 – Stade d’Abidjan : les Yéyés

Le club d’Abidjan connaît actuellement des heures sombres en végétant en seconde division ivoirienne. Pourtant, alors que la Côte d’Ivoire connaissait ses premières années d’indépendance, le Stade atteignait son apogée nationale et continentale. Fondé en 1936 et renommé Stade en 1959, le club ne tarda pas pour se faire connaître. Champion de Côte d’Ivoire en 1962, sans connaître de défaite, le Stade perdit la couronne nationale en 1963 au profit de l’Asec, avant de la reprendre en 1964 et de la conserver 3 années de suite jusqu’en 1966. Emmené par l’entraineur Ignace Tax, la jeune garde d’Abidjan comptait dans ses rangs, le gardien volant Ezan Emmanuel (à peine 17 ans en 1960), le défenseur Henri « Zabla » Konan (23 ans en 1960), le latéral gauche Mathias Diagou, les milieux François (Zadi et Tahi), les milieux offensifs Guy Sissoko et Joseph Bleziri (20 ans en 1963) et enfin l’attaquant Maurice Déhi (20 ans en 1964). Elle concrétisa son emprise en remportant la Coupe des Clubs Champions d’Afrique en 1966 face au Réal Bamako de Selif Keita (après une défaite 3 buts à 1 au match aller, le Stade renversa le Réal au retour 4 buts à 1). Ce fut la première victoire d’un club ivoirien dans la compétition. La domination de cette jeune équipe coïncida avec l’avènement de l’époque Yéyé. L’expression est dérivée de Yes prononcé Yeah qui ponctuait ou rythmait les chansons américaines de l’époque (Yeah! Yeah!). Courant musical qui regroupait aussi bien le rock que le twist, le terme caractérisa cette jeunesse de baby boomers insouciante, dynamique de l’époque. Les joueurs du club qui étaient également jeunes et branchés héritèrent donc de ce surnom.

#693 – Antalyaspor : Akrepler

Les scorpions. En 2019, la municipalité fit élevé devant l’enceinte du club, Antalya Stadyumu, une statue de scorpion (4 mètres de haut et 7 mètres de large) qui était déjà la mascotte de l’équipe. L’apparition du scorpion comme mascotte remonterait aux années 1990. Selon Mehmet Yaman, l’un des anciens présidents du groupe de supporteurs, 07 Gençlik’in (07 Jeunesse), et également ancien membre du conseil d’administration du club, les équipes qui évoluaient en Anatolie, région où réside le club, avaient souvent pour symbole l’éclair. Résultat, lors des matchs, les supporteurs de chaque équipe pouvaient scander les mêmes slogans du type de « Şimşek gol gol » (L’éclair but but), ce qui étaient perturbant pour les joueurs comme pour les supporteurs.

Les membres de 07 Gençlik’in proposèrent alors à Mehmet Yaman de prendre comme symbole le scorpion. A cette période, le groupe allemand de Hard Rock dénommé Scorpions, connaissait un certain succès en Turquie. La réputation du groupe de musique ainsi que de l’animal, qui a une charge symbolique (dans la culture musulmane, il est associé aux enfers, une incarnation du diable mais il représente aussi un signe de protection), semblaient aux yeux des fans l’animal qui devait représenter le club. Mehmet Yaman proposa ce changement à la direction, qui après un premier refus, accepta d’en faire le symbole, la mascotte (et donc le surnom) du club.

#647 – Bristol City FC : the Robins

Les rouges-gorges. Fondé le 12 Avril 1894, le club évolua dès le début dans des maillots de couleur rouge qui ressemblait alors au plumage du rouge-gorge. Pendant ses 127 années d’existence, les seules fantaisies furent un short bleu la première année et quelques touches de noir au début des années 1980 et des années 2010. Même en 1900 lorsque le club fusionna avec son voisin de Bedminster FC, qui portait des maillots bordeaux et or, Bristol conserva ses maillots rouges. La raison de porter du rouge est inconnue. Différentes hypothèses furent avancées mais aucune ne paraît tenir.

Jusqu’à l’obtention de son statut professionnel, le club se dénommait Bristol South End, peut-être en l’honneur de Preston North End, le club majeur à cette époque (champion d’Angleterre en 1889 et 1890, et vice-champion les 3 années suivantes). Comme Preston évoluait en bleu, les fondateurs auraient pu retenir le rouge (comme un parallèle de l’opposition North-South). En parlant d’opposition, le grand rival local de City est Bristol Rovers qui porte des maillots bleus. Seulement, les Rovers n’optèrent pour le bleu qu’au début des années 1930, soit bien après l’adoption du rouge par City.

Personnellement, j’avancerais que les dirigeants s’inspirèrent des armoiries de la ville (un bateau et un fort) qui apparaissent sur un fond rouge. Il se peut aussi que ce choix soit beaucoup moins réfléchit et ne résulte que du fait que le maillot rouge était le plus simple à se procurer (à l’époque, de nombreuses équipes portaient un maillot rouge). Naturellement, les premiers surnoms du club se calquèrent à la couleur du maillot.

Ce fut donc les Reds (rouge) et Red Shirts (Maillots rouges). Mais aussi les Garabaldians (garibaldiens) car les partisans du patriote italien portaient des chemises rouges (cf. #430). En 1949, le maillot afficha pour la première fois un blason où apparaissait un rouge-gorge. Cet oiseau fit certainement son apparition dans la vie du club suite à la sortie de la chanson « When The Red, Red Robin Comes Bob, Bob, Bobbing Along » (quand le rouge rouge-gorge vient, bob, bob sautille) en 1926. Dans les années 1930, le manager du club se nommait Bob Hewison et résultat, en référence au titre de la chanson (bob comme le manager + ressemblance des maillots rouges avec le plumage de l’oiseau), les supporteurs brandirent dans le stade des panneaux avec un rouge-gorge. Le rouge-gorge demeura sur le maillot jusqu’en 1969 où il fut remplacé par les armoiries de Bristol. Face au protestation des fans, 7 ans plus tard, l’oiseau revint, avec l’accession du club en première division. En 1994, nouvelle tentative de le remplacer par une version simplifiée du blason de Bristol. Nouvel échec auprès des fans mais ces derniers attendirent 2013 pour lancer une campagne demandant la restauration du rouge-gorge. En Novembre 2014, leur pétition attira 1 000 signatures. Au lieu de cela, le club répondit avec une version simplifiée du blason. Lors de la saison 2018, la direction choisit un retour timide du rouge-gorge sur les maillots extérieurs qui fut évidement bien reçu par les supporteurs. En vue de marquer les 125 ans du club en 2019, le bureau marketing Mr B & Friends, mandaté par le club, organisa une consultation auprès des fans pour déterminer le nouveau design du blason du club. 3 350 personnes répondirent et 75% d’entre eux approuvèrent le retour du rouge-gorge. Depuis, l’oiseau trône de nouveau sur le maillot rouge.

#575 – Derby County FC : the Rams

Les béliers. Le surnom est né quasiment en même temps que le club puisque les fondateurs choisirent de doter leur nouvelle association d’un blason en forme de bélier. Le choix de cet ovin s’explique par le fait que le mouton et la laine furent indissociables du comté de Derbyshire à l’époque médiévale. Dès l’antiquité, l’élevage de mouton était répandu et au moyen-âge, l’industrie lainière se développa fortement. Le filage était alors réalisé par les femmes célibataires ou des vieilles filles à l’étage des maisons de tisserand. D’ailleurs, filer se dit to spin et donna le mot spinster qui signifie vieille fille. Cette activité donna également naissance à une ballade populaire nommée The Derby Ram (le bélier de Derby) ou As I was Going to Derby (Comme j’allais à Derby). Les versions et les nombres de strophes purent varier au fil des années mais l’histoire principal demeurait la même : un bélier était amené au marché de Derby, il fut égorgé par un boucher et les différentes parties étaient utilisés par les habitants. Vraisemblablement que cette histoire dérivait de rites païens anglo-saxons où un bélier était sacrifié en hiver pour apporter chance et fertilité tout au long de l’année. Ces festivités impliquaient une procession de chants et de danses, accompagnée d’un homme habillait en mouton. Puis, avec la christianisation du pays, le rite disparut mais les festivités demeurèrent. Au moyen-âge, des pièces folkloriques joués par les mummers représentaient des hommes habillés en animaux, dont probablement le bélier Derby. La chanson se répandit dans tout le pays mais également en Irlande, en Ecosse et aux Etats-Unis.

La ballade était si populaire et attachée à la région de Derby qu’en 1855, le régiment du Derbyshire (First Regiment of Derbyshire Militia), dont la caserne et le quartier général étaient à Derby, opta pour un bélier comme mascotte (à l’image de la chèvre pour le régiment Welsh Fusileers). L’armée décida même de prendre cette chanson comme celle du régiment. Naturellement, le bélier s’imposa sur les armes de la ville ou comme symbole pour le nouveau club de football. Il existe également un certain nombre de représentations de bélier à Derby. La plus notable est peut-être une grande sculpture située à la jonction d’East Street et d’Albion Street.