#870 – TSG 1899 Hoffenheim : Hoffe, Hoppenheim

Ces deux surnoms sont des combinaisons, des jeux de mot constitués à partir du nom de la ville de Hoffenheim et celui du propriétaire du club, l’entrepreneur Dietmar Hopp. D’un côté, le nom de Hopp s’est inclus assez naturellement dans le nom de la ville, soulignant l’imbrication entre le club et son président. De l’autre côté, Hoffe apparaît comme le diminutif du nom de la ville mais, en allemand, « Ich hoffe » signifie « j’espère ». Or, an anglais, cela se traduit par « I hope » , qui est un homonyme du nom du président. Alors pourquoi le club s’assimile autant à son président-propriétaire et pourquoi, de l’espoir, il fallait en avoir pour diriger ce club. Remontons le temps en 2008. Cette année-là, le TSG 1899 Hoffenheim apparut pour la première fois de son histoire en Bundesliga et parvint à réaliser une superbe phase aller, terminant champion d’automne. La performance était d’autant plus remarquable que Hoffenheim est un village de 3 000 âmes. Oui, en Bundesliga, dans un pays de 80 millions d’habitants, comptant de grands clubs européens comme le Bayern et le Borussia Dortmund, un tout petit poucet menait la danse, en pratiquant un football offensif et direct. Cet exploit fut réalisable car le club était porté à bout de bras par le milliardaire Dietmar Hopp. Fondé en 1945, par la fusion du Turnverein Hoffenheim (1899) et du Fußballverein Hoffenheim (1921), le club demeura dans les bas-fonds des championnats régionaux allemands (8ème division) jusqu’en 1990, date à laquelle Dietmar Hopp arriva à la présidence du club.

Dans sa jeunesse, il avait été un attaquant du club mais surtout, en 1972, il fonda avec 4 autres anciens employés d’IBM, la désormais fameuse société de progiciels SAP. Dietmar Hopp fut le PDG de ce leader mondial des ERP de 1988 à 1998, puis devint le président du conseil de surveillance jusqu’en 2003. Il possède aujourd’hui 5,03% des actions du groupe, qui a fait sa fortune estimée à 18 milliards de dollars US (soit la 86ème fortune mondiale en 2020). Forcément, avec cette force de frappe financière, Hoffenheim grimpa vite les différents échelons, gagnant cinq divisions en onze ans. Dietmar tenta de fusionner plusieurs clubs avec le sien et de s’installer dans une plus grande ville, Heidelberg (150 000 habitants), qui étaient aussi sa ville natale, afin de devenir la référence footballistique du land de Bade-Wurtemberg. Mais, son opération échoua et il consacra alors encore plus de moyens pour permettre à Hoffenheim d’atteindre les sommets. Le succès fut donc au rendez-vous en 2008 et depuis, le club évolue au sein de l’élite, venant parfois titiller les grosses écuries. Dietmar Hopp finança la construction d’un stade de 30 000 places, localisée dans la cité voisine de Sinsheim. Hoffenheim accueillit quelques belles références comme David Alaba, Roberto Firmino, Timo Hildebrand, Luiz Gustavo, Kevin Volland ou Demba Ba. Le club est donc viscéralement lié à son propriétaire milliardaire, qui devait avoir de l’espoir à revendre pour rêver d’emmener ce petit club vers les sommets.

#851 – FC Carthagène : Efesé

Le terme n’a aucune signification et provient d’une moquerie journalistique. Dans les années 1920, la pratique du football se développa bien dans le Sud de l’Espagne et la rivalité entre les différentes équipes se construisit, en particulier entre le Real Murcie, Natación de Alicante, Valence FC et Carthagène FC. Plusieurs quotidiens sportifs relataient leur lutte et l’entretenaient. D’ailleurs, certains n’étaient pas neutres car liés aux clubs. Par exemple, « Murcia Deportiva » était le média « non officiel » du Real Murcie. La salle de rédaction de l’hebdomadaire était située au siège du club, tandis que la plupart des employés du magazine étaient d’anciens joueurs ou entraineurs du Real. Ce journal sportif intégrait, parmi ses pages qui avaient un ton sérieux, une rubrique dénommée En serio y en broma (sérieusement et en plaisantant) qui apportait un regard humoristique, satirique voire cinglant sur les nouvelles sportives. Elle fut le recueil naturel des allusions désobligeantes sur les rivaux du Real Murcia. En 1924, le Carthagène FC était devenu le principal opposant du Real Murcia et donc une cible privilégiée pour la section En serio y en broma. Dans ce contexte, un rédacteur en chef (très probablement Fernando Servet Spottorno) décida d’affubler les rivaux d’un sobriquet, évidemment ironique. Pour Carthagène, le terme Efe-se apparaît pour la première fois, le 18 septembre 1924, dans les pages de ce magazine, suite à une défaite du FC Carthagène face à Natación de Alicante, 6 buts à 2. Ce surnom soulignait de manière péjorative la prononciation par les supporteurs des initiales du club, FC. Leur prononciation était influencée par le seseo, une caractéristique linguistique de certaines régions hispanophones où le « z », le « c » et le « s » se prononcent avec le même son [s]. Le trait d’union de Efe-se permettait de bien distinguer les deux lettres « F » et « C » et montrait donc l’origine du terme.

Dès le 25 Septembre de la même année, le sobriquet fut réutilisé dans le journal et cette fois, sans le trait d’union. Enfin, l’accent apparaît sur la dernière lettre le 6 novembre 1924. Dès lors, les mentions du Carthagène FC dans « Murcia Deportiva » en tant qu’Efesé étaient de plus en plus courantes et s’imposa même dans les autres pages plus sérieuses du magazine. Désormais ancré auprès des rivaux de Murcie, il fallait alors qu’il fusse adopté également par les supporteurs de Carthagène, ce qui arriva le 21 décembre 1926. Deux jours auparavant, Carthagène réussit pour la première fois de son histoire à s’imposer face au Real Murcie lors d’un match officiel. Cette victoire incita un journaliste d’ « El Eco de Cartagena », connu sous le pseudonyme de Penalty, à écrire un article le 21 décembre dans lequel il interpellaient les journalistes de Murcie (dont ceux de Murcia Deportiva) qui avaient prédit un large triomphe des leurs. Dans celui-ci, Penalty reprit le terme péjoratif d’Efesé pour donner plus d’ampleur à la victoire et se venger du quolibet (l’équipe dont vous vous moquez, vous a battu sur votre terrain). En clair, c’était l’arroseur arrosé. Peu de temps après, les fans de Carthagène adoptèrent ce terme comme un surnom affectueux, un cri de guerre.

Le Carthagène FC disparut en 1952. Un autre club de la ville, Unión Deportiva Carthagène, reprit le nom Carthagène FC en 1974, refaisant alors survivre le surnom. Puis, en 1995, le club du FC Carthagène (celui de notre article), naquit et hérita également de ce surnom. Aujourd’hui, le débat existe entre les partisans de la « pureté » qui estiment que ce surnom n’appartient qu’au club historique, tandis que d’autres pensent qu’il est attaché à l’histoire footballistique de la ville et donc appartient à tous les clubs de la ville.

#846 – Figueirense FC : Figueira

Le figuier. Le surnom n’est pas un diminutif du nom du club comme habituellement. Ce serait plutôt le contraire. En 1921, alors que les principales capitales des Etats brésiliens comptaient déjà au moins une équipe de football (voire plus) qui s’installait durablement dans le paysage sportif, à Florianópolis, les premiers clubs déclinaient les uns après les autres. Jorge Albino Ramos réunissait régulièrement des amis pour parler football et, au fil des discussions, l’idée de créer un nouveau club émergea. Pour choisir le nom de la nouvelle association, un des fondateurs, João Savas Siridakis, plus connu sous le nom de Janga, défendit l’idée que le club devrait s’appeler Figueirense car de nombreuses réunions du groupe d’amis s’étaient tenues sur la Praça XV de Novembro, où trônait un figuier.

Ce figuier est le symbole de la place mais également devenu un célèbre arbre de la ville. Aujourd’hui, comme à l’époque, il est difficile pour les touristes de ne pas venir admirer ce figuier, niché au milieu de la Praça XV de Novembro, dans le centre ville. Centenaire, s’appuyant sur des cannes pour soutenir ses branche, l’arbre est entouré de magie et de mystère. Une plaque placée au pied de ses racines indique : Muito tem sido decantada, em prosa e verso, a nossa tradicional figueira da praça “15 de novembro”, este majestoso pálio verdejante, cuja exuberante copa lhe dá cada vez mais graça e beleza, tornando-a sempre altaneira e esplêndida! Foi numa manhã de verão, cheia de sol e vida, do mês de fevereiro do ano de 1891, que a jovem figueira, contando, talvez, seus vinte anos, foi retirada do Jardim da Matriz, e aqui carinhosamente replantada (On a beaucoup décanté, en prose et en vers, sur notre traditionnel figuier de la place du 15 Novembre, ce majestueux dais vert, dont la couronne exubérante lui donne de plus en plus de grâce et de beauté, le rendant toujours haut et splendide ! C’est par un matin d’été, plein de soleil et de vie, en février 1891, que le jeune figuier, qui devait avoir une vingtaine d’années, a été arraché du jardin du Matriz et replanté ici avec amour). Sa replantation est certainement liée à une vieille croyance de l’époque qui disait que si un arbre était abattu, les sorcières qui l’habitaient pouvaient jeter une malédiction. D’autres mosaïques (47 au total) représentant les traditions culturelles de l’île, des coutumes quotidiennes aux histoires folkloriques, décorent également son parterre. Enfin, selon le folklore local, le figuier de Florianópolis peut réaliser les souhaits, de ceux qui savent tourner autour de son tronc, dans le sens des aiguilles d’une montre. Les « tarifs » sont simples : un tour pour ceux qui souhaitent revenir à Florianópolis, deux tours pour ceux qui veulent trouver un partenaire, trois tours pour ceux qui veulent se marier et sept tours pour tous autres souhaits. Moins cher que jeter des pièces dans une fontaine et plus physique que de regarder une étoile filante.

#830 – Real Republicans FC : Osagyefo’s Own Club

Le club de Osagyefo (chef victorieux). Ce club ghanéen connut une brève existence de 1961 à 1966 mais, pourtant, il fut le fer de lance du football ghanéen et l’icone de la vision politique du président du pays, Kwame Nkrumah. Remontons en 1957, année où la Gold Coast, nom colonial du Ghana, obtint son indépendance de l’emprise britannique. L’un des leaders qui permit ce résultat était Kwame Nkrumah qui devint logiquement président du pays en 1960. Mais, l’indépendance du Ghana, premier Etat subsaharien à l’obtenir, n’était qu’une étape dans l’ambition de Kwame Nkrumah. En effet, conscient de la faiblesse du nouvel état, morcelé entre différentes ethnies, face aux grandes puissances, Kwame Nkrumah milita pour une vision transfrontalière de l’ensemble du continent africain (panafricanisme). Son Ghana se devait à la fois de s’élever au-delà de ses différents peuples mais également devenir l’élément fédérateur d’une Afrique unie et solidaire. Le sport apparaissait comme un catalyseur pour promouvoir cet objectif. En particulier, Nkrumah considérait le football africain indépendant comme un symbole de la libération du continent de la domination coloniale et la démonstration de l’unité africaine. Kwame Nkrumah fit donc de l’équipe nationale du Ghana le porte-voix du continent africain.

Sur le plan local, Kwame Nkrumah et son ministre des sports, Ohene Djan, œuvrèrent pour fonder un nouveau « super » club pour renforcer le sentiment nationaliste. Pour cela, ce club, qui fut nommé Real Republicans (inspiré par le grand Real Madrid), se devait de représenter l’ensemble du Ghana et donc ne pas être rattaché à une ethnie particulière (comme les autres associations sportives du pays). Pour faciliter l’identification de tous les ghanéens, quelque soit leur région d’origine, avec le nouveau club, la direction avait la bénédiction du gouvernement pour piller les autres équipes (choix de deux joueurs dans chacune des autres équipes du championnat) pour constituer la sienne et naturellement elle ne se priva pas de prendre les meilleurs (d’autant plus que ces recrutés ne pouvaient pas refuser l’offre sous peine de représailles par le gouvernement). Ainsi favorisé par Kwame Nkrumah qui se faisait appeler Osagyefo, le Real Republicans se vit affublé de ce surnom qui devint même le second nom du club.

Les résultats ne se firent pas attendre avec un titre de champion en 1963 et 4 coupes du pays d’affilée (de 1962 à 1965). Les athlètes du club étaient traités comme des rois et avaient un accès illimité au président. Mais, ces privilèges accordés au Real Republicans traduisaient aussi la dérive autoritaire de Kwame Nkrumah dans l’exercice du pouvoir (arrestation des opposants, censure de la presse, contrôle de la justice, culte de la personnalité). Tant au niveau politique que sportif la colère monta contre Kwame Nkrumah (les clubs historiques dépouillés chaque année de leurs meilleurs éléments menacèrent régulièrement de boycotter le championnat). Résultat, le 24 février 1966, alors en voyage en Chine, Kwame Nkrumah fut renversé par un coup d’état militaire qui ne rencontra aucune résistance. Totalement identifié à son créateur et supporteur, le Real Republicans fut immédiatement dissout après le renversement de Kwame Nkrumah.

#827 – FK Dinamo Tirana : Dinamovitët

Le surnom est dérivé du célèbre nom du club (dans les anciens pays de l’Est). Pendant la Seconde Guerre Mondiale, la résistance albanaise à l’occupation italienne puis allemande était tombée sous la coupe des communistes et son leader Enver Hoxha. Résultat, en 1946, les communistes prirent définitivement le pouvoir et instaurèrent la république populaire d’Albanie. Comme dans les autres pays du bloc de l’Est, le gouvernement copia l’organisation et les structures du grande frère soviétique pour rapidement affirmer leur pouvoir. Ceci passa par la main mise des grandes administrations et syndicats sur les mouvements sportifs et culturels. En 1950, le Ministère de l’Intérieur fonda donc son club de sport, dans le cadre de l’association sportive Dynamo. Ce dernier regroupait dans les pays de l’Est les associations sportives des membres et fonctionnaires des affaires intérieures et des organes de sécurité de l’État (principalement la police judiciaire et politique). La structure Dynamo fut créée en Russie le 18 avril 1923. Le choix du nom Dynamo s’expliquerait selon l’écrivain Maxim Gorky, membre honoraire de l’association ainsi : « Греческое слово «дина» значит сила, «динамика» — движение, а «динамит» — взрывчатое вещество. «Динамо» — это сила в движении, призванная взорвать и разрушить в прах и пыль всё старое, гнилое, все, что затрудняет рост нового, разумного, чистого и светлого — рост пролетарской социалистической культуры » (Le mot grec « dina » signifie force, « dynamique » signifie mouvement et « dynamite » signifie explosif. « Dynamo » est une force en mouvement, appelée à faire exploser et à réduire en cendres et en poussière tout ce qui est vieux, pourri, tout ce qui entrave la croissance du nouveau, raisonnable, propre et brillant – la croissance de la culture socialiste prolétarienne). L’idée était que les forces de police n’œuvraient pas contre le peuple mais par leur action repressive visait à protéger l’ordre nouveau et luttait contre les ennemies du peuple. Le slogan de l’association sportive fut donc « Сила — в движении » (la force en mouvement).

Le club albanais s’installa rapidement comme une pierre angulaire du football albanais, remportant déjà quatre championnats consécutifs rapidement après sa naissance (de 1950 à 1953). Par la suite, le club partagea avec le Partizani les trophées albanais jusqu’à la chute du régime communiste (15 titres de champions et 12 Coupes nationales). Mais, le communisme albanais qui rompit avec l’URSS en 1956 afin de ne pas se « déstaliniser » fut l’un des régimes les plus durs et fermés du bloc de l’Est, avec une police politique, Sigurimi, particulièrement repressive. En 1995, afin de laisser derrière eux ce lourd passé, certains estimèrent qu’il fallait changer de nom qui apparaissait comme un symbole négatif de cette époque (comme le Dynamo Zagreb avait pu le faire deux ans auparavant en devenant le Croatia Zagreb). Ainsi, le nouveau nom, KS Olimpik Tirana, était plus consensuel en se référant à l’esprit olympique. Mais, finalement, dans de nombreux pays de l’ancien bloc de l’Est, la quasi-totalité des clubs dont le nom se rattachait aux structures des régimes communistes tels que Lokomotiv (Ministère des Transports), CSKA (armée) et Spartak (Coopérative de production), ne changèrent pas de nom, estimant que celui-ci faisait parti de l’histoire du club, dépassant les liens avec l’autoritaire communisme. Et malgré la rattachement à la police, qui au vue de son action sous ces dictatures avait une mauvaise image, ce fut aussi le cas pour les Dynamo tels que le Dynamo Dresde, Dynamo Moscou, Dynamo Kiev, Dinamo Bucarest ou Dinamo Tbilissi. Finalement, deux ans plus tard, la direction du club de Tirana décida de revenir à l’ancien nom. Cette attachement des supporteurs à leur histoire s’est encore manifesté dernièrement quand le club modifia son écusson. Les fans ne cessèrent jamais de réclamer le retour du logo original de leur club de cœur et obtinrent gain de cause cette année.

#825 – Neftchi PFK Bakou : Neftçilər

Les pétroliers. Tiré du nom du club qui lui même dérive du terme azéri neft qui signifie pétrole. Le club naquit le 18 mars 1937 de la volonté des ouvriers des compagnies pétrolières situées à Bakou. Les fondateurs relièrent le club avec leur métier avec de nombreux symboles. Le plus évident fut le choix du nom du club нефтяник (à l’époque en russe, l’Azerbaïdjan étant une république soviétique) qui signifiait « pétrolier ». Puis, le blason du club incorpora un derrick, ouvrage le plus visible des puits de forage (encore dans l’écusson aujourd’hui), avec en arrière plan un H, première lettre du nom du club. Enfin, l’équipe évolua dans un maillot noir et blanc, dont la couleur noire rappelait évidemment l’or noir. Le club fut intégré au syndicat des ouvriers du pétrole sous l’égide du Ministère Soviétique de l’Energie. Ce lien avec l’activité pétrolière n’a jamais cessé malgré l’effondrement du système soviétique. Aujourd’hui, Azərbaycan Respublikası Dövlət Neft Şirkəti (SOCAR), compagnie pétrolière détenue par l’Etat azéri, demeure toujours l’un des sponsors principaux de l’équipe.

Situé sur les rives de la Mer Caspienne, Bakou est une ville portuaire et une station balnéaire, dont la vue du soleil couchant est perturbée par les derricks et les plateformes pétrolières. En effet, les champs pétrolifères de Bakou constituent l’un des plus vieux centres de production de pétrole et de ses dérivés. L’exploitation industrielle de cette ressource débuta en 1871 avec Ivan Mirzoev et l’activité attira rapidement les frères Nobel (acquisition en 1873 d’une raffinerie pour 25 000 roubles) et les Rotchild. Mais, il semble que l’histoire d’amour entre le pétrole et la cité remonte encore plus loin. Marco Polo mentionnait déjà la présence de pétrole dans la région. Un puits de 35 mètres de profondeur, datant de 1594, selon une inscription, a été retrouvé près de Bakou. Au XVIIème siècle, le scientifique turc Evliya Çelebi rapporta que Bakou était entourée de 500 puits et cette description de la ville était également partagé par le voyageur allemand, Adam Olearius et le secrétaire de l’ambassade de Suède en Perse, Engelbert Kaempfer à la même époque. En 1813, le nombre de puits producteurs était de 116 et doubla quasiment en 1860. Toutefois, creusé souvent à la main, ces forages étaient peu profonds et la production était donc limitée. Mais, avec les machines et l’ingéniosité de la révolution industrielle, la production s’intensifia et à la fin du XIXème siècle, Bakou comptait déjà plus de 3 000 puits de pétrole. La cité représentait alors 95% de la production de l’Empire Russe, qui avait mis la main sur la région et était le premier producteur de pétrole mondial. En 1900, Bakou produisait 11 millions de tonnes par an de pétrole, soit 50 % de la production mondiale. Avant la Seconde Guerre mondiale, l’Azerbaïdjan produisait 23 millions de tonnes de pétrole brut par an et couvrait les trois quarts des besoins de l’Union Soviétique. En 1920, l’Institut polytechnique de Bakou fut créé, devenant la référence européenne et asiatique de la formation des scientifiques et des ingénieurs de l’industrie pétrolière. En 1947, débuta l’exploitation offshore. Le pays est devenu nettement dépendant de cet or noir, qui génèrent les deux tiers de ses revenus. Néanmoins, même si le sol regorge de pétrole et de gaz, d’autres champs apparurent en Asie Centrale (et ailleurs dans le monde évidemment) et les espoirs des compagnies pétrolières se sont progressivement déplacés vers le Kazakhstan. A fin 2020, l’Azerbaïdjan ne représentait plus que 0,4% des réserves mondiales de pétrole et en 2021, sa production s’élevait à 722 000 barils par jour, soit 1,2% de la production mondiale.

#821 – CS Uruguay de Coronado : los Uruguayos

Les uruguayens. Le surnom est directement tiré du nom du club résidant de la ville de Vásquez de Coronado et se réfère au pays sudaméricain. Au Costa-Rica et en particulier à Vásquez de Coronado, la population uruguayenne ne constitue pas une communauté puissante ou organisée (d’ailleurs pas certain qu’il y ait beaucoup d’uruguayens vivant là-bas). Parmi les fondateurs du club, la présence d’uruguayens n’était pas plus attestée. En réalité, le club fut établi le 3 janvier 1936 et les fondateurs souhaitèrent rendre hommage à l’Uruguay, grande nation du football sudaméricain. En effet, en 1936, l’Uruguay comptait déjà 7 Copa America à son palmarès (record à l’époque) et avait remporté la dernière édition en 1935. Surtout, l’Uruguay avait rendu fier le continent américain en organisant la première édition de la Coupe du monde de football en 1930 et l’avait en outre remporté. Pour le choix des couleurs du maillot, ils ne prirent d’abord pas leur inspiration en Uruguay en retenant le noir et le rouge, qui étaient alors partagé avec le grand club du LD Alajuelense. Résultat, la direction décida d’en changer et se tourna une nouvelle fois vers l’Uruguay. Le choix se porta sur le jaune et le noir, couleurs du club de Peñarol, qui était déjà une des grandes équipes du continent.

#811 – Kawasaki Frontale : ロンターレ

Frontale. Comme pour de nombreux clubs japonais, le club naquit au sein d’une entreprise, Fujitsu, société d’électronique et de services informatiques. Mais, avec la création de la J-League au début des années 1990 et son stricte cahier des charges, les clubs coupèrent leur lien corporatiste et cherchèrent à créer une nouvelle identité pour rallier de nouveaux fans.

Le club opta donc pour de nouvelles couleurs bleu ciel, noir et blanc (qui résultait d’un partenariat avec le club brésilien du Grêmio Porto Alegre) ainsi qu’une nouvelle mascotte, un dauphin (cf. #517). L’idée pour le nom du club était de signifier la valeur principale du club et de son équipe d’aller toujours de l’avant, d’affronter droit devant et loyalement les défis et ses adversaires. La direction prit alors la même option que d’autres clubs japonais de prendre le mot d’une langue latine pour exprimer cette valeur (cf. articles #216, #391, #432, #552, #641 et #741). Ils choisirent l’italien et le mot frontale qui signife « avant ».

#807 – FK Bodø/Glimt : Glimt

La lueur, le rayon. Située au nord du Cercle polaire, dans le comté de Nordland, Bodø est la ville norvégienne qui attire les touristes pour observer les aurores boréales et s’engouffrer dans les fjords. Surtout, elle connaît une période estivale (2 juin au 10 juillet) pendant laquelle le soleil ne se couche pas (le fameux soleil de minuit). Depuis 2020 (et son premier titre de champion), elle est devenue la fierté et la lueur du nord du pays, souvent dénigré, notamment en football, par le reste de la Norvège. En effet, une vieille croyance supposait que les clubs du nord du pays (Nordland, Troms et Finnmark) n’avaient pas les moyens de rivaliser avec ceux du sud, et en conséquence, ils n’étaient pas autorisés à participer à la Coupe nationale jusqu’en 1963, ni être promus en première division avant 1972. Seulement, Bodø/Glimt fit mentir cette légende en remportant 2 fois la Coupe (1975, 1993 + 4 fois finaliste : 1977, 1996, 2003, 2022) et surtout 2 fois le championnat (2020, 2021). Pratiquant un jeu offensif et ayant une philosophie de développement passant par la formation, il s’agit désormais de la nouvelle sensation norvégienne. L’AS Roma de Mourinho ne me contredira pas après le 6-1 reçu à Bodø en Ligue Europa Conférence en 2021.

Mais, le surnom du club ne provient pas de sa réputation et de la lumière qu’elle attire sur cette région mais tout simplement de son nom. Fondé en 1916, le club se nomma tout de suite FK Glimt. Pourquoi les fondateurs souhaitèrent s’appeler ainsi ? Ce choix n’est pas documenté mais il n’est pas étonnant qu’ils se placèrent sous le signe du soleil. Bodø étant la première ville au nord du cercle polaire arctique et par conséquent la ville la plus méridionale de Norvège avec le soleil de minuit, la cité et ses habitants ont donc une longue relation avec l’astre lumineux. D’ailleurs, en 1889, lorsque le premier blason de la ville apparût (même s’il fut peu utilisé jusqu’à l’entre-deux guerre), ses éléments reprenaient les principaux symboles de la cité : la montage pour les fjord, un bateau pour l’activité de la pêche et un soleil pour le soleil de minuit. En outre, quand l’écusson fut revisité à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale (alors que la ville entamait sa reconstruction suite aux bombardements de la guerre qui l’avait grandement détruite), le seul élément qui fut conservé était le soleil sur fond rouge. De l’avis de son créateur, Trætteborg, Bodø avait une raison particulière de choisir le soleil comme symbole (en raison de sa position géographique citée avant). En outre, le motif constitue une vieille tradition héraldique et aucune ville norvégienne ne l’utilisait.

Le nom du club évolua au fil des ans pour arriver à cette particularité d’intégrer un « slash ». En 1936, le club créa une section ski (saut à ski, ski de fond, combiné) et devint donc Ski- og Fotballklubben Glimt (Ski et Football Club Glimt). Puis, commençant à se faire connaître dans le reste du pays, il découvrit qu’un autre club s’appelait Glimt dans la ville d’Orkland (Ungdoms- og Idrettslaget Glimt). Ce dernier étant plus ancien (fondé en 1896), le nom de la ville de Bodø fut rajouté au nom du club avec un trait d’union pour le séparer du terme Glimt en 1948. En 1970, la section ski disparût et sa référence dans le nom aussi. Mais un nouveau problème apparût avec le trait d’union. En effet, le trait d’union était utilisé dans les systèmes informatiques (comme ceux des sociétés de paris ou de la ligue norvégienne) pour identifier (séparer) les adversaires d’un match. Or celui de Bodø-Glimt perturbait la lecture. Résultat, en 1988, le trait d’union entre Bodø et Glimt fut remplacé par une barre oblique. Cette dernière, qui constitue aussi l’identité du club, est encore souvent discuté. En 2021, le conseil d’administration du club proposa de supprimer la barre oblique dans le nom. Pour eux, cette barre oblique avait le sens de « ou ». Or, le club était un tout unique et ne devait donc pas opposer le nom de la ville au nom historique. Le Conseil des Langues norvégiens (Språkrådet – en charge de protéger et enrichir les langues norvégiennes) alla dans le sens de la direction en indiquant que le sens de la barre oblique était bien « ou ». Toutefois, Bodø / Glimt étant un nom privé, le Conseil des Langues ne voulait pas émettre de recommandation et que le nom pouvait s’écrire comme le club lui-même le souhaitait. Les supporteurs craignirent de perdre leur âme et finalement, l’assemblée générale rejeta la proposition.

#806 – The New Saints FC : TNS

Il s’agit des initiales du nom du club. Ce n’est pas très original et vous vous dîtes que cela ne mérite de s’y attarder et encore moins d’y consacrer un article. Mais son nom a une véritable histoire qui mérite d’être raconté. Le club fut fondé en 1959 comme représentant du village de Llansantffraid. Longtemps cantonné dans les divisions amateurs régionales du Pays de Galles, le club connut une ascension fulgurante dans l’élite galloise au début des années 1990. En 1996, Llansantffraid remporta la Coupe du Pays de Galle et se qualifia ainsi pour la première fois pour la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe. Ces bons résultat attira les regards et une société informatique d’Oswestry, Total Network Solutions, proposa de parrainer le club (à hauteur de 250 000 £) en contrepartie d’incorporer le nom de la société dans le nom du club. Ainsi, le club devint Total Network Solutions Llansantffraid FC. Mais, qualifié régulièrement en coupe d’Europe. le club dut se conformer à la réglementation de l’UEFA sur le sponsoring et il fut donc indiqué dans les compétitions européennes sous le sigle TNS. Puis, en 1997, le club alla plus loin en changeant de nom pour Total Network Solutions FC, devenant le premier club de football britannique à se nommer uniquement d’après le nom de son sponsor. Mais, en 2006, la société Total Network Solutions fut rachetée et absorbée par British Telecom et le sponsoring du club prit fin. La direction du club devait donc trouver un nouveau nom. Dans un premier temps, ils tentèrent vainement de vendre aux enchères les droits de dénomination sur eBay. Après cet échec, ils finirent par se mettre d’accord pour le nom « The New Saints » . Premièrement, le club de Llansantffraid était surnommé « The Saints » et pour cette nouvelle naissance, les New Saints paraissaient logique. D’autant plus qu’en 2003 le club de Llansantffraid avait fusionné avec celui d’Oswestry Town et il s’agissait donc d’une nouvelle organisation. Ensuite, il semblait cohérent avec les origines des villes de résidence. les deux villes de Llansantffraid et Oswestry ont un lien avec les Saints. Le nom de la ville de Llansantffraid signifie « l’église de Sainte Brigitte » (Brigitte d’Irlande). De même, l’étymologie d’Oswestry provient de Saint Oswald (roi de Northumbrie). Enfin, The New Saints présentait l’avantage de conserver le sigle TNS.