#1353 – América Cali : el Pentacampeón

Le quintuple champion. Au début des années 1980, l’América débuta son incroyable voyage vers les titres et les records, qui en fait aujourd’hui l’un des plus grands de Colombie. Fin 1978, l’expérimenté Docteur Gabriel Ochoa Uribe (7 titres de champion remportés entre 1959 et 1972 avec Millonarios et Santa Fe) remplaça l’entraîneur uruguayen Víctor Pignanelli. Partisan d’un football défensif, Uribe construisit l’équipe autour d’une défense solide et d’un jeu fermé, surtout quand son équipe menait. Après avoir laissé son rival du Deportivo Cali remporter le tournoi Apertura, l’équipe conquit son premier titre national en 1979. En 1980, América recruta le gardien uruguayen Ladislao Mazurkiewicz et l’attaquant argentin Carlos Miori et atteignit les demi-finales de la Copa Libertadores. La saison suivante, l’argentin Julio César Falcioni remplaça Mazurkiewicz et l’argentin Roque Alfaro renforça le milieu de terrain. L’América remporta pour la première fois le tournoi Apertura.

1982 marqua le début de la suprématie de l’América sur le football colombien. Avec l’intégration du jeune attaquant Antony de Ávila, l’América fut sacré champion national pour la deuxième fois de son histoire et, pour la première fois en Colombie, l’équipe remporta tous les tournois (Apertura, Finalización et Finale octogonale). En 1983, l’América recruta l’attaquant Willington Ortiz et l’équipe remporta son deuxième titre consécutif. L’année suivante, l’équipe se consolida avec les offensifs péruviens César Cueto et Guillermo La Rosa tandis qu’Álex Escobar fit ses débuts en équipe première. Nouveau sacre national, avec la victoire dans tous les tournois une nouvelle fois ainsi qu’une série de 23 matchs sans défaite. En 1985, América engagea les internationaux Ricardo Gareca (Argentine) et Roberto Cabañas (Paraguay) et l’équipe gagna son 4ème titre national consécutif. Pour la première fois de son histoire, América atteignit la finale de la Copa Libertadores mais la perdit face à Argentinos Juniors. En 1986, l’América fut une nouvelle fois champion, ravissant son 5ème titre consécutif au nez et à la barbe de son rival du Deportivo. Face à River Plate, l’équipe perdit sa deuxième finale de Libertadores. Si sa suprématie nationale s’arrêta sur ce 5ème titre (devenant le premier et l’unique Pentacampeón de Colombie), América atteignit sa 3ème finale consécutive de Copa Libertadores en 1987, face à l’uruguayen Peñarol, mais sans plus de succès.

#1323 – AC Sparta Prague : Železná Sparta

Le Sparta de fer. Fondé en 1893, le club pragois se remit difficilement de la Première Guerre mondiale, comme tous les clubs tchèques qui avaient cédé leurs joueurs aux champs de bataille et qui avaient été désorganisé durant cette période. Mais, de nombreux anciens joueurs du Sparta revinrent vivants du front et rapportèrent leurs talents mais surtout un état d’esprit combatif. L’attaquant Václav Pilat avait servi dans l’armée française en tant que fantassin puis de pilote. Par deux fois, il fut grièvement blessé, au point que les médecins comme sa famille le crurent mort. Finalement, en 1918, à la surprise générale, il rejoua à la tête de l’attaque du Sparta et emmena dans son sillage toute l’équipe, pour en faire une machine phénoménale qui n’eut pas son égale non seulement en Tchéquie mais aussi en Europe. La façon dont elle écrasait ses adversaires lui a valu le surnom de železná mašina (la machine de fer) qui devint železná sparta.

L’épopée débuta en 1919 lorsque l’équipe du Sparta vainquit le Slavia en finale de la Coupe sur le score de 4 buts à 1. Sur sa lancée, le Sparta gagna le championnat de Bohême centrale puis le tournoi final du championnat de Tchécoslovaquie, en marquant 17 buts contre 0 encaissé en 3 matchs. Puis, de 1920 à 1923, le Sparta s’adjugea 4 nouveaux championnats de Bohême centrale, qui, en l’absence d’un tournoi final nationale, était considéré comme la meilleure ligue et son vainqueur, le champion officieux du pays. Une exception en 1922 où un nouveau tournoi national fut organisé et gagné par le Sparta. La domination du club ne s’exprima pas seulement dans ses 5 titres acquis d’affilée. Durant cette période, le Sparta joua 59 matchs et les remporta tous sauf un (en 1919 une défaite contre l’Union Žižkov). Surtout, l’équipe marqua 235 buts pour seulement 46 encaissés. A ce palmarès s’ajouta 4 Coupe de Bohême centrale (1920, 1923, 1924, 1925) ainsi que deux nouveaux championnats de Tchécoslovaquie en 1926 et 1927.

Sur le plan continental, l’absence de Coupe d’Europe n’empêchait pas l’organisation de matchs amicaux ou de trophées qui en faisait office. Pour son premier scalp, le Sparta s’offrit le FC Barcelone, vainqueur du championnat de Catalogne depuis 3 ans (1919 à 1921) et de la Coupe d’Espagne (1920), sur le score de 3 buts à 2, le 25 Décembre 1921 à Barcelone. Les écossais du Celtic Glasgow, référence comme toute équipe britannique et déjà dominante en écosse (16 championnats remportés sur les 32 disputés), passèrent aussi à la trappe le 2 mai 1922. Devant 26 000 pragois, Pilát et Janda marquèrent les deux buts pour la victoire du Sparta, qui réédita l’exploit lors de la revanche. Après les espagnols et les écossais, le Sparta s’attaqua à l’Everest allemand, le FC Nuremberg, surnommé der club (cf. #521) pour sa domination sur le football outre-Rhin. Mais, le 16 août 1922, Nuremberg ne résista pas à la tempête pragoise, balayé 5 buts à 2. Après l’Europe, il ne restait plus que le monde. Motivée par l’excellente performance de l’équipe nationale d’Uruguay lors des JO de 1924, dont la base était composée de joueurs du Nacional Montevideo, cette dernière entama une grande tournée en Europe, qui se déroula de Février à Août 1925, dans 9 pays, 23 villes pour 38 matchs. Le 14 Mai 1925, le Nacional affronta le Sparta Prague devant plus de 30 000 spectateurs, dont certains étaient montés sur les toits des maisons voisines pour apercevoir la rencontre. Et sur les 38 matchs disputés, le Nacional ne perdit que 5 fois, dont la rencontre disputée contre le Sparta (1-0).

L’équipe reposait sur le grand František Peyr, orfèvre de profession, et gardien de but, spécialiste des arrêts de pénalty. La défense pouvait compter sur le prolifique Antonín Hojer (18 ans au Sparta, 483 matchs et 123 buts) et Miroslav Pospíšil. František Kolenatý (au Sparta depuis l’age de 12 ans, 517 matchs et 54 buts à son actif), Antonín Fivébr et Karel Káďa (20 ans au Sparta, 727 matchs et 28 buts) formaient un milieu de terrain exceptionnel, sans équivalent en Europe continentale. Antonín Perner compléta ce trio à gauche, ultérieurement. Dans l’attaque menée par Pilát, Josef Sedláček opérait à droite tandis que Otto Škvajn dit Mazal évoluait à gauche. Cette réputation déteignit sur l’équipe nationale. En 1920, les Jeux olympiques se déroulaient à Anvers et l’équipe nationale tchécoslovaque, composée de 10 joueurs du Sparta, atteint la finale face aux Belges.

Aujourd’hui, le surnom est toujours vivace. En 2013, pour les 190 ans du club, un livre sur l’Histoire du Sparta fut édité avec comme titre ce surnom. Le groupe de rock, Alkehol, enregistra en 1992 l’hymne du club qui s’intitule železná sparta.

#1274 – Sporting Cristal : el Equipo que Nació Campeón

L’équipe qui naquit championne. Dans le quartier Rimac à Lima, dans les années 1950, le club du Sporting Tabaco, alors en grande difficulté financière, évoluait en première division péruvienne, professionnelle depuis 1951. A la même époque, la brasserie du quartier dénommée Backus & Johnston était rachetée par un groupe d’hommes d’affaires péruviens, emmené par Ricardo Bentín Mujica. Voulant favoriser la pratique du sport et en faire un vecteur de marketing, Ricardo Bentín Mujica investit dans le sport local, notamment en faisant l’acquisition du Sporting Tabaco et en le renommant Sporting Cristal. L’avantage de reprendre ce club était de pouvoir démarrer dans l’élite péruvienne dès la première saison avec son épine dorsale, notamment le gardien Rafael Asca, les défenseurs Alberto del Solar et Alfredo Cavero et le buteur Faustino Delgado.

Et cette première saison d’existence pour le Sporting Cristal s’avéra exceptionnel. En effet, les nouveaux moyens financiers permirent d’attirer le meilleur buteur du championnat Máximo Mosquera en provenance du futur grand rival, l’Alianza Lima, ainsi que le trio uruguayen Dardo Acuña, Antonio Sacco et Carlos Zunino et le célèbre entraineur chilien, Luis Tirado. Face au Sporting, se dressaient les grandes équipes habituées de la première division comme l’Alianza Lima (champion en titre et déjà sacré 8 fois champions), le Club Universitario (7 fois champions), le Deportivo Municipal (4 fois champions) et le Sport Boys (4 fois champions). La saison débuta le 5 août 1956 par une défaite 2-1 contre Alianza Lima. Mais, dès la deuxième journée, l’équipe redressa le tir avec une victoire 3-0 contre Ciclista Lima puis enchaîna alors une série de 15 matchs sans défaite. Le Vendredi 7 Décembre 1956, pour l’ultime rencontre de la saison, le Sporting battit le dernier du classement, Carlos Concha, par 4 buts à 0 (avec pour buteurs, Faustino Delgado (x2), Luis Navarrete, et Carlos Zunino). Mais, il fallut attendre le lendemain et la défaite de l’Alianza Lima face au Sport Boys (4 à 0) pour que le Sporting remportât officiellement son premier titre de champion. Et cet exploit se réalisa dès sa première saison dans l’élite et alors que le club n’avait pas un an d’existence (sa fondation remontant au 13 Décembre 1955). À l’issue de la saison, le Sporting Cristal termina également meilleur attaque (43 buts) et meilleur défense (19 buts). Les journalistes péruviens commencèrent à utiliser l’expression el equipo que nació campeón et la FIFA la consacra en 2012 en la reprenant comme titre d’un article présentant le club péruvien.

#1257 – Independiente del Valle : los Matagigantes

Les tueurs de géants. Dans la vallée de los Chillos, se situe la ville de Sangolqui, connue comme le cœur de cette vallée. Au sein de cette cité populaire et dortoir, proche de la capitale Quito, un club de football fait la fierté des habitants. Tout d’abord, le club se distingue par l’accent mis sur la formation et le développement des jeunes talents, ce qui se reflète dans son académie considérée comme la meilleure du pays. Elle se concentre à fournir une formation sportive complète mais également les ressources nécessaires au développement personnel et professionnel de ses jeunes. Ensuite, fondée le 1er Mars 1958, l’équipe d’Independiente del Valle est passée, en un peu plus d’une décennie, des divisions mineures à l’élite du pays et aux finales continentales.

En effet, depuis 2016, l’équipe se distingue dans le championnat équatorien et surtout dans les compétitions continentales. En 2021, le club remportait son premier titre de champion du pays et la saison suivante la Coupe nationale. 5 ans auparavant, en 2016, Independiente del Valle réussissait l’exploit d’atteindre la finale de la Copa Libertadores (3ème club équatorien à parvenir à ce stade de la compétition). C’est justement dans les tournois d’Amérique du Sud que ce surnom s’est forgé. Lors de la campagne de 2016, Independiente del Valle prit plaisir à sortir les deux géants argentins, River Plate (en 8ème de finale) et Boca Junior (en demi-finale). Face à Boca, le club équatorien gagna le match aller à domicile 2 buts à 1 et terrassa les argentins dans leur mythique Bombonera sur le score de 3-2. Mais, la défaite en finale ne fit qu’ouvrir l’appétit de club de la vallée. En 2019, il participa à la Copa Sudamericana. Il s’offrit, en quart de finale, la tête d’un autre grand club argentin homonyme, l’Independiente, qui comptait 16 championnats argentins et 7 Copa Libertadores. Puis en demi-finale, Independiente del Valle devint le bourreau des Corinthians, les battant sur le score de 2-0 au Brésil. Et, à l’issu de la finale, Independiente remportait son premier titre continentale. 3 ans plus tard, nouveau sacre continentale. En finale de la Copa Sudamericana, le club s’offrait le scalp du São Paulo FC. Enfin, en 2023, un nouveau géant du Brésil, Flamengo, détenteur de la Copa Libertadores, tombait face au petit équatorien en Copa Recopa.

#1256 – CR do Flamengo : o Mais Querido do Brasil

Le préféré du Brésil, le plus aimé du Brésil. Tout en nuance et modestie pour l’un des clubs brésiliens les plus connus. Flamengo s’est constitué au fil des années un des plus beaux palmarès du Brésil, avec notamment 7 titres de Champion, 5 coupes nationales, une coupe intercontinentale, 3 Copa Libertadores, 1 Recopa Sudamericana et 1 Copa Sudamericana. Ces trophées, associés à un style de jeu offensif à certaines périodes et à des grandes stars brésiliennes (le pelé blanc, Zico, Bebeto, Júnior, Leonardo, Carlos Mozer, Zizinho et Leônidas), catalysèrent naturellement l’amour des fans.

Régulièrement des sondages sont effectués pour déterminer le club qui compte le plus de supporteurs dans le pays. Ni surprise, ni contestation, Flamengo ressort sondage après sondage à la première place. Le club carioca recueillait 20,1% des suffrages dans l’enquête réalisée par AtlasIntel en Août 2024, loin devant le second (Corinthians 14,5%). Ce résultat demeure en ligne avec tous les autres études réalisées (25% pour CNN Esportes/Itatiaia/Quaest, 21% pour Datafolha). En 2022, le journal « O Globo » et l’institut de sondage « Ipec » estimait que Flamengo comptait 46,5 millions de fans à travers le pays (contre 33,06 millions pour le second, Corinthians). A fin Août 2024, près de 60 millions de personnes suivaient Flamengo sur les grands réseaux sociaux (Facebook, X, Tik Tok, YouTube, Instagram) et le club glanait le titre de l’équipe brésilienne la plus suivie sur chacun des réseaux.

Mais, avant tout ce palmarès et toutes ces études, il y a une petite histoire qui conduit à ce surnom honorifique. Dans l’édition du 1er octobre 1927, le quotidien « Jornal do Brasil » annonçait l’organisation, en partenariat avec l’entreprise d’eau minérale « Salutaris », d’un concours pour déterminer le club le plus aimé du Brésil. Selon le règlement du concours, les supporters devaient voter en écrivant le nom de leur équipe préférée sur l’étiquette d’une bouteille d’eau Salutaris ou sur le coupon imprimé dans le journal, et l’envoyer au siège du quotidien. Les récompenses pour le vainqueur était la Taça Salutaris, un trophée en argent d’environ un mètre et demi de long, ainsi que le titre du club le plus aimé du Brésil. A la fin du premier tour, Flamengo et Vasco da Gama furent sélectionnés en finale et un nouveau vote fut organisé. Dans toute la ville, les deux clubs mobilisèrent leurs fans et leurs supporteurs organisèrent des collectes des bulletins de vote. À la fin du dépouillement, Flamengo obtint 254 850 voix et remporta le titre. Seulement, pour les supporteurs du Vasco, le résultat du concours aurait été faussé suite à des malversations des fans du Flamengo. En effet, des membres du Flamengo occupèrent la porte du siège du journal, déguisés en fans du Vasco. Confiants, les supporteurs des noir et blanc, qui se rendaient chez le quotidien pour y déposer les sacs remplis de bulletins de vote, les donnèrent aux faux sympathisants, qui s’empressaient d’aller les jeter aux toilettes. Pour les fans de Flamengo qui ne renient pas cette histoire, ces manoeuvres ne visaient qu’à compenser la puissance financière de Vasco et ses fans qui pouvaient acheter des milliers de journaux et de bouteilles.

Ce titre contesté fut confirmé bien des années plus tard. En 1973, le magazine « Placar » organisa le même concours que Flamengo remporta une nouvelle fois, ainsi qu’une nouvelle coupe. Les deux trophées sont exposés au siège du club et les supporters de Flamengo aiment afficher dans leur stade des bannières portant les mots O Mais Querido.

#1241 – CSD Colo Colo : el Popular

Le populaire. Au Chili, le football se réduit souvent au match entre les 3 clubs de la capitale : Colo Colo, l’Universidad de Chile et l’Universidad Católica. Ces derniers trustent, en 2024, 67 championnats sur les 107 éditions de la première division chilienne ainsi que 23 Coupes nationales sur 43 éditions. Naturellement, avec une telle domination et une large zone de chalandise (Santiago, la capitale du pays avec 6,3 millions d’habitants), vous attirez des supporteurs. Et dans ce combat, il semble que Colo Colo a gagné le match.

Pour le mesurer, reportons nous à quelques enquêtes. Selon le média internet sudaméricain, BolaVip, en 2024, Colo Colo compte 58 500 socios actifs et 8 millions de sympathisants dans le pays, loin devant Universidad de Chile, qui dénombre 40 000 socios actifs et 4 à 5 millions sympathisants, et Universidad Católica, avec 11 567 socios et 2 à 3 millions sympathisants. Selon un sondage de l’organisme caritatif, Servicio Jesuita a Migrantes en Chile, Colo Colo est l’équipe préférée des immigrants au Chili, recueillant 46% des votes (seulement 27,6% pour Universidad de Chile). Enfin, la Confédération sud-américaine de football (CONMEBOL) a établi la liste des équipes les plus populaires du continent en 2016 et Colo Colo est ressorti premier club chilien du classement, à la 13ème place, avec 7 140 000 fans. Cette popularité se confirme dans les audiences télé. En 2023, sur TNT Sports, Colo Colo a été le programme le plus populaire en atteignant 185 941 foyers, soit une croissance de 28 % par rapport à la saison précédente.

Lorsque les fondateurs créèrent le club en 1925, ils le souhaitaient ouvert à tous et pour le signifier, choisirent d’inscrire les couleurs du pays dans le blason comme symbole. Dans les premières années, l’équipe se déplaça dans le pays (notamment au Sud) faire des tournées, ce qui favorisa le développement de son aura. Puis, en 1927, Colo-Colo fut la première équipe chilienne à parcourir le Vieux Continent, renforçant sa notoriété dans le pays. Surtout, Colo Colo se constitua un solide palmares, qui lui donna un grand prestige. Sans revenir sur les trophées nationaux (33 championnats, 14 coupes), l’un des grands exploits de Colo Colo fut de remporter la Copa Libertadores en 1991 (contre les paraguayens Club Olimpia), la seule gagnée par un club chilien. Cette finale a évidemment atteint le record d’audience de la télévision chilienne. On raconte même que les militaires lors du coup d’état de 1973 avaient conscience qu’ils ne pourraient pas le réaliser pendant une victoire de Colo Colo.

#1215 – FK Mačva Šabac : Провинцијски Уругвај

L’Uruguay provincial. Dans la ville de Šabac, dans le district de Mačva, au Nord-Ouest du Pays, se trouve l’un des doyens du football serbe. Fondé en 1919, le FK Mačva Šabac fut un des rares clubs à résister à la réorganisation des clubs sportifs par les autorités communistes après la Second Guerre mondiale et put donc poursuivre son activité jusqu’à nos jours. Ces dernières années, il apparût même de nouveau au sein de l’élite serbe.

Toutefois, le club connut son âge d’or durant l’entre-deux-guerres. Depuis le début des années 1920, le FK Mačva Šabac dominait les ligues du district local et, suite à une victoire sur son rival, Srbija Šabac, intégra une ligue provinciale, celle de Novi Sad. Pour y jouer les premiers rôles, le Mačva réalisa un ambitieux recrutement, en allant notamment débaucher des joueurs dans les clubs de la capitale. Bénéficiant d’un fort soutien populaire, d’infrastructure de qualité (notamment un terrain doté d’une tribune de 400 sièges), et d’une équipe composée de joueurs expérimentés et de jeunes talents, pratiquant un football offensif, le Mačva imprima sa pate dans le championnat provincial et même dans tout le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes. En 1927, le club fut sacré champion de Novi Sad. Titre qu’il conserva aisément en 1928 (1 défaite en 8 matchs et après avoir battu son rival et second, Vojvodina Novi Sad, sur un score de 6 buts à 1). L’équipe de Šabac intégra alors le prestigieux championnat de Belgrade et disputa la finale en 1928. La même année, une tournée fut organisée à Salonique et le Mačva battit les deux clubs de la ville, l’Aris (3-1) et l’Iraklis (4-2). Les saisons suivantes, le club assit sa domination dans la ligue de Novi Sad, avec 3 nouveaux titres (1929, 1930 et 1931). Surtout, en 1929, il ne perdit qu’un match sur les 10 disputés et en 1930, il finit invaincu, marquant 60 buts en 10 matches. En Août 1931, le Mačva obtint sa place au sein du championnat national de Yougoslavie, après avoir remporté 11 des 14 matchs de qualification. Malheureusement, cette accession à l’élite marqua le début de la fin.

Lors de cette période, sur le plan international, l’Uruguay incarnait la nation reine du football. Alors que la Coupe du Monde n’était pas encore instituée, les Jeux Olympiques demeuraient le seul tournoi international de football et l’Uruguay avait remporté la médaille d’or en 1924 face à la Suisse et en 1928 face à l’Argentin, devenant la première nation à conserver le titre. Encore aujourd’hui, l’Uruguay considère que ces deux titres sont l’équivalent d’une victoire en Coupe du Monde. D’ailleurs, en 1930, la Céleste devint officiellement championne du monde, en gagnant la première édition de la Coupe du Monde. Enfin, elle avait conquis 6 des 12 Copa América disputées entre 1916 et 1929. Emmenée par des joueurs talentueux comme le buteur Pedro Petrone et le meneur de jeu José Andrade, la Céleste pratiquait un football d’avant-garde et flamboyant, fait de passes courtes et d’occupation intelligente du terrain.

Suite à une victoire face au grand club du Vojvodina Novi Sad le 1er mai 1927, un journaliste du quotidien local « Radikal » utilisa pour la première fois la comparaison avec l’Uruguay pour parler du FK Mačva Šabac. En 1928, le journal « Politika » écrivit après une victoire face au SK Jedinstvo Belgrade « Provincijski Urugvaj – kako popularno nazivaju šabačku Mačvu – opravdao je potpuno, mišljenje koje o igri ovog tima, već ranije, i posle lepih uspeha u provincijskom prvenstvu, a naročito posle turneje po Grčkoj, vlada kod nas » (L’Uruguay provincial – comme on appelle populairement Mačva de Šabac – a pleinement justifié l’opinion qui prévaut dans notre pays sur le jeu de cette équipe, déjà avant et après de bons succès dans le championnat provincial, et surtout après la tournée en Grèce).

Si vous souhaitez plonger dans le détail des aventures du Mačva, je vous invite à lire l’article de Footballski.

#1213 – FK Kaïrat Almaty : Халық командасы

L’équipe de la nation. Sous l’ère soviétique, Almaty (ou Alma-ata, son nom à l’époque) était la capitale de la République socialiste soviétique kazakhe, un Etat rural et en retard de développement. Les autorités soviétiques tentèrent de la développer en y installant la base de décollage des aventures spatiales ainsi que le site de Semipalatinsk, vaste espace consacré à la recherche et aux essais nucléaires. Les motifs de fierté des kazakh au sein de l’URSS, Etat cosmopolite, centralisé et immense où une grande partie des richesses et pouvoirs se concentraient en Russie, à Moscou, étaient donc rares. Et dans le sport, la problématique demeurait la même : les équipes des républiques éloignées du pouvoir central (en particulier celles d’Asie centrale) évoluaient rarement au sein de l’élite.

Face à la concentration des meilleurs organisations sportives à Moscou et dans quelques villes russes, le pouvoir soviétique décida en 1959 d’ouvrir les grandes compétitions nationales, afin de les rendre plus représentatives de l’union. Ainsi, le championnat de football de l’URSS passa de 12 à 22 clubs. 18 républiques soviétiques purent ainsi proposer d’inscrire une équipe au sein de l’élite, équipe qui jusqu’à cette date concourrait dans ligues nationales mineures ou régionales. Grace à un fort lobbying de l’administration kazakh, le Kaïrat intégra la première division en 1960 et joua son premier match le 10 avril. Kaïrat ne fit jamais parti des grands clubs du football soviétique mais il fit la fierté des kazakhs en obtenant quelques beaux résultats et en étant le premier et le seul club kazakh à jouer au plus haut niveau soviétique. Il évolua pendant 24 saisons au sein de l’élite soviétique, obtenant sa meilleure place en 1986 (7ème). Il fut également 2 fois champions de seconde division (1976 et 1983). En 1963, le club fit son meilleur résultat en Coupe d’URSS en atteignant la demi-finale. Pour cet exploit, tous les membres de l’équipe furent élevés au rang de Maître des sports de l’URSS. En 1988, le club remporta la Coupe de la Fédération, un équivalent de la Coupe d’URSS réservé au club de première division. Enfin, le 12 novembre 1971, le Kairat gagna la Coupe d’Europe des chemins de fer, une compétition réunissant les clubs contrôlés par les compagnies de chemin de fer ou les syndicats des cheminots du bloc de l’Est. Il s’agissait du premier tournoi européen remporté par un club soviétique.

Depuis l’indépendance du pays, Kaïrat constitue un grand club de l’élite kazakh sans pour autant écraser le championnat (seulement 3 titres remportés en 1992, 2004 et 2020 mais tout de même 10 coupes du pays gagnées). Néanmoins, il demeure l’équipe de la nation comme le disait son président en 2015 « Кайрат — народная команда. Так было всегда, и мы хотим это возродить » (Kairat est une équipe populaire. Cela a toujours été ainsi et nous voulons le faire revivre).

#1202 – Alkí Larnaca : Αθάνατη

L’immortel. Je commente assez peu les surnoms des clubs disparus car il y a déjà tellement à faire avec ceux qui existent. Mais, celui de ce club chypriote a une petite singularité. En 1948, année de fondation du club, Chypre se fracturait. Les chypriotes s’opposaient à la présence coloniale britannique. Population chypriote qui était également divisée entre la communauté grecque et la communauté turque. Enfin, important la guerre civile grecque sur le territoire chypriote, la communauté grecque se partageaient entre ceux supportant les mouvements nationalistes et ceux pour les communistes. Ces divisions se transférèrent dans le monde sportif et de nombreux clubs exclurent les turcs puis les grecques de gauche. Ces derniers prirent la décision de fonder leurs propres associations. Ainsi naquit l’Alkí Larnaca.

Dérivant d’un terme proto-indo-européen signifiant « protéger », Alkí (Αλκή) signifie prouesse, force ou combat. Né sous ces auspices, le club démarrait bien son existence et pouvait déjà paraître comme immortel. Mais, en réalité, le terme arriva un peu plus tard et pour une toute autre raison que son nom. En 1960, le club rejoignait l’élite chypriote et, en faisant le bilan à l’année 2014, Alkí participa à 42 saisons au sein de la première division, dont 20 d’affilée entre 1960 et 1981 (et 19 années en seconde). Cette constance au sein de l’élite se fit malgré la faiblesse de ses moyens et le fait d’avoir souvent flirté avec la zone de relégation. Mais elle démontrait la persévérance et la capacité à résister, à se battre du club. Les fans appelèrent alors affectueusement leur équipe, l’immortel. Un chant célèbre dit « Αλκή μου είσαι αθάνατη, τζι αθάνατη θα μείνεις » (Mon Alkí , tu es immortel, tu resteras immortel).

Pourquoi arrêter le bilan à 2014 ? Depuis un certain nombre d’année, le club rencontrait de graves difficultés financières et finit par se faire sanctionner avant le début de la saison 2013-2014 par une déduction de points et une interdiction de transfert pour les footballeurs de plus de 21 ans. La situation continua à se dégrader financièrement et sportivement, l’équipe terminant la saison avec -39 points. En mai 2014, le club fit finalement faillite et disparut définitivement … étonnant pour un immortel.

#1201 – Delfín SC : el Ídolo de Manta, el Ídolo del Puerto

L’idole de Manta, l’idole du port. Depuis une vingtaine d’année, le club est devenu l’équipe la plus populaire de la ville de Manta. Mais, auparavant, ce titre était détenu par le Manta Sport Club. Fondé en 1915, le Manta SC constituait le doyen de la ville jusqu’à sa disparition en 1996. Surtout, malgré l’émergence d’autres clubs dans les années 1960, comme la Juventud Italiana et le Club Deportivo Green Cross, Manta SC n’avait pas de rival et représentait fièrement la ville. Il parvenait même à assoir son aura en accédant à l’élite équatorienne en 1967 puis en titillant la Copa Libertadores en 1979 lorsqu’il termina à la 3ème place du championnat. Mais, en 1985, le club redescendait en seconde division et disparaissait en 1996 pour laisser la place libre au Delfín SC.

Fondé en 1989, l’équipe de Delfín débuta son existence par un premier exploit qui allait conquérir le cœur des habitants de Manta. Avec une équipe composée de peu de joueurs et la plupart méconnus, le club gagna son billet pour la première division dès sa première année d’existence. Elle resta jusqu’en 1995 au sein de l’élite et subtilisait alors le titre de el Ídolo de Manta à Manta Sport Club. Après quelques yoyos entre les catégories, Delfín s’installa de pied ferme en première division en 2016. En 2017, l’équipe terminait à la seconde place et en 2019, la consécration avec le titre de champion, le premier pour une équipe de Manta.

Si Delfín est également l’idole du port, c’est parce que le port est le poumon économique de la municipalité de Manta. Ouvert sur le Pacifique et au centre du pays, son port constitue l’un les plus importants du pays et en 2021, avait vu transiter 1 168 534 tonnes de marchandises (en hausse de 15%). 80 % des automobiles importés en Équateur entrent par ce terminal. La principale activité du port est la pêche et la transformation du thon, au point que Manta est connu comme la « Capitale mondiale du thon ». Manta a fait de l’Équateur le deuxième pays producteur de thon, devancé par la Thaïlande, leader avec 750 000 tonnes par an. Sa production annuelle s’élève à un demi-million de tonnes pour une valeur de plus d’un milliard de dollars, soit 2,5 % du produit intérieur brut du pays. Sur le plan régional, l’Équateur demeure le leader avec une production représentant 36% de la pêche de thon dans l’océan Pacifique oriental. Le port accueille une flotte de 110 navires ainsi que des conserveries (Inepaca, Conservas Isabel, Seafman, Tecopesca et Marbelize) qui emploient entre 800 et 1 200 personnes.